Un an après l’élection de François Hollande. Tableau d’un glissement néolibéral

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  • Un an après l’élection de François Hollande. Tableau d’un glissement néolibéral
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    Il y a un an, nous étions nombreux à être soulagés : « ouf », « enfin », « Sarkozy est battu ». Et beaucoup d’entre nous espéraient surtout une rupture avec la politique menée pendant son quinquennat, néolibérale et autoritaire. En un an, le gouvernement Hollande n’a pas cessé d’agir. Mais dans quel sens ? Certes, il reste quatre ans. Mais, pour l’instant, le changement attendu n’est pas au rendez-vous. Et, de glissement en glissement, le gouvernement Ayrault semble plutôt engagé dans une fuite en avant néolibérale. Par quels mécanismes ? Sur quels dossiers ? Cette Note de la Fondation Copernic en fait un récapitulatif. Sur la politique européenne, l’écologie, les droits des femmes, le logement, la fi scalité, la dérive sécuritaire, la politique industrielle, les revenus, l’emploi, les licenciements…, les choses ont changé, mais souvent dans le mauvais sens. C’est parce que l’histoire n’est pas écrite d’avance, parce qu’il n’y a pas de fatalité, qu’il fallait rapidement proposer un bilan d’étape. Et avoir un tel bilan à l’esprit permettra d’agir, pour remettre à l’endroit ce que le libéralisme fait tourner à l’envers.

    • Ce qui me frappe cette fois, ce n’est pas un « glissement » idéologique consécutif à l’exercice du pouvoir, mais un glissement idéologique qui a précédé l’accession au pouvoir. Comme si ce glissement était un prérequis pour l’obtention du pouvoir dit « démocratique ». Comme s’il avait conscience qu’il devait être adoubé par les marchés pour accéder au trône, comme s’il avait pris un engagement préalable avec eux, signé un pacte de non-agression, ce qui ne semble pas absurde quand on sait que Berlusconi a été destitué par le pouvoir économique et non la voie démocratique..

      On a bien senti pendant toute la campagne électorale le double discours de Hollande : à chaque fois qu’il donnait des gages à la gauche, il rassurait la droite. Mais pas les électeurs de droite, non, les marchés, c’est à dire les investisseurs français ou étrangers, donc de droite.
      Toutes ses promesses de gauche ont été faites de façon à ne lui conférer aucun engagement précis. Quelle promesse n’a-t-il pas réellement tenue ? Aucune, il a abordé tous les sujets qu’il voulait aborder, y compris la réforme fiscale et la réforme bancaire. Simplement tout a fait « pschittt », comme prévu. Il n’avait promis aucune mesure concrète, que des incantations, il n’a pas juridiquement trahi son contrat. La trahison est morale, subjective, basée sur des attentes implicites, donc juridiquement caduques..
      Il a désamorcé tout ce qui pouvait être trop de gauche aux yeux des marchés, de la Troïka, tout ce qui empêchait les réformes néolibérales que Sarkozy n’arrivait pas à faire passer (l’ANI, la TVA « sociale »..)
      Enfin le glissement néolibéral du PS ne date pas d’hier..

      Et beaucoup d’entre nous espéraient surtout une rupture avec la politique menée pendant son quinquennat, néolibérale et autoritaire

      Avec le recul on voit bien que la rupture ne pouvait concerner que l’autoritarisme, uniquement à cause de la psychologie du bonhomme, et d’un plus grand respect des institutions.
      Voilà la dernière nuance qui distingue la droite décomplexée et la gauche complexée...