De l’impossibilité de l’éco-fuite et de l’inefficacité de la consom’action (par Nicolas Casaux) – Le Partage
►http://partage-le.com/2017/11/8324
induite des pauvres.
« Reconnaitre cela peut nous aider à éviter de perdre notre temps en de naïfs efforts. Par exemple, dans des efforts pour apprendre aux gens à économiser l’énergie et les ressources. De tels efforts n’accomplissent rien. Cela semble incroyable que ceux qui prônent les #économies d’énergie n’aient pas remarqué ce qui se passe : dès que de l’#énergie est libérée par des économies, le système-monde technologique l’engloutit puis en redemande. »
Theodore Kaczynski, Anti-Tech Revolution : Why and How
Les 10% d’individus les plus #riches du monde sont responsables de la moitié des émissions de GES d’origine anthropique[1]. La moitié la plus pauvre de l’humanité est responsable d’environ 10% des émissions de GES d’origine anthropique. L’industrie du jet privé qui enregistrait 263 ventes sur l’année 1989[2] en enregistre ces temps-ci environ 700 par an[3]. Dans un récent rapport prévisionnel, il est estimé que l’industrie du yacht, qui se porte à merveille et qui a été évaluée à 8,123 milliards de dollars en 2016, atteindra 14,987 milliards de dollars entre 2017 et 2025[4]. De manière générale, les industries du #luxe se portent très bien et devraient continuer ainsi sur la décennie à venir[5]. La France compte 713 golfs, un nombre en augmentation constante ; selon les estimations utilisées par le Sénat, un golf consomme en moyenne autant d’eau qu’une commune de 12 000 habitants ; l’ensemble des golfs, donc, autant que 8 millions de personnes. Le poids de l’#industrie de l’armement ne cesse de grandir (la France figure d’ailleurs parmi les champions de la vente d’armes), or on sait que les émissions de CO2 des secteurs militaires des pays du monde sont colossales (à elle seule, l’armée US a consommé en 2011 presque autant de pétrole que toutes les voitures du Royaume-Uni)[6].
Et pourtant les gouvernements, comme toutes les institutions et la doxa dominantes, suggèrent qu’une manière de diminuer les émissions de CO2 afin de faire un geste pour la planète consiste en ce que les gens ordinaires se brossent les dents à sec et s’éclairent avec des ampoules basse consommation. Tout récemment, une réitération d’un avertissement signé par de nombreux scientifiques (15 000) suggérait plusieurs mesures dont le fait de devenir végétarien, de faire du vélo au lieu d’utiliser une voiture, de ne plus prendre l’avion, ainsi que le déploiement massif d’infrastructures industrielles pour développer le réseau énergétique « renouvelable » (ce qui constitue une immense catastrophe écologique[7]).
Autant de manières de se donner bonne conscience en se soulageant dans un violon, ou pire, en faisant empirer la situation (adopter une consom’action responsable visant à acheter des produits un peu moins nuisibles pour le monde naturel et les êtres vivants, c’est toujours participer à l’empirement de la situation).
Ce qu’on peut remarquer c’est qu’on ne lit que très rarement voire jamais de suggestion incitant les riches à cesser d’acheter des yachts ou des jets privés et de les utiliser. Tandis qu’on incite le citoyen moyen à faire preuve d’une certaine vertu écologique, les riches du monde, qui sont de plus en plus nombreux, consomment toujours plus. Pas non plus de recommandations concernant l’achat ou l’utilisation de smartphones, de téléviseurs et d’appareils électroniques en général, dont les ventes sont mondialement croissantes, dont les productions épuisent les ressources non-renouvelables tout en émettant des quantités astronomiques de gaz à effet de serre (le KTH Royal Institute of Technology de Stockholm estimait en 2010 que les secteurs des technologies de l’information, de la télécommunication, des médias et du divertissement émettaient presque autant de CO2 que le secteur de l’aviation).
La plupart des suggestions grand public consistent en des changements minimes des modes de vie individuels, elles ne visent jamais à s’opposer frontalement aux logiques de croissance et de #consommation qui dirigent la civilisation industrielle et son biocide planétaire.