• Mais nul ne la gardera qu’elle-même, que son courage lorsque le loup surgira du soir précoce, rougeoyant de janvier, à trois pas d’elle, la bête aux yeux obliques, flamboyants qui n’est pas seulement un personnage de récit, qui joue toujours son rôle dans la réalité. S’il jette son dévolu sur une brebis et l’emporte, ce n’est pas à cause des sabots que la fillette entrechoque désespérément. Il l’a jugée trop maigre. Et c’est dix jours plus tard, seulement,que celle-ci, à qui la terreur a coupé la gorge, recouvrera sa voix, racontera son aventure.

    Pierre Bergounioux, « Millevaches », dans Un peu de bleu dans le paysage, Verdier, 2001, p. 74-75

    Les sabots qu’on entrechoque...évoqués par Jean Giraudoux dans Suzanne et le Pacifique (https://geoculture.fr/j-avais-dix-huit-ans) :

    Une bergère qui faisait claquer ses deux sabots l’un contre l’autre : c’était voilà vingt ans l’appel contre les loups, il servait maintenant contre les renards, dans vingt ans il ne servirait plus que contre les fouines.

    #pierre_bergounioux #bergounioux #jean_giraudoux #giraudoux #limousin #millevaches #loup #geoculturelim

  • Jean Giraudoux

    Jean Giraudoux, de son vrai nom Jean Giraudoux, est né à Bellac le 13 octobre 1882, à deux heures et quart du matin, à six mois près, ne chipotons pas.

    Il est mort au printemps 1944, alors même que les Allemands tentaient encore d’entrer à Moscou.

    Giraudoux nous a quittés au moment même où Hitler se demandait si finalement il aurait pas dû se faire peintre. Pour la France des Lettres et des Arts, la perte de Giraudoux fut un coup terrible. Moi-même, je n’arrive pas à m’en remettre. Alors je bois, et pour tuer le temps j’attends l’ouverture du gérant Nicolas.

    Pierre Desproges, «Jean Giraudoux», Fonds de tiroir, Seuil « Points », 1990, p. 73-74.

    #pierre_desproges #meslectures #citation #humour #giraudoux #geoculturelim #bellac

  • Un titre problématique de Giraudoux - Par JACQUES BODY | La République Des Livres par Pierre Assouline
    http://larepubliquedeslivres.com/la-guerre-de-troie-bien-lieu

    Ce titre [La guerre de Troie n’aura pas lieu], à peine trouvé, posa problème. D’abord parce qu’il est trop long, et Giraudoux et Jouvet entre eux disent La Guerre de Troie, et mieux : Troie. Trop long aussi pour les usages du temps, et pour la mise en page : renvoyé à la ligne suivante sur l’affiche du théâtre, « n’aura pas lieu » peut signifier « Relâche » ! Le premier manuscrit soumis à Jouvet propose deux titres en balance : « Prélude des préludes » et « Préface à l’Iliade », qui à l’automne se réduisent à « Prélude ». « J’ai voulu faire une modeste post-préface à l’Iliade », dit-il aussi.

    ...

    On n‘oubliera pas les paroles sobres et fortes qu’échangent Hector et Andromaque, couple exemplaire, ni l’anti-discours aux morts, ni le dialogue biaisé d’Hector et d’Ulysse. Persistent le refus du désespoir, et d’une pirouette de la pensée, cet élixir de sagesse :

    « Tu as vu le destin s’intéresser à des phrases négatives ? »

    Pour que la guerre n’ait pas lieu, peut-être faut-il plus que la volonté toute négative de l’empêcher : une volonté positive, des grands travaux, des projets plus grands qu’elle, et aussi, dans l’humilité, les petits actes quotidiens qui fondent la justice et la paix.

    #Giraudoux #théâtre #littérature