• Je trouve le point de vue super mauvais. Son père a perdu son boulot sans aucun moyen de s’en tirer, parce qu’il dépendait d’une machine de production qui coûtait des millions d’euros. Le gars a mis 40000 euros en deux dizaine d’années dans du matos informatique, au fur et à mesure, et l’a progressivement facturé à ses clients.

      Le gars s’est fait financer par ses clients le fait d’être lui-même propriétaire de son outil de production. C’est où qu’il faut pleurer ?

    • Le gars pleure pas le fait de payer, à mon avis, mais celui d’être seul dans une ambiance totalement standardisée. La machine du père assurait le travail de dizaines de gens — à mon avis toujours, le coût par individu reste bien plus faible.

      Je pense que dans un monde rationnel et égalitaire, tel qu’on le souhaite, l’ordinateur individuel n’a pas de sens.

    • La machine du père qui assurait le travail de dizaines de gens, n’appartenait pas à ces dizaines de gens, mais à un propriétaire unique. Quand la machine a cessé d’être rentable, son propriétaire a jeté la machine, et les gens qui vont avec.

      À titre personnel, l’ordinateur m’a permis d’exercer des métiers que je n’ai pas appris à l’école (et que je n’aurais pas pu apprendre par moi-même « avant l’ordinateur », parce qu’il aurait fallu accéder à des outils de production hors de prix avant de pouvoir exercer), alors qu’au contraire le métier que j’ai appris à l’école me garantissait une longue période de chômage. Aujourd’hui, j’ai plusieurs fois changé de métier grâce à cet outil informatique, et au fait que je peux pour une large partie développer moi-même les outils dont j’ai besoin. Je n’en fait pas une généralité, mais évidemment je n’adhère carrément pas à la proposition inverse (selon laquelle l’ordinateur nous aurait baisés).

      Pour ce qui est de l’« ambiance standardisée » (les deux avant-dernières cases de cette bd), c’est un problème de point de vue. « Avant l’ordinateur », une autre caractéristique sociale, c’était qu’on bossait dans la même entreprise durant toute sa vie. 40 ans, grosso modo, dans le même environnement. Grosse différence d’ambiance entre une banque, une filature et une imprimerie, mais pour l’individu, ça reste la même ambiance pendant 40 ans.

    • Moi aussi j’exerce en partie un métier pas appris à l’école et grâce à l’ordinateur. Et j’en suis bien content. Mais je pense quand même que l’atomisation des tâches du design en individus n’a pas que des avantages. En France, plus encore peut-être, où les ouvriers du Livre avaient un statut spécifique, et conquis de haute lutte. Le simple fait de passer d’une production collective à un travail individuel a forcément changé bien des choses, et pas forcément toutes positives.

    • Yep, bien d’accord. Ce que je disais, c’est que ça n’est pas ça que je lis dans la bande (qui se termine par une vague évocation de la « standardisation », pas de l’autonomisation, en deux cases, et un définitif « on s’est fait baisés » sans intérêt).