• Méditerranée : cinq corps de migrants retrouvés au large de la Tunisie - InfoMigrants
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    Méditerranée : cinq corps de migrants retrouvés au large de la Tunisie
    Par La rédaction Publié le : 26/03/2024
    Cinq cadavres d’exilés ont été repêchés par les autorités tunisiennes, le 25 mars. Le drame fait suite à deux naufrages survenus au large de Lampedusa, dans lesquels une fillette de 15 mois et un adolescent guinéen de 15 ans notamment ont péri.
    Drames en séries en mer Méditerranée. Lundi 25 mars, cinq corps de migrants ont été retrouvés par les garde-côtes tunisiens. Aucune information sur l’identité des exilés n’a en revanche été communiquée.
    Les autorités tunisiennes ont dans le même temps intercepté en mer 663 personnes « d’origine subsaharienne ». Douze personnes soupçonnées d’être trafiquants et médiateurs de départs illégaux vers l’Europe ont par ailleurs été arrêtées. Lors de ces opérations, deux bateaux, quinze moteurs et du carburant destiné aux traversées maritimes ont été confisqués.
    La découverte des cinq corps fait suite à deux naufrages survenus au large de Lampedusa. Trois exilés - un Syrien, un Bangladais et un Ethiopien - sont portés disparus depuis la nuit du dimanche 24 au lundi 25 mars. D’après Rai News, ils sont tombés à l’eau pendant le transfert des passagers de leur embarcation à un cargo pétrolier. L’équipage a pu accueillir 139 exilés, dont une femme, jusqu’à Lampedusa.
    Quelques heures plus tôt, un autre naufrage a provoqué la mort d’une fillette de 15 mois et d’un garçon guinéen de 15 ans. D’après la presse italienne, à l’arrivée des garde-côtes près du bateau en fer de sept mètres, la majorité des passagers se sont déplacés du côté des secours faisant tanguer le bateau, qui a fini par se renverser.
    Cinquante personnes ont pu être secourues. C’est à l’arrivée au port de Favarolo, à Lampedusa, que le frère de l’adolescent disparu a signalé son absence. La petite fille de 15 mois manquait aussi à l’appel. Des recherches ont alors été lancées sur le lieu du naufrage, sans succès.
    Les passagers étaient partis vendredi soir de Sfax, dans le centre de la Tunisie. Le même jour, les autorités tunisiennes ont intercepté 614 autres migrants au large de leurs côtes. Tous sont subsahariens, et deux sont tunisiens. Deux corps ont par ailleurs été repêchés, d’après un communiqué de TAP News, l’agence de presse tunisienne.
    Le 15 mars déjà, 34 migrants ont disparus et deux ont été retrouvés morts au large de Zarzis, dans le sud de la Tunisie. Au total, 70 personnes avaient pris place dans l’embarcation, partie d’un « pays voisin », terme généralement utilisé par les autorités tunisiennes pour qualifier la Libye. Selon le dernier bilan de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), depuis le début de l’année, 115 personnes au total sont mortes sur la route de la Méditerranée centrale et 253 sont portées disparues.
    L’an dernier, pas moins de 1 313 personnes parties des côtes tunisiennes ont disparu ou sont mortes en mer Méditerranée, selon les chiffres du Forum tunisien des droits économiques et sociaux. Un nombre jamais atteint jusqu’ici. Et au moins deux tiers d’entre eux étaient originaires d’Afrique subsaharienne. Ce funeste bilan « équivaut à peu près à la moitié des morts ou disparus en Méditerranée » de 2023, a précisé Islem Ghaarbi de l’ONG tunisienne.
    Auparavant cantonnées en Libye, les départs d’embarcations sont désormais très nombreux en Tunisie. Les exilés embarquent dans de frêles bateaux en fer complètement inadaptés aux traversées en mer, poussés par des conditions de vie très difficiles dans le pays. Le racisme anti-Noirs, attisé par des propos du président Kaïs Saïed, est légion dans la région de Sfax notamment. Forcés de quitter la ville, des centaines de migrants survivent depuis plusieurs mois dans des camps délabrés, le long d’une route, sous des oliviers.
    Plusieurs associations et ONG de défense des droits humains ont dénoncé lundi 18 mars dans un communiqué une « normalisation des violations des droits humains des personnes migrantes en Tunisie ». D’après elles, « alors que la coopération en matière de migration avec l’UE ne cesse de se renforcer, les autorités tunisiennes continuent de violer de manière flagrante leurs obligations en matière de respect des droits humains ».

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#mortalite#traversee#mediterranee#routemigratoire#sante#droits#libye#subsaharien#sfax

  • En Tunisie, l’ancien président d’une association d’étudiants africains en détention
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/03/26/en-tunisie-l-ancien-president-d-une-association-d-etudiants-africains-en-det

    En Tunisie, l’ancien président d’une association d’étudiants africains en détention
    Le Monde avec AFP
    L’ex-président d’une association d’étudiants africains subsahariens en Tunisie, très actif il y a un an face à une campagne antimigrants, a été arrêté par les autorités, a annoncé le groupe mardi 26 mars. L’Association des étudiants et stagiaires africains en Tunisie (Aesat) a alerté dans un communiqué quant à « la disparition » de l’étudiant camerounais Christian Kwongang depuis le 19 mars, après qu’il s’est rendu dans un poste de police pour « récupérer sa carte de séjour ».
    « Aux dernières nouvelles, Christian Kwongang est détenu dans le centre d’El Ouardia [quartier du sud de Tunis] sans aucune raison officielle », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) Yaya Traoré, un étudiant malien élu fin février comme nouveau président de l’Aesat. Le centre d’El Ouardia a été épinglé par l’Organisation mondiale de lutte contre la torture (OMCT) comme une « zone de non-droit où des personnes sont arbitrairement privées de leurs libertés ».
    M. Kwongang, inscrit à l’université privée Upes à Tunis, était « parti chercher sa carte de séjour définitive » quand il a été retenu au poste de police, selon M. Traoré. Il a pu passer un appel téléphonique, lors duquel il a précisé avoir été interrogé à propos de ses activités pendant la crise du printemps 2023. Le 21 février 2023, le président tunisien Kaïs Saïed avait dénoncé l’arrivée dans son pays de « hordes de migrants » clandestins d’Afrique subsaharienne dans le cadre d’un complot « pour changer la composition démographique » du pays. Le discours du président avait déclenché une violente campagne contre les migrants originaires d’Afrique subsaharienne présents en Tunisie.
    Détenu « hors de tout cadre légal »
    Dans son communiqué, l’Aesat a dénoncé une détention « sans aucune accusation officielle ni procès ». Interrogé par l’AFP, le ministère de l’intérieur tunisien a dit ne pas disposer à ce stade d’informations sur le sujet. Des avocats ont été mandatés par Terre d’asile Tunisie, l’Organisation internationale pour les migrations et Avocats sans frontières pour élucider le sort de M. Kwongang.
    Le Forum tunisien des droits économiques et sociaux, une ONG spécialisée dans les questions migratoires, a appelé à « une libération urgente » de M. Kwongang, détenu « hors de tout cadre légal ». L’ONG a dit « craindre qu’il ne paie pour son activité militante » du printemps 2023. Le 21 février 2023, M. Saïed avait dénoncé l’arrivée dans son pays de « hordes de migrants » clandestins d’Afrique subsaharienne dans le cadre d’un complot « pour changer la composition démographique » du pays.
    Au cours des semaines suivantes, des centaines de ressortissants d’Afrique subsaharienne avaient été chassées de leur travail et logement, et beaucoup s’étaient réfugiés près de leurs ambassades avant des rapatriements en urgence, notamment en Côte d’Ivoire, au Mali et en Guinée.

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#migrationirreguliere#etudiant#subsaharien#sante#droit

  • En Tunisie, l’ancien président d’une association d’étudiants africains en détention
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/03/26/en-tunisie-l-ancien-president-d-une-association-d-etudiants-africains-en-det

    En Tunisie, l’ancien président d’une association d’étudiants africains en détention
    Le Monde avec AFP
    L’ex-président d’une association d’étudiants africains subsahariens en Tunisie, très actif il y a un an face à une campagne antimigrants, a été arrêté par les autorités, a annoncé le groupe mardi 26 mars. L’Association des étudiants et stagiaires africains en Tunisie (Aesat) a alerté dans un communiqué quant à « la disparition » de l’étudiant camerounais Christian Kwongang depuis le 19 mars, après qu’il s’est rendu dans un poste de police pour « récupérer sa carte de séjour ».
    « Aux dernières nouvelles, Christian Kwongang est détenu dans le centre d’El Ouardia [quartier du sud de Tunis] sans aucune raison officielle », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) Yaya Traoré, un étudiant malien élu fin février comme nouveau président de l’Aesat. Le centre d’El Ouardia a été épinglé par l’Organisation mondiale de lutte contre la torture (OMCT) comme une « zone de non-droit où des personnes sont arbitrairement privées de leurs libertés ».
    M. Kwongang, inscrit à l’université privée Upes à Tunis, était « parti chercher sa carte de séjour définitive » quand il a été retenu au poste de police, selon M. Traoré. Il a pu passer un appel téléphonique, lors duquel il a précisé avoir été interrogé à propos de ses activités pendant la crise du printemps 2023. Le 21 février 2023, le président tunisien Kaïs Saïed avait dénoncé l’arrivée dans son pays de « hordes de migrants » clandestins d’Afrique subsaharienne dans le cadre d’un complot « pour changer la composition démographique » du pays. Le discours du président avait déclenché une violente campagne contre les migrants originaires d’Afrique subsaharienne présents en Tunisie.
    Détenu « hors de tout cadre légal »
    Dans son communiqué, l’Aesat a dénoncé une détention « sans aucune accusation officielle ni procès ». Interrogé par l’AFP, le ministère de l’intérieur tunisien a dit ne pas disposer à ce stade d’informations sur le sujet. Des avocats ont été mandatés par Terre d’asile Tunisie, l’Organisation internationale pour les migrations et Avocats sans frontières pour élucider le sort de M. Kwongang.
    Le Forum tunisien des droits économiques et sociaux, une ONG spécialisée dans les questions migratoires, a appelé à « une libération urgente » de M. Kwongang, détenu « hors de tout cadre légal ». L’ONG a dit « craindre qu’il ne paie pour son activité militante » du printemps 2023. Le 21 février 2023, M. Saïed avait dénoncé l’arrivée dans son pays de « hordes de migrants » clandestins d’Afrique subsaharienne dans le cadre d’un complot « pour changer la composition démographique » du pays.
    Au cours des semaines suivantes, des centaines de ressortissants d’Afrique subsaharienne avaient été chassées de leur travail et logement, et beaucoup s’étaient réfugiés près de leurs ambassades avant des rapatriements en urgence, notamment en Côte d’Ivoire, au Mali et en Guinée.

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#migrationirreguliere#etudiant#subsaharien#sante#droit

  • One in Three Migrant Deaths Occurs En route While Fleeing Conflict: IOM Report
    https://mailchi.mp/abbdbba817e3/one-in-three-migrant-deaths-occurs-en-route-while-fleeing-conflict-iom-repor

    One in Three Migrant Deaths Occurs En route While Fleeing Conflict: IOM Report
    Geneva/Berlin, 26 March – As the International Organization for Migration’s (IOM) Missing Migrants Project marks its ten-year milestone, a new report reveals alarming trends in migrant deaths and disappearances over the past decade.   More than one-third of deceased migrants whose country of origin could be identified come from countries in conflict or with large refugee populations, highlighting the dangers faced by those attempting to flee conflict zones without safe pathways.   However, the information on the identities of missing migrants is highly incomplete. Among the report’s key findings is the high number of unidentified deaths. More than two-thirds of migrants whose deaths were documented remain unidentified, leaving families and communities grappling with the ambiguous loss of their loved ones. This underscores the need for better coordinated data collection and identification processes to provide closure to affected families. 
    “Despite the many lives lost whose identities remain unknown, we know that almost 5,500 females have perished on migration routes during the last ten years and the number of identified children is nearly 3,500,” said Ugochi Daniels, IOM Deputy Director General for Operations. “The toll on vulnerable populations and their families urges us to turn the attention on the data into concrete action.” 
    The report, A decade of Documenting Migrant Deaths, looks back at the last ten years, with more than 63,000 deaths and disappearances documented during migration over that period —and more deaths recorded in 2023 than in any prior year. These figures demonstrate the urgent need for strengthened search and rescue capacities, facilitation of safe, regular migration pathways, and evidence-based action to prevent further loss of life. Action should also include intensified international cooperation against unscrupulous smuggling and trafficking networks. 
    When the IOM’s Missing Migrants Project began in 2014, information was collected almost exclusively from news articles on a simple spreadsheet. Ten years later, data collection has improved dramatically, but the reality for migrants forced to take dangerous routes has not.  Today, the Missing Migrants Project remains the only global open-access database on migrant deaths and disappearances, compiling information from wide-ranging sources including key informants from governments, UN officials, and civil society organizations.  
    Key findings from the report include: 
    Drowning as the Leading Cause of Death: Nearly 60 per cent of deaths documented during migration are linked to drowning with over 27,000 related deaths in the Mediterranean alone. The report emphasizes the necessity of enhancing search and rescue capacities to save lives at sea and underscores the importance of working with governments to facilitate safer migration routes. 
    Underreporting of Migrant Deaths: The more than 63,000 deaths and disappearances recorded during migration over the past decade are likely only a fraction of the actual number of lives lost worldwide. The report highlights the need for improved data collection efforts to accurately assess the scale of the issue and address the broader challenges of unsafe migration. There are more than 37,000 dead for whom no information on sex or age is available, indicating that the true number of deaths of women and children is likely far higher. 
    Rising Death Toll: Despite political commitments and media attention, migrant deaths are on the rise, with 2023 marking the highest annual death toll on record when over 8,500 deaths were recorded. So far in 2024, the trends are no less alarming. In the Mediterranean alone, while arrivals this year are significantly lower (16,818) compared to the same period in 2023 (26,984), the number of deaths are nearly as high as last year. 
    Increased Political Attention: An increasing number of global, regional and national initiatives and instruments advocate for action on missing migrants. Data from the Missing Migrants Project are used as a measure of (lack of) progress toward the SDG Agenda’s goal of safe migration. The UN Secretary-General’s 2022 Progress Declaration on the Global Compact for Safe, Orderly, and Regular Migration underscores the crucial role of governments in preventing migrant deaths and calls for actionable recommendations to improve international coordination and humanitarian assistance. These recommendations, due to be released in 2024, will provide a global roadmap for addressing the ongoing crisis.

    #Covid-19#migrant#migration#OIM#mortalite#routemigratoire#traversee#humanitaire#disparition#sante#migrationirreguliere

  • En Israël, les entrepreneurs face au dilemme de la main-d’œuvre palestinienne
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/03/23/en-israel-les-entrepreneurs-face-au-dilemme-de-la-main-d-uvre-palestinienne_

    En Israël, les entrepreneurs face au dilemme de la main-d’œuvre palestinienne
    Par Jean-Philippe Rémy (envoyé spécial, Jérusalem et Tel-Aviv)
    L’annulation, après l’attaque du 7 octobre, des permis grâce auxquels 200 000 travailleurs de Cisjordanie entraient chaque jour sur le territoire israélien, a plongé le secteur du BTP dans la crise.
    Au-dessus de l’autoroute saturée où les voitures roulent pare-chocs contre pare-chocs, l’échangeur inachevé semble suspendu dans les airs, comme une promesse non tenue de fluidité du trafic. Il manque des morceaux géants de tablier, à une vingtaine de mètres du sol, rendant inutilisable ce nœud autoroutier, aux abords de Tel-Aviv. Au-delà de l’embouteillage, la ville se devine au loin avec ses tours, souvent entourées de grues à l’arrêt. Partout, les chantiers d’infrastructures paraissent gelés, faute d’ouvriers pour les mener à bien. C’est l’un des effets de la guerre entre Israël et le Hamas, dont les répercussions économiques sont profondes.
    Les travailleurs palestiniens qui bâtissaient le réseau routier et qui montaient les immeubles en Israël n’ont pas déserté au début du conflit, déclenché par le massacre du 7 octobre 2023. Leurs permis ont été collectivement annulés. Sur les 200 000 habitants des territoires occupés autorisés à travailler en Israël avant la guerre, 80 000 étaient employés dans le secteur du bâtiment. Un rapport de l’Organisation internationale du travail a établi, à la mi-mars, que plus de 300 000 emplois – tous secteurs confondus – avaient été perdus au total en Cisjordanie depuis le 7 octobre. Conséquences directes : un manque à gagner de 25,5 millions de dollars par jour (23,5 milliards d’euros) et un taux de chômage qui devrait atteindre 42,7 % fin mars. Hativ Morad, un entrepreneur palestinien d’Israël, se désole pour ses ex-employés de Cisjordanie : « On était soixante au total dans la société, on n’est plus que six, dont mes trois enfants. Tous ces employés ne touchent rien, et ils n’ont pas d’économies. Leur situation est terrible. »
    Au centre de Tel-Aviv, au 11e étage de la tour Migdal Shalom – la première de la ville, construite en 1965 –, Raul Srugo, le président de l’Association des constructeurs d’Israël, fait les comptes de ce désastre, côté entrepreneurs. Le BTP représente 6,2 % du produit national brut israélien, et contribue pour près de 20 % aux taxes perçues par l’Etat, engendrant une perte de revenus fiscaux depuis le 7 octobre qu’il estime à 10 milliards d’euros. La moitié environ des chantiers du pays est à l’arrêt. Les autres fonctionnent en sous-régime. Les 80 000 travailleurs de Cisjordanie sont traditionnellement chargés du gros œuvre dans le bâtiment. Les finitions, dans une subdivision du travail aux règles non écrites, incombent aux Palestiniens d’Israël.
    Une partie des 25 000 travailleurs migrants présents en Israël avant le 7 octobre ont quitté le pays. Certains sont revenus, mais en nombre insuffisant pour assurer la continuité des travaux. « La Chine ne veut pas que ses travailleurs retournent en Israël, parce qu’ils sont dans l’autre camp, celui de la Russie et de l’Iran. Alors on cherche à faire venir, en ce moment, des Indiens », explique Raul Srugo. Derrière cette situation de crise se dessine, en filigrane, une crise plus profonde que celle donnée à voir par les statistiques macroéconomiques. Une partie de l’opinion est viscéralement opposée au retour des travailleurs palestiniens dans les villes. Et certains entrepreneurs tentent de penser un monde d’après la guerre, sans cette main-d’œuvre.
    Le PDG d’une des plus importantes compagnies de construction du pays, qui rentre d’un séjour en Moldavie pour y recruter des travailleurs, commence par avancer : « Après le 7 octobre, je ne vois pas comment nous pourrions envisager de voir les travailleurs palestiniens revenir dans nos villes. » Puis il se reprend, affirme que c’est son épouse qui le pousse dans cette voie : « Elle a peur pour les enfants, vous comprenez, on ne peut pas les laisser partir à l’école avec des Palestiniens dans la ville », plaide-t-il. Puis il demande qu’on ne cite pas son nom, embarrassé par ses propres propos, pourtant similaires à ceux tenus par de nombreuses sources.
    Raul Srugo dénonce cette « illusion dangereuse » et explique : « On peut se mettre la tête dans le sable et se dire : “On ne travaillera pas avec les Palestiniens”, mais c’est complètement irréaliste. D’abord, on a besoin de travailler ensemble, et, de plus, on ne pourra jamais remplacer totalement les gens avec qui on a l’habitude de fonctionner. » Des organisations professionnelles sont actuellement en train de recruter à tour de bras des ouvriers en Inde, en Moldavie ou au Sri Lanka, trois pays avec lesquels Israël a signé des accords bilatéraux pour favoriser les transferts de main-d’œuvre. Seuls quelques centaines de ces employés sont jusqu’ici arrivés sur le territoire israélien, une goutte d’eau.
    A Givat Shmuel, une agglomération prospère non loin de Tel-Aviv, Amit Gotlib a dû interrompre ses chantiers d’immeubles de luxe. « Balagan ! » (« C’est le chaos »), se désole-t-il. « On a travaillé avec des Palestiniens depuis toujours. On se sentait comme une famille. Certains étaient dans cette entreprise, que mon père a fondée il y a vingt-sept ans, bien avant que je ne la rejoigne moi-même. Mais ce temps est terminé. Il nous faut des travailleurs étrangers, et il faut que le gouvernement nous aide en supprimant la bureaucratie. Même les clients ne veulent plus qu’on ait des Palestiniens sur les chantiers où l’on construit leurs maisons. Moi, avant le 7 octobre, je faisais la différence entre les terroristes et les autres. Désormais, je ne sais plus… »Des maires de villes de l’étroite plaine côtière, entre Tel-Aviv et la Cisjordanie, ont fait de cette peur des Palestiniens un thème de campagne, notamment à l’approche des élections municipales du 27 février. Il s’agissait de capitaliser sur les peurs des électeurs pour bénéficier de leurs suffrages. « Les maires ont joué sur la corde de la peur des Palestiniens pour se faire élire. C’est de la schizophrénie ! Ils savent pourtant très bien qu’ils ont besoin de travailleurs, à commencer par leurs municipalités », analyse une source au sein du secteur, qui refuse de voir son nom cité. Tout comme les édiles de la région refusent de reconnaître qu’ils s’échinent à purger leurs centres-villes de toute présence palestinienne.La peur et son exploitation l’emportent largement sur le réalisme, estime Raul Srugo : « Bien sûr, rien ne sera plus jamais comme avant. Le 7 octobre constitue un traumatisme majeur. Mais il est illusoire de se figurer qu’on va se séparer des Palestiniens. Nous avons des besoins mutuels, et c’est injuste de condamner tout le monde. Il y a des gens qui ont juste besoin de gagner leur vie. Et du reste, de tous les employés du secteur de la construction, depuis vingt ans, aucun n’a été impliqué dans un acte de violence. »
    L’économie d’Israël est « dépendante des travailleurs palestiniens depuis 1967 [date de la conquête et de l’occupation de Gaza, Jérusalem-Est et de la Cisjordanie, lors de la guerre des Six-Jours], rappelle Efrat Tolkowsky, spécialiste des questions d’immobilier à la faculté Reichman, à Herzliya, au nord de Tel-Aviv, avant d’ajouter : C’est très triste ce qui est arrivé récemment. Certaines villes ont interdit aux travailleurs palestiniens de pénétrer dans le centre, après que des plaintes sont parvenues à la municipalité. » Un phénomène impossible à quantifier, mais encouragé par une partie de la classe politique, à l’instar de Gideon Saar, un ancien ministre de la justice. « Laisser pénétrer en Israël des travailleurs venus d’un territoire peuplé d’ennemis alors que nous sommes en pleine guerre serait une erreur terrible que nous paierions au prix du sang », a-t-il récemment déclaré.
    A Ra’anana, une banlieue chic au nord de Tel-Aviv, les projets immobiliers sont en grande partie à l’arrêt. Ron Brick, à la tête de la compagnie Liran, opérait jusqu’au 7 octobre dans ce secteur. « On était certains que les Palestiniens de Cisjordanie seraient réautorisés à revenir travailler. Mais au moment où la situation semblait devenir propice à un assouplissement des règles, il y a eu une attaque ici, à la mi-janvier, à Ra’anana. » Deux de ses anciens employés, parvenus à s’infiltrer en Israël, ont foncé dans des passants avec leur véhicule, faisant un mort et dix-sept blessés. Le chef d’entreprise se dit « pessimiste » en raison du climat de défiance profonde qui continue, selon lui, de régner : « Je me dis qu’on ne reviendra jamais à un retour des Palestiniens au grand complet. On autorisera sans doute seulement certains travailleurs, les plus âgés. Et c’est une séparation qui nous fait beaucoup de mal, à tous. La peur est là pour durer. Ces gens ont construit ce pays, et maintenant on les traite en ennemis. »

    #Covid-19#migrant#migration#israel#palestien#cisjordanie#economie#travailleurmigrant#chine#inde#srilanka#moldavie#sante#conflit#crise

    • https://fr.timesofisrael.com/malgre-une-apparente-interdiction-des-dizaines-de-milliers-de-pale

      Malgré une apparente interdiction, des dizaines de milliers de Palestiniens travailleraient en Israël
      Si le ministre de la Défense et l’armée avaient interdit l’entrée de ces travailleurs dans le pays après le 7 octobre, une chaîne de télévision dit qu’environ 2 400 entreprises ont été exemptées "à des fins humanitaires"
      (...) La Treizième chaîne a indiqué qu’une longue liste d’entreprises israéliennes sont parvenues à obtenir des exemptions à des fins « humanitaires », ce qui les autorise à employer des ouvriers et autres employés palestiniens et ce même si le travail en question n’a apparemment que peu de lien avec l’humanitaire – sont ainsi concernés des hôtels, des boulangeries ou des usines de fabrication de meubles, par exemple.

      Environ 15 000 Palestiniens de Cisjordanie et 18 500 personnes provenant de la bande de Gaza entraient en Israël, tous les jours, avant le 7 octobre. Les permis de travail avaient toutefois été gelés par le ministre de la Défense Yoav Gallant et par le chef d’état-major Herzi Halevi pour des raisons de sécurité après l’attaque dévastatrice commise par le Hamas au sein de l’État juif.
      (...) Selon la Treizième chaîne, environ 2 396 entreprises et institutions ont néanmoins obtenu des exemptions – avec des desseins qui ne peuvent parfois aucunement être qualifiés d’humanitaires.

      Des firmes israéliennes majeures, comme le géant alimentaire Osem, l’entreprise d’ameublement Aminach et la chaîne de boulangerie Berman ont réussi à obtenir les autorisations nécessaires pour faire entrer des employés palestiniens au sein de l’État juif, a annoncé le reportage.

      Des hôtels, des producteurs alimentaires, des boulangeries, des garages automobiles, une usine de fabrication de fenêtres, une société événementielle et une firme de traitement des déchets ont ainsi obtenu des permis d’entrée dans le pays pour leurs ouvriers palestiniens.

      Ce sont des dizaines de milliers de Palestiniens qui viennent donc quotidiennement dans le pays pour y travailler, a noté la chaîne.

      Tsahal a déclaré à la Treizième chaîne que c’était le ministère de l’Économie qui avait la responsabilité des exemptions délivrées aux nombreuses entreprises – ce que le ministère a nié avec vigueur.

      « La seule agence autorisée à approuver l’entrée des ouvriers de Cisjordanie est le Bureau du Coordinateur des activités gouvernementales dans les Territoires [le COGAT qui dépend du ministère de la Défense], conformément aux politiques mises en œuvre par le gouvernement », a fait savoir le ministère.

      Ni le ministère de la Défense, ni le COGAT n’ont répondu à une demande de réaction.

      Le ministère de l’Économie a déclaré être « fermement opposé à l’idée d’autoriser les ouvriers palestiniens à entrer travailler en Israël », ajoutant qu’il s’efforce actuellement « de faire venir une main-d’œuvre issue de pays pacifiques ».

      En effet, le ministre de l’Économie, Nir Barkat, s’est récemment querellé sur la question des travailleurs étrangers avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu, accusant le Premier ministre de reporter une décision du cabinet qui ouvrirait la porte à l’arrivée d’un grand nombre d’ouvriers et autres employés étrangers en remplacement des Palestiniens.

      (...) « Nous parlons aujourd’hui d’un ralentissement d’environ 50 % dans les activités du secteur de la construction », a commenté Dan Catarivas, président de la Fédération israélienne des Chambres de commerce binationales, auprès de l’AFP.

      « Mais il y a aussi un grand manque dans ce que nous appelons les secteurs ‘essentiels’ comme l’alimentation, les produits pharmaceutiques ou la maintenance des infrastructures d’assainissement, par exemple », a-t-il ajouté.

  • Dans la Manche, les techniques agressives de la police pour empêcher les traversées de migrants
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/03/23/dans-la-manche-les-techniques-agressives-de-la-police-pour-empecher-les-trav

    Dans la Manche, les techniques agressives de la police pour empêcher les traversées de migrants
    Par Julia Pascual (envoyée spéciale à Calais (Pas-de-Calais) et Loon-Plage (Nord)), Tomas Statius (Lighthouse Reports), Cellule Enquête vidéo et avec la contribution de Fahim Abed, May Bulman et Bashar Deeb (Lighthouse Reports)
    Officiellement, la police a interdiction formelle d’intercepter en mer les embarcations de migrants qui tentent de traverser la Manche. Après plusieurs mois d’enquête, « Le Monde » et ses partenaires de Lighthouse Reports, de « The Observer » et du « Der Spiegel » ont pourtant pu documenter différentes situations où les forces de l’ordre emploient des manœuvres dangereuses à l’encontre de ces « small boats » pourtant déjà à l’eau.
    Il pleut des cordes et la grande tonnelle blanche, sous laquelle plusieurs dizaines de personnes viennent s’abriter, a du mal à supporter le poids de l’eau qui s’accumule. Il est presque 11 heures, dans une zone périphérique de Loon-Plage (Nord), ce mardi 12 mars, à l’entrée de l’un des nombreux campements de personnes migrantes présents depuis des années maintenant sur la commune, voisine de Dunkerque.
    Ziko (les personnes citées par leur prénom ont requis l’anonymat), 16 ans, vivote ici depuis cinq mois. Le jeune Somalien a déjà essayé cinq fois de gagner le Royaume-Uni. A chaque fois en bateau. A chaque fois sans succès. Systématiquement, les policiers sont intervenus pour stopper l’embarcation à bord de laquelle lui et d’autres espéraient traverser la Manche. « A chaque fois, ils ont crevé le bateau », se souvient-il.
    Il y a environ deux semaines de cela, les policiers ont fait une manœuvre au large de la plage de Gravelines (Nord) que le jeune homme n’est pas près d’oublier. Les fonctionnaires ont fait obstacle au canot alors qu’il était déjà en mer. « On était à plusieurs dizaines de mètres des côtes quand un bateau pneumatique avec cinq ou six policiers s’est approché et a crevé notre embarcation. » Ziko rapporte que lui et la cinquantaine de passagers sont tous tombés à l’eau. « J’avais de l’eau jusqu’à la poitrine, c’était très dangereux. Il y avait des enfants qui étaient portés à bout de bras par des adultes pour ne pas se noyer. »
    De ses cinq tentatives de traversée, c’est la seule au cours de laquelle le bateau de Ziko a été crevé en mer. Son témoignage, rare, vient percuter la version officielle livrée par les autorités depuis 2018 et l’explosion du phénomène des small boats, ces petites embarcations de migrants dont le but est de rejoindre le Royaume-Uni. Officiellement, la police a interdiction formelle d’intervenir lorsque les small boats sont déjà en mer. Dans une directive à diffusion restreinte du 10 novembre 2022, le préfet maritime de la Manche et de la mer du Nord, Marc Véran, rappelait que « le cadre de l’action des moyens agissant en mer (…) y compris dans la bande littorale des 300 mètres (…) est celui de la recherche et du sauvetage en mer » et « ne permet pas de mener des actions coercitives de lutte contre l’immigration clandestine ».
    Et ce, en dépit de la pression constante sur le littoral : alors que moins de 2 000 personnes ont traversé la Manche en 2019, elles étaient plus de 45 000 en 2022 et près de 30 000 en 2023. Un phénomène qui est devenu un irritant majeur dans la relation franco-britannique.Au terme de plusieurs mois d’enquête, Le Monde, ses partenaires du collectif de journalistes Lighthouse Reports, du journal britannique The Observer et de l’hebdomadaire allemand Der Spiegel ont pourtant pu documenter différentes situations, parfois filmées, où des tactiques agressives similaires à celles que dénonce Ziko ont été employées depuis juillet 2023. D’après nos informations, elles sont même comptabilisées par le ministère de l’intérieur sous la dénomination explicite d’« interceptions en mer ». Des données d’une sensibilité telle qu’elles ne font l’objet d’aucune publicité.D’autres que Ziko en témoignent. La Défenseure des droits explique au Monde que quatre saisines sont en cours d’investigation portant sur des interceptions en mer en 2022 et 2023. Par ailleurs, l’inspection générale de la police nationale est saisie depuis l’automne 2023 d’une enquête préliminaire à la suite d’un signalement au parquet de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) effectué par Rémi Vandeplanque, un garde-côte douanier et représentant du syndicat Solidaires.
    Ce dernier rapporte que, le 11 août 2023, au petit matin, un gendarme aurait demandé à un membre d’équipage de la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM) de l’aider à percer un bateau au large de la plage de Berck-sur-Mer (Pas-de-Calais) avec une dizaine de personnes à son bord. Une action que le sauveteur a refusé d’effectuer, tout en avisant le centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (Cross) de Gris-Nez (Pas-de-Calais).
    L’échange a été entendu sur l’un des canaux radio utilisés par le Cross. « En tant que policier, on ne peut pas agir d’une manière qui met la vie d’autrui en danger, affirme Rémi Vandeplanque. On doit respecter les règles. » Sollicitée, la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord assure que, « si elle est avérée, cette initiative ne pourrait être qu’une initiative individuelle de la personne en question et inappropriée ».
    Rares sont les images qui documentent ces pratiques, mais une vidéo inédite que nous nous sommes procurée, datée du 9 octobre 2023, montre un semi-rigide de la police nationale tourner autour d’un small boat dans le port de Dunkerque en créant à dessein des vagues qui déstabilisent la petite embarcation. A bord se trouvent pourtant une trentaine de passagers. Une partie d’entre eux se tient sur le boudin du canot. De l’eau entre dans l’embarcation au point que ceux assis au milieu sont immergés jusqu’aux genoux. Le policier semble ensuite dire aux occupants du petit bateau de retourner sur le bord. Les migrants seront finalement débarqués sains et saufs. Une manœuvre dangereuse, jugent plusieurs experts maritimes, d’autant que, en cas de chavirement, les embarcations légères des forces de l’ordre ne sont pas dimensionnées pour conduire des opérations de sauvetage. « Cette vidéo m’a choqué, raconte Kevin Saunders, ancien officier de la Border Force britannique en poste à Calais jusqu’en 2016 et connu pour ses positions extrêmement critiques à l’égard de l’immigration. Elle me rappelle ce que les Grecs faisaient à la frontière maritime avec la Turquie. Je suis surpris que les Français fassent cela parce que c’est contraire à leur interprétation du droit de la mer. »
    « Les Français sont poussés à jouer le même rôle dans la Manche que celui que l’Union européenne offre aux pays africains. Paris reçoit beaucoup d’argent des Anglais pour empêcher les migrants de partir ou les arrêter en mer », renchérit de son côté le politiste autrichien Gerald Knaus, architecte de l’accord de lutte contre l’immigration irrégulière entre l’Union européenne et la Turquie, faisant référence à la pression grandissante des autorités britanniques.De son côté, la préfecture de la zone de défense et de sécurité Nord relativise : « On était en journée, dans une enceinte portuaire. Le but de l’intervention est de dissuader les passagers de s’approcher de la digue du Braek [qui mène à la mer du Nord]. C’est la seule fois où on a pu intercepter un small boat par cette manœuvre et ça a été dissuasif. Toutes les personnes migrantes ont été sauvées et les passeurs interpellés. »
    Dans une seconde vidéo, diffusée sur le réseau social TikTok en juillet 2023, un semi-rigide appartenant à la vedette de gendarmerie maritime Aber-Ildut, déployée depuis 2022 dans la Manche, est filmé en train de percuter à deux reprises une embarcation de migrants à pleine vitesse, au large des côtes de Boulogne-sur-Mer. Trois gendarmes sont à bord. L’un d’entre eux brandit une bombe de gaz lacrymogène en direction du small boat et intime à ses passagers de s’arrêter. Une pratique, encore une fois, contraire au cadre opérationnel français.
    « Refusant le contrôle coopérant, aucune action de coercition n’a été réalisée et cette embarcation a librement poursuivi sa route, précise la préfecture maritime, interrogée sur cette action. Le nombre de ces contrôles reste très modeste, aucun naufrage, blessé ou procédure non conforme n’a été signalé. »D’autres témoignages, recueillis auprès de migrants à Calais (Pas-de-Calais) ou à Loon-Plage, décrivent des tentatives de traversées empêchées par des forces de l’ordre, qui s’avancent dans l’eau, jusqu’aux épaules parfois, pour crever des bateaux bondés de passagers. « A aucun moment de telles consignes ne sont données ni même suggérées aux équipes coordonnées, assure pourtant la préfecture maritime, bien au contraire, la préservation de la vie humaine en mer est le seul credo qui vaille. »
    La lutte contre l’immigration irrégulière franchit-elle la ligne rouge ? Le 10 mars 2023, une grappe de journalistes trépignent dans la cour de l’Elysée balayée par un vent hivernal. Tous attendent la poignée de main entre le chef de l’Etat, Emmanuel Macron, et le premier ministre britannique, Rishi Sunak, sur le perron du palais présidentiel. C’est le premier sommet bilatéral entre les deux pays depuis cinq ans. Le rapprochement qui doit être mis en scène ce jour-là va s’incarner sur un sujet : l’immigration. Londres annonce le versement sur trois ans de 543 millions d’euros à la France pour « stopper davantage de bateaux », au titre du traité de Sandhurst de 2018.
    Cet argent va permettre de financer le déploiement de réservistes et l’installation de barrières et de caméras de vidéosurveillance sur la Côte d’Opale, mais aussi la surveillance aérienne du littoral ou encore l’équipement des forces de l’ordre en drones, jumelles à vision nocturne ou semi-rigides, comme celui que l’on voit à l’œuvre dans la vidéo prise dans le port de Dunkerque. Une tranche importante d’une centaine de millions d’euros est aussi dévolue à des projets immobiliers tels que la création d’un centre de rétention administrative vers Dunkerque ou d’un lieu de cantonnement pour les CRS à Calais. Désormais, plus de 700 policiers et gendarmes sillonnent vingt-quatre heures sur vingt-quatre heures les 150 kilomètres de littoral.
    Il n’est pas question ici de sauvetage en mer, au grand dam de certains opérateurs qui verraient bien leur flotte renouvelée alors que les naufrages d’embarcations sont récurrents et mettent à rude épreuve les équipages. Ainsi la SNSM a échoué à plusieurs reprises à bénéficier des fonds Sandhurst, « parce que son action n’est pas assimilable à de la lutte contre l’immigration illégale », justifie à regret un cadre de l’association dans un document que nous avons pu consulter.
    L’enveloppe d’un demi-milliard d’euros débloquée par les Britanniques en 2023 constitue, de l’aveu de plusieurs sources au ministère de l’intérieur, un tournant. « Cela a vraiment contractualisé la relation entre les deux pays, rapporte un cadre de la Place Beauvau, sous le couvert de l’anonymat. Les Anglais se comportent avec nous comme nous on le ferait avec un pays tiers. Ils mettent une pression énorme au quotidien sur le déblocage des crédits, si les chiffres ne s’améliorent pas. C’est non-stop et à tous les niveaux. »Déjà présents au sein d’un centre conjoint d’information et de coordination franco-britannique ainsi que dans une unité de renseignement à Coquelles (Pas-de-Calais), des officiers de liaison britanniques de la Border Force participent aussi, officiellement comme simples observateurs, à la réunion hebdomadaire de l’état-major de lutte contre l’immigration clandestine. « Ils sont extrêmement intrusifs, mais ils connaissent bien la zone, ils savent où on contrôle bien, où on est en difficulté », affirme un cadre de la gendarmerie.
    Pour tarir les flux de migrants, les Britanniques ne manquent pas d’idées. En octobre 2020, le gouvernement conservateur de Boris Johnson disait réfléchir à installer des machines à vagues pour repousser les small boats. En août 2021, la ministre britannique de l’intérieur d’alors, Priti Patel, est revenue enthousiasmée d’une visite en Grèce où elle avait effectué des patrouilles avec les gardes-côtes helléniques en mer Egée, l’une des portes d’entrée en Europe. « Elle a dit que nous devrions apprendre des Grecs, se souvient une source au Home Office. Ils étaient très agressifs, avaient un bon taux de détection. » Et ont, à de nombreuses reprises, fait l’objet d’accusations de refoulements illégaux de demandeurs d’asile vers la Turquie.Toutes ces idées sont partagées avec la France lors de réunions bilatérales. « Pour les Britanniques, il fallait attraper les bateaux en mer. Ils le disaient de façon par moment insistante, lâche un haut fonctionnaire du ministère de l’intérieur, en poste jusqu’à fin 2020. Ils nous ont même expliqué comment faire, par exemple en lançant des grappins ou des filets. » A la préfecture de la zone de défense et de sécurité Nord, on reconnaît que « de nouvelles techniques sont essayées en permanence », à l’image de celle qui consiste à paralyser l’hélice d’un bateau de migrants à l’aide de filets.
    Mais « cela n’a pas été concluant », assure-t-on. « Notre stratégie, ça a été plutôt de dire qu’il fallait une forte présence sur les plages et empêcher les livraisons de bateaux, corrobore un ancien directeur de la police aux frontières. En mer, on porte secours aux personnes, on ne les intercepte pas. » D’autres croient que ce qui a freiné les autorités tient plutôt à des contingences matérielles : « Il n’y avait pas de moyens nautiques pour cela », assure l’ancien haut fonctionnaire du ministère de l’intérieur.
    L’ampleur du phénomène des traversées persistant, les digues ont-elles sauté ? Les manœuvres en mer des forces de l’ordre « se comptent sur les doigts d’une main », balaye une source au ministère de l’intérieur.Le 10 mars 2023, tandis qu’Emmanuel Macron et Rishi Sunak enterrent à l’Elysée des années de brouille diplomatique, le préfet maritime Véran signe une nouvelle directive à diffusion restreinte. Elle précise le cadre de certaines manœuvres opérationnelles face à l’apparition du phénomène des taxis boats, ces embarcations qui longent la côte et récupèrent les migrants directement à l’eau pour éviter les interceptions sur les plages. La directive ouvre la voie à l’interception de small boats en mer par les forces de sécurité intérieure, à condition d’opérer « uniquement de jour », dans la bande côtière de 200 mètres de littoral, avant que le taxi boat n’embarque des passagers et dans le cas où « moins de trois personnes » seraient à bord. (....)

    #Covid-19#migrant#migration#france#royaumeuni#manche#traversee#smallboat#mortalite#frontiere#migrationirreguliere#taxiboat#SNSM#CROSS#PREMAR#sauvetage#sante#traversee

  • Côte d’Ivoire : plus de 150 000 euros distribués à des migrants rentrés au pays - InfoMigrants
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    Côte d’Ivoire : plus de 150 000 euros distribués à des migrants rentrés au pays
    Par Marlène Panara Publié le : 22/03/2024
    Quatre-vingt-seize exilés ivoiriens rentrés dans le pays ont reçu un chèque d’environ 1 500 euros chacun, de la part des autorités. Objectif de cette aide ? Faciliter leur réinsertion dans la société, un processus qui s’avère souvent long et difficile.
    Plus de 150 000 euros distribués, environ 98 millions de francs CFA. C’est le montant total de l’enveloppe allouée au gouvernement ivoirien à 96 migrants, dont 28 femmes, de retour dans le pays. Les quelques 1 500 euros reçus par chacun des exilés prennent la forme d’un prêt remboursable sur deux ans, afin « de les accompagner dans leur parcours d’insertion professionnelle », a indiqué le ministre de la Promotion de la Jeunesse, de l’Insertion professionnelle et du Service civique, Mamadou Touré.
    C’est lui qui a remis leur chèque aux exilés bénéficiaires mercredi 20 mars dans le quartier du Plateau à Abidjan, en compagnie de Wautabona Ouattara, ministre délégué chargé de l’Intégration africaine et des Ivoiriens de l’Extérieur. Le partenaire financier du programme Orange Bank était aussi présent.Les secteurs d’activité des migrants de retour sont le commerce (50 projets), les services (19), l’élevage (15), l’artisanat (cinq), la restauration (quatre), le transport (deux) et l’agriculture (un), affirme un communiqué du ministère de la Promotion de la jeunesse. (...)
    Durant la distribution, Mamadou Touré a par ailleurs invité les bénéficiaires à « être des ambassadeurs de la Côte d’Ivoire dans la campagne de sensibilisation contre l’immigration irrégulière » et à faire comprendre aux jeunes qu’il existe des dispositifs d’insertion professionnelle pour eux.En 2023, 150 personnes rentrées en Côte d’ivoire ont bénéficié de ce même programme, d’un montant total cette année-là de 143,8 millions de francs CFA, soit environ 218 000 euros.Parmi les candidats à l’exil qui empruntent chaque année les routes migratoires menant à l’Europe, nombreux sont les citoyens ivoiriens. En 2023, sur les 157 000 migrants débarqués en Italie, 16 000 étaient Ivoiriens. Soit la troisième nationalité représentée, derrière la Guinée et la Tunisie. En octobre 2023, l’agence européenne de surveillance des frontières extérieures Frontex comptabilisait 14 000 Ivoiriens arrivés de manière irrégulière en Europe, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), 12 500.
    Des chiffres que conteste le gouvernement ivoirien. Après la publication de ces données, le ministre ivoirien de l’intérieur Vagondo Diomandé s’était offusqué « d’une situation qui tend à ternir l’image de notre pays » et avait contredit les chiffres donnés par les deux agences. Selon lui, beaucoup de migrants se diraient Ivoiriens mais seraient en réalité originaires d’un autre pays.
    Pour inciter ses ressortissants à rentrer au pays, les autorités ont, il n’empêche, lancé divers programmes d’aide à la réinsertion économique et sociale, en partenariat avec l’OIM. En 2023, plus de 1 700 Ivoiriens - poussés notamment par les attaques anti-Noirs en Tunisie - sont revenus chez eux, un record depuis 2013. Et près de 800 ont demandé l’aide proposée par l’État. Mais beaucoup attendent encore de toucher ces sommes d’argent.
    Pour pallier les carences de l’État, des ONG tentent d’aider les migrants, souvent traumatisés par un passage en Libye ou une traversée périlleuse de la Méditerranée. L’Association pour la réinsertion des migrants de retour en Côte d’Ivoire (Arm-ci), basée à Abidjan, aide par exemple les exilés à « réintégrer le tissu social », avait assuré à InfoMigrants Boniface N’Groma, son fondateur. D’abord en leur permettant de gagner leur indépendance financière, car beaucoup de migrants de retour doivent rembourser des personnes qui leur ont prêté de l’argent pour leur voyage. Puis en leur apportant un soutien psychologique, indispensable à leur réinsertion. « Une fois rentrés, par honte, beaucoup se cachent et ne préviennent pas leurs parents, avait confié Florentine Djiro, présidente du Réseau africain de lutte contre l’immigration clandestine (Realic). Le regard de la famille et de l’entourage sur eux est très dur. Dans certaines zones du pays, ces migrants de retour, on les appelle ‘les maudits’ ».

    #Covid-19#migrant#migration#cotedivoire#retour#rapatriement#OIM#jeunesse#ONG#reinsertion#sante#emploi

  • Espagne : des jeunes migrants se déclarant mineurs incarcérés pour avoir conduit des canots - InfoMigrants
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    Espagne : des jeunes migrants se déclarant mineurs incarcérés pour avoir conduit des canots
    Par Leslie Carretero Publié le : 22/03/2024
    En Espagne, les cas de jeunes migrants se disant mineurs enfermés dans les prisons du pays pour avoir piloté des canots se multiplient, à mesure que les arrivées irrégulières augmentent. Les adultes, eux aussi, subissent le même sort. Comme en Grèce et au Royaume-Uni, deux États qui incarcèrent également des exilés vus à la barre d’un canot, les associations et les militants espagnols estiment que le gouvernement se trompe de cible.
    B.C. a quitté la prison de Las Palmas, sur l’île de Grande Canarie, jeudi 14 mars. Le jeune Sénégalais de 17 ans, accusé par la justice d’être un passeur pour avoir conduit un canot de migrants, était incarcéré dans ce centre pour adultes depuis presque trois mois.
    Quelques heures plus tôt, le tribunal avait ordonné sa libération en raison de son âge. « Les conclusions [de l’examen] médico-légal » effectué sur B.C. ne permettent pas d’affirmer avec « certitude que le sujet est majeur », avait estimé le juge. Depuis son incarcération le 21 décembre 2023, le Sénégalais répétait inlassablement qu’il n’avait que 17 ans. Une photocopie de son acte de naissance transmis à l’administration n’avait pas suffi à mettre fin à son emprisonnement. Ni même un test médical qui avait conclu que « l’âge estimé du mineur présumé est compatible avec l’âge qu’il a mentionné ».
    L’ONU s’était emparé du sujet et avait exhorté le 11 mars les autorités espagnoles à libérer l’adolescent et à le traiter conformément à la Convention internationale des droits de l’enfant. L’organisation avait rappelé qu’en cas de doute sur l’âge d’une personne se déclarant mineure, elle doit être prise en charge en tant qu’enfant.Après la décision du tribunal de Las Palmas, B.C. a été transféré dans un centre fermé pour mineurs sur l’île de Ténérife en attendant son procès. Comme ce garçon originaire du Sénégal, d’autres Subsahariens connaissent le même sort : arrivés aux Canaries à bord d’une pirogue surchargée, ils ont été accusés de piloter le canot, et n’ont pas été considérés comme des mineurs. Depuis, ils croupissent dans les prisons canariennes.
    (...) On peut aussi citer l’histoire d’A.G., emprisonné avec B.C. alors qu’il n’avait que 15 ans. Ce Sénégalais a passé un mois et demi derrière les barreaux avant qu’un juge de surveillance pénitentiaire ordonne son transfert vers un centre fermé pour mineurs et que des tests prouvent sa minorité. Alors, les jeunes étrangers seraient-ils de plus en plus nombreux à remplir les prisons espagnoles ? Difficile à affirmer en raison du manque de données sur le sujet, l’enfermement des mineurs étant interdit par la loi. Mais pour Daniel Arencibia, avocat en droit des étrangers, les affaires de ce type se multiplient. Il dit observer ces derniers mois une hausse des cas et regrette « beaucoup d’erreurs pour déterminer l’âge » d’un migrant. Cette recrudescence des emprisonnements s’explique, selon lui, par l’augmentation du nombre de mineurs débarqués en Espagne. « En 2020, il y avait moins de 400 mineurs aux Canaries. Aujourd’hui, ils sont plus de 5 000 », précise l’avocat. Un chiffre qui coïncide avec la hausse des débarquements en Espagne : on comptait en 2023, plus de 56 000 arrivées de migrants dans le pays, soit un bond de 82% par rapport à 2022. Parmi eux, près de 40 000 ont été enregistrés aux Canaries, une hausse de 154% par rapport à l’année précédente.
    Des peines différentes selon les provinces espagnoles Les jeunes ne sont pas les seuls à subir le même sort. Les migrants adultes aussi se voient désigner comme passeurs, pour avoir piloté leur embarcation. Et selon le lieu de leur arrestation, les peines diffèrent de plusieurs années, révèle une étude de Daniel Arencibia. Ce dernier a analysé plus de 200 condamnations portées contre des exilés dans les provinces espagnoles – sur les îles et sur la péninsule – les plus touchées par les arrivées irrégulières, du 1er janvier 2021 à aujourd’hui. Et le constat est sans appel : les migrants jugés aux Canaries écopent de peines plus lourdes pour les mêmes chefs d’accusation que dans les autres régions du pays. « Aux Baléares, ils sont condamnés à deux ans de prison, et aux Canaries à trois voire cinq ans », affirme l’avocat dans une interview accordée au média local Diario de Canarias. Pour avoir conduit une pirogue, et être poursuivi en tant que passeur, les exilés encourent jusqu’à huit ans de prison en Espagne. Une circulaire stipule cependant que dans le cas où la personne cherche également à obtenir une protection, une circonstance atténuante peut être appliquée et permet de réduire la peine. Daniel Arencibia a également découvert que le jugement pouvait être plus clément si le migrant renonce à son procès et se déclare donc coupable : dans ce cas, le Parquet réclame trois années de prison, en vertu de la circulaire évoquée précédemment. Dans le cas inverse, il demande sept ans d’emprisonnement. « Dans la province de Las Palmas [sur l’île de Grande Canarie, ndlr], 91% des accusés ont signé le document et accepte la peine de trois ans », renonçant à faire reconnaitre leur innocence. Rien d’étonnant pour l’avocat car, selon lui, les exilés n’ont d’autres choix : « Le migrant ne comprend pas la langue, a peur et on lui dit : ‘Si vous ne signez pas ce papier, vous ferez sept ans de prison au lieu de trois’ », résume-t-il. Comme en Grèce et au Royaume-Uni, deux États qui incarcèrent aussi des exilés vus à la barre d’un canot, les associations et les militants espagnols estiment que le gouvernement se trompe de cible. Les migrants emprisonnés « n’appartiennent pas à des mafias, ce sont de pauvres pêcheurs pour la plupart. Nous dépensons des millions pour mettre en prison des pêcheurs mais nous n’avons pas le budget nécessaire pour poursuivre ceux qui deviennent réellement millionnaires, au Maroc ou en Mauritanie », déplore l’avocat.

    #Covid-19#migrant#migration#espagne#canaries#baleares#mineur#prison#CIDE#droit#senegal#sante#grce#royaumeuni#pirogue

  • Manche : 113 migrants secourus dans le détroit du Pas-de-Calais en une nuit - InfoMigrants
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    Manche : 113 migrants secourus dans le détroit du Pas-de-Calais en une nuit
    Par La rédaction Publié le : 21/03/2024
    Mercredi 20 mars, le centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (CROSS) Gris-Nez est intervenu auprès de plusieurs embarcations d’exilés en difficulté dans la Manche, et a secouru 113 personnes au large des côtes du nord-ouest de la France. Dans la même journée, 450 migrants ont atteint le Royaume-Uni, un nouveau record.
    Nouvelles opérations de sauvetage dans la Manche. Dans la nuit de mardi 19 à mercredi 20 mars, le centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (CROSS) Gris-Nez reçoit des alertes l’informant que plusieurs canots d’exilés, qui tentaient la traversée de la Manche, se trouvent en difficulté dans le détroit du Pas-de-Calais, dans le nord de la France. La préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord (Premar) résume les faits dans un communiqué. D’abord, le CROSS Gris-Nez mobilise le Ridens, un navire de sauvetage affrété par l’État, pour venir en aide à une embarcation dont le moteur est endommagé au large de Gravelines, entre Calais et Dunkerque.
    Dans un premier temps, la Premar indique que « les naufragés refusent d’être secourus », avant que 23 personnes demandent finalement assistance et que le Ridens les prennent à bord. Ces 23 migrants sont ensuite déposés au port de Dunkerque en milieu de journée, mercredi. Les autres exilés qui « refusent l’assistance proposée par les moyens français » finissent par réussir à remettre le moteur en route et reprennent leur traversée. « Le choix est fait de les laisser poursuivre leur route », mais le CROSS Gris-Nez assure « maintenir une surveillance sur l’embarcation », au vu des risques encourus et de l’état du bateau de fortune.
    Dans un second temps, plus tard dans la nuit, le CROSS Gris-Nez engage cette fois-ci un remorqueur d’intervention, d’assistance et de sauvetage (RIAS), nommé Abeille Normandie, pour venir au secours de 64 exilés sur une autre embarcation, cette fois au large de Sangatte. L’Abeille Normandie détecte ensuite un autre canot en difficulté dans la même zone, et porte assistance à 25 personnes, en majorité des femmes et des enfants en bas âge, rapporte la Premar.
    Quelques heures plus tard, l’Abeille Normandie accoste au port de Boulogne-sur-Mer et débarque les 89 migrants secourus. Ces derniers sont ensuite « pris en charge par les services de secours terrestres et la police aux frontières », écrit la préfecture. En parallèle, un autre patrouilleur, le Jeanne Barret, vient à la rescousse d’une personne malade à bord d’un canot de fortune, avant de la déposer au port de Calais. « Son état de santé reste stable », affirme la préfecture. De l’autre côté de la Manche, huit embarcations de migrants ont atteint les côtes britanniques mercredi, transportant au total 450 exilés. Un nouveau record d’arrivées en une seule journée, soulignent les médias britanniques. Parmi ces 450 arrivées, un exilé blessé par arme blanche a été secouru puis transféré à un hôpital après avoir débarqué au port de Douvres.

    #Covid-19#migrant#migration#royaumeuni#france#manche#traversee#calais#boulognesurmer#premar#sante#migrationirreuguliere#routemigratoire

  • Transférer les demandeurs d’asile au Rwanda : l’obstination du gouvernement de Rishi Sunak
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/03/22/transferer-les-demandeurs-d-asile-au-rwanda-l-obstination-du-gouvernement-de

    Transférer les demandeurs d’asile au Rwanda : l’obstination du gouvernement de Rishi Sunak
    Par Cécile Ducourtieux (Londres, correspondante)
    Dans le jargon parlementaire britannique, cela s’appelle un « ping-pong ». Une délicate passe d’armes entre la Chambre des communes et celle des Lords s’est engagée mercredi 20 mars derrière les murs épais du palais de Westminster. Menés par des membres du Labour et une poignée d’évêques (membres de droit de la Chambre haute), les Lords tentent d’adoucir les termes du Safety of Rwanda Bill, un projet de loi visant à déporter des demandeurs d’asile au Rwanda. Le Parlement étant suspendu quinze jours à partir du 26 mars, le projet de loi retournera aux Communes à la mi-avril où, les conservateurs disposant d’une majorité, les ajouts des Lords seront probablement biffés.
    Ce « ping-pong » durera jusqu’à ce que le gouvernement cède du terrain ou, plus vraisemblablement, que les Lords lâchent prise, la Chambre haute n’ayant pas le dernier mot sur des projets de loi. Le premier ministre conservateur, Rishi Sunak, veut que le texte soit adopté pour que des avions puissent décoller pour le Rwanda dès « ce printemps ». Son ambition est devenue largement symbolique. A en croire les médias britanniques, seuls 150 à 200 demandeurs d’asile ont été identifiés par le Home Office pour être envoyés au Rwanda, où un unique hôtel, le Hope Hostel, à Kigali, la capitale, est prêt à les accueillir. Mais les tories sont en perdition dans les sondages, et ces vols vers le pays d’Afrique de l’Est semblent être le dernier espoir de Rishi Sunak de ne pas sombrer aux élections générales de l’automne. Si le Safety of Rwanda Bill est adopté, si d’ultimes recours en justice ne clouent pas les avions au sol, leurs passagers seront les premiers déplacés forcés dans le cadre du fameux accord « Rwanda », annoncé deux ans auparavant mais toujours pas opérationnel car ayant viré à la saga politico-juridique.
    14 avril 2022 : l’hôte de Downing Street s’appelle encore Boris Johnson, le dirigeant, encalminé dans le scandale du « partygate » (qui lui coûtera son poste quelques mois plus tard), crée la surprise en dévoilant un accord avec le Rwanda, dirigé d’une main de fer par le président Paul Kagame, toujours marqué par le génocide de 1994, mais qui connaît un fort dynamisme économique. Il s’agira d’y déporter les personnes arrivées illégalement au Royaume-Uni (sans visa, en bateau ou cachés dans des camions). Elles ne pourront réclamer l’asile que sur le territoire du Rwanda, qui examinera leur demande. Le Royaume-Uni est le premier pays européen à tenter une délégation totale de ses responsabilités dans les procédures de
    Avec cet accord, résultat de neuf mois de négociations avec Kigali, Boris Johnson jure qu’il s’agit de lutter contre les passeurs « qui engendrent trop de misère humaine et de morts », après la mort de vingt-sept personnes, noyées dans la Manche en novembre 2021.
    Mais, depuis le Brexit, Londres ne peut plus invoquer le règlement de Dublin pour renvoyer des demandeurs d’asile vers leur pays de première entrée dans l’Union européenne. Et, ses relations avec le président français, Emmanuel Macron, étant exécrables, M. Johnson peut difficilement demander plus d’efforts à Paris pour stopper les traversées. Or ces dernières ont bondi : en 2021, plus de 28 000 personnes ont franchi le Channel en small boats, des bateaux pneumatiques. D’où la solution « créative » rwandaise, comme la qualifie Priti Patel, la ministre de l’intérieur de M. Johnson, connue pour ses positions antimigrants, bien que ses parents, d’origine indienne, aient trouvé asile au Royaume-Uni dans les années 1970, après avoir fui le régime du dictateur Idi Amin Dada en Ouganda.
    Londres a pris modèle sur Canberra, l’Australie ayant expérimenté à partir des années 2000 l’expulsion de demandeurs d’asile sur les îles pacifiques de Nauru, en Micronésie, et de Manus, en Papouasie-Nouvelle Guinée. Cette politique controversée s’est révélée traumatisante pour les déplacés : des cas de mauvais traitements et des suicides ont été rapportés, tandis que les associations de protection des droits humains dénonçaient des détentions indéfinies. L’accord « Rwanda » révulse de la même manière les ONG et les autorités religieuses britanniques : sous-traiter les responsabilités du pays en matière d’asile « est contraire à la nature de Dieu », fustige Justin Welby, archevêque de Canterbury et primat de l’Eglise anglicane. Lord Alf Dubs, rescapé de l’horreur nazie grâce à l’opération Kindertransport (qui a permis le sauvetage d’enfants juifs vers le Royaume-Uni entre 1938 et 1940), dénonce un « trafic [d’humains] sponsorisé par l’Etat ».
    La résistance s’organise. Epaulés par des ONG, des demandeurs d’asile saisissent les tribunaux pour éviter d’être expulsés. Le premier (et le seul à ce jour) avion affrété pour Kigali, un Boeing 767 devant décoller le 14 juin 2022 d’une base militaire du sud du pays, reste cloué au sol en raison d’une mesure provisoire de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), qui estime que les passagers risquent de ne pas accéder à des procédures d’asile justes au Rwanda. Trois autres décisions de justice se succèdent : le 19 décembre 2022, la Haute Cour de justice de Londres conclut que l’accord « Rwanda » est légal. La Cour d’appel d’Angleterre et du Pays de Galles la contredit le 29 juin 2023. Le 15 novembre, la Cour suprême confirme dans une décision unanime que l’accord « Rwanda » est « illégal », celle-ci estimant « réel » le risque de voir des migrants renvoyés vers leur pays d’origine par les autorités rwandaises, et ce même dans le cas où leur demande de protection serait justifiée.
    Pourtant, Rishi Sunak s’entête. Arrivé à Downing Street fin 2022, il a mis la promesse de « stopper les bateaux » au cœur de son mandat. En décembre 2023, il annonce un « traité » avec le Rwanda et le projet Safety of Rwanda Bill, visant, fait inédit dans l’histoire législative britannique, à contourner la décision de la plus haute instance juridique du pays.Le traité est une version améliorée de l’accord « Rwanda », avec des engagements de Kigali à ne pas refouler les demandeurs d’asile vers leur pays d’origine. Le projet de loi décrète, lui, que le Rwanda est un pays « sûr », et restreint donc les possibilités pour les migrants de faire appel de leur expulsion au motif qu’il ne l’est pas. Le texte donne aussi pouvoir aux ministres de s’opposer aux mesures provisoires de la CEDH. Il pose des problèmes évidents : « On ne peut pas décréter par la loi que les chiens sont des chats, que le ciel est vert et le gazon bleu », raille Stephen Kinnock, ministre à l’immigration du cabinet fantôme travailliste.
    « Il risque de mettre le Royaume-Uni en contradiction avec la Convention européenne des droits de l’homme [dont il est signataire], en particulier ses articles 2 et 3, actant le droit à la vie et le droit de ne pas être torturé ou de subir de traitement dégradant », relève Sarah Singer, spécialiste du droit des réfugiés à l’université de Londres. Ce projet de loi soulève aussi de graves questions constitutionnelles. « En contournant une décision unanime de la plus haute instance juridique du pays et en limitant significativement la possibilité pour les juges de questionner l’action du gouvernement [ils ne peuvent contester le caractère “sûr” du Rwanda], il déstabilise notre Etat de droit », s’inquiète Sarah Singer, d’autant que la Cour suprême ne peut contrer le Parlement, en l’absence de Constitution écrite.Pour beaucoup, ce texte prouve la dérive populiste du Parti conservateur, déjà amorcée avec le Brexit, l’essentiel de ses députés ne cillant plus quand il faut voter contre un amendement des Lords au Safety of Rwanda Bill visant à éviter la déportation d’ex-collaborateurs de l’armée britannique en Afghanistan. Une frange radicale menée par Suella Braverman, ex-ministre de l’intérieur de M. Sunak (issue, comme lui et Mme Patel, de l’immigration) réclame même la sortie de la CEDH, oubliant que Winston Churchill (1874-1965) en est l’un des pères fondateurs. Rishi Sunak passe pourtant pour un modéré : « Il ne croyait pas à l’accord “Rwanda” quand il était chancelier de l’Echiquier [ministre des finances ; jusqu’en 2022], mais il l’a défendu durant sa campagne pour remplacer Boris Johnson à la tête du parti, pour séduire les membres tory », décrypte Sunder Katwala, directeur de British Future, un cercle de réflexion spécialiste de la migration.
    Lire aussi | Près de 30 000 migrants ont traversé illégalement la Manche en 2023, le gouvernement britannique se félicite d’une forte baisseQuel intérêt le Rwanda a-t-il à figurer dans ce psychodrame britannique ? L’argent est une motivation indéniable. Londres a déjà promis 370 millions de livres sterling (431 millions d’euros) à Kigali, même sans envoi de migrants, et 120 millions supplémentaires quand les 300 premières personnes auront été déplacées. En 2023, le Home Office évaluait à 169 000 livres le coût de l’envoi d’un demandeur d’asile au Rwanda. « C’est plus cher que de leur payer le Ritz », déplore sur le réseau social X le député travailliste Chris Bryant. Et l’effet dissuasif recherché n’a rien de garanti : plus de 29 000 personnes ont traversé le Channel en 2023 (et près de 4 000 depuis janvier 2024), l’annonce du plan « Rwanda » ne les ayant manifestement pas arrêtées.
    « Rishi Sunak ne peut pas tenir sa promesse de “stopper les bateaux” car, pour que le plan “Rwanda” fonctionne à plein, il faudrait que le Royaume-Uni se retire de la CEDH, et le premier ministre n’est pas assez populiste ni stupide pour cela », tranche Rory Stewart, ancien ministre du développement de Theresa May.
    M. Sunak maintient-il l’accord en vie pour des raisons politiques, car il a besoin de l’aile droite de son parti pour se maintenir à Downing Street ? Ce serait maladroit, à en croire Sunder Katwala, pour qui l’accord « Rwanda » n’est pas spécialement populaire : « L’électorat Labour le trouve cruel, les sympathisants tory veulent un meilleur contrôle des frontières, mais au moyen d’un système juste, proposant l’asile au Royaume-Uni à ceux qui le méritent. »
    Même si l’accord se limitait à un ou deux avions en partance pour Kigali, Rashmin Sagoo, directrice du programme droit international à l’institut de réflexion Chatham House, redoute qu’il abîme la réputation du pays, alors que « le Royaume-Uni est considéré comme exemplaire en matière de promotion et de respect de l’Etat de droit ». L’universitaire Sarah Singer s’inquiète aussi à l’idée que Londres donne un « chèque en blanc » à d’autres pays tentés de renoncer à leurs responsabilités : fin 2023, le Pakistan a cité l’accord « Rwanda » pour justifier sa décision d’expulser en masse des milliers d’Afghans ayant fui les talibans.
    Pour le Labour, l’accord « Rwanda » est un « gadget », il a promis de s’en débarrasser s’il remporte les élections générales (en janvier 2025 au plus tard). Le Royaume-Uni a besoin de solutions de long terme, argue le parti : une coopération accrue avec les autres pays européens pour lutter contre les passeurs et un système d’asile national plus efficace, alors que le Home Office manque de moyens, avec plus de 130 000 demandes d’asile en souffrance. Les personnes en attente sont logées dans des conditions précaires, des hôtels, et même, pour environ 300 d’entre elles, sur une barge, le Bibby-Stockholm, amarré depuis l’été 2023 au large de Portland, dans le Dorset.(...) »

    #Covid-19#migrant#migration#royaumeuni#rwanda#migrationirreguliere#australie#CEDH#asile#manche#traversee#immigration#frontiere#sante

  • Le naufrage de Rohingya en Indonésie révèle une crise humanitaire grandissante
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/03/22/le-naufrage-de-rohingya-en-indonesie-revele-une-crise-humanitaire-grandissan

    Le naufrage de Rohingya en Indonésie révèle une crise humanitaire grandissante
    Par Brice Pedroletti (Bangkok, correspondant en Asie du Sud-Est)
    Le naufrage, mercredi 20 mars, d’un bateau de Rohingya au large des côtes indonésiennes, lors duquel plus d’une cinquantaine de personnes auraient péri, est un nouveau signe de la détresse de cette minorité apatride originaire de Birmanie. Plusieurs milliers de Rohingya ont pris la mer en 2023 sur des embarcations vétustes.
    Or cette crise humanitaire à bas bruit dans les eaux du détroit de Malacca et du golfe du Bengale a tout lieu de s’aggraver : la « révolution birmane » a gagné le nord-est de l’Etat de Rakhine, en Birmanie, où vivent les quelque 650 000 Rohingya restés dans ce pays après le grand exode de 2017.
    Au Bangladesh voisin, où près d’un million de Rohingya vivent dans des camps de réfugiés – dont 750 000 arrivés en 2017 après les atroces massacres perpétrés par l’armée birmane dans l’Arakan (Etat de Rakhine, selon l’appellation officielle), la situation humanitaire n’a cessé de se détériorer. Les Rohingya sont une minorité autochtone de l’Etat de Rakhine, de confession musulmane et ethniquement apparentée aux Bengalis. Mais les dictatures birmanes successives en ont fait des « immigrés illégaux », les privant en 1982 de la citoyenneté birmane.
    Les 75 survivants du 20 mars, en majorité des hommes, entassés sur la coque retournée de leur embarcation au large de Kuala Bubon, sur la côte occidentale d’Aceh (île de Sumatra), ont d’abord été secourus par des pêcheurs, avant que des sauveteurs ne recueillent le lendemain la majorité d’entre eux. Un survivant du nom de Zaned Salim a fait état de cent cinquante personnes embarquées à l’origine, dont beaucoup de femmes et d’enfants, présumés morts noyés. Ils auraient quitté un « centre de réfugiés » malaisien pour tenter de rejoindre l’Australie. Mais ce témoignage reste sujet à caution tant la méfiance règne chez ces damnés de la Terre, rejetés de toute part. La plupart des Rohingya fuient les camps du Bangladesh, mais aussi la Birmanie, pour tenter de gagner la Malaisie, jugée plus tolérante, où 108 500 d’entre eux étaient, en février, enregistrés comme demandeurs d’asile selon l’UNHCR, l’agence des Nations unies pour les réfugiés. Mais la Malaisie ne reconnaît pas ce statut et a durci, ces dernières années, sa politique anti-immigration : beaucoup de Rohingya se retrouvent dans des centres de détention pour migrants illégaux. En février, une centaine d’entre eux s’étaient d’ailleurs évadés d’un de ces centres. L’Australie, elle, envoie les rares réfugiés qui atteignent ses côtes sur l’île de Nauru, dans le Pacifique, dans un centre de traitement des demandes d’asile.
    L’afflux de bateaux de réfugiés rohingya en Indonésie a pris de l’ampleur depuis octobre 2023 : sur les 4 500 qui, selon les estimations de l’UNHCR, ont pris la mer en 2023, 1 500 Rohingya auraient, depuis, accosté sur les rivages de la province d’Aceh. Les morts présumés se comptent par centaines. Or cet afflux suscite une vague de rejet parmi les Acehnais : en novembre, près de 200 Rohingya sinistrés ont été parqués une nuit entière sur une plage de Sabang, sur l’île de Weh, au large de Banda Aceh, la capitale provinciale. Les habitants voulaient les repousser vers la mer.
    Fin décembre, une centaine d’étudiants ont manifesté et pris d’assaut un local où des familles rohingya étaient hébergées à Banda Aceh, poussant l’UNHCR à se déclarer « profondément troublée par l’attaque d’une foule sur un site abritant des familles de réfugiés vulnérables ». Les survivants du 20 mars ont eux aussi vu affluer des villageois avec des pancartes « pas de Rohingya chez nous ».Car depuis novembre, une virulente campagne de haine agrémentée de fake news dépeint sur les réseaux sociaux indonésiens, en particulier TikTok, les Rohingya comme des « voleurs », voire de la « vermine » – reprenant sans aucun recul les stéréotypes racistes et islamophobes diffusés à l’envi par l’armée birmane sur les réseaux sociaux dans les années précédant les massacres de 2016 et 2017. Selon un observateur de l’Internet indonésien consulté par Le Monde en février, certains des messages de haine diffusés à grande échelle remontent à au moins l’un des « influenceurs » de la campagne de Prabowo Subianto, le général qui a gagné l’élection présidentielle indonésienne du 14 février et est vu comme un farouche nationaliste.
    Cruelle ironie : on sait que les Acehnais, de pieux et conservateurs musulmans sunnites comme les Rohingya, ont subi pendant des décennies les exactions de l’armée indonésienne lors de leur combat pour plus d’autonomie, puis furent, après le tsunami dévastateur de 2004, sous perfusion de l’aide internationale durant dix ans. Ce manque d’empathie est dénoncé en Indonésie par des figures progressistes, et des ONG locales viennent en aide aux Rohingya en détresse. Si Djakarta met en avant ses obligations de non-refoulement des réfugiés en perdition, la marine indonésienne a été soupçonnée d’avoir fait la chasse à des bateaux de Rohingya pour qu’ils n’accostent pas.Or les raisons qui poussent les Rohingya à prendre la mer ont tout lieu de se renforcer. Au Bangladesh, les conditions se détériorent dans la trentaine de camps qui les accueille autour de Cox’s Bazar, de l’autre côté de la frontière avec la Birmanie. La criminalité s’y répand, des incendies dévastent des quartiers entiers. Les Nations unies, qui financent les camps, n’ont pu lever en 2023 que la moitié des 876 millions de dollars (809 millions d’euros) nécessaires à leur fonctionnement. Au point que le Programme alimentaire mondial a dû, en mars 2023, réduire progressivement de 12 à 8 dollars mensuels le bon alimentaire attribué à chaque résident du camp, alors même que 40 % des enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition chronique. Le montant a toutefois pu être réévalué à 10 dollars en janvier.
    En Birmanie, les zones d’habitation des Rohingya, dans le nord-est de l’Etat de Rakhine, comme les villes ghettos de Maungdaw, Buthidaung, et Rathedaung, font l’objet d’intenses combats entre l’armée birmane et l’Armée de l’Arakan. Le groupe rebelle arakanais opposé à la junte a lancé en janvier une offensive massive sur les positions de l’armée, qui recule mais bombarde régulièrement les zones habitées. A Sittwe, la capitale de l’Etat de Rakhine, les combats forcent la population à s’enfuir, mais les Rohingya, pour la plupart parqués dans des camps dans la périphérie, sont à la merci de l’armée birmane. « Il ne reste que des musulmans [rohingya] dans la ville. Ils n’ont nulle part où fuir et n’ont pas de carte d’identité. Le régime les exploite, en a forcé certains à suivre un entraînement militaire », confiait récemment au site birman en exil The Irrawaddy un cadre de l’Armée de l’Arakan. L’armée rebelle s’est dite, le 4 mars, par le truchement d’un porte-parole, prête à accueillir dans les zones libérées les Rohingya qui risquent sinon d’être utilisés comme « boucliers humains » par la junte : celle-ci en aurait recruté de force plusieurs centaines, depuis l’annonce en février de la conscription obligatoire.

    #Covid-19#migrant#migration#birmanie#australie#malaisie#bangladesh#rohinhya#indonesie#refugie#conflit#sante

  • En Libye, une fosse commune avec au moins 65 corps de migrants a été découverte
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/03/22/en-libye-une-fosse-commune-avec-au-moins-65-corps-de-migrants-a-ete-decouver

    En Libye, une fosse commune avec au moins 65 corps de migrants a été découverte
    Le Monde avec AFP
    Une « fosse commune » a été découverte cette semaine dans le sud-ouest de la Libye avec les corps d’au moins 65 migrants, a affirmé vendredi 22 mars l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), se disant « profondément choquée et alarmée ». Un porte-parole de cette agence de l’Organisation des Nations unies a expliqué à l’AFP que la « fosse commune » avait été découverte « par les autorités responsables de la sécurité » du pays, par lequel transitent de nombreux exilés fuyant des pays africains instables ou marqués par des difficultés économiques et le changement climatique.« Les circonstances de leur mort et leur nationalité restent inconnues », relève l’OIM dans un communiqué, qui ne précise pas si les corps correspondent à des hommes ou des femmes. L’organisation pense que les migrants sont morts « pendant leur traversée clandestine du désert ».
    L’OIM explique également que les autorités libyennes enquêtent sur ces décès, et « leur demande, ainsi qu’aux agences partenaires des Nations unies, de veiller à la récupération des corps dans la dignité, à l’identification et au transfert des corps des migrants décédés, d’en informer les familles et de les aider ».« Chaque signalement d’un migrant disparu ou d’une perte humaine représente une famille en deuil qui cherche des réponses au sujet d’un proche ou qui reconnaît la tragédie de la perte », a déclaré un porte-parole de l’OIM, cité dans le communiqué.
    Selon l’OIM, la découverte de la fosse commune met en évidence le besoin urgent de relever les défis de la migration irrégulière, notamment par « une réponse coordonnée au trafic illicite de migrants et à la traite des personnes ». « En l’absence de voies régulières offrant des possibilités de migration légale, de telles tragédies continueront à se produire le long de cet itinéraire », poursuit l’agence.
    Selon le projet baptisé « Migrants disparus » de l’OIM, au moins 3 129 décès et disparitions de migrants ont été recensés en 2023 le long de la route de la Méditerranée. Il s’agit de l’itinéraire migratoire le plus meurtrier. L’OIM appelle tous les gouvernements et les autorités le long de cet itinéraire migratoire à renforcer la coopération régionale afin d’assurer la sécurité et la protection des migrants, « quel que soit leur statut et à toutes les étapes de leur voyage ».

    #Coovid-19#migrant#migration#libye#OIM#trafic#motalite#routemigratoire#migrationirreguliere#afrique#sante#protection

  • En Libye, une fosse commune avec au moins 65 corps de migrants a été découverte
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/03/22/en-libye-une-fosse-commune-avec-au-moins-65-corps-de-migrants-a-ete-decouver

    En Libye, une fosse commune avec au moins 65 corps de migrants a été découverte
    Le Monde avec AFP
    Une « fosse commune » a été découverte cette semaine dans le sud-ouest de la Libye avec les corps d’au moins 65 migrants, a affirmé vendredi 22 mars l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), se disant « profondément choquée et alarmée ». Un porte-parole de cette agence de l’Organisation des Nations unies a expliqué à l’AFP que la « fosse commune » avait été découverte « par les autorités responsables de la sécurité » du pays, par lequel transitent de nombreux exilés fuyant des pays africains instables ou marqués par des difficultés économiques et le changement climatique.« Les circonstances de leur mort et leur nationalité restent inconnues », relève l’OIM dans un communiqué, qui ne précise pas si les corps correspondent à des hommes ou des femmes. L’organisation pense que les migrants sont morts « pendant leur traversée clandestine du désert ».
    L’OIM explique également que les autorités libyennes enquêtent sur ces décès, et « leur demande, ainsi qu’aux agences partenaires des Nations unies, de veiller à la récupération des corps dans la dignité, à l’identification et au transfert des corps des migrants décédés, d’en informer les familles et de les aider ».« Chaque signalement d’un migrant disparu ou d’une perte humaine représente une famille en deuil qui cherche des réponses au sujet d’un proche ou qui reconnaît la tragédie de la perte », a déclaré un porte-parole de l’OIM, cité dans le communiqué.
    Selon l’OIM, la découverte de la fosse commune met en évidence le besoin urgent de relever les défis de la migration irrégulière, notamment par « une réponse coordonnée au trafic illicite de migrants et à la traite des personnes ». « En l’absence de voies régulières offrant des possibilités de migration légale, de telles tragédies continueront à se produire le long de cet itinéraire », poursuit l’agence.
    Selon le projet baptisé « Migrants disparus » de l’OIM, au moins 3 129 décès et disparitions de migrants ont été recensés en 2023 le long de la route de la Méditerranée. Il s’agit de l’itinéraire migratoire le plus meurtrier. L’OIM appelle tous les gouvernements et les autorités le long de cet itinéraire migratoire à renforcer la coopération régionale afin d’assurer la sécurité et la protection des migrants, « quel que soit leur statut et à toutes les étapes de leur voyage ».

    #Coovid-19#migrant#migration#libye#OIM#trafic#motalite#routemigratoire#migrationirreguliere#afrique#sante#protection

  • [Psylence Radio] Allô le #107 ?
    https://www.radiopanik.org/emissions/psylence-radio/allo-le-107

    Réforme 107 ? D’accord une réforme tout le monde a une petite idée de ce que c’est. Mais qu’est-ce donc que ce 107 qui lui est accolé ? Un nouveau numéro d’urgence qu’on appelle quand la folie nous guette, quand tout devient fou ? Ou 107, ce serait le numéro d’un vol aérien ? Mais d’où a-t-il décollé ? Quel est sa destination ? Qui est aux commandes dans le cockpit ? Et si on dit #réforme_107, c’est parce qu’il y en a déjà eu 106 avant ? Vous naviguez en plein flou ? Ne vous inquiétez pas, nous allons tacher de vous éclairer tout au long de cette émission. Et pour ce faire, nous pouvons compter aujourd’hui sur la présence de 2 invité·es de choix : Melissa Chebieb, Adjointe à la Coordination Fédérale de la réforme des soins en #santé_mentale et Robin Susswein, Sociologue, chargé de recherches à la Ligue bruxelloise pour la (...)

    #autre_lieu #santé_mentale,autre_lieu,107,réforme_107
    https://www.radiopanik.org/media/sounds/psylence-radio/allo-le-107_17503__1.mp3

  • Espagne : trois passeurs interpellés après la mort de cinq migrants en mer, forcés de se jeter à l’eau - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/55897/espagne--trois-passeurs-interpelles-apres-la-mort-de-cinq-migrants-en-

    Espagne : trois passeurs interpellés après la mort de cinq migrants en mer, forcés de se jeter à l’eau
    Par La rédaction Publié le : 19/03/2024
    Trois personnes ont été arrêtées par les autorités espagnoles, accusées d’être à l’origine de la mort de cinq migrants lors d’une traversée de l’Atlantique depuis l’ouest du Maroc en novembre 2023. Les trafiquants avaient forcé les 37 exilés à bord du canot à se jeter à l’eau, alors que beaucoup ne savaient pas nager et que la mer était agitée.
    Deux hommes et une femme ont été interpellés dans le sud de l’Espagne, à Cadix et Grenade, dans une opération conjointe de la police nationale, de la Garde civile et soutenue par Europol, indique un communiqué de l’office européen de police publié lundi 18 mars.
    Ils sont soupçonnés d’être responsable de la mort de cinq migrants lors d’une traversée de l’Atlantique depuis l’ouest du Maroc vers la péninsule espagnole, à bord d’un speed-boat utilisé par les trafiquants de drogue qui opèrent entre les deux pays.
    Le 29 novembre 2023, 37 exilés arrivent au large de Cadix. Les passeurs ordonnent alors aux migrants de sauter à l’eau pour rejoindre le rivage à la nage, et les menacent avec des machettes. Plusieurs personnes ne savent pourtant pas nager et la zone est soumise à de forts courants. Quelques migrants tentent de s’agripper aux cordes du canot mais les trafiquants les coupent pour les empêcher de s’y accrocher.
    Un navire présent à proximité parvient à venir en aide aux personnes en détresse dans l’eau. Mais cinq personnes, originaires du Maroc, meurent noyées, leurs corps sont récupérés quelques heures plus tard par les autorités. Les trafiquants, eux, parviennent à s’enfuir vers le large. Parmi les rescapés, quatre sont en état d’hypothermie et l’un d’eux a été hospitalisé.
    L’enquête a permis de localiser le bateau, de déterminer l’identité et le rôle des trois membres du réseau, d’établir l’itinéraire emprunté et le montant réclamé pour un tel voyage, précise le communiqué d’Europol. Les migrants ont traversé l’Atlantique après avoir quitté Kenitra, à l’ouest du Maroc, pour rejoindre Cadix, en échange d’une somme allant de 3 000 à 12 000 euros.
    Les trois personnes interpellées sont accusés d’homicide, d’appartenance à une organisation criminelle, d’atteinte aux droits de citoyens étrangers et de contrebande.Cette route migratoire est celle du détroit de Gibraltar. Un itinéraire « historique », privilégié par « des citoyens marocains qui peuvent apercevoir [la ville espagnole de] Tarifa depuis l’autre rive », explique l’association Caminando Fronteras sur son site. Mais les exilés empruntent désormais des détours bien plus longs - comme celui qui mène jusqu’à Cadix - pour éviter les contrôles policiers. L’Espagne constitue l’une des principales portes d’entrée migratoires en Europe, notamment par la Méditerranée occidentale avec des départs d’embarcations depuis le Maroc ou l’Algérie.
    Selon les chiffres du ministère espagnol de l’Intérieur dévoilés lundi, plus de 15 000 personnes ont débarqué en Espagne depuis janvier, soit 300% de plus que l’an dernier à la même période. La majorité - plus de 12 000 - sont arrivés dans le pays via l’archipel des Canaries. La hausse des arrivées en Espagne, notamment aux Canaries, s’explique par une augmentation des départs depuis la Mauritanie. La majorité des canots débarqués en janvier 2024 dans l’archipel espagnol avait pris la mer depuis les rives mauritaniennes, malgré de nombreux accords entre Nouakchott et Madrid pour lutter contre l’immigration irrégulière. Beaucoup partent aussi des côtes sénégalaises. Les Canaries font face à leur pire crise migratoire depuis 2006. En 2023, l’archipel a vu arriver 40 000 migrants, très majoritairement originaires d’Afrique subsaharienne. Un record, supérieur de 154% à celui de 2022. D’après l’ONG Caminando Fronteras, au moins 6 618 migrants sont morts ou ont disparu en tentant de rejoindre l’Espagne en 2023, soit 18 exilés disparus par jour en moyenne.

    #Covid-19#migrant#migration#espagne#canaries#senegal#mauritanie#routemigratoire#atlantique#mortalite#speedboat#sante

  • Malgré l’hiver et les échecs, des migrants toujours déterminés à traverser la Manche - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/55887/malgre-lhiver-et-les-echecs-des-migrants-toujours-determines-a-travers

    Malgré l’hiver et les échecs, des migrants toujours déterminés à traverser la Manche
    Par RFI Publié le : 19/03/2024
    En baisse de 30% entre l’année 2022 et l’année 2023, les traversées de la Manche par des migrants repartent à la hausse en ce début d’année 2024, malgré les conditions hivernales et une eau à 9°C. C’est le constat que font les associations engagées auprès des exilés dans le nord de la France. Neuf décès dus à des naufrages ont été recensés depuis le début de l’année. Mais ni ces tragédies, ni la forte présence policière, ni même les échecs répétés, ne dissuadent les candidats au départ vers le Royaume-Uni.
    Comme chaque lundi, c’est jour de distribution alimentaire par les bénévoles de l’association Salam. Une longue file d’attente s’est formée sur ce terrain vague boueux de Grande-Synthe, dans le nord de la France. Ici, plusieurs dizaines de migrants tuent le temps en attendant de saisir leur chance : celle de traverser la Manche pour rejoindre le Royaume-Uni.
    Abdoul est Afghan. Il a 19 ans. Et il en est déjà à sa troisième tentative : « On a essayé de traverser la nuit dernière à bord d’une embarcation, mais la police est arrivée et a percé le bateau. Et donc, nous sommes retournés ici dans ce camp. La fois précédente, le bateau n’est jamais venu. Et puis, une autre fois encore, nous sommes restés quatre heures en mer, et le moteur a lâché. C’était terrible, je ne peux même pas expliquer. Il n’y avait personne pour nous aider. On a attendu que la police vienne nous secourir. On les a appelés trois, quatre, cinq fois : ’Aidez-nous ! Aidez-nous !’, parce que le moteur du bateau ne fonctionnait plus. Ils sont venus, mais tellement tard, au bout d’une heure et demie. »
    Sa demande d’asile en France a été rejetée deux fois. Le Royaume-Uni est donc sa prochaine destination. D’autant qu’il parle anglais et son oncle y vit. « Nous allons retenter encore et encore. Si Dieu le veut, nous y arriverons. Nous irons au Royaume-Uni », insiste le jeune homme.
    Lors des échecs de traversée, les migrants se retrouvent livrés à eux-mêmes, dans la nuit, souvent mouillés, divaguant dans le froid. C’est là qu’intervient Thomas, bénévole pour l’association Utopia 56. Au volant de sa voiture, il transporte des vêtements. « On a de quoi rhabiller de la tête au pied, en général, à peu près 80 à 90 personnes », assure-t-il.Après une heure de maraude, le bénévole repère 30 migrants. Il est 4 heures du matin. Le groupe remonte de la plage en longeant une route nationale. Un homme s’avance en boitant, il se plaint de douleurs au pied. Thomas ne peut l’emmener dans sa voiture et l’amener à l’hôpital, alors une ambulance est appelée. Comme d’autres, son jogging est trempé. Le groupe, composé de familles, avec parfois de très jeunes enfants, vient vraisemblablement de tenter une traversée empêchée par les forces de l’ordre.
    Alexis, un autre bénévole, se démène pour leur trouver un hébergement d’urgence. Mais l’hôtel le plus proche est fermé. Il fait deux degrés. Des habits secs et chauds leur sont distribués. « On essaye toujours de faire quelque chose. Même si le 115 ne répond pas, même si l’hôtel est fermé, on fait quand même quelque chose. Le minimum. Pour leur montrer qu’ils ne sont pas tout seuls. » Sur la plage, un sac à dos abandonné, le témoin d’un départ précipité. Cette nuit-là, 320 migrants réussiront à rallier le Royaume-Uni.

    #Covid-19#migrant#migration#france#royaumeuni#traversee#manche#naufrage#mortalite#sante

  • Raphael Pradeau sur X : « Depuis la Révolution industrielle, la mortalité infantile n’a cessé de diminuer en #France au fur et à mesure que l’État se développe et investit dans la #santé. Mais ça c’était avant la #casse du système public de santé : la France est repassée derrière les pays d’Europe du Sud ! » /
    https://twitter.com/raphpradeau/status/1769282325223715193

    • Pays d’Europe riverains de la mer Méditerranée considérés par les ceusses « qui ont fait l’Europe » comme étant « arriérés ». Excepté l’Italie du Nord plus urbanisée et industrialisée que le « Mezzogiorno ».
      C’est surtout d’un point de vue social que l’on pourrait parler d’arriération avec le maintien d’une économie de plantation et son lot d’ouvriers précarisés comme jamais.
      De plus ces régions qui bordent la méditerranée sont fortement impactées par le changement climatique.

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Mezzogiorno

  • L’UE offre à l’Egypte une aide économique contre un meilleur contrôle des migrants
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/03/16/l-ue-offre-a-l-egypte-une-aide-economique-contre-un-meilleur-controle-des-mi

    L’UE offre à l’Egypte une aide économique contre un meilleur contrôle des migrants
    Après la Tunisie, l’Egypte. Trois premiers ministres européens – Giorgia Meloni, la présidente du conseil italien, Alexander De Croo et Kyriakos Mitsotakis, les premiers ministres belge et grec – et Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, sont attendus dimanche 17 mars au Caire. Ils doivent parapher une « déclaration commune » avec Abdel Fattah Al-Sissi, le président égyptien, pour la mise en place d’un partenariat global avec l’Union européenne (UE).
    A la clé pour l’Egypte un chèque de 7,4 milliards d’euros, comme l’a révélé le Financial Times le 13 mars. Cet accord survient après l’annonce, au début de mars, d’un prêt de 8 milliards de dollars (plus de 7,3 milliards d’euros) du Fonds monétaire international à l’Egypte et, surtout, à la mi-février d’un vaste plan d’investissements de 35 milliards de dollars des Emirats arabes unis. A cette aune, l’aide européenne semble plutôt chiche.
    Pour Bruxelles, l’urgence est d’éviter un écroulement de l’économie égyptienne, très dépendante de l’extérieur. Depuis le Covid-19 et la guerre en Ukraine, elle est plongée dans le marasme et les déficits budgétaires s’enchaînent. De surcroît, le pays doit faire face aux conséquences de la guerre à Gaza et, notamment, aux attaques houthistes en mer Rouge, qui ont entraîné une réduction du nombre de cargos dans le canal de Suez et fait chuter les revenus du pays. Enfin, le tourisme, qui avait atteint des records en 2023 avec plus de 15 millions de visiteurs, pourrait pâtir de la guerre aux portes du pays.
    Dans le détail, la Commission devrait apporter 5 milliards d’euros de soutien budgétaire à l’Egypte, dont 1 milliard d’euros déboursé d’ici au mois de juin, selon une procédure d’urgence. Les 4 autres milliards suivront à plus long terme. Le ministre des finances égyptien, Mohamed Maait, a confirmé cette somme, évoquant une aide de « 5 milliards à 6 milliards de dollars » (4,5 milliards à 5,5 milliards d’euros).Les 2,4 milliards supplémentaires sont constitués d’un certain nombre de projets, souvent déjà annoncés, dans les énergies renouvelables, ainsi que d’un important volet migratoire. L’UE doit notamment financer des bateaux de surveillance des côtes, que la France s’est engagée à livrer, « même si les départs des côtes égyptiennes sont rarissimes », rappelle Sara Prestianni, de l’ONG Euromed Rights.
    Des moyens seront proposés pour sécuriser les frontières, à la fois entre l’Egypte et le Soudan, au sud, et avec la Libye, à l’est. Depuis plusieurs années, l’agence européenne Frontex a constaté une hausse des entrées irrégulières d’Egyptiens, avec plus de 25 000 tentatives en 2022, via la Libye ou la Tunisie. En outre, le pays accueille près de 500 000 réfugiés soudanais sur son sol, selon les données des Nations unies, et certains cherchent à rejoindre l’Europe par le même chemin. A cela s’ajoute la crainte que des Palestiniens puissent entrer massivement dans le pays. Pour l’instant, l’Egypte l’a exclu.
    « L’Europe fait de la migration une priorité. Or, si les candidats au départ augmentent, c’est à cause de la crise économique, juge au Caire Timothy Kaldas, codirecteur du Tahrir Institute for Middle East Policy. S’ils veulent que les Egyptiens restent, ils devraient exiger un accord avec des conditions strictes afin d’améliorer la gouvernance et de s’assurer que ces aides aillent réellement à la population. »
    « Banque mondiale des dictateurs » Selon le chercheur, « cet accord manque de transparence. Le volet sur la conditionnalité de l’aide financière reste flou. » Il rappelle celui de l’accord controversé signé à l’été 2023 entre l’UE et la Tunisie. Déjà, l’Europe avait proposé un soutien budgétaire, doublé d’un fort volet migratoire. Jeudi 14 mars, à Strasbourg, les eurodéputés ont d’ailleurs voté une résolution condamnant le versement par la Commission, en procédure d’urgence, de 150 millions d’aides budgétaires à Tunis, sans aucune condition.
    « Cela a été fait sans aucun contrôle de la part du Parlement et sans contrepartie du gouvernement tunisien en matière de respect des droits de l’homme, critique l’écologiste français Mounir Satouri. Et maintenant, la Commission veut débourser 5 milliards pour l’Egypte, qui ne respecte pas les droits de l’homme. L’Union européenne est en train de se transformer en banque mondiale des dictateurs ! »
    En Egypte, l’accord fait grincer des dents du côté des défenseurs des droits humains. Le maréchal Al-Sissi dirige le pays depuis 2013 d’une main de fer, réprimant férocement ses opposants politiques avec à la clé près de 60 000 prisonniers d’opinion. Sa politique vis-à-vis des réfugiés n’est pas plus tendre, selon la Plate-forme pour les réfugiés en Egypte.Le 14 mars, cette ONG a dénoncé dans un rapport le traitement appliqué aux réfugiés soudanais dans le pays. Ils sont souvent harcelés par les autorités, forcés de payer d’importantes sommes en dollars, parfois arrêtés et, dans certains cas, renvoyés de force au Soudan. Bref, conclut M. Kaldas, « il y a un vrai risque qu’un accord sur les migrations mène à plus de répression des migrants en Egypte. La Commission devrait s’assurer que ses financements soient échelonnés dans le temps, et menacer de les suspendre si les droits de l’homme ne sont pas respectés. »

    #Covid-19#migrant#migration#UE#egypte#tunisie#droit#sante#soudan#refugie#economie

  • Au moins 22 migrants, dont sept enfants, se noient en mer Égée - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/55851/au-moins-22-migrants-dont-sept-enfants-se-noient-en-mer-egee

    Au moins 22 migrants, dont sept enfants, se noient en mer Égée
    Par La rédaction Publié le : 15/03/2024
    Au moins 22 personnes, dont sept enfants, ont péri dans un naufrage au large d’une île turque, ce vendredi 15 mars, en tentant de rejoindre la Grèce pour entrer en Europe. Seules quatre personnes ont survécu, selon le bilan des autorités, qui demeure encore provisoire. Ils espéraient rejoindre la Grèce pour mettre un pied sur le sol européen. Vendredi 15 décembre, le naufrage d’un canot pneumatique en mer Égée, au large des côtes nord-ouest de la Turquie, a fait au moins 22 victimes selon les autorités turques.
    « Les corps sans vie de 22 personnes dont sept enfants ont été retrouvés » a indiqué le gouvernorat de la province de Cannakkale dans un communiqué ce vendredi après-midi. Leurs nationalités ne sont pas encore connues.
    Le canot a chaviré au large de l’île turque de Gökçeada, à une cinquantaine de kilomètres de l’île grecque de Limnos, selon la communication du gouvernorat. Le drame se serait déroulé dans la nuit de jeudi à vendredi, relate l’agence de presse turque Anadolu.
    Quatre survivants Des garde-côtes ont été dépêchés sur place pour tenter de secourir d’autres personnes. Deux hélicoptères, un drone et un avion survolent la zone, ont précisé les autorités locales dans leur communiqué. Pas moins de 18 bateaux de secours et 502 agents sont mobilisés pour cette opération.
    Le nombre connu de victimes reste donc, pour le moment, provisoire. Une précédente communication officielle faisait état de 16 morts, avant que ce bilan ne s’alourdisse à 22 au fil de la journée. Au moins quatre personnes ont survécu au naufrage, ont précisé les autorités. Deux de ces survivants ont pu atteindre, à la nage, une plage située plus au nord, raconte l’agence de presse Anadolu. De là, ils ont pu lancer l’alerte et déclencher l’opération de secours. Deux autres survivants ont pu être secourus par les garde-côtes turcs. Toujours selon l’agence de presse, des ambulances ont été envoyées dans un port voisin, afin d’acheminer les corps repêchés vers les morgues des hôpitaux.
    Augmentation des arrivées sur les îles grecques depuis la Turquie, et des refoulements Début mars, le Conseil européen pour les réfugiés et les exilés (ECRE) s’inquiétait de l’augmentation des arrivées de migrants sur les îles grecques depuis la Turquie. Les garde-côtes turcs ont indiqué pour leur part avoir secouru ou intercepté, depuis le début de cette semaine, plusieurs centaines de migrants tentant la traversée vers la Grèce. La présence d’enfants a souvent été constatée. En novembre, au moins cinq personnes sont mortes noyées après le naufrage de leur embarcation, au large de la province turque d’Izmir. Un mois avant, le 17 octobre, un homme et une femme avaient déjà péri dans deux naufrages en mer Égée : l’un au large de Lesbos, l’autre près des côtes de Samos, plus au sud.
    L’ONG Aegean Boat Report (ABR) a produit un rapport d’observation hebdomadaire pour la semaine du 4 mars, recensant pas moins de 49 tentatives de départ par bateaux, pour 1 492 personnes, depuis la côte turque vers les îles grecques. Seuls dix de ces bateaux ont atteint leur destination. Tous les autres ont été soit interceptés par les garde-côtes turcs, soit refoulés par les garde-côtes grecs.
    Pushbacks
    L’organisation note ainsi l’"augmentation des refoulements en mer par les autorités grecques", y compris par « l’utilisation illégale » de radeaux de sauvetage. Ainsi, au cours de la seule semaine du 4 mars, l’ONG constate que « 105 personnes ont été laissées à la dérive, impuissantes, dans cinq radeaux de sauvetage en mer Égée ».
    Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), 3 105 migrants sont morts ou portés disparu en Méditerranée en 2023. C’est le plus lourd bilan de l’institution depuis 2017. Rien que depuis janvier, 360 migrants sont décédés ou portés disparus, recense encore l’OIM. Le 13 mars, l’équipage de l’Ocean Viking, navire de SOS Méditerranée, a secouru 25 survivants qui se trouvaient à bord d’un canot pneumatique dans lequel 60 personnes sont mortes. Leurs corps ont été jetés à la mer, au large de la Libye, ont témoigné les rescapés.

    #Covid-19#migration#grece#mediterranee#libye#traversee#mortalite#sante#refoulement##OIM#ONG#ECRE#turquie

  • D’après l’enquête sur la mort d’au moins 27 personnes dans la Manche, les secours français n’écoutaient pas le canal radio de détresse lors du drame
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/03/15/naufrage-de-migrants-la-responsabilite-des-secours-de-nouveau-montree-du-doi

    D’après l’enquête sur la mort d’au moins 27 personnes dans la Manche, les secours français n’écoutaient pas le canal radio de détresse lors du drame
    Par Abdelhak El Idrissi et Julia Pascual
    Un nouvel élément accablant, dans la recherche des responsabilités qui ont conduit à la mort d’au moins vingt-sept personnes, dans la Manche, le 24 novembre 2021, qui tentaient de rejoindre le Royaume-Uni, a été ajouté au dossier judiciaire. Selon de nouveaux éléments consultés par Le Monde, les enquêteurs ont établi que l’équipage du navire de la marine nationale le Flamant, qui patrouillait en mer cette nuit-là, ne surveillait pas le canal 16, la fréquence internationale de détresse, sur laquelle le centre de secours britannique de Douvres a émis quatre messages d’alerte « mayday ». Les Britanniques demandaient alors à tous les bateaux sur zone de porter assistance à l’embarcation transportant une trentaine de passagers. La veille du canal 16 est « obligatoire », soulignent les enquêteurs dans une synthèse versée en procédure, fin 2023.
    A côté des investigations portant sur l’identification des passeurs qui ont fourni aux victimes une embarcation pneumatique impropre à la navigation, la justice enquête depuis le 5 janvier 2023 sur des faits de non-assistance à personne en danger, qui ont conduit à la mise en examen de sept militaires en mai et juin 2023. Cinq d’entre eux étaient en service au sein du centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (Cross) de Gris-Nez (Pas-de-Calais) et deux officiaient à bord du Flamant.
    Déjà, les enquêteurs s’étaient étonnés que le Cross, chargé de la coordination des secours, ait refusé d’envoyer le Flamant dans la zone où était localisée l’embarcation en détresse. Les secours français sont soupçonnés d’avoir attendu que le canot pneumatique passe dans les eaux anglaises pour se décharger sur leurs homologues britanniques. L’instruction a permis d’établir qu’aucun moyen de sauvetage n’avait été envoyé vers le bateau de migrants, malgré leurs nombreux appels aux secours français.
    Lors de sa garde à vue, l’officier du Cross Frédéric J. avait expliqué avoir « privilégié la surveillance d’une embarcation ne demandant pas assistance », rappellent les enquêteurs. Les militaires du Cross avaient aussi plaidé au cours des auditions que le mayday est destiné aux navires sur zone, afin de les informer d’une urgence et qu’ils puissent apporter leur aide. Or, il est désormais établi que le Flamant, qui avait précisément pour mission de secourir des embarcations de migrants, n’a pas veillé le canal 16 pendant sept heures, soit entre 22 h 12, le 23 novembre, et 5 h 15, le 24 novembre, heure française. « On ne veille pas le canal 16 », a d’ailleurs déclaré l’un des chefs de quart. Des propos recueillis par le biais de l’exploitation de la bande sonore de la passerelle du navire français. « La veille du canal 16 est une obligation réglementaire, et c’est également une consigne d’application permanente au sein de la marine nationale », soulignent les enquêteurs, qui voient dans la violation de cette consigne une infraction pénale punie, dans le code de justice militaire, de deux ans de prison.
    L’instruction révèle que les militaires du Flamant ont malgré tout été destinataires de trois alertes émises par les secours britanniques. En dépit de l’absence de veille de la fréquence de détresse, ces alertes leur sont parvenues par radio VHF, sous la forme d’un puissant signal sonore qui ne s’arrête qu’après une manipulation de la radio. Pour autant, « aucun des personnels présents ne s’est inquiété de ces alarmes situées en zone britannique » ni n’a repris la veille du canal 16 pour en savoir davantage. Au contraire, lors de la première alerte, survenue à 3 h 27 du matin, un militaire fait ce commentaire : « Pas de panique hein. (…) On n’est pas payés au Zodiac non plus. » Une nouvelle alerte retentit en passerelle, un peu plus d’un quart d’heure plus tard. Le personnel ne réagit pas davantage. « Parce que, si on s’en occupe… après… euh… pfff… », commente sommairement le chef de quart. A 4 heures du matin, une troisième alerte est diffusée. Cette fois, le chef de quart commente les coordonnées géographiques de l’embarcation, partagées par les Britanniques, et s’exclame : « Putain, mais c’est…. là où j’ai le curseur. » Son collègue officier lui répond alors : « Eh ben, c’est [chez] les Anglais. » A 4 h 18 du matin, un dernier mayday est émis par Douvres, mais il n’est pas reçu par le Flamant.
    Lors de son audition, en 2023, par les gendarmes de la section de recherche maritime de Cherbourg (Manche), Audrey M., la commandante du Flamant, avait expliqué ne plus se souvenir des messages d’alerte envoyés par les Britanniques. Elle a été mise en examen, aux côtés de l’officier Thomas H., également de service sur la passerelle du navire la nuit du drame. Il avait reconnu devant les enquêteurs que le Flamant n’était pas engagé sur une urgence, mais n’avait pas de souvenir d’un quelconque message de détresse. Toutefois, il n’excluait pas, à l’époque, un « défaut de veille du canal 16 ». Thomas H. a également mis en cause le personnel du Cross, en lien direct avec les migrants, mais dont la communication « n’a pas été à la hauteur des alertes ». « Du coup, nous avons été trop passifs sur la mer. On n’a pas pu mettre les moyens qu’on aurait pu utiliser. » Sollicitée par Le Monde, la marine nationale n’a pas souhaité faire de commentaire.
    Le travail des enquêteurs et de la juge d’instruction aboutira-t-il un jour à un procès ? Selon nos informations, les avocats de l’un des secouristes du Cross Gris-Nez ont déposé une requête en nullité, afin d’obtenir l’annulation de l’ensemble de la procédure portant sur les faits de non-assistance à personne en danger. « Etant militaire, notre client a soulevé l’incompétence de la juridiction d’instruction actuellement saisie », ont confirmé au Monde Stanislas Lequette et Sébastien Schapira, tout en refusant de détailler leur initiative.
    Dans leur requête de trente et une pages, que Le Monde a pu consulter, les avocats estiment que l’enquête sur leur client aurait dû être menée par un magistrat spécialisé en matière militaire et non par la juge d’instruction de la juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée du tribunal de Paris. Les avocats rappellent que leur position est partagée par le ministère des armées qui estimait, dans un avis rendu en décembre 2022, que la juge d’instruction n’était pas compétente pour enquêter sur des militaires. Un argument balayé par le parquet de Paris, qui considérait dans son réquisitoire supplétif, en janvier 2023, que « l’enquête portant sur le réseau ayant organisé le passage des victimes en Angleterre (…) ne saurait être dissociée de l’enquête portant sur les circonstances ayant conduit au naufrage et à l’absence de secours efficace porté aux victimes ».
    La cour d’appel de Paris devrait se prononcer prochainement sur ce point de procédure pouvant entraîner l’annulation des gardes à vue, des écoutes téléphoniques et surtout des mises en examen des militaires. La requête de la défense « ne fait que refléter le refus de certains de faire face à leur responsabilité », fustigent Matthieu Chirez et Thomas Ricard, avocats de nombreuses familles de victimes. En parallèle de l’enquête pénale, l’épouse et les enfants de Fikiru Gizaw, un Ethiopien mort noyé le 24 novembre 2021, ainsi que la Ligue des droits de l’homme et l’association d’aide aux migrants Utopia 56 ont par ailleurs déposé, jeudi 14 mars, une requête indemnitaire auprès du tribunal administratif de Lille. Ce recours vise à « obtenir réparation du préjudice subi en raison des carences commises par l’Etat dans l’organisation des secours en mer », fait valoir l’avocat Emmanuel Daoud.

    #Covid-19#migrant#migration#france#manche#mortalite#naufrage#traversee#sante#justice

  • « L’immigration participe à la vitalité de l’économie américaine »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/03/15/l-immigration-participe-de-la-vitalite-de-l-economie-americaine_6222194_3232

    « L’immigration participe à la vitalité de l’économie américaine »
    Hillel Rapoport, Economiste
    S’il y a consensus parmi les économistes pour constater le déficit de croissance de l’Europe par rapport aux Etats-Unis, les analyses divergent sur les facteurs à mettre en avant pour expliquer le creusement progressif d’un fossé économique qui s’élargit depuis maintenant trois décennies et ramène l’Europe, en termes relatifs, à sa position d’avant les « trente glorieuses ». Les facteurs conjoncturels récents – la guerre en Ukraine, la hausse des prix de l’énergie – ont creusé ce fossé de façon spectaculaire et permis une prise de conscience. Mais seuls des facteurs structurels peuvent expliquer l’aspect graduel et apparemment inexorable du déclin européen.
    Parmi ceux-ci, l’immigration est un facteur fondamental, étrangement absent du débat sur le « décrochage ». Pourtant, l’immigration participe à la vitalité de l’économie américaine d’un point de vue tant conjoncturel que structurel. En comparaison, l’immigration vers l’Europe, pourtant équivalente en volume, fait pâle figure. Pour l’expliquer, deux aspects paraissent déterminants : d’une part, la structure de l’immigration est beaucoup plus qualifiée aux Etats-Unis, ce qui permet d’alimenter en continu les sources de la croissance à long terme que sont l’innovation, l’entrepreneuriat et l’insertion dans l’économie globale (« L’immigration qualifiée, un visa pour la croissance », Emmanuelle Auriol et Hillel Rapoport, note du Conseil d’analyse économique n° 67, novembre 2021) ; et, d’autre part, l’immigration aux Etats-Unis réagit beaucoup plus à la conjoncture économique, à laquelle elle s’ajuste, permettant d’amortir les chocs conjoncturels.
    Pour l’essentiel, l’immigration vers l’Europe a une structure pyramidale, avec une base peu qualifiée assez large. Aux Etats-Unis, un tiers des immigrés sont diplômés du supérieur (soit la même proportion que parmi les Américains). Il faut dire que, pour les plus qualifiés, l’attractivité des Etats-Unis est exceptionnelle, donc difficile, voire impossible, à concurrencer. Cela tient au fait que le capital humain se caractérise par des « rendements croissants », qui font que celui-ci tend à s’agglomérer, à se concentrer là où il est déjà abondant : plus il y a d’ingénieurs ou de chercheurs quelque part, plus leur productivité – donc leur rémunération – est forte. Les immigrés de première génération représentent ainsi plus du tiers des inventeurs ou des créateurs d’entreprises, contre 15 % de la population active aux Etats-Unis. En France ou en Allemagne, pour une même part de 15 % de la population active, ils ne fournissent que 10 % des inventeurs et entrepreneurs, soit trois fois moins.
    Le « coussin » migratoire
    Par ailleurs, l’immigration vers les Etats-Unis est beaucoup plus sensible à la conjoncture économique : les immigrés (notamment mexicains) sont largement retournés chez eux lors de la grande récession de 2008… et massivement revenus lors du rebond post-Covid-19 et des pénuries de main-d’œuvre qui l’ont accompagné depuis lors. L’immigration joue donc un rôle de « coussin », qui permet d’amortir les chocs en phase de récession comme de surchauffe. Elle a ainsi contribué au soft landing (« atterrissage en douceur ») et, plus généralement, à la bonne santé actuelle de l’économie américaine (« How Immigrants Are Saving the Economy », Paul Krugman, New York Times, 13 avril 2023).
    Au risque de caricaturer, l’immigration vers l’Europe est aujourd’hui largement déterminée par les push factors dans les pays d’origine – conflits, guerres civiles, catastrophes naturelles, crises politiques et économiques –, qui poussent les personnes à partir et à se réfugier politiquement ou économiquement en Europe, au nom du droit humanitaire ou familial. Aux Etats-Unis, ce sont en revanche les pull factors, c’est-à-dire les « facteurs d’attractivité », qui dominent : la concentration et la forte rémunération du capital humain, la fluidité du marché du travail, la perception diffuse de l’espoir de participer au rêve américain. C’est affaire de degré plus que de nature, mais les faits sont là.
    Quelles sont, dès lors, les marges de manœuvre de l’Europe ? Elles sont étroites et passent inévitablement par une reconsidération du rôle de l’immigration dans la construction de l’Europe démographique, économique et sociale. Le déficit d’attractivité de l’Europe est certes en partie le produit d’une géographie et d’une histoire que l’on ne peut modifier. Mais il provient également, pour une bonne part, d’attitudes négatives et stéréotypées et de politiques frileuses dont on peut s’affranchir. Il s’agit de s’ouvrir à l’immigration de travail de façon plus large et moins subie, de s’engager plus résolument dans la compétition internationale pour attirer les talents, de réfléchir à la place à reconnaître aux immigrés des première et seconde générations dans l’économie, la culture et la société, et de leur proposer un futur et une citoyenneté partagés.

    #Covid-19#migration#migrant#france#etatsunis#economie#attractivite#immigration#croissance#emploi#sante

  • PAC : la Commission européenne propose une nouvelle politique agricole avec beaucoup moins de contraintes environnementales
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/03/15/la-commission-europeenne-detricote-le-verdissement-de-la-pac_6222117_3210.ht

    L’exécutif communautaire doit annoncer, vendredi, un retour en arrière, de manière définitive, sur une partie des acquis verts de la politique agricole commune, au nom de la simplification et de l’allègement des tâches administratives.

  • Ma vie, ma mort, mon choix !

    Un émission de radio campus Lille, avec aux micros, Nadine, Monique, Anick, Frédérique, Véronique.

    Mourir, est le dernier acte de notre vie. Nul ne doit pouvoir en décider à notre place.

    https://www-radio-campus.univ-lille1.fr/ArchivesN/LibrePensee/LP240309.mp3

    Pourquoi la France a-t-elle toujours 20 ans de retards en Europe pour légaliser les pratiques de liberté humaine ?


    Une majorité de Français attendent ce droit nouveau, la convention citoyenne l’a montré. Mais est-ce forcément signe de progrès pour notre société ? Ne sommes-nous pas de plus en plus individualistes, l’attente des français ne traduit-elle pas cet esprit du siècle ? Et la solidarité dans tout ça ?

    On se plaint des conditions d’accueil des malades et personnes âgées indignes dans un système de santé en panne, la priorité n’est-elle pas de restaurer notre service public et de financer les SP ?

    Parlons des médecins, qui sont ou seraient opposés au droit à l’AMM.

    Vous faites référence au combat des femmes pour le droit à l’IVG, dans les décennies 60/70, diriez vous qu’il y a une filiation avec le combat que vous menez aujourd’hui pour l’AMM ?

    Quels sont nos moyens et modes d’action ?
    . . . . .
    Le Choix-citoyens pour une mort choisie, est une association laïque, apolitique et pluraliste dans les convictions philosophiques, spirituelles, religieuses de ses membres. Le respect de la liberté de conscience est le fondement de son combat. Il concerne tous ceux qui défendent la laïcité, c’est à dire un monde de tolérance.
    . . . . .
    Antenne Nord Pas de Calais : MDA 27 rue Jean Bart 59000 Lille 
lechoix5962@laposte.net tel : 06 70 31 56 94 https://choisirmafindevie.org

    Source : http://federations.fnlp.fr/spip.php?article2292

    #Santé #liberté #décès #santé #mort #mort_choisie #acharnement_thérapeutique #AMM #souffrances #femmes #radio #Hôpital #soins_palliatifs

    • Dans un monde égalitaire, choisir sa mort pourrait être une option. Mais nous ne vivons pas dans ce monde. Le problème de considérer que l’euthanasie est “juste un choix individuel”, c’est que les personnes ne prennent pas leurs décisions hors contexte social. Nos choix sont le fruit de circonstances sociales que nous ne maîtrisons pas, pour la plupart, quoiqu’en dise la méritocratie.

      Le suicide assisté n’est pas juste une question personnelle. Il existe des politiques publiques de prévention du suicide. Où se situe la ligne de démarcation entre les personnes qui méritent une prévention du suicide et les autres ?

    • Il se pose dans ce contexte la question de l’ #iatrocratie, parce que l’euthanasie est la forme la plus radicale du règne des médecins sur notre vie et notre mort.

      Après l’époque nazie et l’octroi massif de l’euthanasie par les médecins on ne peut que s’opposer à toutes ses formes. Je revendique mon droit à ma propre mort mais sans intervention extérieure. L’euthanasie par contre c’est systématiquement du meurtre.

      Personnellement je suis furieux car on m’oblige plus ou moins à commettre des actes illégaux si je veux bien préparer ma mort comme moi je l’entends. A mon avis il faudrait revenir au statut d’avant 1900 et se libérer du contrôle de l’état sur l’accès à toute sorte de substance.

      Côté technique il n’y a pas vraiment de problème quand on veut se donner la mort. C’est d’ailleurs enseigné dans les écoles militaires et de navigation. Bref il faut lire les fiches techniques de diverses substances et gazes qu’on peut toujours acheter librement. On y trouve la déscription des dangers qu’on recherche. Les diabétiques possèdent généralement tout ce qu’il faut.

      Il y a des procédés à éviter. Par mon père je sais qu’en 1945 pendant les derniers jours avant l’entrée de l’armée rouge dans Berlin les capsules de cyanure trainaient sur le tables de l’office du parti nazi comme les smarties sur une table d’anniversaire des gamins. N’en prenez pas. C’est bon pour les Göring et Goebbels car c’est efficace et rapide mais ce n’est pas une belle mort.

      Il faut du courage et de l’imagination pour entreprendre les préparatifs nécessaires pour le moment quand on sera en situation de vouloir partir en toute liberté. Sans doute c’est à cause de ce défi que les esprits moins libres souhaitent le soutien d’un médecin. Le curé ne fera pas l’affaire.

      Il y a une solution technique pour tout, alors il faut surtout défendre la liberté de vivre à sa guise, dans un contexte solidaire, sans exclusion sociale et à l’abri de la pauvreté. Après, la mort c’est facile et on y n’échappe pas de toute facon.

      Enfin je constate qu’on a encore inventé un néologisme pour nous désolidariser. Le « validisme » est le petit frère mal coiffé du « classissme » qui nie les forces révolutionnaire qui sont le résultat de l’antagonismes des classes sociales.

      Nous ne sommes pas des victimes d’ « ismes » particuliers mais nous font tous partie de classes dont les relations conflictuelles s’expliquent par des intérêts économiques et de pouvoir et se résolvent par la lutte des classes. Dans ce contexte on voit bien que l’euthanasie est la manière la plus radicale d’éliminer ce qui reste de de l’homme quand on ne peut plus en tirer profit en l’exploitant au travail ou se remplir les poches par les soins coûteux.

      L’euthanasie est un crime et une forme particulièrement brutale de la lutte des classes à la fois. La notion de « validisme » cache cette vérité dans un brouillard de baratin idéoligique.

      Gedenkstätte #Hadamar
      https://www.youtube.com/channel/UC6BAw-6yJBeKYDwr33qeYXA

      #suicide #euthanasie #justice_sociale #maladie #idéologie

    • Côté technique il n’y a pas vraiment de problème quand on veut se donner la mort. C’est d’ailleurs enseigné dans les écoles militaires et de navigation. Bref il faut lire les fiches techniques de diverses substances et gazes qu’on peut toujours acheter librement. On y trouve la déscription des dangers qu’on recherche. Les diabétiques possèdent généralement tout ce qu’il faut.

      A ma connaissance le livre « suicide mode d’emploi » est toujours interdit et le problème qu’il soulevait, à savoir que les connaissances en la matière sont très parcellaires et conduisent à des ratés catastrophiques (souffrance avant de mourir ou bien handicap à vie), est toujours d’actualité.

    • Qui référence Christine Boutin ? On peut pas dire que ça saute aux yeux… Les références réelles centrales de l’article étant :
      https://www.editionsladecouverte.fr/de_chair_et_de_fer-9782348067778
      – l’ONU https://www.ohchr.org/en/press-releases/2021/01/disability-not-reason-sanction-medically-assisted-dying-un-experts
      – plusieurs associations d’handicapés, France et Canada https://tvndy.ca/a-propos/faq-2

    • Un peu hypocrite de s’en remettre à la « sédation profonde et continue ». Ça signifie laisser crever la personne de faim et de soif.

      Edit pour la suite :
      L’aspect idéologique religieux n’est pas soulevé. Souvent le suicide d’un proche était masqué car la morale religieuse dit que la mort ne nous appartient pas et que le suicide est interdit.
      Pour les amis que j’ai accompagné dans leur longue descente dans la souffrance et qui m’ont demandé de les aider à partir, j’ai refusé cet acte qui m’aurait hanté. N’empêche que pour S. on a fini par lui trouver sa #trousse_de_liberté que lui a glissé son médecin après qu’on ait fait le siège de son bureau à l’hôpital. C’était un soulagement
      pour elle de savoir qu’elle détenait son choix (même si elle ne l’a pas exercé), et aller en Suisse était trop cher.

      Après ce n’est pas être « pour » l’avortement ou « pour » l’euthanasie mais bien pour le droit inconditionnel à l’avortement et à (EDIT) <strike>l’euthanasie</strike> au droit à mourir dignement et définitivement à la phrase « mon corps m’appartient ».

    • @touti : Oui, c’est ce que j’ai vu aussi : l’autrice dit s’opposer à l’euthanasie et développe tout un argumentaire, pour conclure qu’en fait on n’en aurait même pas besoin, puisqu’on peut déjà :

      En appliquant les directives anticipées, en développant les soins palliatifs et la sédation profonde et continu jusqu’au décès, a-t-on besoin de recourir au suicide assisté ou à l’euthanasie ?

      Et plus haut, il est même indiqué, sous forme de citation :

      “La loi reconnait que l’évolution des évènements peut certainement être influencée par la sédation sans que le contrôle absolu du moment du décès ne fasse tomber cette pratique dans le champ de l’euthanasie. La nutrition artificielle et l’hydratation constituent un traitement et pourront donc être arrêtés comme tout autre traitement.”

      Bref : non à l’euthanasie, qui ne serait pas « de gauche », mais oui à la sédation profonde et controlée et en te laissant mourrir sans eau ni nourriture, parce que pour le coup c’est un « soin palliatif » donc « de gauche ».

      –-----

      Plus globalement, je suis mal à l’aise avec cette posture (que je vois souvent revenir ici) : l’idée serait qu’en fait, les gouvernements (et les assureurs privés !) qui souhaitent légaliser l’aide active à mourir, ce qu’ils veulent en vrai, c’est euthanasier massivement les handicapés et les gens qui coûtent trop cher ; il y a là dans ces raisonnements des assertions borderline.

      Sinon, il y a des gens qui souhaitent une mort digne, parce que leur vie quotidienne est déjà une torture. L’idée qu’on leur oppose une lecture théorique qui concerne d’autre qu’eux-mêmes, au motif que ce ne serait « pas de gauche », ça me semble problématique (si on tient à recourir aux « -ismes », c’est pas loin d’une forme de validisme en soi).

    • Sinon, il y a des gens qui souhaitent une mort digne, parce que leur vie quotidienne est déjà une torture. L’idée qu’on leur oppose une lecture théorique qui concerne d’autre eux-mêmes, au motif que ce ne serait « pas de gauche », ça me semble problématique.

      C’est justement là qu’il y a une lecture politique : avoir une vie quotidienne pourrie peut avoir des facteurs individuels… et beaucoup sociaux. Dans une société très inégalitaires (et de plus en plus inégalitaire), on ne peut pas sortir tous les facteurs sociaux qui pourrissent la vie quotidienne des gens. Et que si c’était égalitaire ou tout du moins moins inégalitaire, beaucoup de gens pensant au suicide n’y penseraient plus. Il en resterait bien sûr toujours, mais beaucoup beaucoup moins. C’est pas une nouveauté que le suicide est considéré comme un fait social et non un choix individuel… ça fait partie des sujets d’origine de la sociologie.

    • Alors on est à deux doigts de vouloir ré-interdire le suicide en général, parce que c’est un fait social provoqué par nos société inégalitaires. Le suicide provoqué par une souffrance mentale ou sociale, c’est le principe même du suicide, et généralement sans besoin d’une assistance médicale. (Comme le fait remarquer @alexcorp, ça ne veut pas dire non plus que c’est facile et que ça se passe correctement.)

      Parce qu’on pense que le suicide, qui existe déjà, de manière massive, et sans assistance médicale, que ce suicide est « social » et « politique », on veut maintenir l’interdiction d’une aide à mourir pour les personnes dont la fin de vie est une torture interminable, et qui voudraient avoir la liberté de partir dignement. Sans que cela change grand chose, par ailleurs, au suicide qui se pratique déjà sans aide médicale.

      À un moment, la tumeur qui dévore ton cerveau, c’est pas un fait social abstrait et tu devrais avoir le droit à ton choix individuel à ce propos.

    • La lecture politique est complètement nécessaire.

      C’est comme l’avortement : les bourgeoises pouvaient avorter dans de bonnes conditions, pas les gueuses.

      Actuellement, les bourgeois qui le désirent accèdent à l’assistance médicale nécessaire. Dans les milieux médicaux, c’est un secret de polichinelle.

      Mais justement, parlons-en des milieux médicaux, prompts (par exemple, encore) à jeter certaines qui ne souhaitent pas avoir d’enfants, tout en stérilisant de force celles dont ils estiment qu’elles ne devraient pas se reproduire.

      Les doubles standards riches/pauvres, blanc·he·s/racisé·e·s, valides/hadicapé·e·s sont légions et on veut me faire avaler que les macronistes — qui saccagent systématiquement la solidarité, l’éducation et la santé publiques — veulent étendre le pouvoir médical sur la fin de vie des « déconsidérés » de la macronie par pure bonté d’âme ou empathie ?

      Bien sûr que c’est politique.

      La vraie question, pour la tumeur en fin de vie, c’est de savoir si ça se passe différemment selon qui tu es et comment le corps médical considère ton groupe d’appartenance.

      Sur des cancers équivalents, l’accès aux traitements et aux type de traitements n’est pas équivalent selon qui tu es et d’où tu viens. Ce qui fait que les populations qui se confrontent à des fins de vie pourries ne sont pas équivalentes. Et ça me pose problème dans le cadre d’une politique générale qui aggrave délibérément les conditions de vie de larges pans de la population.

      Je pense que dans ce débat qui n’a pas eu lieu (bah oui, le gus annonce son truc tout seul comme d’hab’ et rien que ça, ça participe à la suspicion fondamentale d’insincérité sur tout ce qu’il touche), il est aussi important de savoir d’où parle les uns et les autres.

      Tu ne vois pas l’affaire de la fin de vie du même œil selon que tu sais que tu auras une vieillesse potable ou une vieillesse de merde, de sacrifices et de manque de tout. Selon que tu sais parler au corps médical ou que tu sais que tes douleurs ne sont pas entendues, niées, voire dénigrées et donc pas prises en charge assez tôt.

      J’aimerais bien voir les profils sociaux des prises en charges tardives des maladies et de leur répercussion sur l’espérance de vie ou le confort de fin de vie.

      Et tout ça sur fond de service public de la santé en mode dégradé depuis des années.

      Sérieusement ?
      Comment évacuer tous ces paramètres ?

    • C’est comme l’avortement : les bourgeoises pouvaient avorter dans de bonnes conditions, pas les gueuses.

      Oui mais la réponse « de gauche » dans le cas de l’avortement n’est pas : « puisque l’accès à l’avortement est inégalitaire, maintenons l’interdiction de l’avortement ». Ce qui est pourtant la position de ce texte pour l’euthanasie. (En suivant cette même logique, on peut parfaitement prétendre que l’avortement est un outil d’eugénisme social, et donc « pas de gauche ».)

    • La vraie question, pour la tumeur en fin de vie, c’est de savoir si ça se passe différemment selon qui tu es et comment le corps médical considère ton groupe d’appartenance.
      Sur des cancers équivalents, l’accès aux traitements et aux type de traitements n’est pas équivalent selon qui tu es et d’où tu viens.

      Alors voilà qui me rappelle un évènement survenu il y a une petite vingtaine d’années dans ma famille. Le gars, la soixantaine, récidive d’un cancer dermatologique survenu dix ans auparavant. Le truc incurable finit par s’attaquer à sa colonne vertébrale. Après moults opérations toutes plus ou moins hasardeuses, il lâche l’affaire mais s’entête à vouloir mourir chez lui et non à l’hôpital. Il a fini sa vie sur son lit en hurlant de douleurs pendant des jours, son médecin « de famille » (c’est comme ça qu’on disait à l’époque) ne lui ayant prescrit que des patches à la morphine alors qu’il était tout à fait envisageable même contre sa « volonté » de le faire hospitaliser en soins palliatifs (puisque il y avait encore une unité à l’hosto du coin à l’époque). je vous prie de croire que, avant d’endosser le costume en sapin, le mec en a chié et ses « derniers instants » ont laissé un traumatisme durable parmi les personnes de son entourage proche.
      Donc avant de se demander quoi que ce soit, ce serait bien de savoir non seulement à quoi mais surtout à QUI on a affaire.

    • > On peut pas dire que ça saute aux yeux…

      J’ai lu l’article en diagonale, et ce qui m’a sauté aux yeux immédiatement c’est la question crypto-complotiste ("Demandez-vous pourquoi les mutuelles plaident pour l’euthanasie.") Suffit de cliquer pour voir qu’on est chez les anti-avortement—le nom de domaine déjà évente la chose. (Quand je parle de Boutin ça n’est pas pour faire un raccourci, elle y est citée nommément comme fondatrice.)

      Le simple fait d’employer le mot « euthanasie » dans ce débat est une manipulation.

    • Euh, d’où que ça vienne, ça me rassure un peu sur le fondement de mes idées :)

      Mais pourquoi donc une personne de @rezo a marché dedans et a référencé cet article ?

    • J’ai retranscrit le texte.
      (ouais, Insta, c’est nul.)

      Pourquoi être contre le projet de
      loi surl’euthanasie active, par @valeriereyrobert

      En mai 2024, l’Assemblée Nationale débattra du projet de loi sur la fin de vie.
      Un-e patient-e pourra faire une demande d’euthanasie, qui, sous 15 jours, sera validée ou non par une équipe médicale.
      lel aura alors une prescription pour un médicament létal qu’iel pourra absorber seul-e.

      – Les personnes grosses sont moins bien soignées (revue Obesity, 2021)
      – Les personnes atteintes d’une pathologie mentale ont une espérance de vie inférieure de 15 ans dues à des pathologies pourtant détectables (cancers, problèmes cardio vasculaires). En 2020, en France, les malades du Covid schizophrènes ont été moins admis en soins intensifs et ont connu une mortalité supérieure. (Guillaume Font, 2021).
      – Aux États-Unis, les femmes noires sont autant atteintes par le cancer du sein que les femmes blanches mais en meurent bien davantage.

      – Une étude française a montré qu’aux urgences, à symptômes identiques, les hommes sont pris plus au sérieux que les femmes et les blanc-he-s davantage que les non blanc-he-s. (Fabien Coisy, 2023)
      – Les personnes handicapées ont souvent des parcours de soins qui ne sont pas adaptés et qui donc peuvent diminuer leur espérance de vie. Ils subissent des discriminations et des soins forcés.

      Un rapport de la Cour des Comptes de juin 2023 montre combien le budget consacré aux soins palliatifs est insuffisant.

      La moitié des patient-es concerné-es n’a pas accès aux soins palliatifs et la majorité des soins proposés sont à l’hôpital, ni en ehpad, ni à domicile.

      20 départements français n’ont aucun service de soins palliatifs.

      L’Aide Médicale d’État va encore être réformée ce qui entraînera une moindre qualité de soins pour les concerné-es. Des médicaments et des offres de soins sont régulièrement déremboursés.

      Les exemples pourraient être multipliés.
      La race. la classe et le genre (liste non exhaustive et cumulative) jouent un rôle important dans l’accès aux soins.
      Si l’on est moins bien soigné-e, on est également moins bien accompagné-e dans l’agonie.

      En 2019, ma mère a déclaré un cancer du pancréas et est morte 9 mois plus tard, à domicile, après une agonie extrêmement douloureuse. Elle a demandé à mourir lorsque les doses d’antidouleurs n’étaient pas adaptées mais aussi lorsqu’elle jugeait ne plus être « digne » (problèmes d’incontinence par exemple).

      « Mourir dans la dignité » est un construit social et doit être interrogé.

      A nous répéter qu’il y a des vies qui valent d’être vécues et d’autres non, des situations physiques “indignes”, nous poussons aussi celles et ceux qui y sont confronté-es à considérer que leur vie ne vaut pas la peine d’être vécue.

      Lorsque nous aurons mis à plat le validisme, la grossophobie, le sexisme, le racisme, l’homophobie ou encore la transphobie, alors nous pourrons discuter de l’euthanasie.

      Lorsqu’un-e malade se sera vu-e proposer toute l’offre de soins disponibles pour le soulager de ses douleurs physiques et psychiques alors iel sera en pleine capacité de décider si oui ou non iel souhaite encore être euthanasié-e.

      Dans un système capitaliste, sexiste, validiste et
      raciste, toute loi sur l’euthanasie est eugéniste.

    • Et cet article et son autrice n’a pas de rapport à priori avec l’asso de Boutin, c’est UN des liens dans son article qui pointe sur ça, et il se peut plutôt (bénéfice du doute par défaut) que ce soit elle qui n’ait pas été regardante.

      Tous les autres liens comme déjà dit c’est un rapport de l’ONU (défavorable), et des assos handi, anti-validistes. On ne voit pas le rapport avec des pro-vies cathos donc.

      L’autrice est une communicante/marketeuse parisienne, qui tient un podcast sur l’écologie et l’effondrement.

    • Lorsque nous aurons mis à plat le validisme, la grossophobie, le sexisme, le racisme, l’homophobie ou encore la transphobie, alors nous pourrons discuter de l’euthanasie.

      @monolecte Ce qui revient à écrire que tant que nous ne vivrons pas dans une société parfaite, la possibilité de se faire aider pour mourir dignement devra rester interdite. Tant pis pour les gens torturés à mort par un cancer en phase terminale.

    • J’ai tendance à penser que le problème principal, comme l’évoque @monolecte, c’est que cette (peut-être) future loi est portée par quelqu’un de parfaitement cynique et incapable de la moindre empathie, et autant dire que je comprends la méfiance généralisée... Mais pour le coup, le sieur en question a parlé « d’aide à mourir » et non pas d’euthanasie. Et cela fait des années que le sujet est là, on ne peut pas dire qu’il amène ça comme un cheveu sur la soupe (le problème, encore une fois, est que tout ce qu’il touche se transforme en merde). Or tout le débat actuel (à gauche) porte sur grosso modo une peur de « l’euthanasie des handicapés » (et à ce stade on n’est donc plus très loin du point godwin) et on voit donc maintenant des arguments dignes de la famille de Vincent Lambert nous être opposés.
      J’ai 2 auteurs en tête qui me viennent sur le sujet : Martin Winckler et Claude Guillon (le fameux auteur de « suicide mode d’emploi ») et pour moi le droit à mourir est fondamentalement une idée de gauche, profondément humaniste et anti-religieuse.

      Lorsque nous aurons mis à plat le validisme, la grossophobie, le sexisme, le racisme, l’homophobie ou encore la transphobie, alors nous pourrons discuter de l’euthanasie.

      Moi aussi ça me fait tiquer. Exactement du même tonneau que « quand on aura réglé le problème de la lutte des classes alors on pourra parler sexisme, racisme etc. ».

    • Le livre est peut-être interdit mais accessible : Claude Guillon, Yves Le Bonniec, Suicide, mode d’emploi : Histoire, technique, actualité, 1982, ISBN : 9782852090002,2852090007

      Après l’euthanasie c’est du meurtre institutionnalisé, c’est son essence.

      Sichten und Vernichten - Psychiatrie im Dritten Reich
      https://www.youtube.com/watch?v=SpRYvOkIfkI

      Phrase clé du film documentaire : Jamais le pouvoir des médecins n’a été aussi total que sous le nationalsocialisme allemand.

      Actuellement on nous prépare un retour à l’époque guerrière et fasciste qui verra resurgir ce type d’extermination sous un prétexte ou un autre. Vous avez dit Gaza ? N’exagérez pas, les arguments des meurtriers se ressemblent, mais ceux d’aujourd’hui agissent à une autre échelle. Je le répète : En comparaison avec les SS-Totenkopfverbände Tsahal et Hamas ne leur arrivent pas à la cheville.

      Voilà pour la dimension politique. Sur plan individuel les questions se posent d’une manière assez différente.

      Après ces constats nous sommes dans l’obligation morale de défendre notre liberté de vivre dignement.

      L’euthanasie c’est mal, le suicide par contre se justifie objectivement dans plusieurs situations :

      – A la fin d’une longue et bonne vie on se sent heureux mais fatigué.
      – On est moribond et souffrant.
      – On veut échapper à la torture.
      – On veut éviter une mort plus horrible que le suicide bien fait.
      – On est con.

      La souffrance toute seule par contre ne justifie jamais le suicide. Elle peut nous entraîner dans un état où on ne souhaîte que de mourir, mais c’est un leurre si on ne peut pas exclure la moindre possibilité d’amélioration aussi temporaire qu’elle soit.


      Épicure et son tetrapharmakos (τετραφάρμακος)

      J’avoue que c’est un jugement moral suivant le principe que nous ne sommes pas sur terre pour ne pas souffrir. Des plus épicuréens que mois abandonneront la vie plus facilement ;-)

      Une dernière remarque : Il ne faut jamais oublier que le fascisme et le libéralisme partagent la même idée de l’homme qui est un loup pour l’homme. Puis l’impérialisme et le colonialisme avant lui ont fourni toutes les preuves nécessaires pour les appeller ce qu’ils sont : des systèmes meurtriers façonnés par des hommes prêts à sacrifier des peuples entiers sur l’hôtel de l’idéologie de la prospérité pour quelques élus. Heureux qui sait encore faire la différence entre responsabilité individuelle et forces historiques. Les autres niais seront les bourreaux de leurs semblables au service des seigneurs qui ont déjà malmené leurs ancêtres.

  • Aliou Mamadou Dia : « L’avenir de nos enfants ce n’est pas en Europe. Et leur destin ce n’est pas de sombrer dans l’Atlantique »
    https://www.dakaractu.com/Aliou-Mamadou-Dia-L-avenir-de-nos-enfants-ce-n-est-pas-en-Europe-Et-leur-

    Aliou Mamadou Dia : « L’avenir de nos enfants ce n’est pas en Europe. Et leur destin ce n’est pas de sombrer dans l’Atlantique »
    Aliou Mamadou Dia : « L’avenir de nos enfants ce n’est pas en Europe. Et leur destin ce n’est pas de sombrer dans l’Atlantique »
    Le candidat du Parti de l’Unité et du Rassemblement, le PUR a drainé un monde fou ce Lundi 11 Mars, deuxième jour de la campagne électorale de Patte d’oie à Petit Mbao en passant par Fass Mbao pour conquérir le suffrage des Sénégalais. Aliou Mamadou Dia a promis de réformer l’administration sénégalaise contre une gouvernance inclusive une fois élu à la tête de la république du Sénégal.
    À l’étape de Fass Mbao, sa caravane a stationné sur la route nationale pendant environ une demi-heure dans une ambiance électrique carnavalesque . Il promet d’investir sur le capital humain pour impliquer les femmes et les jeunes dans le fonctionnement de l’État. « La jeunesse de mon pays a perdu tout espoir ; c’est pourquoi elle prend des pirogues et va sombrer dans l’océan Atlantique, ce n’est plus acceptable », a dénoncé le candidat à l’élection présidentielle assurant que son engagement c’est la jeunesse. Mon rôle en tant que président de la République du Sénégal c’est de vous redonner espoir. Aussi, souligne-t-il, l’avenir de nos enfants ce n’est pas en Europe. Et leur destin ce n’est pas de sombrer dans l’Atlantique. « Je veux que la jeunesse de mon pays reste dans ce pays. Nous allons vers une économie du pétrole et du gaz. Et je voudrais construire ce pays avec vous les jeunes et les femmes », a lancé le candidat de PUR devant son monde.Ainsi, poursuit-il, « Les femmes, nous sommes là pour vous. Quand on arrivera au pouvoir, nous allons tout faire pour autonomiser une fois pour toutes les femmes. Je ne veux plus que l’autonomisation des femmes soit un slogan. Je ne l’accepte pas. On doit le faire, nous l’avons déjà fait et nous le ferons au Sénégal », a promis l’ancien coordonnateur Résident du Système des Nations Unies, attaquant le régime en place. "Ce régime qui a perdu notre pays, a dilapidé nos ressources. À ce régime, il ne reste que quelques jours, a-t-il estimé, confiant que le 24 Mars il sera élu à la magistrature suprême de ce pays. « Nous allons tous retoucher les masses, remettre ce pays au travail pour qu’on puisse sortir des situations difficiles et briser la pauvreté éradiquer la pauvreté et faire de notre pays le meilleur pays où il fait bon vivre », dit-il avant de rallier Petit Mbao où il a eu droit à un accueil chaleureux de ses militantes et militants.

    #Covid-19#migrant#migration#senegal#politique#pauvrete#jeunesse#economie#election#sante#mortalite#europe#traversee