• Laboratoire Urbanisme Insurrectionnel : PEROU | DICTATURE & ARCHITECTURE SOCIALISTES | 1968 - 1975
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    https://drive.google.com/file/d/0B4Kj8OVdRQJwbUdwQS1WQW5xVE0/view?usp=sharing

    Le « Manifiesto del Gobierno Revolucionario de la Fuerza Armada » résumant le programme social de la révolution reprenait dans un curieux mélange, les propositions de réformes faites depuis des années par les mouvements politiques socialistes, le Partido Democrata Cristiano, l’Alianza Popular Revolucionaria Americana, et l’Acción Popular de Belaúnde, le président destitué. Les historiens jugent que ce qui distinguait la révolution de la Junte n’était pas l’originalité du programme social, mais bien la capacité des militaires à appliquer effectivement les promesses électorales des socialistes, et celles plus théoriques du Movimiento Social Progresista, bloquées par le viejo orden oligárquico. Une révolution antioligárquica fortement matinée d’humanisme chrétien, ni communiste ni capitaliste, où s’opposaient plusieurs courants, du cercle des généraux – notamment de la Marine et de l’Aviation liés à l’oligarchie mais minoritaires, les socialistes progressistes radicaux ou modérés qui formaient le plus gros du contingent intellectuel, mais aussi des éléments de l’extrême-gauche, dont des guérilleros marxistes des années 1960 libérés par le président, acceptant pour la plupart des postes de haute responsabilité au sein des nouvelles structures de l’administration [4]. Au centre du dispositif, tentant de concilier les appétits et divergences politiques des uns et des autres, l’autoritaire, le charismatique, et génial diplomate Juan Velasco Alvarado.

    Mais selon Julio Cotler [5], le projet de ce type de dictature militaire populiste est bien « la modernisation du système capitaliste et la neutralisation de la mobilisation populaire ». Et poursuit Lowy [6], « La modernisation signifie d’une part l’élimination des structures oligarchico-traditionnelles et, d’autre part, la reformulation du système de dépendance ; la neutralisation implique la démobilisation de tout mouvement populaire dépassant le cadre ou les rythmes du processus de
    modernisation proposé par le régime militaire. »[7] Le développement économique et le progrès social sont la meilleure garantie contre la subversion. Comme le souligne en 1966 le sociologue américain L. North,

    « la nouvelle idéologie militaire préconise l’amélioration des conditions sociales et économiques pour faire disparaître tout mécontentement sur lequel pourraient s’appuyer les groupes révolutionnaires. »

    Concernant l’urbanisme et l’habitat, les réformes décidées étaient, comparées aux réformes structurelles des autres secteurs économiques, inconséquentes, et n’avaient pas ce caractère utopique ou radical qui animait, par exemple, la grande réforme agraire.