• Régis Debray, d’une civilisation à une autre, d’une génération à une autre | PrototypeKblog
    https://prototypekblog.wordpress.com/2017/12/05/regis-debray-dune-civilisation-a-une-autre-dune-generation

    Il y avait, en 1919, une civilisation européenne, avec pour variante une culture américaine. Il y a, en 2017, une civilisation américaine, dont les cultures européennes semblent, avec toute leur diversité, au mieux, des variables d’ajustement, au pire, des réserves indigènes.

  • « Il y a des gens dont le noyau est fissuré pratiquement depuis l’origine. | « PrototypeKblog
    https://prototypekblog.wordpress.com/2017/10/13/il-y-a-des-gens-dont-le-noyau-est-fissure-pratiquement-dep

    Alors, bien sûr, je ne crois pas que tous les cancers s’expliquent ainsi, mais je crois qu’il y a des gens dont le noyau est fissuré pratiquement depuis l’origine, qui malgré tous leurs efforts, leur courage, leur bonne volonté, ne peuvent pas vivre vraiment, et qu’une des façons dont la vie, qui veut vivre, se fraie un chemin en eux, cela peut être la maladie, et pas n’importe quelle maladie : le cancer. C’est parce que je crois cela que je suis tellement choqué par les gens qui vous disent qu’on est libre, que le bonheur se décide, que c’est un choix moral. Les professeurs d’allégresse pour qui la tristesse est une faute de goût, la dépression une marque de paresse, la mélancolie un péché. Je suis d’accord, c’est un péché, c’est même le péché mortel, mais il y a des gens qui naissent pécheurs, qui naissent damnés, et que tous leurs efforts, tout leur courage, toute leur bonne volonté n’arracheront pas à leur condition. Entre les gens qui ont un noyau fissuré et les autres, c’est comme entre les pauvres et les riches, c’est comme la lutte de classes, on sait qu’il y a des pauvres qui s’en sortent mais la plupart, non, ne s’en sortent pas, et dire à un mélancolique que le bonheur est une décision, c’est comme dire à un affamé qu’il n’a qu’à manger de la brioche. Alors, que la maladie mortelle et la mort puissent être pour ces gens-là une chance de vivre enfin, comme l’affirme Pierre Cazenave, je le crois, et je le crois d’autant plus que, s’il faut tout avouer, à certains moments de ma vie j’ai été assez malheureux pour y aspirer.

  • Il ne faut pas que ça se voit | PrototypeKblog
    https://prototypekblog.wordpress.com/2017/09/26/il-ne-faut-pas-que-ca-se-voit

    On ne croit pas les dépressifs. La #dépression n’est pas acceptée comme une vraie #maladie. C’est pire qu’une maladie. C’est une chose qui est à la fois niée et exploitée. Niée comme si ce n’était pas une maladie, comme si c’était juste un choix, une préférence, une volonté : « Tout ça c’est dans ta tête… Secoue-toi… Souris… Arrête ta comédie… ». Exploitée comme outil d’exclusion, de stigmatisation, de discrimination : « Arrête de nous emmerder… Tu nous tires vers le bas… Casse-toi… Va te faire soigner… ». Ce monde pue. Ce monde est sans pitié. Ce monde est sans répit. Ça ne s’arrête jamais. Je suis fatigué.

    On ne respecte pas les dépressifs. Il n’y a pas de « Depression Pride ». Il n’y a pas de héros dépressifs. Il n’y a pas de quotas pour les dépressifs. Il n’y a pas de place pour les dépressifs. On ne supporte pas les dépressifs. Ce monde se veut beau. Ce monde se croit parfait. Ses gens se croient jeunes et jolis. La tristesse est interdite. Tout va bien. On ne veut pas voir. « Faites un effort, bordel de merde ! »

    On ne prend pas les dépressifs au sérieux. Et, voyez-vous, c’est peut-être idiot, mais être pris au sérieux, c’est très important pour moi. Comprendre. Être compris. Écouter. Être écouté. Et la dépression est le plus court chemin vers le discrédit. Une fois que vous êtes étiqueté « dépressif », tout ce que vous direz par la suite, sur quelque sujet que ce soit, sera ignoré. Tout sera mis sur le compte de la dépression, réelle ou supposée, permanente ou temporaire. « Faut pas l’écouter, il est comme ça, c’est pas important… »

    Se reconnaître dépressif, être connu comme dépressif, être juste considéré comme dépressif, suspecté d’être dépressif, c’est le début de la mort sociale.

    • C’est marrant, l’autrice du blog (je pense que c’est une femme, j’me trompe ?) appelle sa dépression « la petite bête ». Moi perso, j’appelle ça « la broyeuse ». « Ça » te broie la volonté, l’enthousiasme, la joie de vivre, la libido, comme l’impression que toute ta matière grise est passée dans une essoreuse. T’as qu’un seule refuge pour rester en vie : le sommeil ... quand t’arrives à le trouver sinon, tu as l’impression de devenir fou-folle. Quand tu te réveilles, tu te dis que tu as réussi à voler quelques heures à la camarde.
      Une autre image que j’avais chopée dans une revue d’un cabinet médical qui était sensée illustrer le fait que les connexions entre neurotransmetteurs étaient en panne : sur un fond de ciel tempêtueux, une ligne téléphonique (ou électrique) aux fils rompus et sur les poteaux, des corbeaux proférant à grands cris leurs #idées_noires.
      La #dépression n’est pas une maladie imaginaire même si dans l’imaginaire de bon nombre de nos congénères, il suffirait de « se secouer » pour aller mieux.

    • J’aurais pu le deviner en faisant attention et en sélectionnant un critère objectif : l’orthographe ...

      On ne prend pas les dépressifs au sérieux. Et, voyez-vous, c’est peut-être idiot, mais être pris au sérieux, c’est très important pour moi. Comprendre. Être compris . Écouter. Être écouté .

    • Oui, de toute façon, tout ce que dit une personne dépressive est considéré comme non-recevable. Si on daigne vous écouter, ce n’est qu’avec condescendance et il faut pas nous la faire : on s’en aperçoit tout de suite. Encore plus de la part de celles ou ceux qui sont payé-e-s pour ça (médecins, assistantes sociales ... )
      Maintenant, comment accompagner une personne dépressive ? Une écoute bienveillante suffit-elle ? Je ne sais pas, même si ça peut apporter du réconfort dans le sens où le sentiment d’avoir une base arrière solide peut fournir un sentiment de sécurité. Mais il faudra de toute façon se colleter avec la vie professionnelle, le regard des « autres »,et la grosse question bêtement prosaïque de « comment j’vais faire pour mettre à la gamelle si je bosse plus ? ».

  • Une société peut-elle vivre en considérant 99 % comme inutiles ? | PrototypeKblog
    https://prototypekblog.wordpress.com/2017/09/13/une-societe-peut-elle-vivre-en-considerant-99-comme-inutil

    Derrière un vernis scientifique, ou méritocratique, cette phrase est d’essence oligarchique. Cela fait bien longtemps, en ce qui me concerne, que j’ai compris que le discours transhumaniste, derrière une façade idéaliste ou utopique, cache un projet fondamentalement inégalitaire et antisocial. Quand j’ai essayé, il y a quelques années, de rassembler des « pistes de lecture » sur le thème du « transhumanisme », je suis arrivé à deux billets : d’abord, « Transhumanisme et utopie » ; ensuite « Transhumanisme et oligarchie » .

    J’ai mis longtemps. Je viens d’un temps, d’une culture, d’une sensibilité, où le progrès technologique était vecteur de progrès social et facteur d’égalité. On n’en est plus là.

    Derrière l’illusion technologique, ou l’hypothèse technologique, le projet contemporain est bien de rendre 50 % de la population, ou 80 %, ou 90 %, ou plus, juste inutiles. Ils ne serviront à rien. On pourra considérer qu’ils ne servent à rien. C’est du « salauds de pauvres » assisté par ordinateur.

    Mais qu’est-ce que vous êtes venus faire sur Terre, nom de Dieu ? Vous n’avez pas honte d’exister ?

    Certains croient encore que « l’intelligence » est indépendante de l’origine sociale. Je n’y crois plus. Je me suis toujours méfié de l’idée même de mesurer l’intelligence en valeur absolue, du QI et de ce genre de notions ; j’ai toujours considéré que l’intelligence est plurielle et contextuelle. Mais surtout, je pense que « l’intelligence » utile socialement est socialement construite. Pour faire court, les gosses de riches, même idiots, bornés, bêtes, auront accès aux outils et aux formations « d’élite », et finiront par passer pour « plus intelligents ». Les gosses de pauvres, même brillants, futés, doués, n’auront rien, et finiront par passer pour « moins intelligents ».

    #oligarchie #transhumanisme #inégalités #domination #surnuméraires

    • En 2050, les gens avec moins de 150 de QI ne serviront à rien.
      La […] phrase est de Laurent Alexandre.
      […]
      Des gens augmentés disposant de 180 de QI ne demanderont pas plus mon avis qu’il ne me viendrait à l’idée de donner le droit de vote aux chimpanzés.

      avec l’hypothèse la plus classique pour le QI (moyenne = 100, écart-type = 15), on obtient (avec 7 Mds d’êtres humains)

      !  x  ! Pr(QI>x) ! nb personnes !
      !  x  !   (ppm)  !
      ! 150 !     429  !   3 003 422  !
      ! 180 !     0,05 !         337  !
    • Laurent Alexandre : « Bienvenue à Gattaca deviendra la norme »
      http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2017/06/02/31003-20170602ARTFIG00207-laurent-alexandre-bienvenue-a-gatacca-deviendra-l

      Comment maintenir le principe démocratique « un homme, une voix », si les différences d’intelligence s’accentuent ?
      On ne sauvera pas la démocratie si nous ne réduisons pas les écarts de QI. Des gens augmentés disposant de 180 de QI ne demanderont pas plus mon avis qu’il ne me viendrait à l’idée de donner le droit de vote aux chimpanzés.
      Il va falloir parler QI ce qui n’est pas simple tant le sujet est politiquement chaud. Ne nous y trompez pas : le tabou du QI traduit le désir inconscient et indicible des élites intellectuelles de garder le monopole de l’intelligence à une époque où elle est de plus en plus le moteur de la réussite et du pouvoir : cela est politiquement et moralement inacceptable.
      […]
      Peut-on parler finalement de « dictature de l’intelligence » ?
      L’Intelligence dans une société numérique est la clé de tout pouvoir politique et économique. Nous avons créé une société de la connaissance sans réfléchir aux conséquences. Nous avons bâti une économie de la connaissance, sans comprendre que nous allions donner un avantage immense aux gens maîtrisant les données, dotés de plasticité cérébrale leur permettant de changer régulièrement de métiers et de se former leur vie durant : toutes qualités qui sont mesurées par le QI. Un point de QI supplémentaire fera de plus en plus la différence dans la société de la connaissance.

      Il faudrait rebaptiser le QI et l’appeler QCIA, le Quotient de Complémentarité avec l’Intelligence Artificielle, pour lui ôter son caractère stigmatisant.

      À partir de 2020, le QI minimum pour avoir un emploi va augmenter de l’ordre de 5 à 10 points par décennie. Il faut entamer la modernisation de l’école, pour permettre aux enfants de rester compétitifs face à l’IA. Il y a une désynchronisation complète entre nos institutions -dont l’école, qui forme aux métiers d’hier- et la technologie qui galope. L’école envoie les enfants des classes populaires là où l’IA va les laminer et ignore les formations où ils seraient complémentaires et donc protégés. Il faut, au contraire, cartographier en permanence la frontière technologique pour constamment adapter le système éducatif aux progrès de l’IA et agir sur tous les leviers permettant d’augmenter les capacités cognitives de la population, puisque dans le futur la quasi-totalité des inégalités seront liées aux capacités cognitives. La course effrénée de l’IA est un immense challenge pour notre civilisation.

    • Donner le droit de vote aux chimpanzés c’est pas si impensable. Les US ont élu un affreux orang-outang comme big boss.
      En cherchant des infos sur le QI des non humains je suis tombé sur cette page comme première réponse gogol : https://www.intelligence-humaine.com/faq-intelligence/#FAQ8
      Page qui donne plein d’indications racistes et classiste de critères de QI.

      100 = Moyenne des européens = Intelligence normale
      95 = Moyenne d’un garagiste
      90 = Moyenne homo sapiens

      #racisme #classisme #castes

    • En réalité, on sait que « le QI », ça s’apprend. Faudrait retrouver les études, mais c’est comme n’importe quels tests (et comme quand on fait faire de la géométrie à des filles sans leur dire que c’est des maths, ou l’autre test inverse qui a été fait pour les garçons), plus on s’entraine à faire ce genre de tests (les trucs de logiques, de suites, etc), plus l’esprit se façonne pour les comprendre vite, et on finit par progresser, quelque soit d’où on vient. Donc ça ne signifie rien en soi, comme si c’était une valeur absolue pour la vie entière.

  • J’adorais les marchands de journaux | PrototypeKblog
    https://prototypekblog.wordpress.com/2017/09/03/jadorais-les-marchands-de-journaux

    Constater que, pour survivre, les marchands de journaux vendent de moins en moins de journaux et de plus en plus d’autres produits — boissons, sandwiches, gadgets électroniques, parfums, sacs, gadgets, verroteries et cochonneries en tout genre.

    Constater que ce qui marche le mieux, ce sont les créneaux sordides tels que « presse people », « presse féminine », « presse masculine », « presse ethnique », etc. Tape-à-l’œil, identitaire, caricatural, régressif… Il faut bien vendre !

    Observer la belle unanimité de la presse « d’informations générales » pour chanter les louanges du pouvoir qu’elle a contribué à fabriquer… Derrière l’apparente diversité des centaines de publications dans ces boutiques, se cachent une douzaine d’oligopoles. Toujours les mêmes.

    Ou alors, ça a été les couleurs. Toujours les mêmes couleurs. Les mêmes accroches. Toujours les mêmes têtes. Peut-être le déclic a-t-il été d’apercevoir, coup sur coup, dans trois rayonnages différents, dans trois catégories différentes, Julie Gayet, Brigitte Macron et Carla Bruni ? Toujours les mêmes gens faux. Toujours les mêmes VIPs. Toujours les mêmes menteurs. Toujours la même soupe infecte.

    Toutes ces couvertures fausses, retouchées, fardées, truquées…

    Tout ce papier souillé par ces images d’un monde faux…

    Toutes ces images d’un monde qui me dégoûte…

    #presse #média

  • La vague de l’Histoire | PrototypeKblog
    https://prototypekblog.wordpress.com/2017/03/19/la-vague-de-lhistoire

    Le monde qui nous entoure, auquel nous nous sommes habitués en grandissant, que nous pouvons même penser avoir compris, c’est une vague. C’est une vague qui nous porte, qui nous pousse, sur laquelle nous surfons, en haut de laquelle l’ivresse est facile.

    Nous devons admettre que cette vague, bientôt, tôt ou tard, va nous dépasser. Elle va plus vite que nous. Elle nous porte un temps, puis elle ne nous portera plus. Nous serons derrière elle. Nous redescendrons dans le creux de la vague. Nous verrons cette vague continuer à avancer plus vite que nous, sans pouvoir la rattraper.

    Tôt ou tard nous serons dépassés.

    Il ne faut pas en avoir honte. Il faut arriver à vivre avec ça.

    L’ineptie consiste à vouloir conclure.

    Nous ne sommes qu’une étape.

  • La #spécialisation comme prétexte à la privatisation de la sphère publique | PrototypeKblog
    https://prototypekblog.wordpress.com/2017/03/11/la-specialisation-comme-pretexte-a-la-privatisation-de-la-

    Et inversement, les individus qui restent trop généralistes sont moins valorisés, moins protégés, plus vulnérables. Leur légitimité est moins assurée, parce que leurs connaissances semblent moins rares — et seul ce qui est rare est cher. Malgré leur utilité, malgré leur ouverture, malgré leur valeur intrinsèque. On sait par exemple le mépris des médecins spécialistes pour les médecins généralistes. Il y a d’autre exemples. Les non-spécialistes sont des non-experts. Les non-spécialistes sont pas grand’chose.

    • Pour conclure, il me semble que cette « privatisation par la spécialisation » n’est qu’un des nombreux aspects de la transformation, en quelques décennies, d’imparfaites sociales-démocraties débonnaires, en oligarchies néolibérales féroces.

      Je ne sais pas comment on peut inverser la tendance. Je ne sais pas comment on peut remettre dans le débat public ce qui nous a été volé. Je ne sais pas comment réhabiliter les généralistes. Je ne sais pas. Je ne sais pas non plus jusqu’où on va descendre. Je ne sais pas. Je suis désolé.

      Je sais juste que je voterai le 23 avril 2017 pour la seule tentative intelligente à l’heure actuelle d’écrire un avenir en commun, qui ne soit pas privatisé par des spécialistes, et qui échappe aux intérêts particuliers.

  • Malade et malades | PrototypeKblog
    https://prototypekblog.wordpress.com/2017/01/26/malade-et-malades

    Notre époque se prétend belle, et ne veut voir que ce qui est beau. Elle est hypnotisée par ses écrans où tout est tellement forcément plus beau. Elle ne veut pas voir ce qui n’est pas beau. Elle ne supporte pas ce qui n’est pas sain. Elle se sent insultée par les malades, les faibles et les moches. Elle ne veut pas les voir, encore moins vivre avec eux. Elle ne veut que des gens « en forme », forts et sûrs d’eux, jeunes et jolis — et « en marche », en ce moment.