• Comment fait-on pour que les hommes cessent de violer ? - Libération
    https://www.liberation.fr/debats/2021/01/29/comment-fait-on-pour-que-les-hommes-cessent-de-violer_1818797

    Supposer que, si tant d’hommes violent, c’est parce qu’il existe quelque chose dans la socialisation des hommes qui rend possible et commun le viol, quelque chose dans notre société qui permet que ces viols restent ignorés, impunis et excusés, qu’ils puissent se produire encore et encore. Supposer cela, c’est supposer que le viol n’est pas inéluctable ; qu’il serait possible, sinon d’y mettre fin, du moins d’en réduire drastiquement l’ampleur.

    On ne saurait ainsi se contenter de demander comment faire pour punir plus les violeurs – prisme d’action politique dominant aujourd’hui –, ni même comment mieux prendre en charge les victimes, bien que la marge de progression reste énorme. Nous devons aussi nous demander comment faire pour qu’il y ait demain moins de victimes qu’aujourd’hui, et il n’y a pas de réponse simple à cette question. L’éducation ne saurait suffire à prévenir le viol : nous savons depuis longtemps que le viol est un crime, que les violences sexuelles sont interdites, qu’elles doivent être sévèrement punies, en particulier lorsqu’elles sont subies par des enfants. Mais les hommes ne violent pas parce qu’ils ignorent que c’est mal, ils violent parce qu’ils en ont le pouvoir.

    Comment faire pour que cela ne soit plus le cas ? Sans doute transformer radicalement le rapport de domination patriarcal qui structure notre société et qui permet la toute-puissance des hommes dans leur famille, dans leur entourage, dans leur organisation, leur impunité, notre silence, notre indulgence. Sans doute infléchir ce rapport de pouvoir dont le viol est une des pires manifestations qui nous concerne toutes et qui concerne, surtout, tous les hommes.

  • Pour ce chercheur de Harvard, c’est bien un vaisseau extraterrestre qui est venu nous voir en 2017
    https://www.ouest-france.fr/sciences/espace/pour-ce-chercheur-de-harvard-c-est-bien-un-vaisseau-extraterrestre-qui-

    En 2017, le passage d’un étrange corps céleste dans notre système solaire, baptisé Oumuamua (« le messager » en hawaïen), a mis les astronomes en émoi. À tel point que certains y ont vu l’émanation d’une vie extraterrestre. Une thèse évidemment controversée, mais qu’un scientifique réputé, Avi Loeb, défend toujours dans un ouvrage publié jeudi 28 janvier. Avec quelques arguments.

    « Si j’ai raison, c’est la plus grande découverte de l’histoire de l’humanité »​, avertit carrément Avi Loeb, directeur du département d’astronomie de l’Université de Harvard. La phrase claque sur le bandeau publicitaire rouge posé par l’éditeur français, Le Seuil, sur la couverture du livre, intitulé Le premier signe d’une vie intelligente extraterrestre.

    Un ouvrage publié jeudi 28 janvier partout dans le monde et consacré à Oumuamua, cet étrange objet en forme de cigare rougeâtre qui a traversé notre système solaire à toute vitesse, en 2017.

    Repéré le 19 octobre de cette année-là par le télescope Pan-Starrs1 à Hawaï, Oumuamua (qui signifie « le messager » en hawaïen) mesure 400 mètres de longueur et 40 mètres de largeur. Sa vitesse est si élevée qu’il ne peut provenir que d’une étoile distante – en l’occurrence Vega. Et surtout, c’est le premier corps céleste détecté venant d’un autre système stellaire.

    Une accélération bizarre et une forme insolite

    Question : comment qualifier cet étrange objet ? C’est un astéroïde affirment d’abord les astronomes. Avant qu’une équipe de l’Agence spatiale européenne estime qu’il s’agit plus probablement d’une comète venue de très loin.

    Mais ces deux hypothèses laissent quelques chercheurs sur leur faim. À commencer par Avi Loeb, donc, directeur de l’Institut de théorie et de calcul (ITC) du Centre d’astrophysique Harvard-Smithsonian et spécialiste des trous noirs. Selon lui, ces hypothèses ne permettent pas d’expliquer l’accélération de ce corps céleste, ni sa forme insolite, ni le fait qu’il n’ait dégagé aucune traînée – gaz ou poussières – en passant à proximité du Soleil.

    Avec un jeune associé de recherche, Shmuel Bialy, Avi Loeb publie alors un article dans la très sérieuse revue Astrophysical Journal Letters, avançant la théorie que Oumuamua ne peut être qu’une sonde propulsée par une civilisation extraterrestre.

    Leur publication est évidemment vivement critiquée. Aujourd’hui, écrit Avi Loeb dans son livre, « le débat se prolonge faute de preuves tangibles » et « quoi que l’on finisse par conclure au sujet de Oumuamua, force est de constater qu’il a été, et demeure, une anomalie en soi ».

    De curieux et surprenants mouvements saccadés

    En 270 pages, le physicien américano-Israélien expose ses hypothèses sur « ce premier visiteur interstellaire jamais identifié » et « explore la question de savoir si nous sommes seuls dans l’Univers », expliquent les éditions du Seuil.

    « Il nous faut garder l’esprit ouvert sur les possibilités de ce qui existe dans l’espace – en particulier la vie. Sinon, nous pourrions rater quelque chose d’étonnant, comme les responsables de l’Église du XVIIe siècle qui ont refusé de regarder à travers le télescope de Galilée. »

    Il est vrai qu’Oumuamua n’a rien de commun. Il a ainsi montré aux télescopes du monde entier de curieux et surprenants mouvements saccadés alors qu’il quittait notre système solaire.

    Certains astronomes ont alors conclu que ce corps céleste était une comète « étrange »​, accélérée, bousculée par des jets de gaz qui devaient s’évaporer à sa surface – sauf qu’aucun gaz de ce type n’a été détecté. Et qu’un curieux manteau organique nappe sa surface.

    Comme le raconte le New York Times , il est vrai que Loeb, élevé dans une ferme en Israël, fils de réfugiés de l’Holocauste et d’une Europe déchirée par la guerre, est l’un des scientifiques les plus imaginatifs de notre temps.

    Il écrit fréquemment pour Scientific American et sur un large éventail de sujets – de la cosmologie aux trous noirs en passant par l’opportunité d’inspecter les atmosphères des exoplanètes à la recherche de signes de pollution industrielle ou même de guerre nucléaire.

    Il est aussi président de la Black Hole Initiative, à Harvard, et président du comité consultatif scientifique de Breakthrough Starshot, un projet visant à envoyer de minuscules sondes à Alpha Centauri (système stellaire et planétaire le plus proche du système solaire), propulsées à un cinquième de la vitesse de la lumière par des voiles solaires.

    Rechercher des « bio-signatures »

    Ces voiles solaires n’ont rien d’une ineptie : voilà plus de trente ans que les scientifiques les plus sérieux construisent des prototypes d’objets mus par le vent solaire et ses photons.

    Plusieurs engins de petite taille, destinés à mettre au point les systèmes de déploiement et de contrôle d’orientation de ces voiles, ont été placés en orbite ou sont en cours de développement : Ikaros (173 m²) de l’agence spatiale japonaise, lancé en 2010, ou Sunjammer, voile solaire de 1 200 m² dont le développement a été conduit par la Nasa jusqu’en 2014.

    Pour Avi Loeb, les caractéristiques lumineuses et les capacités d’accélération d’Oumuamua à son passage au sein de notre système solaire plaiderait en faveur d’une sonde mue par la même énergie.

    La science académique moderne, se plaint-il, a surévalué des sujets tels que les univers multiples, pour lesquels il n’y a aucune preuve, et sous-évalué la recherche de la vie dans l’espace, « non seulement sous la forme de signaux radio extraterrestres, mais sous la forme de produits chimiques, de bio-signatures », ou même « des artefacts technologiques, comme Oumuamua »​. Il milite pour aller au-delà de la quête d’une vie microbienne sur Mars, objectif de la mission Perseverance de la Nasa.

    Et Loeb, cité par le New York Times, de poser cette conclusion douce-amère : « Dès que nous saurons que nous ne sommes pas seuls, que nous ne sommes pas la civilisation la plus avancée à avoir jamais existée dans le cosmos, nous comprendrons que nous aurons dépensé plus d’argent pour développer les moyens de détruire la vie sur notre planète qu’il n’en aurait coûté pour la préserver. »

    Et là, nul besoin de venir de l’autre bout de l’Univers ou de croire à l’existence d’E.T. pour apprécier la justesse de son analyse.

    https://media.ouest-france.fr/v1/pictures/MjAyMTAxNDQ1NzhkZTY2NjJhMzM5ZDZkZjJhMmFmNmI1MzE5OWQ?width=1260&fo

    • (2017 : le manteau en carbone)
      https://www.ouest-france.fr/sciences/espace/oumuamua-le-mysterieux-messager-interstellaire-porte-un-curieux-manteau

      Oumuamua, l’étrange corps céleste en forme de cigare venu d’un autre système stellaire, est protégé par un manteau fait de matériau organique riche en carbone. C’est ce qu’ont révélé les astronomes qui l’étudient alors que ce « messager » passe au sein de notre système solaire.

      Décidément, l’étrange « messager » (c’est la signification de son nom, Oumuamua, en langue hawaïenne) venu des confins de l’espace n’en finit pas d’intriguer les scientifiques. D’abord parce que c’est la première fois que l’on parvient à détecter un objet interstellaire en « visite » dans notre système solaire. D’où l’enthousiasme de la communauté des astronomes qui est parvenue à établir l’origine extrastellaire de l’objet en observant son orbite. Ensuite parce que sa couleur et sa composition restent mystérieuses.

      Repéré le 19 octobre par le télescope Pan-STARRS1 situé à Hawaï, Oumuamua, lors de son passage récent au plus près du Soleil, n’a montré aucun signe d’activité cométaire.

      Il navigue depuis des milliards d’années

      Les comètes sont composées de glace, de matériaux organiques et de roches. Leur orbite est très elliptique et, lorsqu’elles se rapprochent du Soleil, les glaces se transforment en gaz. Le mélange de gaz et de poussières éjecté forme la « chevelure » de la comète.

      Dans une étude publiée dans la revue scientifique Nature le 20 novembre, une équipe de chercheurs a estimé qu’Oumuamua était en fait un astéroïde, fait de roches et de métaux. Long de 400 mètres sur 40 de large seulement, il pourrait avoir été éjecté de son étoile hôte lors d’événements chaotiques il y a des milliards d’années.

      Oumuamua a été classifié comme un astéroïde interstellaire et s’est vu attribuer le nom scientifique de 1I/2017 U1 (I pour interstellaire).

      Un manteau d’au moins 50 cm d’épaisseur

      Dernier étonnement en date : lundi, dans la revue Nature Astronomy, une équipe de chercheurs estime que l’objet pourrait encore avoir un intérieur glacé. Ces astronomes ont établi qu’Oumuamua serait recouvert d’un « manteau » protecteur d’au moins 50 centimètres d’épaisseur, fait de matériau organique riche en carbone.

      « Ce manteau isolant pourrait avoir été formé par des réactions entre la surface originelle de l’objet, faite d’un matériau riche en glace et en carbone, et le bombardement par des rayons cosmiques pendant des millions ou des milliards d’années », déclare Alan Fitzsimmons, de l’Université Queen’s de Belfast.

      Ce revêtement aurait pu protéger un intérieur encore riche en glace de l’objet céleste, d’une évaporation lors de son passage près du Soleil.

      « Une composition interne glacée ne peut donc pas être exclue », en dépit de l’absence d’activité de l’objet lors de son passage près du Soleil, souligne l’étude.

      Une grande première

      Les astronomes estiment qu’un astéroïde interstellaire similaire à Oumuamua passe à l’intérieur du système solaire environ une fois par an. Mais on n’avait encore jamais réussi à en détecter un.

      De son côté, le programme Breakthrough Listen, dédié à la recherche d’une vie intelligente extraterrestre, a braqué la semaine dernière le puissant radiotélescope de Green Bank (Virginie-Occidentale) sur Oumuamua. « Il n’a pas été mis en évidence de signaux artificiels émanant de cet objet jusqu’à présent […] mais la surveillance et l’analyse des données se poursuivent », a annoncé jeudi dernier Breakthrough Listen.

      Les chercheurs vont poursuivre leurs observations de l’objet.

    • https://www.franceculture.fr/emissions/la-question-du-jour/pourquoi-la-recherche-sur-la-vie-extraterrestre-nest-elle-pas-prise-au

      C’est un essai bien à part dans la recherche en astronomie : « Premier signe d’une vie intelligente extraterrestre » du physicien renommé Avi Loeb, paraît en France (Seuil). Sujet très sérieux mais aussi très critiqué : pourquoi la recherche sur la vie extraterrestre n’est-elle pas prise au sérieux ?

      En 2017, un objet interstellaire est passé près du Soleil et nous révélait des caractéristiques encore inconnues… Trois ans plus tard, Avi Loeb, un physicien de renom autrefois directeur du département d’astronomie à Harvard, y consacre un essai : Premier signe d’une vie intelligente extraterrestre (Seuil).

      Sujet très sérieux mais aussi très critiqué, ce phénomène astronomique inédit serait la preuve, pour le physicien américain, qu’une civilisation intelligente est partie avant nous à la recherche de la vie dans l’univers…

      Intervenants

      Christophe Galfard
      physicien et écrivain

    • Faut-il y voir l’oeuvre d’une civilisation extraterrestre ? Le SETI est justement revenu sur cette délicate question dans une déclaration récente. L’institut reconnaît ainsi l’étrangeté du signal, mais il a également tenu à remettre la découverte dans son contexte et à rappeler que BLC1 était un candidat, et non un signal confirmé.

      Micka vous en parlait dans cet autre article évoqué un peu plus haut, mais de nombreux chercheurs pensent que le signal repéré pourrait avoir été produit… par la Terre.

      Nos équipements génèrent en effet de nombreux signaux radio et ces derniers ne restent pas sagement sur la Terre. Ils rayonnent en effet vers l’espace, à un point tel qu’ils ont même fini par former un cocon invisible autour de notre monde.

      Dans le communiqué publié par le SETI, Franck Marchis, l’astronome planétaire sénior de l’institut, rappelle ainsi qu’il est parfaitement possible que le signal capté par le Breakthrough Listen provienne en réalité de la Terre – et même qu’il s’agit de l’explication la plus probable.

      https://www.fredzone.org/signal-proxima-centauri-seti-443

    • Ce qui m’étonne toujours un peu, quand je lis les articles sur le sujet, c’est l’incapacité à imaginer autrement qu’à travers nos technologies. Pourtant on en connait les limites. Voiles solaires comme ondes radios par exemple. Avec une voile solaire on pense pouvoir un jour atteindre 1/6ème de la vitesse de la lumière. Ce qui permet d’aller sur Proxima Centauri B en 20 ans. Les ondes radios elles, mettent 4 ans pour y parvenir. Ce qui veut dire qu’au mieux on peut y envoyer une sonde automatisée et intelligente capable d’éviter les obstacles et calculer sa route toute seule vers la naine rouge Proxima Centauri, puis la planète Proxima B une fois arrivée autour du système à trois soleils, Alpha Centauri.

      Mais le hic, c’est qu’on n’en saura rien avant 4 ans. C’est surtout pour ces raisons que seuls quelques doux-dingues en rêvent encore. On peut imaginer facilement que si il existe une vie sur cette planète et qu’elle a atteint notre niveau technologique, la situation soit identique. Ou alors les doux-dingues y sont au pouvoir. Et ça craint car potentiellement ils ne sont peut-être pas si doux mais beaucoup plus dingues.

    • Mais le hic, c’est qu’on n’en saura rien avant 4 ans. C’est surtout pour ces raisons que seuls quelques doux-dingues en rêvent encore. On peut imaginer facilement que si il existe une vie sur cette planète et qu’elle a atteint notre niveau technologique, la situation soit identique. Ou alors les doux-dingues y sont au pouvoir. Et ça craint car potentiellement ils ne sont peut-être pas si doux mais beaucoup plus dingues.

      Et, deuxième effet « kiss cool de dingue », c’est que pour nous faire croire que « l’esprit pionnier » est la seule voie de salut vers un « avenir radieux », les grandes firmes et celles ou ceux qui les financent dépensent un « pognon de dingue » ...

    • un texte (googletraduit) de Avi Loeb Dans Scientific American du 21 janvier dernier

      Why Do We Assume Extraterrestrials Might Want to Visit Us ? - Scientific American
      https://www.scientificamerican.com/article/why-do-we-assume-extraterrestrials-might-want-to-visit-us

      Pourquoi supposons-nous que les extraterrestres pourraient vouloir nous rendre visite ?

      Il est présomptueux de supposer que nous méritons une attention particulière de la part des espèces avancées de la Voie lactée. Nous pouvons être un phénomène aussi inintéressant pour eux que les fourmis le sont pour nous ; après tout, lorsque nous marchons sur le trottoir, nous examinons rarement, voire jamais, toutes les fourmis sur notre chemin.

      Notre soleil s’est formé à la fin de l’histoire de la formation des étoiles de l’univers. La plupart des étoiles ont des milliards d’années de plus que les nôtres. Tellement plus vieux, en fait, que de nombreuses étoiles semblables au soleil ont déjà consommé leur combustible nucléaire et se sont refroidies en un reste compact de la taille de la Terre connu sous le nom de naine blanche. Nous avons également appris récemment que de l’ordre de la moitié de toutes les étoiles semblables au soleil hébergent une planète de la taille de la Terre dans leur zone habitable, ce qui permet l’eau liquide et la chimie de la vie.

      Puisque les dés de la vie ont été lancés dans des milliards d’autres endroits de la Voie lactée dans des conditions similaires à celles de la Terre, la vie telle que nous la connaissons est probablement courante. Si tel est effectivement le cas, certaines espèces intelligentes pourraient bien avoir des milliards d’années d’avance sur nous dans leur développement technologique. Lorsqu’elles évaluent les risques liés aux interactions avec des cultures moins développées comme la nôtre, ces civilisations avancées peuvent choisir de s’abstenir de tout contact. Le silence qu’implique le paradoxe de Fermi (« Où est tout le monde ? ») Peut signifier que nous ne sommes pas les biscuits les plus dignes d’attention du pot.

      Comme première approximation de ce à quoi les humains ressemblent, il est raisonnable de regarder le miroir. Cette approche repose sur l’hypothèse banale que chacun de nous partage une ascendance génétique commune avec toutes les personnes. Mais ce n’est peut-être pas le cas pour la vie qui s’est développée indépendamment sur d’autres planètes. Par exemple, les animaux et la végétation de l’exoplanète habitable la plus proche, Proxima Centauri b, pourraient être terriblement différents de ceux de la Terre. En particulier, les animaux pourraient posséder des yeux étranges, optimisés pour détecter le rayonnement infrarouge émis par Proxima Centauri, une étoile naine avec la moitié de la température de surface du soleil.

      Étant donné que Proxima b est 20 fois plus proche de son étoile que la Terre ne l’est du soleil, nous nous attendons à ce qu’elle soit verrouillée, montrant à tout moment le même visage à son étoile, car la lune nous montre toujours le même visage. Les espèces résidant sur son côté permanent permanent peuvent être complètement différentes de celles de sa nuit plus froide, présentant des modèles distincts de sommeil forcé. Toute végétation à la surface de la planète s’adapterait à la récolte de la lumière infrarouge, montrant un « bord rouge » à une longueur d’onde plus longue que les plantes sur Terre. En conséquence, l’herbe dans la cour de notre voisin peut être rouge foncé et non verte comme la nôtre.

      Il est encore plus difficile de prévoir à quoi ressembleraient des technologies vieilles de plusieurs milliards d’années. En les recherchant, nous devons signaler les anomalies vues à travers nos télescopes et ne pas balayer des signaux inattendus sous le tapis du conservatisme. Si nos instruments ne sont pas assez sensibles ou nos techniques de recherche inadéquates, nous ne découvrirons pas de technosignatures. Le traitement des données sans algorithmes d’apprentissage automatique appropriés peut ressembler à lancer un filet de pêche inefficace qui ne capture jamais de poisson parce que ses trous sont trop grands.

      Nous concevons nos recherches en fonction de ce que nous voyons dans le miroir. Après l’invention des radiocommunications et des lasers, nous avons commencé à rechercher des signaux radio et laser de l’espace extra-atmosphérique ; les considérations de recherche ont progressé de manière similaire avec la technologie des voiles légères. Alors que nous imaginons de nouvelles technologies, nous pourrions finalement trouver celle qui nous permettrait de détecter de nombreuses autres espèces qui l’utilisent.

      Cependant, nous devons être prudents avec des observations anecdotiques qui ne sont pas à la hauteur des normes de preuves scientifiques quantitatives. Cela inclut les théories du complot sans preuves à l’appui, qui apparaissent avec une certaine régularité, ou des rapports sur des objets volants non identifiés (OVNI), qui ne résistent pas à l’examen minutieux de la reproductibilité - la condition préalable pour être comptés comme des données scientifiques crédibles. Les rapports d’OVNIS fournissent des indices qui sont toujours à la limite de la détectabilité. Étant donné que nos appareils d’enregistrement se sont considérablement améliorés au fil du temps, on peut s’attendre à ce qu’une photo floue prise par un vieil appareil photo d’il y a 50 ans se transforme en une image nette dans les appareils photo avancés d’aujourd’hui, fournissant ainsi des preuves concluantes au-delà de tout doute raisonnable.

      Mais les indices sont toujours marginaux, ce qui implique que les ovnis sont très probablement des artefacts dans nos instruments ou des phénomènes naturels. Pour obtenir une crédibilité scientifique, toute découverte d’un objet inhabituel doit être suivie d’une étude quantitative de celui-ci ou d’autres objets de ce type au moyen de procédures scientifiques bien documentées. Les preuves scientifiques restreignent notre imagination et apportent le salut d’idées farfelues.

      Le paradoxe de Fermi est prétentieux en ce qu’il suppose que nous, les humains, avons une sorte de signification cosmique. La réalité est peut-être que nous sommes ordinaires et condamnés à périr, tout comme les dinosaures, à la suite d’une catastrophe. Pourquoi nos voisins galactiques se soucieraient-ils de la verdure de notre herbe ? Étant donné que les étoiles naines comme Proxima Centauri sont beaucoup plus abondantes que le soleil, la plupart des planètes habitables pourraient être couvertes d’herbe rouge foncé, ce qui serait aussi apaisant pour les yeux infrarouges de la plupart des exo-vacanciers que l’herbe verte l’est pour nous. En conséquence, les agences de tourisme interstellaire peuvent trouver Proxima b comme une destination plus attractive que la Terre. On peut se demander, comme l’a fait Enrico Fermi, pourquoi aucun exo-touriste n’est venu nous admirer. Mais mieux encore, nous pourrions entrer en contact avec Proxima b et inciter les habitants à visiter et partager une boisson à base d’eau avec nous.

    • Le bide du voyageur galactique (#paywall)
      https://www.liberation.fr/debats/2021/01/27/le-bide-du-voyageur-galactique_1818603

      En 2017, pour la première fois, un objet venu de l’extérieur du Système solaire a été détecté. Le chercheur Avi Loeb est convaincu, un peu seul contre tous, de son origine artificielle.

      Erwan Cario, auteur de l’article référence ci-dessus, @erwancario sur touiteur
      https://twitter.com/erwancario/status/1356325823855394816

      En gros, les 260 pages du livre sont là pour tenter de donner de la crédibilité aux quelques lignes qui suffisent à expliquer le cœur de la théorie. Et il va jusqu’à en faire LA vérité que les autres refusent de voir.

      Et vazy que j’invoque le rasoir d’Okham (ce qui relève ici de la supercherie), que je décris les autres scientifiques comme des gens obtus enfermés dans leurs préjugés et qui refusent “de regarder dans la lunette de Galilée”, et que je multiplie les arguments d’autorité.
      [nombreux relais média...]

      Mais pourquoi relayer une telle parole, sans filtre, avec tout au plus une citation dissidente pour “équilibrer” ? Parce qu’en vrai, personne n’y croit. Personne n’en a fait un événement à la hauteur de ce que ça devrait être si Avi Loeb avait la preuve de ce qu’il avance. [...]

      Et puis... j’y vais un peu de mon interprétation personnelle, mais je considère que ce courant de pensée (car c’en est un) tient d’une idéologie particulière, celle qui croit à un deus ex machina technologique attendu pour l’humanité.

      Ils sont persuadés que les civilisations extraterrestres avancées sont capables de capter l’intégralité de l’énergie de leur soleil (sphère de Dyson et autres "mégastructures"). Ceux qui s’inquiètent pour le climat et prônent les économies d’énergie, ILS ONT RIEN COMPRIS !

      Au contraire, c’est la course en avant technologique qui nous sauvera tou·te·s et nous permettra de franchir le cap du voyage interstellaire ! En commençant par Mars, bien sûr. Parce que tout problème a sa solution techno, n’est-ce pas Elon ? (...)

      ‘Oumuamua est-il la preuve d’une vie extraterrestre ? L’hypothèse non prouvée du scientifique Avi Loeb
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/01/28/y-a-t-il-une-vie-extraterrestre-l-hypothese-non-prouvee-du-scientifique-avi-

      Cependant, il y a un hic. Et de taille. L’astronome américain Carl Sagan (1934-1996), qui ne cacha jamais son attrait pour l’hypothèse d’une vie ailleurs dans l’Univers, disait qu’une affirmation aussi extraordinaire que l’annonce d’une civilisation extraterrestre nécessitait « des preuves extraordinaires ». Or, de preuve qu’‘Oumuamua soit un vaisseau venu d’une exoplanète, Avi Loeb n’en apporte aucune. Et il le reconnaît.

      Son livre s’apparente donc à un brillant exercice de rhétorique mais nullement à une démonstration scientifique. Tout y passe. La posture dite de Galilée – déjà adoptée par Claude Allègre quand il niait le réchauffement climatique – qui consiste à se poser en visionnaire seul contre un establishment borné. Mais être seul contre tous, comme le fut le savant toscan, ne garantit pas d’avoir raison.

  • Loi séparatisme : une grave atteinte aux libertés associatives
    https://www.liberation.fr/debats/2021/01/21/loi-separatisme-une-grave-atteinte-aux-libertes-associatives_1818075

    Pour un collectif d’associations et de chercheurs, ce nouveau texte, qui a pour objectif d’encadrer, contrôler et sanctionner davantage l’action associative, constitue une menace grave pour l’ensemble de leurs actions. Tribune. Après la loi sécurité globale, le projet de loi confortant le respect des principes de la République, dite « loi séparatisme », constitue une atteinte sans précédent aux socles de notre république et menace nos libertés les plus fondamentales. Contrairement à ce qui est avancé (...)

    #activisme #législation #surveillance #syndicat

  • Bruno Latour : « Un conflit oppose les Extracteurs et les Ravaudeurs... »
    https://www.liberation.fr/debats/2021/01/21/bruno-latour-un-conflit-oppose-les-extracteurs-et-les-ravaudeurs_1818077

    C’était, dès le premier confinement, l’une de ses grandes convictions  : crise écologique et pandémie sont liées. Bruno Latour confirme l’intuition dans son nouveau livre, Où suis-je  ? (La Découverte). Suite de son précédent ouvrage à succès Où atterrir  ?, dans lequel il décrivait une humanité hors-sol sous l’effet de la mondialisation – et déchirée entre ceux qui veulent poursuivre sur cette lancée et ceux qui cherchent à retrouver un ancrage terrestre – ce nouvel opus prépare la piste d’atterrissage  : entamer la transition écologique, c’est être capable de se localiser sur Terre, en étant lié au reste du monde vivant. C’est aussi prendre le temps de décrire à la fois ce dont on estime avoir besoin pour vivre, et ce à quoi l’on tient.

    #Bruno_Latour #Paywall (Quelqu’un.e aurait accès à cet article ?) #Où_suis_je ?

    • La pandémie nous a-t-elle métamorphosés  ?

      En tout cas, elle nous a montré à quel point cette métamorphose est nécessaire. Comme dit le dicton, il ne faut jamais gâcher une crise. Pour l’heure, les Gafa ne l’ont pas gâchée du tout, tant ils ont réussi à nous transporter dans un monde « distanciel » qui les enrichit par milliards. Mais dans le même temps, malgré l’étendue de la crise, les questions écologiques n’ont pas été mises de côté. Les divers plans de relance économique – comme ceux qui ont été votés en France ou en Union européenne – incluent par exemple des fonds destinés à la transition écologique. L’esprit n’est plus seulement « on fonce et on se remodernise ». Une métamorphose s’amorce, comme le montre aussi le fait que, lorsque Macron a comparé les opposants à la 5G à des Amish, il a été assez largement moqué. Il n’y a pas si longtemps, cette phrase aurait été prise comme un mot d’ordre. Plus personne ne s’imagine que l’on va « moderniser » sans fin la Terre, car cela impliquerait d’utiliser bien plus de ressources que la planète ne peut nous en fournir  ! Il faut maintenant que les Terrestres, ceux qui souhaitent opérer ces transformations et habiter l’unique planète dont nous disposons, commencent par penser la façon dont ils veulent être dans le monde. La localisation est une expérience métaphysique nécessaire.

      Pour cela, il faudrait commencer par réduire notre « empreinte écologique ».

      Oui, et c’est d’ailleurs à cause de ce que tout cela implique que beaucoup de personnes n’ont pas précisément envie d’amorcer cette réflexion. La deuxième étape, c’est de se poser cette simple question  : « Où suis-je  ? ». La réponse nous est donnée par l’expérience de ces derniers mois. Nous sommes confinés, non pas dans nos logements, mais dans ce que les scientifiques appellent la « zone critique ». Cette fine couche de sol et d’air, épaisse de quelques kilomètres à la surface du globe, est le monde construit depuis presque quatre milliards d’années par l’ensemble des êtres vivants, dont nous ne sommes qu’une espèce. Observer ce qui nous entoure, c’est prendre conscience de l’omniprésence du vivant et des interactions qui s’opèrent en permanence entre les êtres. Cela est vrai partout, que ce soit dans le centre des grandes métropoles ou à la campagne. Se situer dans le monde, en interaction et en interdépendance avec le reste du vivant, doit nous conduire à dépasser le clivage traditionnel entre le naturel et le culturel. Héritée de la philosophie moderne, cette opposition a bloqué notre inventivité, qu’il s’agit aujourd’hui d’égailler en explorant des pistes qui ne s’inscrivent pas dans la conception traditionnelle du progrès. Il y a deux erreurs à ne pas commettre  : continuer comme avant, et vouloir abandonner tous nos acquis scientifiques et technologiques pour revenir dans un passé jugé plus respectueux de la Terre. Pour réduire notre empreinte terrestre, il faut donc augmenter notre capacité d’innovation, de la même manière que les vivants ont innové au cours des quatre derniers milliards d’années.

      Cela implique-t-il une forme de repli sur le local  ?

      Aujourd’hui, beaucoup de gens se demandent comment maintenir l’habitabilité du petit coin de planète dans lequel ils vivent. Il est utile de se demander d’où vient l’énergie que nous consommons, quel trajet ont parcouru les produits que nous consommons, etc. Mais l’une des leçons utiles du Covid est la démonstration du caractère global, globalisateur, des phénomènes liés au vivant. Si le monde est habitable, c’est grâce à des connexions qui prennent un caractère multiscalaire  : l’oxygène de l’atmosphère provient d’organismes microscopiques vivant dans les océans à des centaines de kilomètres de chez nous, la richesse des sols dépend de la vie microscopique de ce qui se trouve sous nos pieds. En d’autres termes, il nous faut prendre conscience des limites de la notion de limite  : à part pour quelques « capsules » dans l’espace, la seule véritable limite est celle qui délimite la zone critique, puisque la vie est impossible ailleurs. Inversement, les séparations entre régions ou entre Etats-nations ne sont pas hermétiques. La globalisation économique nous avait déjà permis de saisir à quel point un lieu est toujours ouvert et connecté. Il s’agit de réinvestir cette idée, non pas à travers la question des circuits de production et d’échanges commerciaux, mais à travers celle des conditions d’habitabilité de la Terre. C’est à partir de cette compréhension que l’on peut vraiment se réapproprier le lieu où l’on est, et réfléchir à ce dont nous dépendons par nos habitudes de consommation, nos émissions de polluants, etc. C’est, au sens littéral, un atterrissage sur Terre.

      Diriez-vous qu’il s’agit de renouer avec une forme d’empirisme qui avait disparu, faute de rapport direct avec le terrain  ?

      J’ai beaucoup étudié les scientifiques de laboratoire au cours de ma carrière. Les phénomènes qu’ils étudient en « vase clos » sont extraits du contexte dans lequel ils se ­déroulent habituellement. Ce réductionnisme est utile à la compréhension théorique, mais il ne correspond pas à la réalité de terrain, car il ne prend pas en compte les mille autres paramètres qui interviennent. Ceux qui étudient la zone critique mêlent le terrain et le laboratoire  : ils adaptent leurs analyses aux territoires qu’ils étudient – une vallée, un versant de montagne… – mais en utilisant tous les moyens scientifiques à disposition pour analyser les dynamiques physiques, chimiques ou encore biologiques. Cette redécouverte du territoire peut renvoyer au savoir empirique des paysans d’autrefois. Mais celui-ci se trouve complété, précisé, par les outils scientifiques. De la même manière, nous sommes tous appelés à retrouver cette sensibilité au territoire. C’est le sens du questionnaire que j’avais publié au printemps dans le journal en ligne AOC, ou des exercices que nous organisons dans le cadre des ateliers « Où atterrir  ? » Les participants sont invités à dire de quoi ils dépendent. Cela amorce un exercice de description du monde dans lequel ils vivent, des activités qui leur semblent essentielles et des choses dont ils estiment pouvoir se passer.

      A partir de ces façons de se localiser dans le monde, vous opposez deux camps en guerre  : ceux qui veulent « atterrir », et ceux qui poursuivent l’exploitation destructrice de la planète.

      Je distingue les Extracteurs, qui veulent exploiter les ressources de la terre, et les Ravaudeurs, ceux qui essaient de la « réparer ». Il est difficile de proposer une cartographie précise de ce conflit, tant l’enjeu qui se présente à nous est nouveau  : il ne s’agit pas d’une révolution que certains veulent faire et que d’autres voudraient empêcher. Il s’agit de réparer les conséquences d’un événement enclenché au moins depuis le milieu du XXe siècle avec l’accélération de l’urbanisation et de l’industrialisation du monde, et auquel nous avons tous plus ou moins directement participé. Il s’agit de l’anthropocène, c’est-à-dire la période géologique actuelle dans laquelle les humains influent sur les cycles biogéochimiques de la planète. Lorsque vous vous placez du côté des Ravaudeurs, la difficulté est que vous devez apprendre à reconnaître vos ennemis, mais que vous ne pouvez pas les répartir en camps, parce que nous avons tous des positionnements différents sur des questions aussi variées que la consommation de viande, le nucléaire, ou la production agricole. Et nous sommes en partie notre propre ennemi, parce que nous portons tous avec nous des comportements de consommation susceptibles de s’opposer à nos convictions. Tout cela est normal  : de même qu’il a fallu cent ans pour créer une classe ouvrière en Angleterre, il faudra aussi du temps pour créer une population écologique consciente de sa classe géo-sociale.

      Que peut l’Etat pour amorcer une transition écologique et ­favoriser l’émergence de ces classes géo-sociales  ?

      Comme l’a expliqué le philosophe John Dewey, l’Etat n’est pas fait pour résoudre les problèmes actuels, mais ceux que la société civile s’est déjà donnée par le passé. Il sait administrer une population nombreuse, organiser le travail, mettre en place des mécanismes de solidarité comme la Sécurité sociale. Mais personne n’a la moindre idée de ce que serait un Etat écologique, une société d’abondance compatible avec le « confinement » dans la zone critique où les ressources sont limitées. Combien de personnes, au sein de l’appareil d’Etat, comprennent réellement quoi que ce soit à la question écologique  ? D’une ­certaine manière, je dirais qu’il ne faut pas que les partis écologistes arrivent trop vite à l’Elysée, car rien ne changera vraiment tant que la société civile ne saura pas où elle est, connaissant son territoire, ses amis et ses ennemis. Des changements sont envisageables à l’échelle des communes, où l’on peut mener des initiatives concrètes. Mais pour opérer vraiment une métamorphose, il faut d’abord multiplier les expériences écologiques locales comme à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes.

      Vous citez beaucoup la Bible. Pourquoi la question de la religion est-elle nécessaire pour préparer l’atterrissage  ?

      Parce que le texte le plus avancé sur la question du lien géo-social entre pauvreté et écologie est l’encyclique Laudato si’ écrite par le pape François en 2015. Dire que le cri de la Terre et celui des pauvres sont un seul et même cri, cela fait partie des événements intellectuels fondamentaux de l’époque. Ce texte embarrasse les catholiques, peu habitués à ce que l’Eglise s’intéresse à l’écologie, qui plus est en la mêlant à la question de la charité. On ne peut donc pas dire que les catholiques soient plus avancés que les autres sur ces questions. En revanche, il y a une prise de conscience.

      Vous parlez du danger des religions sécularisées. De quoi s’agit-il  ?

      La religion est une forme d’organisation théologico-politique, un arrangement historique qui fixe des croyances et un dogme. Lorsque vous êtes croyant, vous assumez cela en connaissance de cause, mais avec les textes originaux vous avez aussi les « contre-poisons » contre les excès des institutions ou des pensées religieuses. Le problème actuel est que notre Etat laïc fonctionne selon cette même forme d’organisation, en fondant ses croyances autour de l’idée de progrès ou de marché économique. Mais comme nous pensons être sortis de la religion, nous refusons de remettre en cause cette vision des choses. Cela nous empêche de voir que le discours économique n’est pas le seul possible et que la prise en compte des enjeux écologiques passe par d’autres récits.

      Vous prenez beaucoup de plaisir à inventer images et formules. Cette écriture proche du récit ou du conte philosophique vous semble-t-elle nécessaire  ?

      En tout cas, c’est comme ça que j’écris. Je dirais qu’il faut dramatiser. Le mot « tragédie » renvoie à la fois à une situation tragique, mais aussi à une œuvre collective interprétée à plusieurs. Cette forme d’écriture est la machinerie nécessaire pour que la fiction nous aide à passer du tragique de la situation à un projet commun.

    • Du dernier Latour, Nous ne sommes pas seuls sur touiteur
      https://twitter.com/N_n_s_p_s/status/1384126521359491072

      1. Du dernier Latour, nous retenons avant tout ceci : la nouvelle lutte des classes géo-sociales n’a plus rien à voir avec le capitalisme et l’extraction de survaleur ; la notion de camp n’a plus de sens ; et la révolution doit être abandonnée pour la métamorphose. Voir p. 149 :

      2. « Plus seulement une histoire de la lutte des classes, mais une histoire des nouvelles ‘classes géosociales’. Le devenir non-humain des humains déplace l’injustice : ce n’est plus la ‘plus-value’ qui est accaparée, mais les capacités de genèse, la plus-value de subsistance ».

      3. Voilà une analyse qui brouille plus les cartes qu’elle ne les rebat habilement ! Une analyse faisant comme si nous étions devons une alternative : ou bien l’analyse marxiste, ou bien l’analyse écologique/terrestre.

      4. Soit vous restez bloqué dans le combat éculé autour de « l’infrastructure économique », depuis laquelle se repéraient les anciennes injustices et s’identifiait le sujet révolutionnaire par le passé ; soit vous changez totalement de paradigme, pour aller vers le « terrestre »

      5. Là où le premier pôle, « révolutionnaire », combattait la capture de la valeur économique, engendrée par les ouvriers, contre le camp du Capital, le second, « métamorphique », s’occuperait de la capture de la valeur écologique, l’habitabilité engendrée par les formes de vie

      6. @BrunoLatourAIME, la lutte contre l’extraction de survaleur est-elle une histoire du passé ? Comme on peut le penser avec Moore, le capitalisme ne consiste-t-il pas, justement, à capter les capacités de genèse des vivants pour fabriquer de la survaleur (et des inégalités) ?

      7. La conséquence est la suivante : Latour ne nous indique plus précisément qui est l’agent de cette capture, ni dans quel but elle se réalise… (si ce n’est les « Extracteurs »… mais qu’au final nous serions tous… il n’y a plus de camps politiques on vous dit !).

      8. Là où Latour fait jouer écologie contre marxisme (lutte pour l’habitabilité contre lutte anticapitaliste), le capitalisme continue en réalité d’être l’opérateur de la « capture des capacités de genèse », étendue au non-humain, donc une catégorie plus que jamais pertinente

      9. Il ne faut justement pas sortir le capitalisme de l’analyse comme agent politique du ravage planétaire, mais écologiser notre analyse du capitalisme en intégrant une multiplicité d’autres agents, autres qu’humains – CO2, atmosphère, forêts, microfaunes, rivières…

      10. Il s’agit moins de rejeter Latour que de voir que ses formulations se « dé-brouillent » dès lors que l’on dit que le capitalisme est ce système de domination qui capte les capacités de genèse des formes de vie pour fabriquer ses plus-values, capacités humaines et non-humaines

      11… capturées selon différentes modalités : le salariat = l’exploitation de la force de travail ; et hors du marché, par l’appropriation d’un travail extra-économique, gratuit ou quasi, non-reconnu comme tel : travail domestique, écologique, animal et métabolique, cf. Moor Barua

      12. Bientôt dans la revue Terrestres, une recension de Où suis-je ? par Daniel Tanuro, qui nous offrira une belle occasion de discuter de cet ouvrage depuis un héritage et une analyse marxiste.

      #exploitation #capture #travail #mise_au_travail #Jason_Moore

  • Des foules de partisans de Trump convergent vers Washington | La Presse
    https://www.lapresse.ca/international/etats-unis/2021-01-06/des-foules-de-partisans-de-trump-convergent-vers-washington.php

    Bravant les consignes sanitaires, des hommes et femmes venus de tous les #États-Unis se massaient sans masque dans les métros, convergeant vers une capitale dont les vitrines étaient une fois de plus barricadées par crainte d’éventuels débordements.

    Le président sortant, qui continue de nier la victoire de son rival démocrate Joe Biden, encourage depuis des jours ses supporteurs à défiler dans la capitale pour cette journée qui sera « folle », a-t-il prévenu.

    Il doit prendre la parole devant ses troupes à 11 h depuis l’Ellipse, esplanade située au sud de la Maison-Blanche, et devrait répéter les accusations de fraudes qu’il martèle depuis deux mois sans en apporter la preuve.

  • Ille-et-Vilaine : une rave-party avec 1 000 à 2 000 personnes malgré le couvre-feu, trois gendarmes blessés
    https://www.francetvinfo.fr/societe/couvre-feu-du-17-octobre-2020/ille-et-vilaine-une-rave-party-avec-1000-a-2000-personnes-organisee-a-l

    Une rave-party avec 1 000 à 2 000 personnes a été organisée dans la nuit de jeudi 31 décembre à vendredi 1er janvier à Lieuron (lle-et-Vilaine) malgré le #couvre-feu et les interdictions liées à l’épidémie de coronavirus, rapporte France Bleu Armorique. Après avoir joué au chat et à la souris avec les forces de l’ordre, les fêtards se sont installés dans les hangars désaffectés d’une société de transport à Lieuron le long de la D177 entre Rennes et Redon. 

    Trois #gendarmes ont été légèrement blessés par des jets de pierre alors qu’ils tentaient d’intervenir. Un véhicule de la gendarmerie a également été incendié, a appris franceinfo auprès des militaires.

    Un hélicoptère pour compter les participants

    A 9h ce vendredi matin, la fête clandestine se poursuivait. Un important dispositif avec des renforts est en train de se mettre en place, a indiqué la gendarmerie nationale. Un hélicoptère devait décoller pour évaluer plus précisément le nombre de participants.

    Avant le 31 décembre, le ministre de l’Intérieur avait fixé comme une des priorités « la lutte contre les rassemblements non autorisés et les phénomènes de violences urbaines ». Au sujet des « fêtes clandestines », la consigne était d’intervenir « dans les meilleurs délais », « dès qu’un rassemblement de ce type est signalé ».

    #incendie