Cages en verre : « L’argument sécuritaire est un leurre » - Déontologie

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  • Cages en verre : « L’argument sécuritaire est un leurre »
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    « Jugeons-les dans leurs cellules à l’aide de la visioconférence ! C’est le progrès, c’est la modernité ! »

    L’avocat Gérard Tcholakian, pour le SAF, voit dans l’édification des cages en verre « une situation de fait, des cages dont le ministère est incapable de justifier de la légalité, et qui posent les grands jalons d’une organisation judiciaire ». Selon lui, il est impossible d’identifier qui est le donneur d’ordre dans cette affaire – Nicole Belloubet a pris ses fonctions bien après la publication de l’arrêté. « Il n’y a aucune transparence sur la passation des marchés, sur la façon dont la construction des box a été décidée », poursuit l’avocat. La Chancellerie avance un impératif de sécurité (comme la directive dont l’arrêté est issu), mais qui ne se justifie par aucune statistique sur d’éventuelles agressions ou évasions (très rares, et en tout cas pas en augmentation) survenues en salle d’audience. « L’argument sécuritaire est un leurre, on a aucun élément pour justifier ces installations. Il ne s’agit que d’un argument budgétaire, pour réduire les coûts des escortes », estime Me Raphaëlle Guy pour l’ADAP. C’est l’avis de tout le monde. Il se peut aussi que les box en verre ne protègent pas tant que ça : fin 2013, un accusé avait tenté d’étrangler son avocat, Frédéric Trovato, à travers l’interstice du box de la cour d’assises de Paris. Les gendarmes en escorte l’avaient maîtrisé.

    Les demandeurs craignent que cet élan des box accompagne celui de la dématérialisation de la justice, qui, dans un futur proche, pourrait supprimer un certain nombre d’audiences physiques. Me Henri Leclerc : « Parler à l’écran, ça n’a rien à voir ». Ironique : « Jugeons-les dans leurs cellules à l’aide de la visioconférence ! C’est le progrès, c’est la modernité ! » Raphaëlle Guy : « Il est des questions sur lesquelles il ne faut pas céder. Qu’est-ce qu’on croit au ministère sur la façon dont se déroulent ces audiences ? On croit vraiment qu’on peut avouer derrière une vitre ? Qu’on peut s’excuser sincèrement auprès d’une partie civile derrière une vitre ? »