MONITEURS & EDUCATEURS EN FORMATION EN LUTTE

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  • Moniteurs & éducateurs en formation en lutte
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article648

    Depuis plusieurs semaines, les moniteurs-éducateurs et éducateurs spécialisés sont en lutte. Interview d’un compagnon participant au mouvement.

    Pouvez-vous présenter en quelques mots la formation que vous suivez ainsi que ses débouchés ?

    Ma #formation me permet d’apprendre le métier de #moniteur-éducateur et d’obtenir le diplôme d’état (indispensable pour un éventuel CDI). Elle se déroule en alternance (cours et stages) sur 2 ans. A côté de cette formation, existe celle d’#éducateur_spécialisé, également en alternance et sur 3 ans. Les 2 métiers sont très proches. Les personnes se formant au métier d’éducateur spécialisé ont un statut d’étudiant (car la formation est de niveau bac). Cela leur ouvre droit à une rémunération lors de leurs stages de plus de 2 mois (400 euros/mois). Les moniteur-éducateurs en formation ne touchent pas un kopeck sur leur lieu de stage. Enfin, les aides au financement des formations sont faibles (bourses régionales de 400 euros/mois, allocations chômage qui n’atteignent pas les 1000 euros).

    Le champ d’intervention est très vaste et concerne le secteur social (soutiens aux familles en grande précarité, protection de l’enfance, aides aux adultes SDF)… et médico-social (prise en charge de jeunes souffrant de troubles du comportement, de personnes souffrant de troubles psychiques, atteintes d’autisme, lourdement handicapées ou polyhandicapées, personnes âgées isolées et précaires…). On peut intervenir en établissement ou en milieu ouvert.

    Dans quelle situation vous trouvez-vous  ? Quels sont les problèmes que vous rencontrez actuellement ?

    Le constat est que les inégalités continuent de progresser dans la société. Le niveau global de richesse augmente, mais il y a de plus en plus de pauvres et de très pauvres. La demande sociale explose. l’État débourse un peu : il lui faut contrôler les marges de la société, contenir la misère et la grogne sociale. Mais l’État veut réduire ses dépenses. La crise a bon dos… Les budgets des services et établissements aux missions d’utilité publique voient leurs budgets limités et plafonnés. Les établissements et services du secteur sont soumis à des pressions financières. Or, la masse salariale c’est 75 à 80 % des budgets. On incite à une réorganisation des services permettant de diminuer les effectifs (après des départs à la retraite par exemple).

    Ce contexte général a plusieurs effets pervers qui ont un impact direct sur nos formations aux métiers d’éducateur du social/médico-social (et plus largement encore, puisque d’autre filières sont concernées). Le dysfonctionnement majeur se situe sur la recherche des stages et indirectement sur le contenu des stages.

    Dans les dotations globales que perçoivent les services et établissements du secteur, la rémunération (« gratification ») des stagiaires est prise en compte. Mais aucun contrôle n’est exercé sur l’utilisation de l’enveloppe globale qui est consacrée entièrement aux frais de fonctionnement. Beaucoup d’établissements et de services n’acceptent de prendre des stagiaires que si c’est gratuit. La majorité des éducateurs spécialisés en formation est obligée de s’asseoir sur ses droits pour pouvoir trouver un stage.

    Pour compenser la diminution des effectifs, on s’appuie sur des stagiaires qui ne coûtent rien. Le stagiaire est parfois soumis à de véritables entretiens d’embauche où l’on demande le CV et la lettre de motivation. Le stagiaire doit avoir déjà de l’expérience… avant d’être formé !

    De plus, les 3 centres de formations de la région Midi-Pyrénées sont tous à Toulouse. Pour suivre les cours dispensés dans ces 3 centres, la majeure partie d’entre-nous loge à Toulouse… et cherche des stages à Toulouse. C’est le jeu des chaises musicales. Beaucoup finissent par se rabattre sur les autres départements. Mais les frais d’hébergements et de transports ne sont pas pris en compte…

    Quelles sont vos revendications ?

    A l’heure actuelle elles tiennent en 4 points :
    1- Nous demandons la gratification des stages pour tous, pour dénoncer une inégalité de fait entre les formations de niveau bac et les formations de niveau inferieur, ainsi que les effets pervers que cela engendre (concurrence entre les statuts au bénéfice de ceux qui ont le moins de droits).
    2- Nous demandons que l’argent alloué à la gratification des stagiaires soit versé directement aux régions et aux instituts de formations, et non aux établissements et services du secteur social et médico-social.
    3- Nous défendons l’alternance devant ceux qui seraient tenté, pour régler le problème, d’en faire des formations de type universitaire.
    4- Nous souhaitons une redéfinition du statut des stagiaires.

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    #Anarchosyndicalisme ! n°138