Après un « cyber-casse », la technologie blockchain se cherche un avenir
►http://www.lemonde.fr/economie/article/2016/09/26/apres-un-cyber-casse-la-technologie-blockchain-se-cherche-un-avenir_5003434_
Dans un coin obscur du cyberespace se trouve un compte en banque au cœur d’une immense bataille technologique. Numéroté 0x5e8f0e63, celui-ci contient des « ethereums », une crypto-monnaie un peu similaire au bitcoin. Dimanche 25 septembre, il s’y trouvait l’équivalent de 4,4 millions de dollars (3,9 millions d’euros). Cette somme est le résultat d’un « cyber-casse », un tour à la Arsène Lupin version XXIe siècle.
Le ou les voleurs ont dérobé l’argent en juin au nez et à la barbe de la communauté qui gère les ethereums. Détournant à leur bénéfice un morceau du code informatique qui administre cette monnaie, ils ont amassé 50 millions de dollars. Pourtant, le curieux monde des crypto-monnaies n’a pas réagi comme l’aurait fait le monde réel : une partie des victimes a décidé de laisser l’argent aux voleurs.
C’est là que le vol d’ethereums de juin pose problème. Les hackeurs n’ont pas vraiment triché : ils ont utilisé à leur bénéfice une erreur du code informatique de départ. D’où la question : est-il possible de revenir en arrière et de changer les blocs du passé, pour supprimer le vol ?
La question a provoqué des débats passionnés. Une large partie de la communauté a finalement accepté de revenir au niveau du bloc précédant le vol, et de créer une « fourche » dans la blockchain. Mais des puristes s’y sont opposés et ont conservé l’ancienne chaîne. Désormais, deux monnaies parallèles existent : l’ethereum et l’ethereum classique.
La « fourche » a permis d’annuler une large partie du butin des voleurs, qui n’ont plus « que » 4,4 millions de dollars. Et ceux-ci n’ont pour l’instant pas réussi à le convertir en argent sonnant et trébuchant : leur compte en banque est surveillé et aucun convertisseur de crypto-monnaie ne veut réaliser l’opération de change.
L’histoire souligne pourtant la fragilité de la technologie blockchain. « Son immuabilité est un beau concept mais qui entre en collision avec la réalité », estime Giuseppe Ateniese, professeur au Stevens Institute of Technology, à New York. Il a donc décidé de développer un nouveau concept permettant de modifier la blockchain. Accenture, l’un des plus gros cabinets de conseil en informatique au monde, l’a financé et vient d’en déposer le brevet.