À quoi il fut répondu, quand Phil se proposa d’ouvir un fil ici, ceci :
je pense en effet que ceux qui défilent en chantant que « tout le monde déteste la police » se bercent d’illusions, très largement (je comprends que ça donne chaud au coeur de se le dire après tant de coups pris sur la gueule par les policiers et des dialogues de sourds continus avec les dirigeants qui les arment, mais c’est faux. Donc dangereux de le croire trop longtemps).
Ce « tout le monde » qui déteste la police est celui des plus pauvres, des plus démunis d’un côté (harcelés par elle tous les jours dans leurs quartiers - à Rennes ils fuient le centre ville pour échapper à leur contrôle permanent) et des plus informés politiquement, donc également harcelés par elle et dessinés comme de dangereux malfaiteurs.
Personne ne se pose calmement la question de ce recours au masque sans y superposer instantanément ses souvenirs enfantins des rapetous.. Il semble pourtant, malgré l’absurdité de sa description, que la figure
du casseur soit adoptée par la plus grande partie de la population comme une vérité. Peu importe qu’on fasse tourner des videos ou des lycéens tout-à fait ordinaires et impréparés à la lutte se font démolir, rouler dessus, éborgner, par la police : dès qu’il s’agit de commenter les faits médiatiquement - et par conséquence dans le petit
quotidien de la conversation - l’image du casseur vient magiquement s’interposer entre les matraques et leurs victimes. Autant dire que le rapport de force est très largement du côté de la police et des millions de français qui les aiment, et que ça ne va pas s’arranger quand le gouvernement leur aura accordé (parce que nous sommes gouvernés par une grotesque poule affolée décapitée après
l’avoir été cinq ans par une petite crapule cynique) la totale
mobilité dans l’art de cogner qu’ils réclament.
Seenthis ? Oui, pourquoi pas, mais c’est plutôt dans les pages de Ouest France ou sur les plateaux de TF1 qu’il faudrait montrer la réalité quotidienne de la violence démesurée des policiers* dans les manifestations, ou dans toutes autres sortes de medias moins connotés que Seenthis (qui a besoin d’être informé, sur Seenthis ?) Ce qui
n’arrivera pas plus aujourd’hui qu’hier, les médias étant
invariablement du côté de la normativité et de tout ce qui la modèle, fût-ce à coup de matraques Pour l’instant, voient ceux qui, déjà, voient, et ce n’est pas « tout le monde ».
Fut ajouté :
j’ai pas supposé que le « bon Renaud » était devenu un « mauvais Renaud ». J’ai autant de tendresse pour lui depuis autant d’années que pour Siné, exemple pris tout à fait au hasard). Ni la mort ni la sénescence ne me changent miraculeusement l’eau en Vosne romanée ou le passé en épopée. Crétin écervelé d’hier devenu vieux clown pathétique collabo d’aujourd’hui, Renaud m’a simplement étonné parce que son image publique reposait essentiellement sur sa pacotille rebelle. Qu’il y renonce pour léchouiller la police est un éclairage sur la place imaginaire de la police en ce moment plus encore que sur la trahison de machin (trahir quoi, hein ? Des bouts rimés de traviole dans un studio de 1977 ?)
* et démonter la figure du casseur, si régulièrement brandie comme une sorte d’exhutoire public qu’on peut commencer à craindre les gros dérapages de demain (ce ne serait pas la première fois qu’une population balance des boucs émissaires dans les puits. La seule chose qui a changé, c’est l’absence de puits en ville ; ils seront donc probablement pendus). Je pense qu’il est inutile d’écrire ça ici, mais puisque j’ai commencé... Il est plus que temps d’exposer sans relâche que les violences de la police et les « casseurs » (je ’naccorde aucun crédit à cette figure, je le répète) sont deux choses parfaitement déliées, la police matraquant tout le monde sans discernement ; impossible, donc, de foutre sur le dos des supposés deuxièmes la violence des premiers (ils ne tirent même pas « dans le tas », ils dégomment du lycéen seul plaqué au sol, à quatre ou cinq).
On attend toujours les vidéos où des policiers se font aussi visiblement agresser qu’ils le prétendent (avec la même lisibilité que leurs propres exactions. Des photos de policiers au sol sans contexte ou des jets d’oeufs pris à vingt mètres me semblent être des pièces à conviction quasi comiques en regard de l’intensité des plaintes qui vont aboutir à la manifestation de policiers du 18). On ne manque pas de matériel pour exposer leur brutalité, pourtant... Du coup, avec l’armada de caméras officielles qui leurs brodent une hagiographie instantanée, on s’étonne de ce manque de matière quand autant de vidéos de leurs violences circulent sans peine.
Les casseurs ne sont rien d’autres que des manifestants ayant pris assez coups sur la gueule selon les règles pour avoir décidé de ne plus les suivre. Une fois que ceci sera entendu et qu’on aura cessé de présenter les manifestants cagoulés comme des bandits, quelque chose comme de l’analyse va peut-être pouvoir commencer. Mal barré, à mon avis...
Bon, qui a accès à un plateau de TF1 pour dire ce genre de trucs, hmm ?