mars | 2014 | Le blog de Christine Delphy

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  • Du balai et des hommes ! | Le blog de Christine Delphy
    http://delphysyllepse.wordpress.com/2014/03/19/du-balai-et-des-hommes

    « D’ailleurs, toutes les enquêtes le rappellent : plus la contribution monétaire de la femme au revenu du ménage est élevée, plus la propension à externaliser une partie des tâches domestiques est grande ».

    Y a-t-il meilleure répartition des tâches pour autant ?

    Eh bien non ! Car ce qui caractérise la question de la répartition des tâches ménagères au sein du couple, c’est qu’elle est ingrate. Ou plutôt, que plus elle est ingrate, plus il est difficile qu’elle soit également partagée entre les deux membres du couple hétérosexuel (selon les deux économistes, les rares études existant sur les couples homosexuels montreraient une meilleure répartition, en particulier chez les lesbiennes). Ainsi, il y a progrès, avec ces fameux « nouveaux pères » : ils jouent plus avec leurs enfants. Mais pour tout ce qui concerne les tâches qui font tache, le nettoyage, (et en particulier des toilettes) le linge, alors c’est là que la résistance est la plus grande.

    "même au sein des couples relativement égalitaires sur le plan professionnel -et ils sont de plus en plus nombreux-, la gestion des tâches domestiques demeure un sujet conflictuel. Ainsi, selon une enquête menée en 2009 dans 4 pays européens, un couple sur deux se disputerait au sujet du partage des tâches ménagères, en particulier les couples les plus jeunes (…) Parmi les tâches les plus courantes, les hommes reconnaissent qu’ils essaient d’éviter de faire plus de la moitié de ces tâches, voire qu’ils ne les font jamais.(..) En tête des tâches qu’ils esquivent, on trouve le repassage, le nettoyage des saniraires, l’entretien du linge, le changement des draps et le lavage des sols (Hontarrede, 2009).

    • Le mec qui sélectionne les tâches qui lui plaisent, c’est anti-partage, puisque TOUTES les tâches ont vocation à être exécutées, donc, l’ordre patriarcal qui fait peser sur la femme, par défaut, la charge de l’entretien du nid ne bouge pas d’un iota.

      C’est ce que j’explique sans cesse à ma fille : tu dois régler toi-même tes merdes. C’est à dire porter à la poubelle tes déchets plutôt que de les jeter par terre, par exemple. Quand tu jettes un déchet par terre, même si tu t’en défends, tu considères implicitement qu’il doit y avoir quelqu’un de dédié à ramasser tes merdes, parce que, par ailleurs, tu ne tolérerais pas de marcher sur un sol couvert de merdes.

      Le mec qui laisse la serviette de bain mouillée par terre dans la salle de bain considère implicitement que sa femme doit ramasser sa merde derrière lui, alors que de le faire lui-même ne serait pas insurmontable. Il ne s’attend en tout cas pas à la retrouver froide et moisissante au même endroit le lendemain matin. Il attend une serviette propre et sèche pour envelopper son précieux petit cul.

      Après, faut aussi que les femmes cessent de ramasser les serviettes mouillées.

    • En effet, selon Devetter et Rousseau, lorsqu’il y a femme de ménage, la femme du ménage gagne bien un peu de répit sur ses propres tâches. Mais l’homme, lui, n’a plus du tout à s’en soucier, et ne fait plus rien -ou presque ! Ce qui nous mène à ce paradoxe merveilleux :c’est justement dans les couples où l’on professe le plus l’égalité (et qui ont accès à l’externalisation) que les taches ménagères sont les plus mal réparties !

      ouch