Les boules, les glands, la dmocratie

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  • Les boules, les glands, la démocratie
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    Les premiers à avoir réfléchi au problème sont les Grecs de l’époque classique. Aristote, par exemple (qui n’aimait pas la démocratie), disait des élections qu’elles relevaient du principe aristocratique : elles sélectionnent les « meilleurs » (aristoi, en grec) pour qu’ils prennent les décisions. Dans une démocratie représentative comme la nôtre, le pouvoir du peuple se limite en effet à la possibilité de les reconduire ou de les remplacer par d’autres à intervalles réguliers. Le tirage au sort entre les citoyens, lui, est d’essence démocratique, puisqu’il choisit aveuglement entre des égaux, comme à Athènes à partir du Ve siècle avant notre ère [4]. Les Athéniens, à partir des réformes de Clisthène (vers 508 av. J-C), instaurent un système absolument « démocratique ». Clisthène a instauré l’isonomie, l’égalité en droit de tous les citoyens - auparavant, la cité était gouvernée par les grandes familles. A partir des réformes clisthéniennes, le tirage au sort est introduit à Athènes pour presque toutes les fonctions publiques (sans doute 600 sur les 700 « magistratures » existantes) : inspecteurs du port, des poids et mesures, des routes, organisateurs des fêtes publiques, juges, mais aussi membres du conseil de la cité (la Boulê), chef de ce même conseil, et juré au tribunal. Peut être tiré au sort tout citoyen qui le veut (il faut donc se porter volontaire). Seules quelques fonctions, comme les chefs de l’armée (les « stratèges »), sont soumis à l’élection : Périclès fut ainsi élu pendant trente ans sans discontinuer, et put de cette manière influer considérablement sur la politique de la cité. Mais le pouvoir réel est aux mains des citoyens, qu’ils soient réunis en assemblée ou qu’ils exercent une charge désignée par le sort. La Boulê, principale institution politique de la cité, chargée entre autres de soumettre les projets de loi aux citoyens assemblés, est ainsi composée de 500 membres tirés au sort à raison de cinquante par « tribu » [5]. Pendant un dixième de l’année, chacun de ces groupes de cinquante citoyens dirige la Boulê. Pour comparer : « On peut imaginer un regroupement de citoyens français de Neuilly, Chartres et Aulnay-sous-Bois tirés au sort et obligés de vivre ensemble dans un Prytanée pendant un dixième de l’année pour administrer l’Île-de-France ». [6].