EDITO : : ACTUALITÉ : : Prendre le ciel d’assaut

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  • Macron, le président du vieux monde par Hervé Kempf
    https://www.les-crises.fr/macron-le-president-du-vieux-monde-par-herve-kempf

    Sous les habits neufs de M. Macron, le néo-libéralisme continue sans changer. Marginalisant l’écologie, et oubliant l’inégalité sociale.

    Emmanuel Macron est un personnage remarquable : on ne gravit pas aussi rapidement les échelons de la pyramide du pouvoir si l’on n’est pas doté de qualités exceptionnelles. Et même si la chance a largement joué son rôle – la faillite de François Fillon, la déliquescence plus rapide que prévue du Parti socialiste -, la capacité à s’engouffrer dans les opportunités est un talent que tous n’ont pas. Il ne fait pas de doute que cette énergie ascensionnelle va continuer à se déployer dans les premiers mois de la nouvelle présidence.

    Il reste que M. Macron n’a pas gravi la montagne à la force de son seul poignet. Massivement soutenu par tous les médias des dominants (faut-il encore rappeler que la “presse” est aujourd’hui l’instrument des Arnault, Bolloré, Bouygues, Dassault, Drahi, Lagardère, Niel, Pigasse, Pinault… ?), il n’a pas gagné à la loyale. Plutôt qu’un duel Macron-Le Pen, on aurait pu assister à un duel Macron-Mélenchon bien plus stimulant si la presse oligarchique n’avait pas pilonné dans la dernière ligne droite le candidat de la France insoumise. Mais l’oligarchie avait bien sûr choisi son camp. Ce serait Fillon ou Macron. Fillon tombant à l’eau, ce fut Macron.

    Homme remarquable, appliquant les méthodes entrepreneuriales en vogue – En marche a appliqué tous les outils marketing et a fonctionné en mode “start-up”, comme l’a raconté Mediapart -, M. Macron n’en est pas moins porteur des idées du vieux monde. Le vieux monde ? Celui où l’on croit que la croissance reste le moteur de l’équilibre social, que la question écologique est secondaire, et qu’une société peut vivre sans désordre avec de fortes inégalités.

    • Il va falloir s’y habituer. Emmanuel Macron est depuis hier le huitième président de la Ve République française et son discours lénifiant, entre best-seller de développement personnel et langue de bois 2.0, est devenu la doctrine officielle de la patrie des Lumières. Triste époque.

      Pour son intronisation, dimanche, le patron de la République en marche (REM) n’a pas déçu, assénant que les Français, à travers lui, avaient choisi « l’esprit de conquête », sans préciser quels nouveaux territoires il ambitionnait d’assujettir.

      En revanche, depuis quelques jours, on connaît mieux ces « helpers », ces « CEO » et autres « startuppers » qui ont permis à l’ancien « managing director » de Rothschild et ministre de François Hollande de devenir supposément l’homme du « renouveau » (en tout cas de la langue française). Epluchant les documents dérobés par des pirates informatiques, Libération décrit dans son édition de vendredi la communauté agissante et fortunée qui a fabriqué de toutes pièces le phénomène Emmanuel Macron : cadres et patrons d’entreprises, financières et technologiques, sortis de l’ENA ou de HEC.

      Une France d’en haut mais aussi d’ailleurs, puisque les dons ont afflué de l’étranger, où les exilés fiscaux et les « expats » n’ont pas lésiné pour donner une forte impulsion à leur champion, comme l’a décrit Mediapart. Ces réseaux – habilement actionnés jusqu’à concurrence de 20 000 euros par tête de pipe pour ne pas outrepasser les limites légales – dessinent clairement la pyramide sociale incarnée par le nouveau chef de l’Etat : moins de 2% des donateurs ont contribué à près de la moitié du budget de campagne de M. Macron. Une aubaine financière à laquelle il faut encore ajouter l’emprunt personnel de 8 millions d’euros généreusement consenti malgré l’absence de patrimoine à mettre en gage.

      Bref : une fusée politique propulsée du haut vers le bas et dont la conception hiérarchique du monde s’exprime assez naturellement dans son offensive actuelle sur l’Assemblée nationale. Ainsi, dans l’entreprise En Marche, les candidats à la députation sont « embauchés » directement par la cellule de recrutement d’Emmanuel Macron, sur CV, lettre de motivation puis entretien... Etrange démocratie, où l’exécutif compose librement sa future armée législative ! Seules exceptions à ces députés-employés : les transfuges des partis en place, notamment socialistes, cooptés en fonction de leur capacité à arracher des bouts d’appareil, à l’instar des affidés du parrain lyonnais Gérard Collomb.

      Le fait du Prince et la tambouille locale, voilà qui va très nettement révolutionner la façon de faire de la politique en France !

      Non contents d’instiller le poison de la gestion managériale et de la rentabilité aux services publics, les socio-libéraux à la sauce Macron ont donc trouvé moyen de privatiser la vie démocratique. Face à cette tentation autoritaire, rendue possible par la faillite du Parti socialiste, ce qu’il reste de la gauche française devra réagir rapidement, pour ne pas se laisser marginaliser. Surtout, elle devra suivre un chemin diamétralement opposé, tant dans ses objectifs politiques que dans sa future organisation, démocratique et participative. Une fusée propulsée d’en bas, pour « prendre le ciel d’assaut ». Benito Perez

      https://www.lecourrier.ch/149419/prendre_le_ciel_d_assaut

    • Béton, croissance et finances, voilà donc le terreau idéologique sur lequel M. Macron s’est épanoui. Le nouveau président a déjà quatre ans d’expérience gouvernementale à son actif, à l’Elysée où il a conseillé François Hollande dans son orientation néo-libérale, puis au ministère de l’Economie.

      Et la liste des actes ou intentions de M. Macron parle d’elle-même : travail le dimanche, facilitation de l’affichage publicitaire, permis de recherche de gaz de schiste, soutien au projet nucléaire d’Hinkley Point, autorisation de l’extraction de sable à Lannion, accord très favorable aux sociétés autoroutières, encouragement à l’exploitation minière en Guyane, amendement législatif sur les déchets nucléaires à Bure – l’écologie est le cadet des soucis du nouveau président.

      Et les signaux qu’il a lancé ne sont pas très positifs : en matière d’agriculture, il veut « continuer le combat » de son « ami » Xavier Beulin, chantre de l’industrialisation agricole et de la compétitivité. Son programme d’investissement sur la transition écologique s’élève à un modeste 15 milliards d’euros sur cinq ans, moins, rappelait Thomas Porcher lors de notre Alter soirée électorale que le coût du projet nucléaire d’Hinkley Point en Angleterre. Quant à son entourage proche, il vient pour partie du monde du béton de son parrain Henry Hermand : avant de rejoindre En marche comme porte-parole, Benjamin Griveaux était chez Unibail Rodamco, grand promoteur de l’immobilier commercial (qui veut par exemple lancer Val Tolosa). « Le programme Macron fait saliver les promoteurs », signale La Lettre A, en laissant notamment prévoir l’abaissement des possibilités de recours contre les permis de construire.

      Sur les autres domaines que l’environnement, n’attendez pas de progrès. Le mot « inégalité »n’apparait pas dans le programme de M. Macron, pas plus que celui d’évasion fiscale. Une nouvelle loi Travail sera imposée par ordonnances (une variante du 49.3, consistant à forcer la main au Parlement pour légiférer), et pour la « sécurité », on embauchera 10.000 policiers et gendarmes supplémentaires et l’on construira 15.000 places de prison.

      Tout cela n’est guère encourageant. Le néo-libéralisme continue sous de nouveaux habits, l’écologie est marginalisée, le vieux monde perdure.

      Mais il craque. Le niveau étonnamment élevé des votes blancs ou nuls au deuxième tour de l’élection présidentielle montre que de plus en plus de gens ne supportent plus le chantage qui nous est imposé entre le fascisme et le néo-libéralisme. L’assise de M. Macron n’est pas solide. Et autre tournant porteur d’espoir de cette campagne présidentielle, le camp de la gauche a solidement intégré l’écologie dans sa vision du monde et dans sa politique. Il reste à ce que ce camp s’unisse. Sinon les vieilles idées de M. Macron continueront à détruire le monde.

  • Prendre le ciel d’assaut Le Courrier - Lundi 15 mai 2017- Benito Perez
    https://www.lecourrier.ch/149419/prendre_le_ciel_d_assaut

    Il va falloir s’y habituer. Emmanuel Macron est depuis hier le huitième président de la Ve République française et son discours lénifiant, entre best-seller de développement personnel et langue de bois 2.0, est devenu la doctrine officielle de la patrie des Lumières. Triste époque.
    Pour son intronisation, dimanche, le patron de la République en marche (REM) n’a pas déçu, assénant que les Français, à travers lui, avaient choisi « l’esprit de conquête », sans préciser quels nouveaux territoires il ambitionnait d’assujettir.

    En revanche, depuis quelques jours, on connaît mieux ces « helpers », ces « CEO » et autres « startuppers » qui ont permis à l’ancien « managing director » de Rothschild et ministre de François Hollande de devenir supposément l’homme du « renouveau » (en tout cas de la langue française). Epluchant les documents dérobés par des pirates informatiques, Libération décrit dans son édition de vendredi la communauté agissante et fortunée qui a fabriqué de toutes pièces le phénomène Emmanuel Macron : cadres et patrons d’entreprises, financières et technologiques, sortis de l’ENA ou de HEC.

    Une France d’en haut mais aussi d’ailleurs, puisque les dons ont afflué de l’étranger, où les exilés fiscaux et les « expats » n’ont pas lésiné pour donner une forte impulsion à leur champion, comme l’a décrit Mediapart. Ces réseaux – habilement actionnés jusqu’à concurrence de 20 000 euros par tête de pipe pour ne pas outrepasser les limites légales – dessinent clairement la pyramide sociale incarnée par le nouveau chef de l’Etat : moins de 2% des donateurs ont contribué à près de la moitié du budget de campagne de M. Macron. Une aubaine financière à laquelle il faut encore ajouter l’emprunt personnel de 8 millions d’euros généreusement consenti malgré l’absence de patrimoine à mettre en gage.

    Bref : une fusée politique propulsée du haut 1 vers le bas et dont la conception hiérarchique du monde s’exprime assez naturellement dans son offensive actuelle sur l’Assemblée nationale. Ainsi, dans l’entreprise En Marche, les candidats à la députation sont « embauchés » directement par la cellule de recrutement d’Emmanuel Macron, sur CV, lettre de motivation puis entretien... Etrange démocratie, où l’exécutif compose librement sa future armée législative ! Seules exceptions à ces députés-employés : les transfuges des partis en place, notamment socialistes, cooptés en fonction de leur capacité à arracher des bouts d’appareil, à l’instar des affidés du parrain lyonnais Gérard Collomb.
    Le fait du Prince et la tambouille locale, voilà qui va très nettement révolutionner la façon de faire de la politique en France !

    Non contents d’instiller le poison de la gestion managériale et de la rentabilité aux services publics, les socio-libéraux à la sauce Macron ont donc trouvé moyen de privatiser la vie démocratique. Face à cette tentation autoritaire, rendue possible par la faillite du Parti socialiste, ce qu’il reste de la gauche française devra réagir rapidement, pour ne pas se laisser marginaliser. Surtout, elle devra suivre un chemin diamétralement opposé, tant dans ses objectifs politiques que dans sa future organisation, démocratique et participative. Une fusée propulsée d’en bas, pour « prendre le ciel d’assaut » 2 .

    • 1. Il faudrait encore ajouter la contribution des patrons de presse, détaillée par la journaliste Aude Lancelin : https://audelancelin.com/2017/04/20/emmanuel-macron-un-putsch-du-cac-40
    • 2. Expression de Karl Marx, reprise par le leader de Podemos, Pablo Iglesias.

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