• Une #contre-histoire de la #civilisation (par Jedediah Purdy) – Le Partage
    http://partage-le.com/2017/11/8288

    Scott finit sur une note élégiaque, suggérant que l’âge d’or des barbares prit fin aux environs de l’an 1600 — à savoir, à peu près au moment où les premiers États modernes commençaient à prendre forme et où le discours juridique sur la souveraineté se développait. Les barbares commencèrent à disparaître en partie parce qu’ils s’incorporaient à l’État, en tant qu’esclaves ou mercenaires, jusqu’à ce que l’État augmenté rende ses frontières universelles. Un mode de vie différent, une alternative vitale et persistante, et son peuple — les barbares — furent relégués dans une histoire de l’Encyclopaedia.

    Les barbares n’ont pas seulement disparu. Le sentiment que nous avons d’être piégés dans un monde que nous avons construit est encore plus fort que cela. Le monde bâti qui nous soutient est si vaste que, pour chaque kilo du poids d’une personne moyenne, il existe 60 tonnes d’infrastructure[5] : routes, maisons, trottoirs, réseau de service public, sol cultivé industriellement, et ainsi de suite. Sans tout cela, la population mondiale retomberait à 10 millions d’individus, à peu près, ce qu’elle était durant la majeure partie du récit de James C. Scott, ou peut-être à 200 millions, ce qu’elle était au début de l’Ère Commune. Nous sommes des créatures du monde artificiel qui a vu le jour avec les murs et les canaux décrits par James C. Scott. Ce monde a tellement submergé la Terre que nos animaux domestiques pèsent 25 fois plus que l’ensemble des mammifères terrestres sauvages.

    L’État-infrastructure est devenu planétaire. Il n’y a plus de dehors. Tout cela nous mène à nous demander si nous pouvons dépasser cette logique héritée d’exploitation machinale, et ce qu’il restera du monde non-humain si nous y parvenons. Toute réponse émanera inéluctablement de projets politiques visant à rendre ce monde plus humble et en mesure de laisser de la place pour plus de créatures et de modes de vie.

  • Révolutions (par Aldous Huxley, 1929) – Le Partage
    http://partage-le.com/2017/11/8354

    « La colos­sale expan­sion maté­rielle de ces dernières années a pour destin, selon toute proba­bi­lité, d’être un phéno­mène tempo­raire et tran­si­toire. Nous sommes #riches parce que nous vivons sur notre #capi­tal. Le char­bon, le pétrole, les phos­phates que nous utili­sons de façon si inten­sive ne seront jamais rempla­cés. Lorsque les réserves seront épui­sées, les hommes devront faire sans… Cela sera ressenti comme une catas­trophe sans pareille. »

  • De l’impossibilité de l’éco-fuite et de l’inefficacité de la consom’action (par Nicolas Casaux) – Le Partage
    http://partage-le.com/2017/11/8324


    Apprendre l’ascèse aux #surnuméraires pour libérer des #ressources supplémentaires pour les goinfres… ou l’objectif de #décroissance induite des pauvres.

    « Recon­naitre cela peut nous aider à éviter de perdre notre temps en de naïfs efforts. Par exemple, dans des efforts pour apprendre aux gens à écono­mi­ser l’éner­gie et les ressources. De tels efforts n’ac­com­plissent rien. Cela semble incroyable que ceux qui prônent les #écono­mies d’éner­gie n’aient pas remarqué ce qui se passe : dès que de l’#éner­gie est libé­rée par des écono­mies, le système-monde tech­no­lo­gique l’en­glou­tit puis en rede­mande. »

    Theo­dore Kaczynski, Anti-Tech Revo­lu­tion : Why and How

    Les 10% d’in­di­vi­dus les plus #riches du monde sont respon­sables de la moitié des émis­sions de GES d’ori­gine anthro­pique[1]. La moitié la plus pauvre de l’hu­ma­nité est respon­sable d’en­vi­ron 10% des émis­sions de GES d’ori­gine anthro­pique. L’in­dus­trie du jet privé qui enre­gis­trait 263 ventes sur l’an­née 1989[2] en enre­gistre ces temps-ci envi­ron 700 par an[3]. Dans un récent rapport prévi­sion­nel, il est estimé que l’in­dus­trie du yacht, qui se porte à merveille et qui a été évaluée à 8,123 milliards de dollars en 2016, attein­dra 14,987 milliards de dollars entre 2017 et 2025[4]. De manière géné­rale, les indus­tries du #luxe se portent très bien et devraient conti­nuer ainsi sur la décen­nie à venir[5]. La France compte 713 golfs, un nombre en augmen­ta­tion constante  ; selon les esti­ma­tions utili­sées par le Sénat, un golf consomme en moyenne autant d’eau qu’une commune de 12 000 habi­tants  ; l’en­semble des golfs, donc, autant que 8 millions de personnes. Le poids de l’#in­dus­trie de l’ar­me­ment ne cesse de gran­dir (la France figure d’ailleurs parmi les cham­pions de la vente d’armes), or on sait que les émis­sions de CO2 des secteurs mili­taires des pays du monde sont colos­sales (à elle seule, l’ar­mée US a consommé en 2011 presque autant de pétrole que toutes les voitures du Royaume-Uni)[6].

    Et pour­tant les gouver­ne­ments, comme toutes les insti­tu­tions et la doxa domi­nantes, suggèrent qu’une manière de dimi­nuer les émis­sions de CO2 afin de faire un geste pour la planète consiste en ce que les gens ordi­naires se brossent les dents à sec et s’éclairent avec des ampoules basse consom­ma­tion. Tout récem­ment, une réité­ra­tion d’un aver­tis­se­ment signé par de nombreux scien­ti­fiques (15 000) suggé­rait plusieurs mesures dont le fait de deve­nir végé­ta­rien, de faire du vélo au lieu d’uti­li­ser une voiture, de ne plus prendre l’avion, ainsi que le déploie­ment massif d’in­fra­struc­tures indus­trielles pour déve­lop­per le réseau éner­gé­tique « renou­ve­lable » (ce qui consti­tue une immense catas­trophe écolo­gique[7]).

    Autant de manières de se donner bonne conscience en se soula­geant dans un violon, ou pire, en faisant empi­rer la situa­tion (adop­ter une consom’ac­tion respon­sable visant à ache­ter des produits un peu moins nuisibles pour le monde natu­rel et les êtres vivants, c’est toujours parti­ci­per à l’em­pi­re­ment de la situa­tion).

    Ce qu’on peut remarquer c’est qu’on ne lit que très rare­ment voire jamais de sugges­tion inci­tant les riches à cesser d’ache­ter des yachts ou des jets privés et de les utili­ser. Tandis qu’on incite le citoyen moyen à faire preuve d’une certaine vertu écolo­gique, les riches du monde, qui sont de plus en plus nombreux, consomment toujours plus. Pas non plus de recom­man­da­tions concer­nant l’achat ou l’uti­li­sa­tion de smart­phones, de télé­vi­seurs et d’ap­pa­reils élec­tro­niques en géné­ral, dont les ventes sont mondia­le­ment crois­santes, dont les produc­tions épuisent les ressources non-renou­ve­lables tout en émet­tant des quan­ti­tés astro­no­miques de gaz à effet de serre (le KTH Royal Insti­tute of Tech­no­logy de Stock­holm esti­mait en 2010 que les secteurs des tech­no­lo­gies de l’in­for­ma­tion, de la télé­com­mu­ni­ca­tion, des médias et du diver­tis­se­ment émet­taient presque autant de CO2 que le secteur de l’avia­tion).

    La plupart des sugges­tions grand public consistent en des chan­ge­ments minimes des modes de vie indi­vi­duels, elles ne visent jamais à s’op­po­ser fron­ta­le­ment aux logiques de crois­sance et de #consom­ma­tion qui dirigent la civi­li­sa­tion indus­trielle et son biocide plané­taire.

  • Remettre l’État à sa place (par James C. Scott) – Le Partage
    http://partage-le.com/2017/10/7962

    Ainsi, si vous construi­siez de manière monu­men­tale, en pierre, et en lais­sant oppor­tu­né­ment vos décombres en un seul endroit, il était assez probable que vous soyez « décou­vert » et par-là même amenés à domi­ner les pages de l’his­toire ancienne. Si, au contraire, vous construi­siez en bois, en bambou, ou en roseaux, il était assez impro­bable que vous appa­rais­siez dans les archives archéo­lo­giques. Et si vous étiez des chas­seurs-cueilleurs ou des nomades, quel que fut votre nombre, disper­sant fine­ment vos déchets biodé­gra­dables à travers le paysage, il était assez probable que vous soyez tota­le­ment absents des archives archéo­lo­giques.

    Une fois les docu­ments écrits — hiéro­gly­phiques ou cunéi­formes — appa­rus dans le registre histo­rique, ce biais devint plus prononcé encore. Il s’agis­sait inva­ria­ble­ment de textes étatico-centrés : taxes, unités de travail, tableaux d’hon­neurs, généa­lo­gies royales, mythes fonda­teurs, lois. Aucune voix contes­ta­taire n’y appa­rais­sait, et les tenta­tives de lecture à rebrousse-poil de ce genre de textes sont à la fois héroïques et excep­tion­nel­le­ment diffi­ciles. Plus les archives étatiques retrou­vées étaient impor­tantes, de manière géné­rale, plus les pages dévouées à ce royaume histo­rique et à son auto­por­trait étaient nombreuses.

  • La civilisation industrielle ou L’#asservissement collectif au développement technologique (par Jaime Semprun) – Le Partage
    http://partage-le.com/2017/10/7952

    Tout cela parut assez osé, et aujourd’­hui encore on se récriera en donnant tel ou tel exemple des services que nous rendent les #machines, sans aucune contre­par­tie  ; et de citer, qui le lave-vais­selle, qui le télé­phone mobile, etc. Mais c’est chaque fois en répé­tant l’er­reur de juge­ment réfu­tée par Butler : en ne voyant qu’un objet isolé, tel que son utilité ponc­tuelle le fait passer pour bénin et de peu de consé­quences. En revanche, dès qu’on le consi­dère comme partie inté­grante d’un ensemble, tout change. Et ainsi l’#au­to­mo­bile, machine on ne peut plus triviale et presque archaïque, que chacun s’ac­corde à trou­ver bien utile et même indis­pen­sable à notre liberté de dépla­ce­ment, devient tout autre chose si on la replace dans la société des machines, dans l’or­ga­ni­sa­tion géné­rale dont elle est un simple élément, un rouage. On voit alors tout un #système complexe, un gigan­tesque orga­nisme composé de routes et d’au­to­routes, de champs pétro­li­fères et d’oléo­ducs, de stations-service et de motels, de voyages orga­ni­sés en cars et de grandes surfaces avec leurs parkings, d’échan­geurs et de rocades, de chaînes de montage et de bureaux de « recherche et déve­lop­pe­ment »  ; mais aussi de surveillance poli­cière, de signa­li­sa­tion, de codes, de régle­men­ta­tions, de normes, de soins chirur­gi­caux spécia­li­sés, de « lutte contre la pollu­tion », de montagnes de pneus usés, de batte­ries à recy­cler, de tôles à compres­ser. Et dans tout cela, tels des #para­sites vivant en #symbiose avec l’or­ga­nisme hôte, d’af­fec­tueux aphi­diens chatouilleurs de machines, des hommes s’af­fai­rant pour les soigner, les entre­te­nir, les alimen­ter, et les servant encore quand ils croient circu­ler à leur propre initia­­tive, puisqu’il faut qu’elles soient ainsi usées et détruites au rythme pres­crit pour que ne s’in­ter­rompe pas un instant leur repro­duc­tion, le fonc­tion­ne­ment du système géné­ral des machines.

  • #Catastrophisme, administration du #désastre et #soumission durable (par René Riesel et Jaime Semprun) – Le Partage
    http://partage-le.com/2017/10/7943

    La dégra­da­tion irré­ver­sible de la vie terrestre due au déve­lop­pe­ment indus­triel a été signa­lée et décrite depuis plus de cinquante ans. Ceux qui détaillaient le proces­sus, ses effets cumu­la­tifs et les seuils de non-retour prévi­sibles, comp­taient qu’une prise de conscience y mettrait un terme par un #chan­ge­ment quel­conque. Pour certains ce devaient être des #réformes dili­gem­ment conduites par les États et leurs experts, pour d’autres il s’agis­sait surtout d’une #trans­for­ma­tion de notre mode de vie, dont la nature exacte restait en géné­ral assez vague  ; enfin il y en avait même pour penser que c’était plus radi­ca­le­ment toute l’or­ga­ni­sa­tion sociale exis­tante qui devait être abat­tue par un chan­ge­ment révo­lu­tion­naire. Quels que fussent leurs désac­cords sur les moyens à mettre en œuvre, tous parta­geaient la convic­tion que la connais­sance de l’éten­due du désastre et de ses consé­quences inéluc­tables entraî­ne­rait pour le moins quelque remise en cause du confor­misme social, voire la forma­tion d’une conscience critique radi­cale. Bref, qu’elle ne reste­rait pas sans effet.

    Contrai­re­ment au postu­lat impli­cite de toute la « critique des nuisances » (pas seule­ment celle de l’EdN), selon lequel la dété­rio­ra­tion des condi­tions de vie serait un « facteur de révolte », force a été de consta­ter que la connais­sance toujours plus précise de cette dété­rio­ra­tion s’in­té­grait sans heurts à la soumis­sion et parti­ci­pait surtout de l’adap­ta­tion à de nouvelles formes de survie en milieu extrême. […]

    La dissi­mu­la­tion et le mensonge ont bien sûr été utili­sés à maintes reprises, le sont et le seront encore, par l’in­dus­trie et les États. Toutes sortes d’opé­ra­tions doivent être menées dans la plus grande discré­tion, et gagnent à n’ap­pa­raître en pleine lumière que sous forme de faits accom­plis. Mais comme le prin­ci­pal fait accom­pli est l’exis­tence de la société indus­trielle elle-même, la soumis­sion à ses impé­ra­tifs, on peut y intro­duire sans danger des zones toujours plus éten­dues de trans­pa­rence : le citoyen désor­mais bien rodé à son travail de consom­ma­teur est avide d’in­for­ma­tions pour établir lui-même son bilan « risques-béné­fices », tandis que de son côté chaque empoi­son­neur cherche aussi à se discul­per en noir­cis­sant ses concur­rents. Il y aura donc toujours matière à « révé­la­tions » et à « scan­dales », tant qu’il y aura des marchands pour trai­ter une telle matière première : à côté des marchands de poisons, des marchands de scoops jour­na­lis­tiques, d’in­di­gna­tions citoyennes, d’enquêtes sensa­tion­nelles.

  • Paysages industriels : comment la civilisation défigure la planète (Edward Burtynsky) – Le Partage
    http://partage-le.com/2017/10/7853

    Le film docu­men­taire que nous vous propo­sons ici, origi­nel­le­ment inti­tulé Manu­fac­tu­red Land­scapes, offi­ciel­le­ment traduit par Paysages manu­fac­tu­rés (titre français), mais que nous préfé­rons traduire par Paysages indus­triels, est sorti en 2007. Il a été réalisé par un photo­graphe cana­dien rela­ti­ve­ment célèbre (toléré et même appré­cié dans le cercle des médias grand public) : Edward Burtynsky. « Le travail photo­gra­phique d’Ed­ward Burtynsky montre les dérives et les impact de l’homme sur les paysages du monde entier » (France Culture). Un aperçu de son travail :

    #photos #reportage #industrie #paysages

  • La fin de la #nuit : comment la #lumière artificielle nocturne détraque le monde – Le Partage
    http://partage-le.com/2017/10/7838

    Pour les années 2013/2014, la pollu­tion lumi­neuse impacte 22,5% des terres émer­gées à travers le monde, 46,9% de la surface des États-Unis, 88,4% de la surface de l’Union Euro­péenne et 100% de la surface du terri­toire français. Par consé­quent, 83,2% de la popu­la­tion mondiale, dont 99,7% de la popu­la­tion des États-Unis, 99,8% de la popu­la­tion de l’Union Euro­péenne et 100% de la popu­la­tion française, sont impac­tés par la pollu­tion lumi­neuse. Enfin, 35,9% de la popu­la­tion mondiale n’est plus en mesure d’ob­ser­ver la Voie Lactée la nuit et 13,9% de la popu­la­tion mondiale sont expo­sés à une pollu­tion lumi­neuse telle que le système visuel ne peut pas s’adap­ter à une vision de nuit. En réalité, le système visuel est en perma­nence en vision de jour.

  • La transition anti-écologique : comment l’#écologie capitaliste aggrave la situation (par Nicolas Casaux) – Le Partage
    http://partage-le.com/2017/09/7654

    Mais l’#in­sou­te­na­bi­lité de la #civi­li­sa­tion indus­trielle est plus fonda­men­tale encore.

    Les infra­struc­tures et les réseaux de #trans­port qu’elle a déve­lop­pés — routes (terrestres et mari­times), couloirs aériens, voies ferrées — ne sont pas soute­nables. Un tiers de la consom­ma­tion de ressources de l’UE corres­pond au secteur de la construc­tion[7] (loge­ments et infra­struc­tures). Leur seule main­te­nance consomme trop de ressources, ce qui signi­fie qu’elle néces­site trop de destruc­tions du monde natu­rel.

    Mais il y a plus : ces réseaux de trans­port (terrestres, prin­ci­pa­le­ment) sont établis et éten­dus de telle manière qu’ils frag­mentent bien trop exces­si­ve­ment les écosys­tèmes du monde, ce qui nuit à leur santé. En d’autres termes, nos routes et nos voies ferrées frac­tionnent le monde natu­rel bien au-delà de ce que ses biomes et ses biotopes sont en mesure de suppor­ter, ce qui préci­pite leur anéan­tis­se­ment ainsi que celui des espèces qu’ils abritent. Ce problème est étudié et ample­ment docu­menté[8]. Cela fait des années que de nombreux cher­cheurs tentent de nous aver­tir. Cette situa­tion n’est pas viable (ni durable, ni soute­nable).

    #industrie

  • La déme­sure, l’igno­rance systé­mique, et la destruc­tion du monde natu­rel (par Nico­las Casaux)

    Quelques éléments de réflexion sur la civi­li­sa­tion, la déme­sure, l’igno­rance systé­mique et la destruc­tion du monde natu­rel (l’éco­cide) :

    Une des choses qui m’ont toujours semblé choquante, comme si elle témoi­gnait de l’im­passe dans laquelle s’en­lise la civi­li­sa­tion, c’est qu’au sein du panel exces­si­ve­ment diver­si­fié de ses « programmes » éduca­tifs, la biolo­gie (« Science de la vie, étude des êtres vivants ») ne soit qu’une option parmi tant d’autres. Bien sûr, elle incor­pore les SVT (Sciences de la vie et de la Terre) dans son ensei­gne­ment primaire et secon­daire, mais il s’agit unique­ment de rudi­ments assez sommaires, bien souvent anthro­po­cen­trés, témoi­gnant de bien peu de respect du vivant (vivi­sec­tion indus­trielle) et vite oubliés. Cette absence d’en­sei­gne­ment se double d’une absence d’ex­pé­rience person­nelle, puisque la rela­tion du cita­din — qui évolue dans un envi­ron­ne­ment entiè­re­ment arti­fi­ciel — au monde natu­rel est extrê­me­ment appau­vrie, et détraquée (phéno­mène d’alié­na­tion).


    « Aujourd’­hui, nous vivons pour la plupart dans des villes. Cela signi­fie que nous vivons pour la plupart dans ces cellules isolées, complè­te­ment coupées de tout type d’in­for­ma­tion ou d’ex­pé­rience senso­rielle qui ne soit pas de fabri­ca­tion humaine. Tout ce que l’on voit, tout ce que l’on entend, tout ce que l’on sent, tout ce que l’on touche, est produit par l’hu­main. Toutes les infor­ma­tions senso­rielles que l’on reçoit sont fabriquées, et bien souvent véhi­cu­lées par l’in­ter­mé­diaire de machines. Je pense que la seule chose qui rende cela suppor­table est le fait que nos capa­ci­tés senso­rielles soient si terri­ble­ment atro­phiées — comme elles le sont chez ce qui est domes­tiqué — afin que nous ne nous rendions pas compte de ce qui nous manque. L’ani­mal sauvage reçoit des infor­ma­tions pour tous les sens, d’une quan­tité innom­brable de sources diffé­rentes, à chaque moment de la vie. Nous n’en rece­vons que d’une seule source — nous-mêmes. C’est comme faire un soli­taire dans une chambre de réso­nance. Les gens qui font du soli­taire font des choses étranges. Et l’ex­pé­rience commune des victimes de priva­tions senso­rielles est l’hal­lu­ci­na­tion. Je pense que le patri­moine cultu­rel que l’on reçoit, nos croyances et idéo­lo­gies anthro­po­cen­trées, peuvent aisé­ment être perçues comme des hallu­ci­na­tions insti­tu­tion­na­li­sées. »
    — John Living­ston, natu­ra­liste cana­dien.

    Ce qui signi­fie et ce qui fait que, concrè­te­ment, la plupart des gens ne savent que très peu de choses sur la vie et sur le vivant en géné­ral, sur ses équi­libres, ses imbri­ca­tions, ses inter­dé­pen­dances, ses symbioses, et ses condi­tions. Sur la rela­tion et la dépen­dance de l’hu­main au monde natu­rel. La plupart des gens ne savent pas comment vivent les plantes, les fleurs, les arbres (et le planc­ton) qui font l’air qu’ils respirent, et qui font, avec les animaux, les insectes et d’in­nom­brables autres orga­nismes, le sol dont ils dépendent.

    Et pour­tant, quoi de plus impor­tant, de plus fonda­men­tal, pour celui qui vit sur Terre, que d’en connaître l’éco­lo­gie (du grec oikos : maison et logos : discours ou science). Celui qui ne connaît pas la science de sa maison, qui ne connaît pas sa maison, comment peut-il y vivre  ?

    Malheu­reu­se­ment, il n’y a pas que dans le domaine de l’éco­lo­gie que l’igno­rance pose problème. La société indus­trielle dans laquelle nous vivons repose sur un nombre toujours crois­sant de tech­no­lo­gies et de struc­tures poli­tico-écono­miques de plus en plus complexes, élabo­rées (et donc comprises, au moins un mini­mum) par un nombre d’in­di­vi­dus toujours plus restreint.

    Arrive ce qui devait arri­ver dans une telle confi­gu­ra­tion : plus personne n’est en mesure d’ap­pré­hen­der les tenants et les abou­tis­sants de la société dont nous parti­ci­pons tous.
    . . . . . .

    La suite :
    http://partage-le.com/2017/08/la-demesure-lignorance-systemique-et-la-destruction-du-monde-naturel-par

    #éco­cide #écologie #technologie #anthro­po­cen­trisme #SVT

  • Les réalités occultées du « progrès » technique : inégalités et désastres socio-écologiques (par Celia Izoard) – Le Partage
    http://partage-le.com/2017/07/les-realites-du-soi-disant-progres-technique-inegalites-et-desastres-soc

    Si les #robots ne sauraient remplacer la main-d’œuvre en totalité, à terme, ils menacent en revanche nécessairement une partie des emplois. Et le mythe de l’#automatisation totale remplit une fonction centrale dans la gestion managériale, les machines incarnant une armée de réserve susceptible de prendre la place des récalcitrants. « Si tu ne travailles pas assez dur, on va te remplacer par un robot », menace-t-on régulièrement les salariés de Foxconn. En renvoyant les travailleurs à l’idée qu’ils sont déjà superflus, la robotisation joue aussi un rôle #démoralisateur pour s’organiser et faire valoir ses droits : la force idéologique de l’automatisation, « c’est de délégitimer la défense du métier, l’idée même de discuter comment on fait le travail, puisqu’il a vocation à disparaître très rapidement », note le sociologue David Gaborieau. À quoi bon lutter quand on n’a pas d’avenir ?

    #surnuméraires #chantage #capitalisme #progrès #technologie

  • Résistance et activisme : comprendre la #dépression grâce à l’#écopsychologie (par Will Falk) – Le Partage
    http://partage-le.com/2017/07/resistance-et-activisme-comprendre-la-depression-grace-a-lecopsychologie

    L’écopsychologie explique que l’élimination du stress n’est pas possible en cette période écologique. La psychologie étant l’étude de l’esprit, et l’écologie l’étude des relations naturelles créant la vie, l’écopsychologie insiste sur l’impossibilité d’étudier l’esprit en dehors de ces relations naturelles, et nous encourage à examiner les types de relations nécessaires à l’esprit pour qu’il soit vraiment sain. En observant la dépression au travers du prisme de l’écopsychologie, on peut l’expliquer comme le résultat de problèmes dans nos relations avec le monde naturel. La dépression ne peut être soignée tant que ces relations ne sont pas réparées.

  • A l’image du Goulag : la #scolarisation et la machine industrielle (par Suprabha Seshan) – Le Partage
    http://partage-le.com/2017/01/a-limage-du-goulag-la-scolarisation-et-la-machine-industrielle-par-supra

    La thèse subsidiaire de cet essai est que l’#éducation moderne est au service d’un dérivé du Goulag, en ce qu’elle oblige nos enfants à endurer des conditions innommables dès le plus jeune âge, et à effectuer des exercices à l’école et à la maison pendant la majeure partie de leurs journées. En prolongeant cela pendant de longues périodes, au moment le plus crucial et où ils sont le plus vulnérables, elle les brise, et les usine en une main d’œuvre malléable. A la fin de leur scolarité, les jeunes sont assujettis, par la peur et la promesse de salut s’ils réussissent. S’ils échouent, comme beaucoup, des destins plus bas les attendent. Cet entrainement difficile, qui exige et impose routine et vigilance, est essentiel pour le grand bureau mondial, et ne pourrait aboutir sans diverses formes de récompenses, de promesses, de menaces, de violences et d’incarcérations.

    L’incarcération (à la fois volontaire et involontaire), lorsqu’elle se prolonge et se banalise, génère tout un éventail de problèmes — fermeture, frustration, trouble, fuite, clivage psychologiques, désespoir, dissociation, maladies physiques et phobies. Ceux-ci sont observables chez les enfants, les prisonniers, les esclaves, les animaux en cages et battus, et les peuples contrôlés.

    La principale thèse de cet essai est que la malheureuse situation psychologique qui vient d’être décrite va de pair avec la destruction de la vie, avec la fin catastrophique de la biosphère.

    • Un des dérivés du Goulag, les conditions de travail dans une bonne partie des entreprises.

      Mais pourquoi utilisent ’ils ce mot russe ?

      Dans les mines, dans les filatures à Roubaix, les usines c’était identique à un camp de travail.
      A Roubaix, Tourcoing, et ailleurs.

      A auchan city tourcoing, chez les mulliez le CHST trouve qu’il est normal qu’une femme de 22 ans fasse une fausse couche devant les clients, seule.
      Le goulag librement consenti.