« C’est faux. Le nombre de décès en 2020 est nettement plus important que celui-ci que l’année précédente, corrige Sylvie Le Minez, cheffe du département des études démographiques et sociales à l’Insee. C’est la première année où l’on atteint un tel niveau de décès, sachant que l’on voit déjà la mortalité progresser d’environ 6 000 personnes chaque année en raison de l’arrivée des générations du baby-boom, beaucoup plus nombreuses que les autres, dans des âges où l’on meurt plus souvent. Mais la hausse de cette année est sans commune mesure. »
Surmortalité importante au printemps et à l’automne
Dans le détail, la surmortalité est notoire aux deux pics épidémiologiques. « En nombre de décès, les mois de mars et avril 2020 sont bien supérieurs aux années précédentes », continue Sylvie Le Minez, tandis que concernant la seconde vague « septembre est légèrement au-dessus, octobre encore plus, et c’est très net pour novembre, par rapport aux cinq dernières années ou à 2019. »
Alors que la mortalité quotidienne, toutes causes confondues, en France est habituellement comprise entre 1 400 et 1 900 décès par jour, elle a dépassé la barre des 2 000 morts quotidiennes de manière quasi ininterrompue du 16 mars au 19 avril et très fréquemment du 21 octobre au 16 décembre 2020. L’écart le plus important a été enregistré le 1er avril, avec 2 811 morts contre 1 684 le même jour, en moyenne, sur les cinq précédentes années. Du reste, depuis le second pic, le 7 novembre, le nombre de morts baisse très lentement.
« L’excédent de décès provient à la fois de décès en plus liés au Covid-19 directement ou indirectement, mais il y a aussi eu des décès en moins, engendrés par l’effet protecteur du confinement », nuance Mme Le Minez. On sait notamment que la criminalité et les accidents de la route ont connu une chute au printemps.