• Interview de F. Balanche par le jounal le Progrès :
    http://www.leprogres.fr/actualite/2015/05/29/decryptage-pourquoi-l-etat-islamique-devient-si-puissant
    Plusieurs points intéressants, même si je suis dubitatif sur son évaluation des buts stratégiques américains qui, même flous, me semblent loin de ce qu’il en dit. On trouve, par exemple cet utile rappel :

    L’EI déstabilise la Syrie, ce qui gêne le Hezbollah, et donc l’Iran. L’axe pro-iranien est brisé. La Turquie refuse d’ailleurs l’utilisation des bases de l’Otan aux avions de la coalition, alors qu’il serait facile de bombarder à partir de ces bases. Mais Ankara veut éliminer le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) et de débarrasser du régime de Bashar el Assad (sans compter que la reconstruction de la Syrie serait une aubaine pour les entreprises de BTP turques). La frontière entre la Turquie et la Syrie, qui était un rideau de fer oriental, est devenu une passoire ! Les miradors sont vides. Côté turc, les « guesthouses » pour djihadistes fonctionnent sans difficultés. Mais pour moi, le générateur de toutes ces crises, c’est l’Arabie Saoudite. Ce pays exporte l’intégrisme dans toute la région. Ce qui était une déviance de l’islam il y a un siècle – le wahhabisme - est devenu quasiment l’islam officiel au Moyen-Orient.

    L’idée - déjà entendue, mais où ? Dans la bouche de Todd ? - que les zones d’implantation de Daech en Syrie correspondent à la fois aux zones tribales mais aussi à celles des plus forts taux de fécondité :

    Il faut bien comprendre aussi que la population sunnite soutient l’Etat islamique dans les zones où il est présent, en Syrie et en Irak. Dans ces régions, la moyenne est d’environ huit enfants par femme. Ces personnes ont un faible niveau de développement humain : un quart des habitants est analphabète dans la province de Raqa – je mets de côté les classes moyennes qui ont fui les villes. Ils ne sont en rien gênés par la sharia : ils la pratiquaient avant l’arrivée de l’EI qui, pour eux, n’est pas une mauvaise chose. Ce mouvement a en outre veillé à s’allier aux tribus par des mariages. Quand un chef de tribu adhère, toute la tribu suit !

    Le pronostic final est très sombre d’autant que le vœu (discutable) qui l’accompagne pour limiter le caractère dramatique de l’issue entrevue semble très éloigné :

    Je pense que l’on ira de toute façon vers une fragmentation des Etats, sur une base ethnique et confessionnelle. Déjà, en Syrie, on est arrivé à une partition de facto. En Irak, l’Etat du Kurdistan est quasi indépendant. Il serait illusoire de penser qu’il soit possible de revenir en arrière, et aux pays d’avant. Trop de sang a coulé. Des processus d’épuration ethniques se sont déjà mis en place. Mon opinion est qu’il faut aider les populations qui partagent nos valeurs (pour faire court : la laïcité, ou disons, le sécularisme) à se protéger des fondamentalistes. Comment ? En les soutenant militairement pour se protéger dans leurs entités territoriales. Le rôle de ces minorités (dont celle des chrétiens) est fondamental. Ce sont elles qui ont introduit la modernité occidentale dans ces pays : les écoles missionnaires chrétiennes n’abritaient pas que des chrétiens. Les élèves y ont appris le français ou les sciences, et c’est ce qui a permis la « Nahda », la « renaissance » arabe (à partir de la fin du XIXe siècle – ndlr). Il est important de prendre conscience de la gravité de la situation aujourd’hui. Je pense en particulier aux 5 millions de réfugiés syriens. Ceux qui restent au Liban risquent, faute de perspectives, de tomber dans les bras de groupes extrémistes. La région pourrait alors devenir une sorte de Somalie ou d’Afghanistan bis.

  • « Sur le bio, la marge de la grande distribution varie entre 60 % et 100 % »
    http://www.leprogres.fr/actualite/2012/06/13/sur-le-bio-la-marge-de-la-grande-distribution-varie-entre-60-et-100
    via twitter@Noirdefi #bio #marketing #import #amap

    (...) la grande distribution se fait une énorme marge sur ces produits, sous prétexte qu’ils ont un « sens ». En moyenne, la marge des hypermarchés est de 26 %. Sur le bio, elle varie entre 60 % et 100 %. Il faut avoir en tête que 80 % des produits alimentaires sont distribués par cinq centrales d’achat. De grosses firmes multinationales créent des cultures bio dans les pays où la main-d’œuvre est exploitée pour produire au plus bas prix et faire le plus de marge possible à la vente.

    Peut-on faire confiance au label bio dans ces conditions ?
    Le label ne certifie que ce que les producteurs racontent, à savoir l’absence de produits chimiques. J’ajoute que les normes ont été élargies sous la pression des industriels. Aujourd’hui on peut trouver 1 % d’OGM dans des produits bio. Il y a des dérogations sur les produits chimiques. On peut sortir les vaches sur des temps plus réduits…

    Existe-t-il des alternatives pour consommer un bio « éthique ? »
    Aujourd’hui, des milliers de citoyens achètent en circuits courts, notamment via le réseau des AMAP