• #smartphone Cet appareil qui tue en classe Sophie Godbout - Le Devoir

    Depuis le début de 2023, trois études québécoises (dont celle du centre de recherche du CHU Sainte-Justine) ont démontré les effets négatifs des médias sociaux sur les jeunes : mauvaise estime de soi, anxiété, dépression et même suicide…

    Monsieur Drainville, je vous en révèle davantage, comme si ce n’était pas suffisant.

    Il est 8 h, j’entre en classe pour m’installer. Plusieurs élèves sont déjà arrivés, mais c’est le silence. Ils sont tous rivés à leur appareil et ne lèvent même pas les yeux pour me saluer. Ils ne se parlent pas : ils regardent leur écran. C’est magique comme ils sont tranquilles et silencieux en cet instant… Aucun échange, que le silence. Chaque fois, je m’étonne qu’on ait crié haut et fort que les jeunes devaient revenir à l’école pour socialiser lors de la pandémie. Je dois dire que ce bout m’échappe parce que, presque tous les matins, ça recommence… C’est une victime, la socialisation, de ce supposé outil de communication. Et si les élèves se parlent, le sujet, c’est le contenu, la vidéo qu’ils regardent.


    Une autre victime : la langue. Les contenus écoutés sont en anglais. En soi, ce n’est pas mauvais. Mais lorsqu’on ne lit plus le français et que l’activité de la soirée est de consulter son téléphone, il ne faut pas se surprendre que le vocabulaire des adolescents diminue et de voir « exercise » couramment dans les copies. La syntaxe y goûte également. Les tournures de phrase ont un penchant pour l’anglais… Lire entre les lignes, les inférences, devient également un problème lorsqu’on ne sait pas lire par manque de pratique.

    Avez-vous déjà tenté de courir un marathon sans entraînement ? L’anxiété peut bien plafonner… face à l’épreuve ! On voit également apparaître beaucoup de plans d’intervention avec des outils comme le dictionnaire électronique ou Lexibar qui sont des prédicteurs de mots, comme lorsqu’on utilise son téléphone… Hasard ou conséquence ? Je dois aider les élèves, au secondaire, à chercher dans le dictionnaire. Triste situation ! Alors, on leur permet de consulter Usito sur leur téléphone. Pourquoi pas ? C’est beaucoup plus rapide, moins exigeant et ils ont tous un téléphone, même ceux qui n’en auraient pas le moyen. C’est essentiel, voyons !

    Ce préambule sur la nécessité du portable me permet d’introduire une troisième victime : l’autonomie, qualité essentielle à la vie adulte. Les parents savent où est leur enfant et peuvent le joindre à tout moment. La joie ! Même pendant les heures de cours, les parents textent. J’ai même déjà répondu à un parent qui avait appelé pendant le cours. Charmant comme attention d’appeler à cette heure pour parler à son fils ! Il n’y a pas de limite à cette omniprésence, et la communication se fait à tout moment : on peut appeler maman ou papa pour se faire rassurer si ça ne va pas bien, pour l’avertir d’une mauvaise note avant qu’elle n’apparaisse en ligne ou pour se faire consoler de cette note.

    Partout, partout, tout le temps ! Il est rassurant de savoir où se trouve notre enfant et de pouvoir le joindre en tout temps, mais à quel moment apprendra-t-il à se débrouiller ? Je vous rappelle qu’il est à l’école, pas dans la brousse ou la jungle. Il doit quitter l’école pour revenir à la maison ? Je pense que, dans l’ensemble, les jeunes devraient y arriver. Il peut arriver un malheur ? Je peux vous rassurer, nous avons survécu, et ce, pour plusieurs générations… Je vous suggère de souper tous ensemble, sans vos téléphones, et de parler du déroulement de vos journées : vous serez informés et développerez la socialisation, le tour de parole, la patience, le respect, l’empathie, et j’en passe…

    Je m’arrête ici, car je pourrais écrire des lignes et des lignes. La situation est inquiétante, d’autant plus que les téléphones, ce sont nous, les adultes, qui les offrons. À qui rendons-nous service et procurons-nous la tranquillité ? Et le pire est à venir : l’IA pensera pour eux…

    #médias_sociaux #enfants #suicide #estime_de_soi #anxiété #dépression #suicide #socialisation #téléphones #ia #tiktok #facebook #bytedance #surveillance #instagram #algorithme #twitter #wechat #publicité #apple #youtube

    Source : https://www.ledevoir.com/opinion/idees/792326/education-cet-appareil-qui-tue-en-classe

  • Les contrats octroyés à McKinsey dépassent 100 millions de dollars sous Justin Trudeau Romain Schué - Thomas Gerbet
    https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1948188/firme-mckinsey-canada-ottawa-millions-contrats-ottawa

    Radio-Canada a trouvé de nouveaux contrats octroyés à la firme par Ottawa, notamment par la Défense nationale.


    L’implication de la firme McKinsey dans les affaires de l’État canadien est encore plus grande que ce qui avait été dévoilé jusqu’ici. De nouveaux contrats, signés au cours des derniers mois, portent le total octroyé au cabinet-conseil américain à plus de 100 millions de dollars depuis l’arrivée au pouvoir des libéraux.

    La Défense nationale est le ministère qui a le plus eu recours à la firme. Depuis 2021, elle a versé à McKinsey au moins 34 millions de dollars, révèle une recension réalisée grâce à de nouvelles données disponibles, qui incluent les sociétés d’État.

    La firme a notamment joué un rôle dans la modernisation de la Marine royale canadienne, dans la promotion de la diversité culturelle à la Défense et dans le système de gestion des plaintes, notamment celles pour inconduite sexuelle dans l’armée.


    La firme américaine est un cabinet-conseil ayant 130 bureaux dans 65 pays qui emploient 30 000 consultants.

    Début janvier, une enquête de Radio-Canada https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1945915/mckinsey-influence-canada-trudeau-immigration-conseils démontrait que les libéraux avaient dépensé 30 fois plus pour les services de McKinsey que les conservateurs de Stephen Harper, pourtant restés plus longtemps au pouvoir. L’écart est finalement encore plus grand.

    Ces dizaines de contrats feront l’objet d’une enquête parlementaire, dont la tenue a été imposée par l’opposition, en position de force au sein du Comité des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires. Sous pression, le premier ministre Justin Trudeau a aussi demandé à deux ministres d’examiner l’octroi de contrats à McKinsey.

    En nous appuyant sur divers rapports financiers et contractuels, nous avons calculé que les sommes octroyées par le fédéral depuis 2015 dépassent désormais la barre des 100 millions de dollars.

    Dans une réponse fournie vendredi soir, Services publics et Approvisionnement Canada (SPAC), responsable de la plupart des achats de l’appareil fédéral, confirme avoir dépensé un montant total de 101,4 millions de dollars, pour 23 contrats signés au cours des 7 dernières années.

    De nombreux contrats sans appel d’offres
    De nombreuses ententes ont été signées par le fédéral avec McKinsey de gré à gré, sans appel d’offres. C’est le cas par exemple avec Emploi et développement social Canada, Exportation et Développement Canada, la Banque de développement du Canada, l’Agence des services frontaliers du Canada ou encore la Défense nationale.

    Selon une explication fournie par SPAC, il s’agit notamment de “commandes subséquentes à une offre à commandes principale et nationale”. Ce processus “a été mis en place pour faciliter l’accès des ministères et des organismes gouvernementaux aux services d’étalonnage du secteur privé”.

    Aux yeux d’Ottawa, McKinsey “détient les droits exclusifs pour la fourniture” de certains services, permettant de “soutenir des programmes complexes, notamment la modernisation numérique et d’autres grandes initiatives de transformation”.

    Au moins 34 millions de dollars pour la Défense nationale
    Dans les derniers mois, c’est la Défense nationale qui a le plus sollicité la firme McKinsey, au point où le ministère est devenu celui qui a dépensé le plus d’argent pour les services du cabinet-conseil depuis l’arrivée au pouvoir de Justin Trudeau en 2015.

    Au moins 15 contrats ont été signés depuis mars 2021, par le ministère directement ou par l’entremise de Services publics et approvisionnement Canada (SPAC), pour un total d’au moins 34 millions de dollars.


    McKinsey a fourni des services à la Marine royale canadienne.

    Par exemple, McKinsey a obtenu un contrat de deux millions de dollars pour “diagnostiquer l’état de préparation de la Marine à l’exécution d’initiatives numériques” et un autre contrat d’un million de dollars afin de développer “un outil de gestion du personnel de la flotte reposant sur l’intelligence artificielle pour affecter des équipages appropriés et optimaux aux navires partant en mer”.

    McKinsey a aussi été payée 4,5 millions de dollars par la Défense nationale pour des “orientations en leadership” et “pour faire progresser l’évolution culturelle au moyen de l’élaboration d’un cadre de diversité, d’équité et d’inclusion”.

    Selon l’un des documents consultés par Radio-Canada, les objectifs souhaités par la Défense avec ces contrats ont été “atteints”.

    Malgré plusieurs relances, la Défense nationale n’a pas répondu à nos questions. Quant à la firme McKinsey, elle a décliné nos demandes de précisions, affirmant avoir “pour habitude de ne pas faire de commentaires sur les affaires de nos clients”.

    Louise Arbour critique l’intervention de McKinsey au sujet de la gestion des plaintes dans l’armée
    Alors que les Forces armées canadiennes ont été secouées ces dernières années par plusieurs scandales de harcèlement et d’inconduite sexuelle, la firme McKinsey a aidé la Défense à “élaborer une solution moderne de traitement numérique des plaintes pour remplacer les technologies et les ensembles de données utilisés”.

    À partir de l’été 2021, trois contrats d’un total de six millions de dollars lui ont été confiés pour ce mandat. Et les conclusions du travail de McKinsey n’ont pas été au goût de l’ex-juge Louise Arbour, l’auteure du rapport exhortant l’armée à apporter de profonds changements. Louise Arbour y évoque “plusieurs préoccupations” et un système “voué à l’échec”.


    La juge Louise Arbour a déposé son rapport sur le harcèlement et les inconduites sexuelles dans l’armée en mai 2022.

    Dans ce document de près de 450 pages https://www.canada.ca/fr/ministere-defense-nationale/organisation/rapports-publications/rapport-de-lexamen-externe-independant-et-complet.html , elle écrit : “D’après ce que j’ai compris, McKinsey a proposé un possible nouveau mécanisme de traitement des plaintes [...] sous la forme d’un ’’guichet unique de signalement’’ [...] conçu pour s’appliquer à l’inconduite sexuelle, au harcèlement sexuel, aux comportements haineux et aux griefs.”

    « Le système proposé par McKinsey est peu utile en ce qui concerne le harcèlement et l’inconduite sexuelle. »
    -- Une citation de Extrait du rapport de Louise Arbour, mai 2022

    “Le système proposé par McKinsey créerait le même conflit d’intérêts que celui qui existe actuellement”, écrit-elle, en parlant d’“obstacles importants” et de solutions qui “ne sont pas appropriées [pour] traiter de quelque question liée à l’inconduite sexuelle que ce soit”.

    Après la publication de ce rapport, McKinsey a obtenu en octobre dernier, un nouveau contrat, de deux millions de dollars, pour une “mise à jour” concernant la “transformation du processus de plaintes”.

    McKinsey présent dans le domaine militaire, à l’international
    La firme McKinsey a signé, depuis plusieurs années, des contrats avec différents gouvernements à travers le monde, pour des conseils concernant le milieu de la défense ou l’armement. Parfois même avec des pays concurrents ou qui ont des intérêts militaires divergents.

    Selon le livre When McKinsey Comes to Town, publié l’automne dernier par deux journalistes du New York Times, le cabinet a travaillé avec le département américain de la Défense entre 2018 et 2020, tout en ayant des liens avec la Chine. La chaîne américaine NBC https://www.cnbc.com/2022/05/21/mckinsey-co-worked-with-russian-weapons-maker-as-it-advised-pentagon.html a quant à elle découvert que McKinsey a conseillé au même moment un fabricant d’armes russe et le Pentagone. Plus tôt cette année, un journal allemand https://www.zeit.de/2023/01/mckinsey-beratungsunternehmen-bundesverteidigungsministerium-russland a dévoilé que McKinsey a collaboré à la fois avec le ministère allemand de la Défense et des entreprises d’armement russes.

    Un contrat pour analyser le potentiel de l’énergie atomique contre les GES
    À l’hiver 2022, McKinsey a été sollicité par Énergie atomique du Canada pour fournir des données sur la compétitivité des coûts de la technologie CANDU et sur “son rôle potentiel dans l’augmentation de la production d’électricité non émettrice pour atteindre les objectifs de réduction des gaz à effet de serre”. Le contrat a coûté 540 000 dollars.

    Preuve que McKinsey peut vendre ses conseils dans tous les domaines, la firme a aussi été recrutée par Destination Canada de 2018 à 2021 pour “repérer les tendances émergeant à l’échelle mondiale dans le secteur touristique” et “déceler les occasions qui s’offrent au Canada”.

    Pour près de trois millions de dollars, la firme a dressé “une feuille de route pour assurer un succès durable au secteur touristique canadien” et mené “des entrevues poussées avec des membres de l’industrie”. En outre, McKinsey a analysé “l’évolution des répercussions de la pandémie de COVID-19 sur le secteur touristique canadien” et trouvé “des approches potentielles de réponses”.

    Trudeau ouvre la porte à des changements
    Dans les prochains jours, le Comité des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires demandera au gouvernement de dévoiler l’ensemble des documents et des échanges entre Ottawa et McKinsey. Plusieurs fonctionnaires et ministres devraient être interrogés.

    Il sera notamment question d’Immigration Canada, qui est le deuxième ministère à avoir le plus souvent fait appel à la firme McKinsey depuis l’arrivée au pouvoir de Justin Trudeau, selon nos données. Près de 25 millions de dollars ont été dépensés pour la “transformation” de ce ministère.

    Par voie de communiqué https://www.mckinsey.com/ca/fr/overview/Statement-from-McKinsey-Canada , après avoir refusé dans un premier temps de commenter la première enquête de Radio-Canada, McKinsey Canada a indiqué réaliser un travail “entièrement non partisan” et rejette l’idée qu’elle puisse influer sur les politiques publiques, notamment en immigration.

    “Malgré ce qu’on a pu lire ou entendre récemment dans les médias, notre firme ne formule aucune recommandation sur les politiques en matière d’immigration ou sur quelque autre sujet que ce soit”, a soutenu l’entreprise.

    « Nous sommes fiers du travail que nous accomplissons au nom du gouvernement du Canada et des programmes qui ont été améliorés grâce à nos conseils. »
    -- Une citation de Déclaration de McKinsey Canada

    De son côté, Justin Trudeau a promis de “faire un suivi” afin de “nous assurer si [les ententes avec McKinsey ont été faites] de la bonne façon ou si on a besoin de modifier ou de changer les règles”.

    “Ça fait depuis toujours que des fonctionnaires cherchent des conseils experts pour améliorer la livraison de services des Canadiens, pour faire la modernisation de ce qu’ils sont en train de faire”, a-t-il déclaré.

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    • L’immigration, McKinsey et le diktat de la mobilité internationale Micheline Labelle
      https://www.ledevoir.com/opinion/idees/777732/idees-l-immigration-le-cabinet-conseil-mckinsey-et-le-diktat-de-la-mobilit

      Romain Schué et Thomas Gerbet viennent de dévoiler, le 4 janvier dernier, l’influence de la firme américaine McKinsey sur la politique d’immigration du gouvernement Trudeau et les coûts faramineux payés à cette entreprise. Cette firme aurait conseillé l’accueil de 465 000 immigrants en 2023 pour atteindre 500 000 en 2025, dont 60 % seraient de la catégorie économique. A-t-elle aussi conseillé l’augmentation fulgurante des travailleurs temporaires ? Le contrôle des frontières et des demandeurs d’asile ? Une transformation démographique du Canada postnational dont se vante Justin Trudeau ? Une réorganisation du système informatique, une meilleure gestion des passeports (ce serait alors une faillite) ? L’information est bloquée pour le moment. Mais de quel droit tout cela ?


      Jacques Nadeau archives Le Devoir « Il serait intéressant de savoir ce que pensent les conseillers de McKinsey sur les dysfonctionnements et l’éventuelle crise sociale qu’entraîne la mobilité incarnée par la traversée du chemin Roxham », écrit l’autrice.

      Faut-il s’étonner de ce recours à une multinationale pour influer sur les affaires internes canadiennes ? Non, si on le met en relation avec le développement hégémonique d’une théorie sociologique de la mobilité qui domine aujourd’hui au point de rendre les gouvernements dépendants des multinationales comme McKinsey.

      Pour comprendre ce changement de paradigme, un retour en arrière s’impose.

      Le paradigme de la mobilité adopté par le fédéral depuis des décennies
      Le paradigme de la mobilité (mobility studies) n’a fait que se renforcer depuis la fin des années 1990. En 2005, le sociologue John Urry publiait un texte édifiant et quelque peu délirant dans Les Cahiers internationaux de sociologie pour décrire le monde en mouvement : demandeurs d’asile, terroristes, touristes, diasporas, étudiants internationaux, entrepreneurs, sportifs, randonneurs, prostituées sont en mouvement, écrivait-il. Le sociologue reprochait à ses pairs d’avoir négligé le phénomène de la mobilité et d’avoir jusqu’ici insisté plutôt sur le rôle de structures sociales figées au sein de la société ou de l’État-nation obsolète.

      John Urry en appelait à une « reformulation de la sociologie dans sa phase post-sociétale », dont l’objet majeur ne serait plus les sociétés dans leur spécificité, mais « les diverses mobilités des peuples, des objets, des images, des informations et des déchets [sic] ». Depuis, ce paradigme concurrence diverses perspectives « post » , y compris la thèse de la superdiversité, très en vogue dans les universités anglophones, où l’on parle avec une délicatesse douteuse « d’itinérants transculturels ». Le multiculturalisme est pour ainsi dire dépassé, on nage désormais dans l’univers trans. Toutes remettent en cause les frontières politiques et symboliques des États-nations, ainsi que les significations de la citoyenneté et de l’appartenance.

      Cette mouvance est à mettre en relation avec la création du réseau international Metropolis fondé en 1996 à l’initiative du ministre Sergio Marchi, et dont Meyer Burstein a été codirecteur exécutif, ainsi qu’avec le discours du fédéral sur la rentabilisation du multiculturalisme et la stratégie d’innovation du Canada. En 2004, le document « Élaboration de l’analyse de rentabilisation du multiculturalisme » précisait que les transilient immigrants font partie d’une nouvelle « classe créative », apte à mobiliser leurs réseaux internationaux en vue d’investissements et de bonnes pratiques commerciales.

      Les immigrants et les « minorités visibles » y sont vus comme « un réservoir de compétences culturelles et linguistiques auquel les industries canadiennes peuvent faire appel pour leurs opérations à l’étranger ou pour prendre de l’expansion sur les marchés internationaux », écrivait déjà en 2004 l’ex et puissant directeur d’Immigration et Citoyenneté Canada, Meyer Burstein.

      Les liens que les diverses « communautés culturelles et raciales entretiennent avec presque tous les pays du monde sont synonymes de prospérité économique et ont contribué à susciter l’intérêt du gouvernement du Canada à l’égard du multiculturalisme », statuait à son tour Patrimoine canadien (2005). On ne peut donc s’étonner du recours aux tentacules internationaux de la firme McKinsey. Et Justin Trudeau ne peut être que d’accord avec ce niveau d’interférence dans un pays qu’il conçoit et présente comme postnational.

      Les effets pervers de la mobilité sur les personnes et le pouvoir des États
      L’immigration internationale concerne plusieurs catégories de personnes aux statuts social et politico-juridique différents. Or, les pays doivent choisir entre deux catégories principales de transfrontaliers sur le plan économique : les travailleurs étrangers qualifiés, hautement mobiles, et les travailleurs non qualifiés.

      La mobilité des premiers est vue comme un signe d’ouverture envers le pays d’accueil. Désirable sur le plan économique, elle ne pose pas de défis d’intégration, soutient-on à tort. Dans cette perspective, la chasse aux cerveaux (ou plutôt l’exode des cerveaux, vu sous un autre angle) apparaît souhaitable pour les États demandeurs et les institutions qui ont besoin de professionnels ou d’étudiants internationaux afin de favoriser l’investissement, la recherche et l’innovation.

      Au contraire, les mouvements de la main-d’oeuvre à bon marché et souvent déclassée sont à contrôler afin de ne pas provoquer un sentiment d’envahissement dans la société d’accueil. C’est la raison pour laquelle cette force de travail fait l’objet d’un sempiternel débat public sur la naturalisation, l’intégration civique et les exigences linguistiques. Sans compter qu’en Amérique du Nord, pour un immigrant indépendant jouissant du statut de résidence, on compterait une cinquantaine d’immigrants parrainés, compte tenu des réseaux et des liens transnationaux des migrants.

      Enfin, ce paradigme de la mobilité provoque également l’obligation de repenser les notions de citoyenneté et de souveraineté de l’État, jugées obsolètes dans un monde globalisé. Les chercheurs ont beau spéculer sur la beauté du transnationalisme, on peut pourtant constater que tous les États aspirent à contrôler l’immigration selon leurs intérêts propres en matière de sécurité et d’ordre public, de légalité, de réunification des familles, de dépenses publiques et de problèmes urbains, d’intégration sociale et politique, voire d’identité nationale. En ce sens, le paradigme de la mobilité véhiculé par des instances supraétatiques ne peut qu’entamer le pouvoir de l’État.

      Enfin, il serait intéressant de savoir ce que pensent les conseillers de McKinsey sur les dysfonctionnements et l’éventuelle crise sociale qu’entraîne la mobilité incarnée par la traversée du chemin Roxham. Les demandeurs d’asile qui arrivent par milliers aux frontières comptent-ils dans l’objectif des 465 000 à 500 000 migrants souhaités sur cinq ans ? En dépit du fait que ce système donne lieu à de l’exploitation, à un trafic reconnu et à des réseaux internationaux de passeurs bien organisés et sans doute sans pitié ? Une situation que le gouvernement Trudeau ne semble pas avoir le courage de regarder en face et devant laquelle le Québec semble impuissant.

      #immigration #migrants #crise_sociale # John_Urry #multiculturalisme

  • Et si la gauche avait raté le coche à Québec ? Pierre Mouterde
    https://www.ledevoir.com/opinion/idees/670992/manifestation-de-camionneurs-et-si-la-gauche-avait-rate-le-coche-a-quebec

    J’étais a priori, tout comme beaucoup de citoyens de la ville de Québec, passablement indisposé par l’idée d’une manifestation de camions sur la colline Parlementaire le samedi 5 février, surtout après celle d’Ottawa et tous les désagréments qu’elle continuait d’occasionner à maints citoyens de la capitale confédérale.


    Photo : Jacques Boissinot La Presse canadienne « Pourquoi cette indéniable manifestation populaire d’exaspération sociale a-t-elle été lancée par la droite et n’a-t-elle pas été le fait de la gauche, elle qui s’est pourtant toujours fait fort de défendre les classes populaires contre l’arbitraire des puissants ? » se demande l’auteur.

    Mais quelle ne fut pas ma surprise, cet après-midi-là, au-delà bien sûr des concerts assourdissants de klaxons et des ronronnements intempestifs des moteurs, de découvrir, tout près du parlement, des milliers de manifestants qui — drapeaux du Canada, du Québec et même des patriotes flottant au vent sous le froid soleil de février — venaient simplement dire « qu’assez c’était assez » et qu’il fallait en finir avec les mesures sanitaires. Et visiblement, ce n’était pas que des gens d’extrême droite qui étaient là, ou encore des chauffeurs de poids lourds tatoués emmenés par des fiers-à-bras à la Rambo et venus pour en découdre avec les pouvoirs publics. Non, c’était ni plus ni moins le peuple du Québec : des jeunes, beaucoup de jeunes, des familles entières, des enfants, des gens d’âge mûr, des retraités, du monde ordinaire, comme on dit ici.

    Mais bien sûr avec un narratif politique des plus simples (celui de la liberté individuelle et d’en finir avec les mesures sanitaires) et qui, comme tel, pouvait être (et était) facilement repris ou récupéré par les antivaccins ou encore par la droite dure à la Éric Duhaime. Mais de là à réduire tous les manifestants (et le ras-le-bol dont ils se faisaient l’écho) à des antivaccins ou à des fauteurs de troubles sans cause légitime, il y a un pas que beaucoup ont eu tendance à franchir. Un pas qui, pourtant, risque de passer à côté de l’essentiel et de nous faire oublier cette question de base : pourquoi cette indéniable manifestation populaire d’exaspération sociale a-t-elle été lancée par la droite et n’a-t-elle pas été le fait de la gauche, elle qui s’est pourtant toujours fait fort de défendre les classes populaires contre l’arbitraire des puissants ?

    Car si, au-delà des élucubrations délirantes des complotistes, l’ennemi sur lequel il faut concentrer ses forces est bien entendu, comme le disait le ministre Duclos, la COVID-19 et non pas les mesures sanitaires, il n’en demeure pas moins que la façon dont ont été mises en place au Québec les mesures sanitaires fait partie de l’équation et a aussi à voir avec ce ras-le-bol populaire que l’on découvre aujourd’hui ainsi qu’avec cette soif de liberté qui en découle.

    Redevenir ce « sel de la terre »
    C’est ce que, tout au long de la pandémie, il a été si difficile aux forces de gauche du Québec (et ici je pense à QS) de faire apercevoir : d’un côté, la nécessité de protéger une population entière d’une dangereuse pandémie, notamment en ayant recours à la vaccination massive ; et de l’autre, la nécessité de dénoncer sans ambiguïté les manières de faire qu’a imposées le premier ministre François Legault. Car ce dernier, tout en se refusant à tirer leçon des compressions néolibérales à répétition passées dans la santé, n’a fait que réagir au coup par coup, dans l’improvisation, sans s’appuyer sur le personnel de première ligne (les infirmières) ou les acteurs du milieu, préférant les manières autoritaires, bureaucratiques et paternalistes, privilégiant le statu quo et le maintien des hiérarchies institutionnelles paralysantes ainsi que la répression, tout en optant pour la perpétuation, au détriment du redéploiement d’une médecine préventive et communautaire, d’un modèle de santé biomédical profondément réducteur.

    Et, presque deux ans plus tard et une fois encaissé le drame des CHSLD du printemps 2020, ce furent le couvre-feu et l’interdiction brutale de rassemblements festifs à la veille du jour de l’An 2022 — symboles par excellence de ces politiques — qui ont mis le feu aux poudres. Pour bien des gens c’en était trop, mais point… pour la gauche, ou si timidement, ou si poliment qu’ayant mis en berne son esprit critique et contestataire, elle a dans cette affaire raté le coche, laissant ainsi tout le champ libre à la droite.

    N’est-ce pas là la leçon à retenir ? Pour que la gauche puisse faire échec à une droite chaque fois plus dangereuse ainsi qu’au populisme de droite qui lui sert d’habits d’emprunt, elle devrait apprendre à redevenir ce « sel de la terre » qu’elle a su être dans le passé, en ne craignant plus de se mettre au diapason des exaspérations et des peurs légitimes qui courent dans la société et, par conséquent, en n’hésitant pas à s’opposer ouvertement aux responsables du « désordre établi » d’aujourd’hui. Ce n’est qu’à ce prix qu’elle pourra retrouver la légitimité qu’elle avait acquise par le passé et redevenir, en ces temps de pandémie et de crises multiples et récurrentes, ce ferment si nécessaire à la naissance de la société nouvelle dont nous avons tant besoin aujourd’hui.

    #Gôche #gauche #Peuple #Liberté #Solidarité #manifestation #Canada #pass_sanitaire #Freedom_Convoy_2022 #crise #Camions

  • Vladimir Poutine a déjà gagné Sam Haroun (Le Devoir)
    https://www.ledevoir.com/opinion/idees/664776/ukraine-vladimir-poutine-a-deja-gagne

    À partir du moment où les États-Unis ont déclaré qu’ils recourraient aux sanctions et non à l’affrontement armé, Poutine a su qu’il n’avait plus rien à craindre. Des sanctions ? Pour les Russes, toutes les sanctions du monde ne valent pas un pied carré du territoire de la sainte et grande Russie : envahis à l’est par les Tatars au XIIIe siècle, au nord par les Suédois au début du XVIIIe siècle, à l’ouest par les Français en 1812 et par les Allemands en 1941, les Russes n’ont eu de cesse d’étendre leur domaine cadastral vers la Sibérie, la Baltique, la mer Noire et le Caucase afin de créer un glacis défensif face aux envahisseurs. D’autant plus que les sanctions donneraient à Poutine le prétexte de renforcer son pouvoir et d’imputer à ses adversaires tous les malheurs de son pays !


    Photo : Alexander Nemenov Agence France-Presse « Le tandem Poutine-Lavrov maîtrise le jeu des rapports internationaux non seulement en Europe de l’Est, mais aussi au Moyen-Orient et en Asie », écrit l’auteur.

    Dans la crise actuelle, Poutine n’est pas assez fou pour envahir toute l’Ukraine : il n’en a que faire, il n’est intéressé que par les territoires qu’il peut contrôler sans risque de guérilla ou d’intervention de l’Ouest. Dans cette logique, deux scénarios sont possibles. Le premier, c’est le statu quo, on se regarde de part et d’autre, les choses piétinent, les milices russes continuent de s’agiter dans le Donbass, y créant un abcès de fixation et y perpétuant l’emprise russe, et la souveraineté russe sur la Crimée (pour rappel, la Crimée fait depuis plus longtemps partie de la Russie que la Californie des États-Unis), l’Abkhasie et l’Ossétie du Sud est actée de facto. Poutine gagne, sans douleur ni sanctions. Le deuxième scénario voit la Russie envahir le Donbass et répéter l’annexion de la Crimée en 2014 : les sanctions pleuvent, mais Poutine agrandit son territoire, au plus grand plaisir du peuple russe et pour la plus grande gloire de Vladimir. Et, dans les deux cas, l’Ukraine ne fera pas partie de l’OTAN (d’ailleurs, l’Allemagne et la France s’opposent à l’entrée de l’Ukraine dans l’organisation atlantique).

    Les inconsistances de l’Ouest
    La validité d’une diplomatie tient à la constance de ses objectifs, à l’adaptation de ses moyens aux réalités et, surtout, à la conscience de ses limites. Le tandem Poutine-Lavrov maîtrise le jeu des rapports internationaux non seulement en Europe de l’Est, mais aussi au Moyen-Orient et en Asie : la Russie a réussi le tour de force d’avoir de bons rapports avec Israël et avec les ennemis de celui-ci, à savoir l’Iran et la Turquie ; elle flirte avec la Chine, négocie son vieux contentieux avec le Japon sur les îles Kouriles ; elle continue de traiter de diplomatie et de commerce avec les pays de l’Europe de l’Ouest. Elle ne fait la morale à personne quant aux droits et aux libertés, elle ne sanctionne aucun État sous prétexte que les institutions de celui-ci ne lui plaisent pas : c’est ce qu’on appelle la diplomatie classique d’inspiration westphalienne (traités de Westphalie de 1648, qui mettent fin à la guerre de Trente Ans).

    À l’opposé, les États-Unis, depuis le début du siècle, veulent faire de la diplomatie à la manière des guerres menées contre les Sioux : assauts de la 1re cavalerie, victoire écrasante, capitulation sans conditions et traités matraques humiliants. Résultats : ratages complets en Irak et en Afghanistan, suivis de débandades honteuses ! Les Américains seraient-ils capables un jour d’être forts sans être arrogants et d’être souples sans être mous ? D’autre part, alors que Poutine et Lavrov assurent la continuité de la diplomatie russe depuis 2004, les États-Unis sont passés de Bush fils qui fait le contraire de Bush père, à Obama qui fait le contraire de Bush fils, à Trump qui fait le contraire d’Obama, à Biden, enfin, qui a l’air d’aimer être entre le zist et le zest.

    La Russie, le chagrin de l’Europe
    À cause du Rideau de fer qui a séparé les deux moitiés du continent, l’Ouest a oublié que la Russie est, depuis le XVIIIe siècle, une grande puissance européenne et que, chaque fois que l’Europe boude la Russie, celle-ci « s’asiatise ». Au sortir de la guerre froide, l’occasion était unique d’arrimer la Russie au continent européen en signant un pacte de sécurité collective liant l’OTAN et l’ancien bloc de l’Est : Gorbatchev, Eltsine et Poutine (le chancelier allemand Kohl aussi) y étaient favorables, à condition que leur pays ne fût pas à la traîne de l’OTAN. Mais les néoconservateurs de G. W. Bush ne l’entendaient pas de cette façon : ils avaient gagné la guerre froide et rêvaient d’une hégémonie incontestée sur le monde. Ils auraient dû y penser à deux fois quand ils ont vu l’axe continental Allemagne-France-Russie s’opposer à l’axe atlantique sur la guerre en Irak : mais Donald Rumsfeld l’écarta d’un revers de la main (« ça, c’est la vieille Europe ») et Condoleezza Rice pontifia (« Il faut ignorer l’Allemagne, pardonner à la Russie et punir la France »). De la diplomatie d’amateurs de bistrots ! Depuis, les rapports entre la Russie et l’Ouest sont conflictuels ou, au mieux, crispés.

    Quant au Canada, nous souhaitons beaucoup de courage à Mme Mélanie Joly, notre ministre apprentie diplomate, qui hérite d’un ministère sérieusement amoché depuis Stephen Harper et qui doit mener une diplomatie dont personne ne connaît les tenants et aboutissants !

     #ukraine #russie #union_européenne #europe #otan #crimée #énergie #international #frontières #gaz #politique #Vladimir_Poutine #Stratégie #géopolitique

    • Et envahi par 14 pays en 1918, dont la France, l’Allemagne, la Pologne et les USA.

      À partir de l’été 1918, Anglais, Allemands, Français, Américains, Grecs, Polonais, Roumains et Japonais interviennent. Avant l’armistice de Rethondes, l’Ukraine reste occupée par les troupes allemandes, qui renversent le gouvernement et privent la Russie d’approvisionnement en blé. Les troupes autrichiennes occupent Odessa, les Japonais débarquent à Vladivostok, les Turcs pénètrent dans le Caucase.
      Wikipedia

  • La machine à tuer, un texte de #Dany_Laferrière
    https://www.ledevoir.com/opinion/idees/616332/la-machine-a-tuer

    Je suis habitué. Chaque fois qu’il y a un événement en Haïti, de quelque nature que ce soit, on tente de me joindre. Au début, je perdais un temps fou à tenter d’expliquer au journaliste que j’en sais beaucoup moins que lui. Il renouvelle sa demande sur un ton plus posé, ce qui est une façon de me dire qu’il ne me croit pas.

    Pourquoi ? Depuis quand un intellectuel haïtien n’a-t-il rien à dire sur quelque sujet que ce soit relatif à Haïti ? Justement, je suis simplement un écrivain sans identité. Avec le temps, je dois reconnaître que le volume de demandes a beaucoup diminué.

    J’ai été candide de croire aussi qu’on voulait mon analyse du pays. Ce que je fais pourtant, en toute solitude, depuis 35 ans. En fait, on veut coller mon nom à côté d’une déclaration banale que n’importe qui d’autre aurait pu faire. Ce matin, j’avais l’impression qu’on attendait que je confirme la mort du président du fond de mon lit à Montréal.

    #Haïti

  • Sur la stérilisation forcée des femmes autochtones au Canada
    Alisa Lombard et Samir Shaheen-Hussain, Le Devoir, le 12 mars 2021
    https://www.ledevoir.com/opinion/idees/596773/canada-sur-la-sterilisation-forcee-des-femmes-autochtones

    Le 22 février, la Chambre des communes a adopté à l’unanimité une motion déclarant que « la République populaire de Chine s’est livrée à des actions correspondant à ce que prévoit la résolution 260 de l’Assemblée générale des Nations unies, couramment appelée “convention sur le génocide”, dont la mise en place de camps de détention et de mesures visant à prévenir les naissances à l’égard des Ouïgours et d’autres musulmans turciques ». Nous ne nions pas cette caractérisation de génocide et nous joignons nos voix aux appels mondiaux exigeant une fin immédiate à la persécution des Ouïghours. Cependant, l’honnêteté morale impose aux parlementaires l’examen d’une réalité troublante : le Canada n’a jamais officiellement reconnu qu’il a commis un génocide contre les peuples autochtones ici.

    Lors du dépôt de la motion, Michael Chong, le critique conservateur en matière d’affaires étrangères, a déclaré : « L’heure est à la clarté morale. » Pourtant, cette « clarté morale » fait cruellement défaut pour reconnaître que les communautés autochtones se sont vu imposer des mesures très similaires destinées à empêcher les naissances pendant des décennies.

    Malgré l’image bienveillante du Canada, son histoire regorge d’exemples de violence médicale génocidaire infligée aux communautés autochtones, y compris envers des enfants, avec des médecins canadiens menant souvent la charge. Ces exemples incluent les stérilisations forcées ciblant les femmes et les filles autochtones. Dans son ouvrage majeur An Act of Genocide, la professeure Karen Stote décrit le fait que des lois eugénistes ont été appliquées pendant des décennies au XXe siècle dans des provinces comme l’Alberta et la Colombie-Britannique, alors que des pratiques similaires, bien qu’informelles, ont sévi dans d’autres provinces, avec ultimement le même résultat dévastateur : la stérilisation de milliers de femmes et de filles autochtones.

    Forme de torture

    Le racisme systémique anti-autochtone et les pratiques discriminatoires qui se poursuivent jusqu’à ce jour perpétuent un climat général de misogynie et de violence sexiste ciblant les femmes autochtones lors de leurs accouchements. En 2017, une action collective a été intentée par deux femmes autochtones contre des médecins, des autorités sanitaires et divers ordres des gouvernements provincial et fédéral. Plus d’une centaine d’autres femmes autochtones s’y sont jointes depuis, soulignant le fait que la pratique de stérilisations forcées continue en raison du manque d’actions concrètes du gouvernement pour prévenir, punir et réparer.

    Au Québec, la question n’est pas de savoir si cette pratique a eu cours, mais à quel point on l’a maintenue. Ces stérilisations, qui sont trop souvent sous-déclarées pour toutes sortes de raisons, dont la méfiance à l’égard des institutions canadiennes, se produisent dans des hôpitaux financés et administrés par le réseau public, et ce, malgré la nécessité — garantie par la Constitution canadienne sur la base de l’égalité réelle — d’obtenir un consentement libre, préalable et éclairé pour les procédures ayant un impact sur l’autonomie corporelle et reproductive.

    À la fin de 2018, le Comité des Nations unies contre la torture a reconnu que « la stérilisation forcée […] de femmes et de filles autochtones depuis les années 1970, y compris des cas survenus récemment » au Canada, est une forme de torture. À peu près au même moment, une autre femme autochtone a déclaré avoir été stérilisée de force en Saskatchewan. Dans ce contexte, la députée Niki Ashton a soulevé cet enjeu à la Chambre des communes, affirmant : « Soyons clairs. Cela s’apparente à un génocide. » Cependant, aucune motion formelle sur le génocide n’a été adoptée à ce moment-là. […]

    Entre-temps, au Canada, les femmes autochtones sont traitées avec mépris, notamment en lien avec leur rôle même de mères, comme en témoigne la mort brutale de Joyce Echaquan quelques instants après avoir subi les insultes racistes et sexistes du personnel de la santé à l’hôpital de Joliette. Cette culture médicale bien enracinée traite les femmes et les filles autochtones de manière paternaliste plutôt que selon l’approche d’un fiduciaire envers un bénéficiaire exigée par la loi. Une telle culture de colonialisme médical a été renforcée par des incitatifs financiers et une réglementation léthargique des professions médicales, ce qui a entraîné des répercussions dévastatrices et évitables sur la vie des femmes, des familles et des communautés autochtones.

    Chacune et chacun d’entre nous, en particulier celles et ceux qui travaillent dans le secteur de la santé, a le devoir de faire mieux, de s’acquitter de ses obligations légales et constitutionnelles envers les patientes et les patients et de sauvegarder et de respecter la dignité de chaque personne. Toutefois, des problèmes systémiques enracinés dans le racisme et le sexisme requièrent des solutions systémiques. Une première étape importante pour y parvenir consiste à faire face à la gravité des problèmes et à élaborer des solutions destinées à les résoudre au niveau institutionnel. Faisant écho aux propos du député conservateur Chong lors du dépôt de la motion concernant l’imposition de mesures visant à prévenir les naissances chez les Ouïghours en Chine, nous pensons qu’il est grand temps que le Canada reconnaisse officiellement la même violence genrée qu’il a infligée aux femmes et aux filles autochtones ici : « Nous devons l’appeler par son nom : un génocide. »

    Alisa Lombard est avocate principale sur les actions collectives proposées concernant la stérilisation forcée des femmes et des filles autochtones au Canada. Samir Shaheen-Hussain est urgentologue pédiatrique, professeur adjoint à l’Université McGill et auteur de Plus aucun enfant autochtone arraché. Pour en finir avec le colonialisme médical canadien.

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    Coerced and forced sterilization of Indigenous women and girls : This is what genocide looks like in Canada
    Alisa Lombard and Samir Shaheen-Hussain, Toronto Star, le 9 mars 2021
    https://www.thestar.com/opinion/contributors/2021/03/08/coerced-and-forced-stereilization-of-indigenous-women-and-girls-this-is-wha

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    Nous ne pouvons plus continuer comme si de rien n’était
    Samir Shaheen-Hussain, La Presse (Montréal, Québec, Canada), le 25 février 2021
    https://www.lapresse.ca/debats/opinions/2021-02-25/racisme-systemique-et-principe-de-joyce/nous-ne-pouvons-plus-continuer-comme-si-de-rien-n-etait.php

    #Samir_Shaheen-Hussain :
    https://seenthis.net/messages/874281

    #Joyce_Echaquan :
    https://seenthis.net/messages/879292

    #Contraception_forcée :
    https://seenthis.net/messages/788024

    #Canada #Québec #Médecine #Soins #Autochtones #Peuples_autochtones #Discriminations #Racisme #Colonialisme #Colonisation #Histoire #Crimes #ça_continue #Féminicide #Racisme_systémique #femmes #pauvres #stérilisation #hystérectomie #utérus #sexisme #classisme #capitalisme

  • La gauche se trompe lourdement sur la laïcité | Le Devoir
    https://www.ledevoir.com/opinion/idees/539927/la-gauche-se-trompe-lourdement-sur-la-laicite

    *

    La gauche se trompe lourdement sur la laïcité*

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    L’inclusion de la diversité ne veut pas dire acquiescer à l’obscurantisme. En refusant de dénoncer l’islam politique, la gauche est en train de jeter les gens ordinaires dans les bras de l’extrême droite, estime l’auteure.
    Photo : Michaël Monnier Le Devoir L’inclusion de la diversité ne veut pas dire acquiescer à l’obscurantisme. En refusant de dénoncer l’islam politique, la gauche est en train de jeter les gens ordinaires dans les bras de l’extrême droite, estime l’auteure.
    Nadia Alexan

    Professeure retraitée
    26 octobre 2018
    Idées

    Idées

    J’avais toujours pensé que les adeptes de la droite sont intransigeants, dogmatiques, qu’ils pensent toujours avoir raison, que l’on ne peut pas discuter avec eux. J’estimais la gauche plus flexible, plus humble, plus conciliante, moins agressive contre ses opposants. Mais, dernièrement, j’ai été surprise par l’ampleur de l’intransigeance de la gauche.

    La gauche, à laquelle j’appartiens, n’arrête pas de lancer des insultes gratuites à ceux qui ne sont pas d’accord avec elle. On nous accuse de racisme, d’intolérance et de xénophobie parce que nous sommes pour la laïcité et contre le port de signes religieux dans la fonction publique, ou parce que l’on critique les pratiques misogynes, intégristes, homophobes des religions.

    Comment expliquer ce glissement historique d’une gauche qui a toujours été largement anticléricale face à l’Église vers une gauche très défensive quand il s’agit d’appliquer le cadre de la laïcité à l’islam ? La gauche qui a toujours défendu les femmes de l’emprise de la religion est en train de justifier maintenant les excès de l’islam politique misogyne.

    Historiquement, ce n’est pas la première fois que la gauche se trouve dans l’erreur. Les intellectuels de la gauche bien-pensante ont refusé de condamner les atrocités commises par Staline parce qu’ils avaient peur de compromettre la Révolution russe du 17 octobre 1917. Les apologistes bien intentionnés de la gauche affirmaient que le véritable ennemi était le capitalisme, et non pas le criminel de Moscou. En réalité, le plus souvent, ils vénéraient Staline, faisant preuve d’une naïveté choquante ou, pire encore, d’une idéologie aveugle. Ce sont ces gens de gauche complaisants que Lénine avait qualifiés d’« idiots utiles ».

  • Pour une fiducie de données à la RAMQ | Le Devoir
    https://www.ledevoir.com/opinion/idees/585113/pour-une-fiducie-de-donnees-a-la-ramq

    Anne-Sophie Hulin et Antoine Cossé

    Respectivement docteure en droit, chercheuse sur les fiducies de données, Centre Paul-André-Crépeau de droit privé et comparé (Université McGill) et directeur d’investissement en intelligence artificielle
    1 septembre 2020
    Idées

    Idées

    Alors que le ministre Fitzgibbon faisait allusion il y a plusieurs jours à la « mine d’or » que pourraient représenter les données RAMQ, Québec solidaire, par la voix de Vincent Marrissal, redoute plutôt le coup de grisou en lui reprochant de « jouer aux allumettes dans la poudrière des renseignements personnels ». Et pour les citoyennes et les citoyens, versés ou non dans les allégories minières, y a-t-il à espérer ou à craindre ? Mais, surtout, existe-t-il des avenues pour réconcilier ces oppositions quand vient le sujet des données personnelles et de leur utilisation par des tiers ?

    Le débat sur l’utilisation des données RAMQ bat son plein à l’Assemblée nationale et l’opposition prévoit de faire monter au créneau tous les experts de cybersécurité et d’éthique, la Protectrice du citoyen, la Commission d’accès à l’information et d’autres experts de la RAMQ.

    Exploitation commerciale

    Le devenir des données personnelles occupe de nouveau les devants de la scène, cette fois sur un autre volet délicat qui touche l’individu : la description détaillée de sa situation de santé. Si les données personnelles n’ont pas été spoliées, à l’instar des affaires récentes liées à Desjardins ou à Capital One, c’est l’admissibilité de leur cession à des fins d’exploitation commerciale qui attire tous les regards aujourd’hui.

    Car, une fois les données vendues, la question de leur devenir et de la maîtrise sur leur exploitation future se pose. Si les perspectives économiques et le bénéfice pour la recherche médicale (et le patient, en fin de compte) ont pu être avancés, la garantie d’un usage encadré et approprié par les entreprises pharmaceutiques et leurs partenaires est-elle possible ? Quels principes de gouvernance et d’administration communs seront appliqués dans l’exploitation, la modélisation, voire peut-être la vente ultérieure de ces données ? Quels mécanismes de contrôle auront alors le gouvernement et, surtout, les citoyennes et les citoyens sur leurs usages multiples ?

    Ces différentes craintes sont bien réelles au regard des nombreuses voix qui s’élèvent sur le sujet et qui, pour certaines, pointent vers les carences du droit. En effet, les principaux outils en place pour la gouvernance et l’administration des données se résument au consentement de l’utilisateur, que l’on sait limité, et aux politiques internes des compagnies privées, inspirées de cadres de référence éthiques.

    Le Québec comme le Canada planchent actuellement, il est vrai, sur une révision du cadre juridique relatif à la protection des données personnelles (le projet de loi 64, notamment) afin de rénover la règle du consentement éclairé, devenue obsolète dans un monde gouverné par l’échange de données massives. Quant à l’éthique, elle nous offre également des pistes de solutions intéressantes. Toutefois, son manque de juridicité et l’éclectisme de son contenu en limitent tant la portée que l’efficacité.

    Il importe de rappeler que les données personnelles ne sauraient être des biens ordinaires circulant librement sur le marché, compte tenu des informations délicates sur les personnes qu’elles sont à même de révéler. C’est pourquoi l’éventualité d’une cession des données personnelles, même anonymes, fait l’objet de tant de critiques si elle est sans gage de protection pour les individus. Nous vivons une époque de nouveaux paradigmes technologiques qui doit nécessairement s’accompagner de réflexions innovantes et audacieuses pour faire avancer le débat. Dans ce contexte, la recherche d’une solution juridique qui allie protection et circulation maîtrisée des données personnelles s’impose donc.

    De ce point de vue, la fiducie de données est une alternative à considérer sérieusement. En effet, cet outil juridique, traditionnellement plus connu des gestionnaires de patrimoine, permet une gestion finalisée de certains biens. Au titre de la fiducie, des biens (ou des données) sont administrés dans un but précis, mission dont le fiduciaire doit rendre compte. La détention et l’utilisation des données correspondraient donc à une finalité précise et seraient surtout sujettes à surveillance.

    L’usage par des tiers

    Par l’instauration d’une fiducie de données, il deviendrait alors aisé de définir les modalités selon lesquelles les données personnelles relatives à la santé des patients pourront être collectées, utilisées, cédées ou encore détruites. Cet outil permettrait également de délimiter, mais aussi de contraindre l’usage fait des données personnelles par des tiers, ici, les groupes pharmaceutiques. En d’autres termes, dans cette affaire RAMQ, pour remettre en avant l’intérêt du patient, tout n’est donc qu’une question de finalité… et des outils pour l’encadrer !

    Si la fiducie de données est un outil juridique émergent qu’il convient d’étudier davantage, celle-ci offre véritablement la perspective d’une gestion des données personnelles pour laquelle toutes et tous y trouveraient leur compte.

    Vie_privée #Donnéeq_santé #Communs

  • Pour une protection des travailleurs et des travailleuses qui survivent à la crise
    Yanick Noiseux et Laurence Hamel-Roy, Le Devoir, le 4 avril 2020
    https://www.ledevoir.com/opinion/idees/576446/pour-une-protection-des-travailleurs-et-des-travailleuses-qui-survive-a-la

    La pandémie actuelle est un puissant révélateur de la précarisation des marchés du travail et de l’exploitation outrancière des travailleurs et des travailleuses pauvres « devenus » essentiels en temps de crise. Pour comprendre comment nous en sommes venus à devoir inventer à la va-vite des programmes de soutien, on ne peut faire abstraction des ravages d’une politique d’emploi centrée sur la mise en compétition de tous contre tous et le transfert des risques économiques vers les individus.

    Quarante ans après le virage néolibéral, c’est plus de 40 % des personnes qui en sont réduites à des statuts d’emploi atypiques et précaires (à temps partiel, à contrat, sur appel, placés par des agences de placement, etc.), les rendant facilement éjectables, comme le montre la rapidité fulgurante des mises à pied récentes. Quant aux prestations de chômage qui pourraient tout de même les protéger, ce n’est désormais que quatre travailleurs sur dix qui y ont accès « en temps normal » ; encore moins dans le cas des femmes. Triste, enfin, est de constater l’ironie de la situation des personnes seules prestataires de l’aide sociale devant survivre avec 655 $ par mois, alors qu’on avance désormais que 2000 $ par mois — le montant de la prestation d’urgence annoncée — est un « strict minimum ». Avec un filet social conséquent et une sécurité d’emploi digne de ce nom, nous n’aurions pas à créer autant de nouveaux programmes d’aide en catastrophe.

    La PCU (Prestation canadienne d’urgence) annoncée dans la confusion témoigne bien du bourbier dans lequel on se retrouve. Même imposable, cette prestation sera, c’est écrit dans le ciel, inéquitable et discriminatoire, comme plusieurs l’ont déjà dénoncé. Avec un site web à mettre sur pied en sept jours et des millions de dossiers à traiter, la PCU est aussi un fiasco bureaucratique annoncé. Certainement plus juste aurait été de rendre cette prestation universelle en proposant un revenu minimum garanti temporaire et en s’appuyant sur une structure d’imposition très progressive allant jusqu’à imposer à 100 % la prestation d’urgence des très riches.

    Pour régler ces iniquités, Legault nous demande « de lui faire confiance ». Les propositions invoquées timidement depuis laissent néanmoins deviner un scénario de solutions bricolées « à la pièce », avec ses effets collatéraux. Annoncé in extremis après une levée de boucliers, le rehaussement du salaire des préposées aux bénéficiaires dans les résidences privées pour personnes âgées est non seulement insuffisant, mais il est aussi potentiellement dangereux. Il ne porte le salaire horaire qu’aux environs de 17$, ne comblera pas complètement la différence par rapport aux salaires dans le public et, surtout, laisse en plan, les travailleuses offrant des services à domicile. À court terme, ces écarts laissent craindre des mouvements de personnel d’un secteur à l’autre avec ses effets délétères en matière de continuité de soins.

    Il y a urgence d’agir, mais aussi de le faire de façon systémique et cohérente. Majoritairement des femmes, les personnes qui travaillent à bas salaires, notamment dans les épiceries, la restauration, les pharmacies, mais aussi ceux et celles qui portent le secteur communautaire sous-financé à bout de bras doivent tout autant pouvoir accéder à de meilleures conditions de travail.

    Visons donc 20 $ — minimalement — pour tous et toutes, et pas de manière temporaire. Et à ceux et celles qui avancent que cette augmentation du salaire minimum donnera le coup de grâce aux PME, les sommes colossales expédiées à tous vents par le gouvernement fédéral selon le principe très critiquable du helicopter money montrent bien qu’il est à la fois possible de hausser le salaire minimum et de soutenir, en même temps, les entreprises. Alors que ce dernier profite de l’éclipse médiatique pour avancer 15 milliards de dollars à l’industrie pétrolière, il y aurait lieu de profiter de l’occasion pour cibler d’abord les secteurs qui produisent et distribuent des biens et des services essentiels (que la crise permet assez bien d’identifier par ailleurs). Quant au premier ministre Legault, il refuse de hausser rapidement et durablement le salaire minimum et se limite à proposer une prime temporaire de 400 $ pour les travailleurs et travailleuses au bas de l’échelle. Pour se justifier, il s’empresse de revenir à la sempiternelle logique comptable — le salaire minimum devant, selon lui, se situer à 50 % du salaire médian — que la classe dirigeante semble pourtant avoir abandonné en un tour de main depuis le début de la crise. Ce manque d’ouverture montre que nous sommes loin de la coupe aux lèvres.

    Pour ceux et celles qui en ont le luxe, cette crise est déjà l’occasion de repenser à nos habitudes de vie. En matière de rapport à la consommation, certes, mais plus fondamentalement à la place qu’occupe le travail dans notre existence. À prendre la mesure de son utilité — ou non — et à comprendre comment il en vient à prendre le pas sur des aspirations à une vie moins folle, plus sereine, plus conviviale. Cette crise doit enfin nous inviter, comme le souhaite la philosophe Dominique Méda, « à revoir l’échelle de la reconnaissance sociale et de la rémunération des métiers ».

    Ce moment de réflexion collective pourrait laisser poindre un vent d’optimisme pour la suite des choses. Mais l’obstination de nos gouvernements à ne pas prendre au sérieux la situation désastreuse dans laquelle se trouvent les travailleurs et les travailleuses pauvres — et plus largement l’ensemble des personnes auxquelles s’attaque le virus du capitalisme — montre bien qu’il faut d’ores et déjà rester vigilant. Et s’organiser dès maintenant.

    #coronavirus #travail #précarité #Québec #salaire_minimum #revenu_minimum_garanti #prestation_sociale

    Voir compile des effets délétères indirects de la pandémie :
    https://seenthis.net/messages/832147

  • L’eau, un enjeu incontournable pour la paix en Ukraine

    « À la suite du conflit en 2014, l’Ukraine a grandement réduit le
    débit d’eau qui passe par le canal de Crimée du Nord »,

    (…)

    « Avant l’annexion de la Crimée par la Russie, tout le nord du
    territoire était irrigué par le canal de Crimée du Nord. Cet immense
    ouvrage d’infrastructure achevé sous l’époque soviétique en 1971
    fournissait les eaux du Dniepr à toute cette région. À la suite du
    conflit en 2014, l’Ukraine a grandement réduit le débit d’eau qui
    passe par le canal et les effets de cette décision se font sentir
    lourdement en Crimée. Les promesses russes ne sont tout simplement pas capables d’apporter l’eau en Crimée pour compenser les réductions du débit de l’eau et la désertification fait un progrès considérable sur le territoire de la Crimée.

    Situation complexe

    Les conséquences sont considérables et l’agriculture dans cette région en souffre. L’utilisation des eaux souterraines pour compenser la perte des eaux du canal apporte la salinisation de l’eau et des sols
    et bientôt les dommages subis par l’agriculture en Crimée pourraient
    devenir irréversibles. Dans le cas présent, c’est la population locale
    et l’environnement qui deviennent l’otage d’une situation géopolitique complexe. »

    (…)

    https://www.ledevoir.com/opinion/idees/559524/l-eau-un-incontournable-pour-la-paix-en-ukraine

  • Ce meurtre d’enfant handicapé qu’on excuse
    https://youtu.be/nwIcO5Jxi7s

    Pour celles et ceux qui se posent des questions ou qui ne comprennent pas le problème avec la promotion du livre de Anne Ratier dans lequel elle explique pourquoi et comment (!!!) elle a tué son enfant le jour de ses 3 ans, je vous invite à visionner cette vidéo de Vivre Avec (twitter : @VivreAvec_ )
    Merci à Margot, donc, d’avoir pris le fardeau d’expliquer très clairement des choses pourtant évidente... enfin je croyais. Comme je l’ai dit sur twitter déjà, je me refuse à donner un lien vers la vidéo de l’interview de cette femme puisque le faire, c’est participer à sa promotion.

    Version écrite : https://vivreavec.fr/2019/03/06/meurtre-enfant-anne-ratier

    Réactions et explications de personnes concernées sur twitter : https://twitter.com/i/moments/1103045325445582849 (tout est rassemblé dans un « moment » pour plus de lisibilité, les tweets sont à dérouler)

    Je suis sûre qu’il y aura des personnes pour être plus choquées par ce qu’elles y liront / entendront que par la promotion tellement lisse dudit bouquin. Si c’est le cas, merci de faire le chemin dans votre tête plutôt que contre ces personnes qui s’expriment dans la souffrance qu’a provoqué cette vidéo normative sur le meurtre de personnes handicapées.

    Comme toujours Margot donne aussi beaucoup d’informations pour en apprendre plus :

    Rapport sur les droits des personnes handicapées de la Rapporteuse spéciale lors de sa visite en France : https://www.ohchr.org/Documents/Issues/Disability/A_HRC_40_54_Add.1-easy_to_read.pdf

    #CLHEE, Collectif Lutte et Handicaps pour l’Egalité et l’Emancipation : https://clhee.org

    #Eugénisme, sur le blog de dcaius : https://dcaius.fr/blog/2019/03/05/eugenisme

    Ce qui fait souffrir les personnes handicapées : https://www.ledevoir.com/opinion/idees/546012/aide-medicale-a-mourir-ce-qui-fait-souffrir-les-personnes-handicapees

    Deux vidéos faites avec Licarion Rock sur le film Me Before You CE FILM VEUT TUER 12 MILLIONS DE FRANÇAIS : https://www.youtube.com/watch?v=2v3494v9dYc


    Quand un film t’explique que tu dois mourir | TW suicide : https://www.youtube.com/watch?v=uEAcLAMxPFk

    Et si, comme moi, vous trouvez que prendre le temps d’expliquer tout ça, de mettre des ressources pour comprendre et tout et tout, bah ça vaut le coût, n’hésitez pas à aider plus concrètement Margot par là : https://vivreavec.fr/les-badges (y’a plein d’idées, de trucs, et depuis le temps que je voulais en parler par ici, de sa super chaine que j’aime, bah voilà c’est fait !)

    #validisme #antivalidisme #handicap #moiVSproches #BoycottAnneRatier

  • Soumission et parjure Sébastien Ricard - 24 Octobre 2018 - Le Devoir
    https://www.ledevoir.com/opinion/idees/539715/soumission-et-parjure-arretons-de-jurer-fidelite-a-la-reine-et-voyons-voir

    C’est avec des airs entendus, sourires en coin, que les députés solidaires se sont présentés au Salon rouge, mercredi dernier, pour affirmer solennellement leur loyauté au peuple du Québec et à sa constitution. La bonne blague qu’ils venaient de faire, c’était de jurer vraie allégeance à la reine du Canada, juste avant, dans les chiottes, à l’abri des regards des journalistes et des amis, « […] pour vous épargner cet exercice archaïque et franchement désagréable », d’expliquer Manon Massé https://www.ledevoir.com/manon-masse ensuite. C’est qu’à Québec solidaire, https://www.ledevoir.com/Quebec+solidaire on fait les choses différemment. Les colonnes du temple en frémissent encore aujourd’hui !


    Photo : Jacques Boissinot La Presse canadienne « Défier les rites et règlements iniques exige du courage, mais quand même pas davantage que celui demandé à Rosa Park, par exemple », estime l’auteur. 

    Ce qu’il y a de moins drôle, c’est que la députation solidaire, comme celle de tous les autres partis à l’Assemblée nationale depuis 150 ans, reconduise ce #parjure obligé de l’élu qui n’est autre chose qu’un rituel d’#humiliation du peuple, devenu au fil du temps une formalité dont on s’acquitte selon notre humeur, de bonne ou de mauvaise grâce, ce qui ne change rien au fond de l’affaire.

    Depuis 150 ans, depuis l’Acte de l’Amérique du Nord britannique, on s’est assuré en haut lieu de faire de ce serment d’#allégeance le passage obligé pour siéger, question d’en finir une fois pour toutes avec le patriotisme et les velléités républicaines, avec la démocratie régicide, et de rappeler en sourdine ce qui en coûte à ceux qui voudraient redonner dans cette aventure.

    C’est ça, un symbole, à ça que ça sert, et la couronne en est un — je le rappelle pour ceux qui n’en ont que pour le #crucifix à l’Assemblée nationale, où la couronne est pourtant partout présente, sur le siège du président, par exemple, sculptée dans l’acajou massif, et au faîte de l’hôtel présidentiel où elle trône, surmontant les armoiries anglaises, le lion, la licorne et la devise « Dieu et mon droit », comme quoi y’a pas que chez les solidaires qu’on croit aux animaux fabuleux !

    Et ça marche ! « Le secrétaire général [de l’Assemblée nationale] a été clair : “Vous ne le faites pas, vous ne siégez pas” », rappela la porte-parole de QS. Ce qui ne l’est pas, clair, c’est comment on peut justifier une pareille soumission. Dans la bouche de Manon Massé, comme dans celle de bien d’autres avant elle, ce #rituel est tantôt antidémocratique, tantôt une farce… s’il faut absolument s’y soumettre pour entrer dans la « maison du peuple », que penser de ce qui s’y déroule ensuite ? Et si le cynisme, dont on nous rabat les oreilles et qui serait la cause du désenchantement pour la politique, si le cynisme débutait tout simplement là, dans ce premier reniement de la parole donnée ? Et si la confusion et le désintérêt du « monde ordinaire », dont Guy Nantel fait ses choux gras, procédaient d’abord de ce comportement ? Élu par le peuple, il faut d’abord lui tourner le dos pour ensuite lui déclarer solennellement sa loyauté, à lui et à sa constitution (laquelle, au fait ?) : une chatte y perdrait ses petits !

    Défier les rites et règlements iniques exige du courage, mais quand même pas davantage que celui demandé à Rosa Park, par exemple. Et pourtant, le geste est de même nature parce que la soumission est toujours abjecte, fondée sur des critères de races, de langues, de religions…

    Je crois que le racisme est au fondement de ce système parlementaire, qu’il est, ici, proprement systémique. Pas besoin de commission d’enquête pour le révéler : arrêtons de jurer fidélité à la reine et voyons voir ce qui va se produire.

    Je le dis pour que vraiment nous arrivions à ce qui commence, au lieu de sans cesse revenir pour revenir.

  • Ce n’est pas un sacre, c’est un massacre Nancy Huston - 22 Aout 2018 - Le Devoir
    https://www.ledevoir.com/opinion/idees/534990/ce-n-est-pas-un-sacre-c-est-un-massacre

    Cher François,

    Ces jours-ci, le monde tangue sous le choc d’un nouveau scandale de pédophilie qui, en Pennsylvanie cette fois, vient « éclabousser » l’Église catholique : sur une période de 70 ans, 1000 enfants abusés ou violés par des prêtres, et, compte tenu de la célérité des intéressés à escamoter les preuves et de la honte des victimes à témoigner, l’on peut être certain que ce chiffre est encore inférieur à la vérité. Certain aussi que, pour nombreux qu’ils soient, les cas connus ne forment que la pointe de l’iceberg.


    Comme moi, comme d’autres, vous avez dû être frappé par la ressemblance entre cette salve de révélations « scandaleuses » et une autre, qui défraie l’actualité depuis bientôt un an : celle des témoignages #MeToo sur le harcèlement sexuel. Ici et là, même propension des hommes à profiter de leur pouvoir pour satisfaire leurs besoins sexuels. Si l’on mettait à la disposition des enfants du monde entier un site Internet où ils pourraient déposer leur plainte en toute sécurité, ce « #balancetonpretre » provoquerait un tsunami mondial qui, par sa violence et son volume, dépasserait à coup sûr celui de « #balancetonporc ». Seraient encore reléguées au silence, il est vrai, les nombreuses victimes qui, en raison de leur jeune âge (18 mois, exemple entendu ce matin) ou de leur misère (enfants du Tiers-Monde, illettrés et/ou non connectés), n’auraient pas accès au site.

    Ce nouveau scandale vous a poussé à publier une longue « lettre au peuple de Dieu ». Mais, François, jamais la honte, la prière, le jeûne et la repentance ne mettront fin à ce fléau. À moins de changer les données qui engendrent ces gestes intempestifs, ils continueront à se produire. Pour les harceleurs de tout poil, il serait de la toute première importance de chercher les causes de leur acting-out machiste. Pour les prêtres catholiques, en revanche, point n’est besoin de chercher. La raison est là, évidente, flagrante comme le nez au milieu du visage.

    Ils ont peur
    Pourquoi s’en prennent-ils de façon si prépondérante aux enfants et aux adolescents ? Non parce qu’ils sont pédophiles — la proportion de vrais pédophiles parmi les prêtres est sûrement aussi minuscule que dans la population générale — mais parce qu’ ils ont peur , et que les plus jeunes sont les plus faibles, les plus vulnérables, les plus faciles à intimider, les moins aptes donc à les dénoncer. S’ils abordaient avec leur sexe tumescent — ce pauvre sexe nié, perpétuellement réprimé — des adultes de leur paroisse, ou s’ils allaient rendre visite aux travailleur(euse)s du sexe, ils seraient « pris » tout de suite. Avec les jeunes, ça peut durer des années… des décennies. On prend les nouveaux enfants de choeur… les fillettes qui viennent de faire leur première communion… cette toute jeune femme, dans le secret du confessionnal… ce tout jeune homme, pendant les vacances en colonie… On a sur elle, sur lui, sur eux, une ascendance, un pouvoir plus qu’humain, quasi divin… Et l’année d’après on recommence, avec les mêmes ou d’autres… François, ce n’est pas un sacre, c’est un massacre.

    À moins de se dire que seuls les pédophiles et les pervers sont intéressés par le sacerdoce chrétien, le problème n’est ni la pédophilie ni la perversion. Il faut abandonner ces clichés une fois pour toutes. Le problème, c’est que l’on demande à des individus normaux une chose anormale. C’est l’Église qui est « perverse » dans son refus de reconnaître l’importance de la sexualité et les conséquences désastreuses de son refoulement.

    Ces dernières décennies, nous autres, pays chrétiens — ou États laïques issus du christianisme —, avons pris l’habitude de dénoncer les coutumes d’autres cultures que nous considérons comme barbares ou injustes : je pense notamment à l’#excision ou au port de la #burqa. À ceux qui les pratiquent, nous aimons à faire remarquer que nulle part dans le Coran (par exemple) il n’est stipulé que l’on doive couper leur clitoris aux petites filles ou couvrir le visage des femmes, que ces pratiques ont commencé pour des raisons précises, à un moment précis de l’Histoire, afin d’aider les sociétés à mieux organiser les mariages et gérer la distribution des richesses. Les jugeant foncièrement incompatibles avec les valeurs universelles (liberté, égalité, fraternité) et les droits de l’individu — notamment le droit à l’intégrité corporelle —, nous nous estimons en droit de les interdire sous nos latitudes.

    Or ceux qui les pratiquent les considèrent comme irréfragables, constitutives de leur identité… de la même manière exactement que l’Église considère le #dogme du célibat des prêtres ! N’entrons pas, ici, dans le débat byzantin des raisons plus ou moins avouables pour lesquelles, après la scission des deux Églises, orientale et latine, celle-ci a tenu à se distinguer de celle-là en rendant obligatoire le célibat de ses officiants. Il est bien connu que Jésus n’a rien dit à ce sujet. Si lui-même n’a pas pris femme, il y avait parmi ses apôtres des hommes mariés, et, à d’autres époques et sous d’autres formes, le christianisme a autorisé et autorise encore ses prêtres à se marier. Le dogme catholique du célibat ne remonte qu’au Moyen Âge, un grand millier d’années après la mort du Christ.

    Les dégâts d’un dogme
    Ce qu’il s’agit de souligner, c’est que ce dogme, qui fait largement autant de dégâts que l’excision ou que la burqa, est lui aussi le résultat d’une certaine évolution historique. Cela veut dire qu’elle peut être annulée par une autre décision historique, décision que vous seul, cher François, êtes en mesure de prendre. Oui, vous seul avez la possibilité de lever l’injonction au célibat sous toutes les latitudes, protégeant ainsi d’innombrables enfants, adolescents, hommes et femmes à travers le monde.

    La preuve a été refaite et refaite. Le célibat obligatoire des prêtres ne marche pas. La plupart des prêtres ne sont pas chastes. Ils n’arrivent pas à l’être. Il faut en prendre acte et enterrer une fois pour toutes ce dogme inique. Il est criminel de tergiverser alors que, partout où il sévit, le massacre continue. Vous le savez, François ; nous le savons tous. Le rôle de l’Église est de protéger non les forts mais les faibles, non les coupables, mais les #innocents. « Et Jésus dit : Laissez les petits enfants, et ne les empêchez pas de venir à moi ; car le royaume des cieux est pour ceux qui leur ressemblent » (Matthieu 19 : 14). Depuis mille ans, combien de millions d’enfants ont été détournés de l’Église, dégoûtés de l’Église, empêchés de venir à Jésus, en raison de ce traumatisme ?

    Alors, dites STOP, François. En tant qu’autorité suprême de l’Église catholique, ce serait de loin l’acte le plus important, le plus courageux et le plus chrétien de tout votre mandat. Vous ne le feriez pas pour votre gloire personnelle… et pourtant, cela ne fait pas de doute, cette décision vous apporterait une gloire immense. Pendant des siècles, les prêtres et leurs ouailles vous remercieraient de votre prescience, de votre humanité, de votre sagesse.
    Ayez ce courage, je vous en conjure. Le moment est venu. L’Église doit cesser de cautionner (et donc de perpétuer, c’est-à-dire de perpétrer ) des crimes qui, à travers le monde et les âges, ont bousillé des vies sans nombre. Dites BASTA, François.
    Et si vous ne le faites pas, de grâce… expliquez-nous au moins pour quelles raisons vous ne voulez pas le faire.

    #enfants #femmes #garçons #filles #pape #prêtres #viols #machisme #pédophilie #massacre #catholicisme #sexe #perversité

  • Les aînés meurent de notre incapacité à revoir le panier de services Dr Hugo Viens - 26 mai 2018 - Le Devoir
    https://www.ledevoir.com/opinion/idees/528787/les-aines-meurent-de-notre-incapacite-a-revoir-le-panier-de-services

    Les chiffres font peur : plus de la moitié des #aînés prennent des #médicaments potentiellement inappropriés au #Canada, selon une nouvelle étude de l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS). Au #Québec, 25 % d’entre eux se font prescrire des #somnifères.

    Mais comment s’en étonner ? Les médicaments sont remboursés par les assurances publiques, mais pas la psychothérapie, la physiothérapie ou le #soutien_social. Et si ces statistiques ne sont pas nouvelles, elles confirment une tendance lourde des dernières années. Nous médicamentons beaucoup nos aînés au Canada dans nos établissements de soins de longue durée. Et nous médicamentons surtout les plus #pauvres.


    Se poser les bonnes questions
    La #polypharmacie fait du mal à nos aînés. Lors du dernier congrès national de Choisir avec soin, une des conférencières, la Dre Dee Mangin, a présenté un tableau de la situation qui mériterait d’être mieux connu : nos aînés meurent à cause des médicaments qu’ils prennent en trop grand nombre.

    En raison des interactions de ces médicaments, des chutes qu’ils entraînent ou de la difficulté que les personnes âgées ont à les éliminer de leur sang, c’est comme si chaque jour nous faisions monter des aînés dans un avion avant de faire s’écraser celui-ci au sol, a-t-elle précisé.

    Ces morts sont évitables ! Elles découlent des attentes de la population en matière de gestion de la douleur, de l’insomnie ou de la santé mentale. Elles s’inscrivent aussi dans une tendance plus large de « #surmédicalisation » dans laquelle la société québécoise a plongé tête première… suivant en cela de près nos voisins du sud.

    Agir sur les bons leviers
    Vous m’avez déjà entendu parler des contrecoups du #surdiagnostic et du #surtraitement sur notre système de santé. Cela nous coûte cher en argent, et aussi en vies. Les #médecins sont de plus en plus nombreux à agir, appliquant la déprescription quand c’est possible et nécessaire. Certains patients commencent aussi à poser les bonnes questions, mises en avant par la campagne Choisir avec soin, en demandant par exemple à leur professionnel de la santé s’il y a des options plus simples et plus sécuritaires que les médicaments. Ce n’est pas toujours le cas, mais ça peut l’être. Et ces options doivent être accessibles.

    Le médecin n’a pas réponse à tous les maux. La population doit l’apprendre et le comprendre. En médicalisant tous nos problèmes, de la moindre douleur lombaire à des insomnies passagères, nous engorgeons le système de santé, qui ne suffit plus à répondre à la demande ni aux coûts.

    Nous devons entamer une discussion sur ce qui est médicalement indiqué. À partir de quand un mal de dos nécessite-t-il une injection de cortisone et pendant combien de temps cette béquille peut-elle et doit-elle être utilisée ? Un traitement contre la perte de cheveux peut être médicalement indiqué. Doit-il pour autant être couvert ? Ce sont des questions que l’on ne se pose pas.

    Avant sa dissolution, le Commissaire à la santé et au bien-être travaillait à la nécessaire révision du panier de services en santé. Un exercice difficile que le Québec ne peut éviter. Les partis politiques sont en campagne. C’est le temps ou jamais de parler de cet enjeu. Nous devons, comme société, faire des choix, et les médecins doivent participer à cet important exercice pour qu’il soit basé sur des données probantes.

    #pharma #santé #industrie_pharmaceutique #lobbying #médecine #big_pharma