• Un genre littéraire, la catastrophe - Chronique 2
    https://lundi.am/Un-genre-litteraire-la-catastrophe

    Quadruppani à propos de Péage Sud de Sébastien Navarro :

    Pour mieux comprendre la catastrophe en cours aux USA depuis le 6 janvier 2021, on peut s’aider d’un extrait de Péage Sud , de Sébastien Navarro, déjà apparu dans la chronique précédente. Ici, nous retrouvons le narrateur le 23 décembre 2018 en train de boire son jus matinal au Café des Sports. Lisant dans le journal que Macron est en crise existentielle à cause des Gilets Jaunes, le narrateur pouffe et un buveur de Ricard au look hard-rocker lui demande ce qui le fait rire.

    « — C’est Macron, je réponds. Il ne va pas fort et ça me fait marrer.
    -- Peut crever.
    -- On n’en est pas là, même si ça en prend le chemin. Ecoutez ça. C’est un député de la majorité qui balance : « Il ne sort plus sans se maquiller tellement il est marqué. Il se maquille même les mains. »
    Mon acolyte de bar avale une gorgée de Ricard. Son cerveau a besoin de temps pour traiter et analyser l’information. Il ferme son œil valide, la paupière de l’autre s’abaissant à mi-parcours. Puis il croise ses gros doigts noueux devant sa bouche et dit :
    -- J’hésite entre la pute et le spectre.
    -- La pute a droit à notre respect, j’objecte.
    -- T’as raison. C’est un spectre. Un truc sans consistance qu’on nous fout devant les yeux pour nous endormir.
    -- Une marionnette, quoi.
    -- Non, un spectre. Une marionnette, c’est encore du solide. Tu peux la guillotiner ou faire fondre le plastique. Tu peux rien contre les spectres. C’est comme l’autre avec son hologramme.
    -- Mélenchon ?
    -- Ouais. On est dirigés par des spectres. Des halos de lumière sans consistance. Des faisceaux.
    -- Faisceaux/fascistes, c’est la même racine, j’analyse.
    -- On s’en fout, des fascistes.
    L’œil désaxé vire globuleux, la pupille se coince dans un arcane supérieur avant de redescendre. Il poursuite :
    -- Ils sont morts, les fascistes. On a changé d’époque. Aujourd’hui, c’est les faisceaux. Juste eux. La matrice. La lumière.
    -- Et comment on en vient à bout des faisceaux et des spectres ?
    -- Faut couper le jus.
    -- Et tu sais toi comment couper le jus ?
    -- Tu crois que je serais là à picoler si je le savais ? J’en sais rien et personne sait. »

    La direction indiquée par l’ivrogne matutinal de Navarro semble bien plus prometteuse que les reconstructions à posteriori sur le complot trumpiste qui visait une proclamation de la loi martiale : comme on l’a déjà dit, en coupant le jus de Trump, les seigneurs des Gafam ont montré où étaient la matrice et la lumière animant les spectres qui nous gouvernent. Et les morts-vivants fascistes qu’ils sauront, le moment venu, déchaîner contre nous.

    cf. https://seenthis.net/messages/886310

    #Sébastien_Navarro #Chien_rouge #CQFD #Gilets_jaunes

  • Ce feu qui nous rassemble
    http://acontretemps.org/spip.php?article815
    à propos de Péage Sud de Sébastien Navarro aux Éditions du Chien rouge, Marseille.

    Si ce Péage Sud surpasse bien des ouvrages, même dignes d’intérêt, parus à ce jour sur le mouvement des Gilets jaunes, c’est qu’il nous restitue, de l’intérieur et en fil direct, ce qui fit – et continue de faire – sa singularité dans l’histoire de la « canaille », comme disait Thiers des communards. Cette singularité, c’est l’idée que quiconque veut le rejoindre ou le quitter « s’y agrège et se désagrège sans que des protocoles aient besoin d’être déployés ». La tribu ne sélectionne pas ; elle n’exclut pas non plus. Ce qu’elle construit, c’est un « agir » spontané, une « énergie politique sans leader », une « puissance » désidentifiée, une force insaisissable capable de muter au gré des convergences qui pourraient naître de la fraternité des combats. C’est ainsi que les Gilets jaunes ont trouvé naturellement leur place dans le mouvement contre l’ignoble projet macronien de contre-réforme des retraites et qu’ils sont encore là, au bout de cette sinistre année 2020 où tout nous fut volé de nos patientes impatiences. Ils savent que la police tient l’État dans sa pogne, qu’elle a fait corps séparé et que c’est précisément pour cela que Darmanin leur lâche tout. Et pourtant ils attendent toujours le grand soulèvement, plus convaincus que jamais que leur cause est juste et leurs pratiques méritoires. C’est aussi en cela qu’ils font exception. Ils se refusent, en fait, à n’être réduits qu’au souvenir d’eux-mêmes aux heures du grand feu qui les/nous rassembla. Ils n’en ont pas fini avec Macron et son monde de merde.

    Voir :
    https://seenthis.net/messages/885331
    https://seenthis.net/messages/886310

    #Sébastien_Navarro #livre #CQFD #Chien_Rouge #Gilets_jaunes

  • On vient de faire imprimer le prochain bouquin des Éditions du Chien rouge.
    Il s’agit du deuxième livre de Sébastien Navarro que les lecteurs/lectrices de CQFD connaissent bien.
    C’est un roman sur son expérience en jaune et qui porte le doux nom de Péage Sud.

    https://www.hobo-diffusion.com/catalogue/2293/peage-sud

    C’est l’histoire d’un gars qui a lu plein de bouquins sur la révolution et qui a failli passer à côté de celle en train de germer sur le rond-point de son village.
    L’histoire d’une rencontre entre un intello maladroit et une foule sortie de son mouroir périphérique pour hurler à la face du monde sa soif de dignité et de justice sociale. Une histoire de manifs organiques, de pétroleuses magnifiques et de rires-aux-larmes lacrymogènes.

    Vous le trouverez dans tous les bons drives indépendants à partir du 13 novembre !

    #Sébastien_Navarro #livre #CQFD #Chien_Rouge

    • Pour en savoir plus sur son premier bouquin, Panchot , c’est pas ici :
      https://cqfd-journal.org/Panchot-la-somme-des-mensonges-sur

      Le 1er août 1944, 600 soldats allemands et miliciens français s’engagent sur la route de Valmanya, dans les Pyrénées catalanes. Leur objectif ? Mater le maquis du Canigou, qui a pris ses quartiers un peu plus haut, dans l’ancienne colonie minière de la Pinouse. Grâce aux guérilleros républicains espagnols qui harcèlent le convoi nazi, d’autres résistants ont le temps d’organiser la fuite des 150 villageois. Quatre vieillards décident de rester : ils seront sauvagement exécutés. Enceinte, une jeune femme demeure également au village : elle sera violée devant ses enfants. Méthodiquement, le bourg est pillé, puis incendié. Du côté de la Pinouse, les Francs-tireurs et partisans résistent un temps, avant de décrocher. Leur chef, Julien Panchot, est blessé : capturé par l’ennemi, il est sauvagement assassiné.

      Voilà pour la version consensuelle de l’histoire. Il y en a d’autres… C’est ce qui a intrigué le camarade Sébastien Navarro, vieux compagnon de route de CQFD , qui signe avec Panchot son premier bouquin, aux éditions Alter Ego.