• Panne de courant au pays des lumières ! Sont-ils tombés sur la tête ?
    Par : Michel Raimbaud* | Publié le : 23/10/16

    En ces temps troublés, la « communauté internationale » - nom de scène des trois Occidentaux qui se piquent d’être les maîtres de droit divin de notre planète - semble perdre les pédales. Voilà donc nos larrons en quête de nouvelles aventures.

    http://www.afrique-asie.fr/component/content/article/75-a-la-une/10563-panne-de-courant-au-pays-des-lumieres-sont-ils-tombes-sur-la-tete

    (...) La réunion du Conseil consacrée à la Syrie, tenue le dimanche 25 septembre 2016, devrait rester inscrite aux annales de l’arrogance et de la perfidie. Grâce soit rendue aux chevaliers de l’Axe du Bien comme Samantha Power, égérie des néoconsaméricains, au ministre anglais des affaires étrangères,qui doit sa promotion ahurie au Brexit, et au représentant français au Conseil de Sécurité, relayés de près ou de loin par les Kerry, Ayrault et consorts, le spectacle était prometteur et n’a pas déçu, qu’il s’agisse de la richesse des pauvres réparties, de la majesté du style oratoire, de la haute tenue morale des contre-vérités et acrobaties de langage ( parler sans filet est un exercice de haute volée).

    De réunion en réunion, le spectacle continue, sans cesse renouvelé comme les vagues de la mer, dans une ambiance de tragédie : ceux qui veulent libérer les habitants d’Alep de la sauvagerie terroriste sont des criminels de guerre passibles de la Cour Pénale Internationale, ceux qui financent et protègent les dits terroristes sont des héros à casques blancs passibles du Nobel de la Paix. C’est beau la dialectique et comprenne qui pourra…(...)

    #coup_de_gueule #diplomatie

  • Georges Corm et Régis Debray : le profane, le religieux et le choc des ignorances
    http://www.afrique-asie.fr/component/content/article/70-points-chauds/4643-georges-corm-et-regis-debray.html

    Face-à-face Le xxie siècle sonne-t-il vraiment le grand « retour au religieux ». Pour en débattre, nous avons convié l’historien et économiste Georges Corm et le philosophe Régis Debray. Le premier démontre que la religion est instrumentalisée pour des desseins profanes, le second acquiesce, mais en précisant : instrumentaliser n’est pas inventer des clivages confessionnels.

    (...)

    G. C. C’est la différence entre un intellectuel parisien de très haut vol et l’enfant que je suis de la diversité des communautés, vécue de l’intérieur, et qui donc a une autre vision de ces « tribus » et communautés religieuses. À partir de ce vécu, il y a beaucoup de séquences que je ne trouve pas opératoires dans l’analyse que vous faites de l’importance du fait religieux et que vous faites remonter à 50 000 ans en arrière. En revanche, il est intéressant de voir qu’on ne peut pas mettre toutes les religions dans le même sac. Le monothéisme est le plus dangereux, car on l’instrumentalise plus facilement avec ce paradoxe que l’islam est la religion de la compassion et de la miséricorde, le christianisme de l’amour, du pacifisme et de l’universalisme.

    Vous parlez des religions comme si c’était des entités vivant par elles-mêmes. Ce sont les hommes qui font les religions. La pratique des premiers siècles du christianisme est complètement différente de celle de l’Empire byzantin, laquelle est différente du christianisme des xviiie et xixe siècles en Europe. Pareil pour l’islam. Ce que je vis et j’observe dans les milieux communautaire, c’est la grande diversité d’opinion et de comportement à l’intérieur de chacune d’elle … C’est pourquoi je trouve peu opératoire le concept de communauté comme entité compacte, dont tous les membres auraient la même psychologie et le même comportement. Aussi parler aujourd’hui dans l’abstrait de « sunnites » et de « chiites » comme clé d’explication des conflits ne me paraît guère pertinent. Ce sont les Turcs et les Perses qui ont un énorme contentieux et non pas les Arabes et les Perses. Car ce qui a épuisé ces deux grands empires musulmans (l’Ottoman et le Séfévide), ce sont les guerres qu’ils se sont faites entre eux. L’Empire séfévide a fait venir au XVIè siècle des hommes de religion chiites du Liban pour aider à développer le chiisme afin d’essayer d’arrêter l’expansion de l’Empire ottoman. Les Arabes – toutes tribus et toutes confessions religieuses confondues - n’ont rien à voir là-dedans : ils sont sortis de l’Histoire à peu près au xe siècle et sont toujours dehors. Aussi analyser la politique de l’Iran à travers le prisme sunnite-chiite ou le prisme Arabes et perses ne fait guère de sens.