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  • Covid 6 | Une commune humanité contre le capitalisme technologique | Savoir | Topophile
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    Jolie cette nouvelle revue d’architectes et d’urbanistes écolo…

    Déjà six mois que le virus est apparu, déjà deux que nous vivons reclus chez nous. Pendant ce temps, l’État centralisateur tel un état-major commande la population qui, d’un côté, l’appelle à l’aide tout en pointant ses erreurs et manquements, et de l’autre, s’auto-organise à différentes échelles en rêvant de lendemains qui chantent. Qu’est-ce que l’anarchisme nous dit de la situation ? Renaud Garcia, professeur de philosophie, anarchiste et décroissant répond à nos questions.

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    Autre exemple d’annexion de cette notion, savez-vous que la dernière édition en date de L’Entraide est celle de Alain Soral ? Une fois définie comme le simple primat de la coopération sur la compétition, rien n’empêche en effet de la limiter aux relations internes à un groupe opposé aux autres sur la base d’un critère déterminé, qu’il soit racial, ethnique, culturel, etc. Autrement dit, vous pouvez très bien penser en même temps l’entraide et la guerre des races, des identités ou des survivalistes les mieux armés.

    Une nouvelle édition sortira en juin aux éditions Nada, dans l’avant-propos de laquelle je rappelle ces éléments-là. Il ne faut pas s’y tromper. Kropotkine, théoricien de l’entraide, n’était en rien original dans l’aire russe occidentalisée de son époque, où nombre de savants, lecteurs de Darwin, cherchaient à accommoder les thèses du naturaliste britannique au socialisme. Par contre, il fut le premier à exposer d’une façon systématique la dimension anarchiste de l’entraide. Il la concevait comme un outil pour démanteler les structures de pouvoir illégitimes. Il ne s’agissait pas de passer un baume apaisant sur la lutte des gens pour la survie. Kropotkine montrait comment l’aide mutuelle s’approfondit dans l’histoire en conduites d’abnégation, en un déploiement de force vitale qui culmine dans la révolte contre l’État et la bureaucratie.

    En bon anarchiste, il supposait un instinct de liberté chez l’être humain, cohabitant avec le penchant individualiste. Il n’aurait sans doute pas compris, cent ans après sa mort, que les individus des sociétés industrielles, accrochés à leur connexion, à leurs apéros Whatsapp, à leurs séries et autres « tutos », se distraient à en mourir. C’est certainement sur ce point qu’il faudrait le relire dans le souci de l’ « actualiser ».

    #Topophile #Renaud_Garcia #entraide