• Je ne suis pas sûre que l’on soit toutes des guenons | équimauves
    http://equimauves.wordpress.com/2013/11/17/je-ne-suis-pas-sure-que-lon-soit-toutes-des-guenons

    Pourquoi le racisme n’est plus tellement un souci quand il frappe des hommes ? Et cette idée comme quoi, en gros, l’homme noir est plus sexiste que l’homme blanc, que les black féministes se sont lancées dans l’outil qu’est l’intersectionnalité qui peut être parfois intéressant mais pas bien utile étant donné qu’elles n’auraient pas réussi à dompter leur hommes (noirs) etc. Cette invalidation permanente me donne la nausée. Mais bon, comme elles semblent le croire, si on est féministe, on ne peut d’office pas être raciste. Faut juste que chacune reste à sa place.

    Faut-il encore rappeler que le féminisme se présente « naturellement » comme allant de soi et étant LA lutte pertinente menant à l’égalité pour beaucoup de féministes blanches, valides, cis, hétérosexuelles, de classe moyenne/supérieure, minces etc. car il combat et vise la suppression de l’oppression sexiste patriarcale. Pour certaines d’entre elles (CERTAINES MAIS TROP !), le féminisme est donc LA lutte qui abolira toute oppression et libérera toutes les femmes. Mais quand on ne fait pas partie de ce groupe, on sait que ce n’est pas suffisant. On sait que si on ne fait pas partie de cette stricte sélection, on est d’autant plus la cible de violences sous multiples formes car on accumule les marginalisations. Ces féministe ont une notion très fermées et exclusive du-des féminisme-s.

    Faut-il encore expliquer que le racisme anti-noir nous frappe tou-te-s ? Il peut s’exprimer de différentes façons mais on n’y échappe pas. Faut-il organiser des sorties dans les stades de foot ? Faut-il prévoir des immersions dans le bus pour juger de la pertinence de tout cela ?

    Faut-il vraiment que l’on tombe encore dans la hiérarchisation des luttes ? Ne peut-on pas voir qu’elles se croisent en nombreux points ? => INTERSECTIONNALITE ?? Comment faire comprendre qu’il ne s’agit pas d’une mode mais du concret de notre quotidien ou de celui d’autres ?

    Quand va-t-on cesser de nous expliquer qu’on n’a pas saisi le vrai racisme, que nos propos et émotions se basent sur des thèses inadaptées, qu’on va nous expliquer parce qu’on ne comprend bien sûr pas bien nos propres vécus ni les dispositions structurelles qui en disent beaucoup.

    On ne peut pas nous sectionner et décider quelle part de nous, de notre identité, est pertinente. On ne peut pas être solidaire d’une personne en se désolidarisant des dimensions de celle-ci qui ne nous intéresse pas. Mais certaines personnes de cette sélection continuent à penser que demander plus d’inclusion, de prise de conscience, d’intersectionnalité est une perte d’énergie pour LEUR mouvement, qu’il le divise, qu’il s’agit de diversion nocive pour la vraie lutte qui est en fait la seule dont elles se sentent concernées. Qu’on ne nous parle pas de sororité alors mais de club fermé. Un club qui se réapproprie des violences dont elles ne sont pas directement victimes, déguise cette réappropriation en solidarité/sororité et font taire les personnes premièrement visées et invisibilise les dimensions qui ne les concernent pas. Un club qui ne se remet jamais en question. Les pratiques de ces féministes-là (celles-là !) sont encore bien trop audibles/lisibles.

    Le féminisme dont j’ai besoin ? C’est celui qui est intersectionnel et inclusif pour qu’on puisse avancer ensemble. Pour ne pas avoir l’impression de se faire avoir, d’être dénigrée, d’être instrumentalisée. Et ça, ce n’est sûrement pas une diversion.

    #intersectionnalité #antiracisme #féminisme