• Je tiens quand même à préciser que je ne remets pas le recyclage en question : dès lors que l’objet a eu une utilité et une vie longue, il est tout à fait normal de vouloir le recycler ! Le problème, c’est l’instrumentalisation de ce processus. Une partie de la responsabilité pèse sur les acteurs économiques qui ont fondé leur modèle sur le jetable et qui, logiquement, mettent en avant le recyclage. Les premières campagnes de sensibilisation sur le tri ont d’ailleurs été menées par des industriels de la boisson aux États-Unis, mais aussi en France. Leurs intérêts économiques sont tellement liés au jetable que le recyclage est pour eux le seul moyen de préserver leur fonctionnement. Aujourd’hui, la marque H&M donne non seulement des bons d’achats pour chaque ancien vêtement rapporté afin de pousser à la consommation, mais elle déculpabilise sa clientèle en expliquant que ces vêtements seront recyclés. Or, à l’échelle globale, moins de 1 % des vêtements sont recyclés pour devenir de nouveaux vêtements. Enfin, il y a en effet ce biais, expliqué dans les travaux de Monic Sun et Rémi Trudel, deux chercheurs de l’université de Boston, qui ont fait des expériences sociales pour montrer que le recyclage avait une connotation tellement positive qu’elle pouvait nous amener à surconsommer une ressource qui nous était proposée.