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/markus_brunetti

  • Je me suicide
    Au tromblon
    Ça fait désordre

    Je me suicide
    Tout le monde s’en fout
    Cela me servira de leçon

    D’anciennes tomates au marché
    Des tomates vertes aussi, un cageot
    Odeurs de confiture

    Matin calme
    Un disque, des cafés
    Un coup de téléphone

    Gratin dauphinois
    Salade à la coriandre
    Fruits d’automne

    Et pourtant
    Je ne suis pas heureux
    Depuis ses messages de la veille

    Je devrais lui dire
    De me laisser tranquille
    Mais elle ne le mérite pas

    Je pars encourager mes copains
    Qui jouent contre Limay
    Par une journée radieuse

    Bastien fait un match plein
    Sûreté du jeu au pied, un placage énorme
    Et deux très belles échappées

    Léo entre avec vingt minutes restantes
    Apreté de ses placages
    Et de ses percées

    Une combinaison entre ces deux-là
    Trompent les adversaires
    Mais, aussi, hélas, le soutien

    Ils sont tellement contents
    Ils peuvent
    Ils ont tellement bien joué

    Embrassades à tout-va
    Sur le bord du terrain
    Corps qui tremblent encore

    Le cadeau que me font mes copains
    En me laissant les étreindre
    C’est comme si je jouais encore

    Chemin du retour à travers bois
    Émile et moi croisons
    De pauvres jeunes femmes

    Tout autour le bois grouille
    De gens endimanchés de lumière
    Et elles semblent quand même trouver clients

    Je n’irai donc pas au Tracé mardi
    Franchement, ça fait chier
    Je sais ça fait chier dans un poème !

    Et les téléphones de poche
    Font chier aussi
    Jamais tranquille

    Je veux absolument prolonger
    L’après-midi divine
    J’emmène Zoé et Émile marcher un peu

    Tout le Val-de-Marne d’un regard
    Aux carrières et des marque-pages
    Jaunes comme s’il en pleuvait

    J’ai appris à aimer
    Les fins de dimanche
    Quand même l’air est détendu

    Quiche
    Salade
    Compote

    Une partie avec les Noirs
    Une partie avec les Blancs
    Une dernière avec les Noirs

    J’aide Zoé avec son devoir de maths
    Je suis admiratif de son opiniâtré
    Je me souviens quand j’étais découragé

    Mais
    Pas
    Zoé

    Finalement je ferme
    Le fichier de bloc-notes
    Dans lequel je brouillonnais un mail

    Le système d’exploitation
    Émet un couinement
    Sûr ? Oui, sûr, après six mois

    Sensation en ce dimanche soir
    De portes qui se ferment
    Moi-même…

    Retourne travailler
    Après deux minutes au-dessus du tapuscrit
    Des Fantômes , ça va déjà (un peu) mieux

    Sans compter l’anguille de sieste
    C’est tellement rare que j’en attrape une
    Je présente Raffut aux représentants d’Actes Sud

    On marche dans les rues d’Arles
    On passe devant Saint-Sophime
    Devant le massacre des innocents

    Il est tard, je suis seul, terriblement seul
    Je travaille, j’écris, mais à qui j’écris ?
    À vous, à qui voudra bien m’enlacer ce soir

    Et c’est finalement
    Émile, longuement
    Qui me prend dans ses bras


    #mon_oiseau_bleu