• Qui seront les ingénieurs de demain ?
    http://www.paristechreview.com/2013/10/28/monde-manquer-ingenieurs

    L’ingénieur du XXIe siècle
    Au-delà des querelles sur le nombre de diplômés que forment universités, instituts et écoles des différents pays industrialisés ou émergents, le vrai débat porte sur la nature même de la fonction d’ingénieur. Dans l’économie moderne du savoir, ce n’est pas la maîtrise d’une connaissance spécifique qui compte le plus, c’est la capacité à assimiler de nouvelles informations et à résoudre des problèmes. Un rapport publié par Yale en… 1828 faisait la distinction entre les « meubles » et la « discipline » de l’esprit. Maîtriser un domaine spécifique de la connaissance – l’acquisition de l’« ameublement » – est d’une valeur relative dans un monde en rapide évolution. Les ingénieurs qui aspirent à être des leaders dans leur secteur ont surtout besoin de la « discipline de l’esprit ».

    L’ingénieur du XXe siècle devait maîtriser parfaitement l’informatique et les mathématiques : sa mission était d’apporter de la rationalité dans les organisations. L’ingénieur du XXIe siècle ne peut se contenter d’être un modélisateur et un optimisateur. Il doit aussi se montrer capable de prendre en compte des enjeux systémiques tels que la durabilité dans son rôle de concepteur et de pilote d’innovation, en un mot de « prendre du champ » : d’où l’importance d’une formation minimale non seulement aux arts du management, mais aussi en sciences sociales et en sciences environnementales.

    Il doit également développer une troisième capacité : devenir producteur de concepts novateurs en intégrant une vérité très nouvelle pour lui : le raisonnement artistique, qui est plus sophistiqué et plus vaste que le raisonnement classique. Pour réussir, il devra également développer une sensibilité esthétique. Cette métamorphose du métier – l’avènement de « l’ingénieur à cerveau droit » – correspond à l’essor inexorable du design dans toutes les phases de la conception, de la fabrication et du marketing des biens et des services. L’ingénieur du XXIe siècle devra se transformer en architecte, maîtriser l’anthropologie et la sociologie. Dans un monde marqué par la fin de l’énergie bon marché, il devra enfin développer une éthique nouvelle car son métier, désormais, s’articule autour de la soutenabilité.