@georgia je n’ai pas lu la totalité des articles que tu cites, juste les parties citées.
On passe de l’anti-racisme et de l’environnementalisme... à l’urbanisme ! mais évidemment, tout est lié. J’ai parfois eu des discussions avec des étudiants en urbanisme et cette dimension sociale et politique était très présente dans leur tête (bon après, c’était quand même des gens du milieu associatif / solidaire / ESS et comme souvent, je pense que les gens intelligents se font damer le pion par les gens âpres au gain, dans ce milieu comme ailleurs). En tous les cas, dans la façon dont les villes sont imaginées et aménagées, on peut retrouver le racisme des institutions politiques.
Le point commun entre le racisme, le sexisme, le capitalisme, la destruction de l’environnement... on en revient toujours à la notion d’exploitation. C’est très fermement ancré dans notre culture (on en trouve des traces dan les textes religieux) cette idée que la Terre a été donnée au bon homme blanc pour qu’il en tire sa subsistance, sa prospérité. Ce « droit » a été étendu à l’exploitation de tout ce qui n’est pas un bon homme blanc. Comme c’est dit dans ton premier extrait, il y a un problème dans la « relation », la façon dont cet archétype dominant interagit avec tout ce qui l’entoure - sur un mode essentiellement de prédation et d’exploitation.
Un autre élément sur le racisme environnemental et le colonialisme au sens « faire chez les autres ce qu’on n’a pas le droit de faire chez nous » : le fait qu’un certain nombre de pays pauvres sont les poubelles de recyclage de l’Occident, y compris de matériaux toxiques ou radioactifs. L’environnement des pays pauvres, la santé de leur population, leur équilibre écologique, la protection de leur patrimoine naturel... n’est pas jugé comme aussi important que les mêmes questions concernant les pays riches - à l’exception peut-être de la protection de la nature, parce qu’il faut bien des photos de pandas et de bébés tigres pour attendrir le coeur de nos têtes blondes... cf le safari, le reste du monde comme terrain de jeu et de découverte). Et encore dans ce cas-là, les « protecteurs de la nature » peuvent faire preuve d’un racisme et d’un colonialisme incroyable.
Maintenant, ce qui peut paraître difficile, c’est de faire le lien entre ces réflexions globales (ou ces luttes locales qui se déroulent dans des contextes radicalement différents d’ici, comme à Standing Rock) et la réalité du racisme institutionnel aujourd’hui en France. On en revient à l’urbanisme et de façon générale, à la politique de la ville. Mais dans tous les cas il n’est pas possible d’avoir une compréhension des enjeux écologiques et de leur intrication avec les enjeux sociaux et raciaux sans vivre là où ces enjeux se cristallisent : l’exemple de l’ouverture des bouches d’égout en été (et de la perception qu’en a eu le militant écolo lambda) le montre bien.
Bref. Il faut multiplier les occasions pour que le mouvement environnemental-climatique-écolo-sauveur-de-pingouins puisse entendre la situation des quartiers populaires et les analyses des personnes racisées sur les enjeux climatiques.