Prise de parole. "On veut mettre du soin dans le soin" , dit Farida C., menottée durant 8 heures à un banc en GAV. Elle a travaillée en puériculture, puis en gériatrie, avant de faire fonction de cadre infirmière.
Elle dit excellemment ce qu’est l’hôpital, la charge de travail qui augmente, le personnel et le temps qui manquent, ce travail réduit à des actes qu’il faut minuter, le travail de codage administratif chronophage exigé des soignants, volé aux patients, la destruction de la relation de soin par une institution de santé pathogène.
"Une infirmières ne fait pas que des piqûres et des pansements, une infirmière s’assoit, apporte du réconfort à un patient".
"Une aide soignante rêverait de prendre du temps pour faire une toilette à une personne âgée, c’est le seul contact que la personne âgée a et quant on fait les toilettes vite, quand tout est chronométré, qu’on ne peut pas poser la main sur un patient et lui dire ne vous inquiétez pas, on est là ! On rentre chez soi, on est frustrée". " On se sent coupable".
Elle insiste (bien classiquement, selon une modalité syndicale) sur les « promesses » faites par Macron dont les manifestantes sont venues réclamer la mise en oeuvre : augmentation de salaire, amélioration des conditions de travail, embauches répondant aux besoins ("soigner comme on a envie" dit-elle, et jamais elle ne prononcera le mot « médecin », mandarinat et porte parole médiatiques, à la trappe), accès à une formation continue dont elle a elle pu faire usage pendant ses 17 ans d’APHP et pour laquelle on attribue aujourd’hui difficilement les congés nécessaires à un personnel débordé et en sous effectif. Ce on, c’est elle aussi, en tant que cadre infirmière... embringuée par-devers elle dans cette destruction, et réclamant pour les suivants cette possibilité d’être payé pour se former plutôt qu’enfermé dans le même emploi
Farida C. dit une ambiance, ses effets. On sait la fuite des soignants vers des emplois hors hôpital. Ces dires nous en fait éprouver et mieux comprendre les motifs.
Et elle ne plie pas : "On asphyxie déjà dans le hôpitaux, et on nous rajoute des gaz quand on vient exprimer notre colère" . L’arrestation était violente ? Elle de répondre : "cauchemar", "je ne réalise pas encore" . Son résumé : "j’ai eu de la boue dans la bouche" . Elle veut que ça claque, elle le répète.
On est loin de nos escamoteurs stipendiés (après l’avoir menotté, l’emmenant vers la GAV : "on est filmés, pas de violence", "reçu, reçu" ). Et ça réconforte.
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