• A quoi ressemblerait la Terre sans microbes ?
    http://passeurdesciences.blog.lemonde.fr/2014/12/21/a-quoi-ressemblerait-la-terre-sans-microbes/#xtor=RSS-32280322

    Dans une note publiée en 1885 dans les Comptes-rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, Louis Pasteur s’interrogeait : « Souvent, dans nos causeries du laboratoire, depuis bien des années, j’ai parlé aux jeunes savants qui m’entouraient, de l’intérêt qu’il y aurait à nourrir un jeune animal (lapin, cobaye, chien, poulet), dès sa naissance, avec des matières nutritives pures. Par cette dernière expression, j’entends désigner des produits alimentaires qu’on priverait artificiellement et complètement des microbes communs. Sans vouloir rien affirmer, je ne cache pas que j’entreprendrais cette étude, si j’en avais le temps, avec la pensée préconçue que la vie, dans ces conditions, deviendrait impossible. »

    Sans doute Pasteur devait-il cette « pensée préconçue » au constat que les (...)

  • A quoi ressemblerait la Terre sans #microbes ?
    http://passeurdesciences.blog.lemonde.fr/2014/12/21/a-quoi-ressemblerait-la-terre-sans-microbes

    En l’absence des #procaryotes, toute la #chaîne_alimentaire imploserait.

    Commençons par le bas. Sans les #bactéries, qui jouent un rôle essentiel dans la fixation de l’#azote par les #plantes, la #photosynthèse cesserait dans l’année qui suivrait. L’humanité pourrait néanmoins parer le coup en nourrissant ses cultures avec des engrais azotés que l’on sait produire à bas coût. Mais pourrait-on également apporter ces compléments à toutes les grandes zones végétales sauvages du monde, à toutes les #forêts tropicales, à la #taïga, à la #savane, etc. ? On en doute. Passons à l’étage supérieur, celui des #herbivores et en particulier des ruminants qui nous fournissent leur #viande et leur #lait. Si nous ne voulons pas dire « adieu, veaux, vaches, moutons, chèvres », il faudra là encore, expliquent Gilbert et Neufeld, avoir recours au talent des chimistes humains pour que ces animaux se passent des services des bactéries et archées qui aident notre bétail à digérer la #cellulose des plantes.

    Ce n’est là que le début des problèmes. Il faudrait par exemple penser à donner à tous les animaux du monde (et notamment au #phytoplancton) de la vitamine B12 qui nous est fournie grâce à l’activité bactérienne. Cette dernière joue aussi un rôle important dans le recyclage de la biomasse. Ainsi, sans les bactéries, le #phosphore qui existe en quantité limitée à la surface de la planète et qui est contenu dans les êtres vivants, ne pourrait plus, une fois ceux-ci passés de vie à trépas, être restitué à la nature et viendrait progressivement à manquer, en particulier dans les #océans qui cesseraient de produire de la vie en quelques décennies, sauf à se dire que nos chimistes joueraient de nouveau les pompiers et ensemençant toutes les mers du globe en phosphore...

    Même en imaginant que nous puissions, par notre chimie, empêcher la chaîne alimentaire de s’effondrer complètement, il est un domaine où l’absence de bactéries finirait par se faire cruellement sentir : celui de l’#oxygène que nous respirons. Sa production serait déjà bien entamée par la disparition prévisible d’une bonne partie des écosystèmes végétaux, terrestres ou marins, mais le phénomène serait aggravé parce qu’une partie de cet oxygène provient directement des #cyanobactéries ! Nous pourrions vivre sur les réserves probablement pendant plusieurs centaines de millénaires, calculent nos deux biologistes, mais celles-ci finiraient par s’épuiser.

    Il est de toute manière fort probable qu’avant d’arriver à l’asphyxie finale, l’humanité n’aura pas survécu à des périodes prolongées de famine et de guerres pour la nourriture dignes de certaines fictions apocalyptiques. Les auteurs soulignent que, même si la disparition subite des bactéries n’entraînait pas dans la foulée celle des plantes et animaux, « la survie à long terme des eucaryotes serait douteuse ». Bel euphémisme. Cette expérience de pensée a le mérite, en décortiquant la multitude de processus dans lesquels les #micro-organismes sont impliqués, de mettre en lumière à quel point ces minuscules êtres, que l’on regroupe un peu par dédain sous le terme de « microbes », sont en réalité les véritables maîtres de la #vie sur #Terre.