• Cinq questions sur la fuite de données concernant plus de 533 millions de comptes Facebook
    https://www.lemonde.fr/pixels/article/2021/04/05/cinq-questions-sur-la-fuite-de-donnees-concernant-plus-de-533-millions-de-co

    Un internaute a mis en ligne, samedi 3 avril, une gigantesque base de données contenant notamment les numéros de téléphone associés à des centaines de millions d’utilisateurs. L’alarme a été sonnée en plein week-end de Pâques, le samedi 3 avril, par un professionnel de la sécurité informatique. Dans une série de tweets massivement partagée, Alon Gal, cofondateur de l’entreprise Hudson Rock, spécialiste de la cybercriminalité, a révélé que les données personnelles liées à plus de 500 millions de comptes (...)

    #Facebook #données #hacking

  • Ethiopie : jetées par leurs employeurs libanais, les « bonnes » tentent de se reconstruire
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/04/01/ethiopie-jetees-par-leurs-employeurs-libanais-les-bonnes-tentent-de-se-recon

    Elles débarquent à l’aéroport d’Addis-Abeba, capitale de l’Ethiopie, par vagues successives depuis un an. Des centaines et des centaines de femmes, rapatriées par les autorités éthiopiennes, qui travaillaient comme domestiques au Liban avant de se retrouver sans toit ni emploi.Pendant des mois, alors que le pays du Cèdre s’enfonçait dans une crise économique, sociale et sanitaire, elles ont attendu sur le trottoir du consulat éthiopien de Beyrouth. Certaines jetées là par des employeurs venus les déposer en voiture comme on se débarrasse d’encombrants. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), plus de 60 000 migrants éthiopiens ont été rapatriés du Moyen-Orient depuis janvier 2020. Des hommes, souvent employés en Arabie saoudite et au Yémen, mais aussi quantité de femmes, recrutées comme « bonnes » au Levant et dans la péninsule.
    Sur les quelque 250 000 domestiques étrangères travaillant au Liban, on estime que près de la moitié sont éthiopiennes. Des travailleuses de tous âges, souvent venues de milieux modestes et ruraux, à qui des agences de recrutement ont fait miroiter l’eldorado.Coups, harcèlement, privation de nourriture, exploitation… Au Levant, les « bonnes » sont souvent confrontées aux abus et au racisme de leurs employeurs. Leur salaire – quand il leur est versé – oscille entre 100 et 300 dollars par mois. Un montant à peu près deux fois supérieur au revenu moyen en Ethiopie, mais qui est loin de compenser les maltraitances que certaines subissent.
    Le phénomène est tel que plusieurs centres ont ouvert en Ethiopie pour prendre en charge les revenantes, notamment depuis la grande vague de rapatriement de 2013, suite à un coup de filet des autorités saoudiennes contre les sans-papiers. A l’époque, plus de 160 000 Ethiopiens avaient été expulsés du Moyen-Orient. Malgré les fermetures de frontières et les restrictions de déplacement, le Covid-19 a créé un nouvel appel d’air.
    « Nous avons été très surpris de l’afflux. En temps de pandémie, on s’attendait justement à une accalmie », confie Fiseha Melese, responsable des programmes d’Agar, une association qui vient en aide aux Ethiopiennes rapatriées.Après un rapide test psychologique à leur départ à Beyrouth puis à leur arrivée à Addis-Abeba, les femmes les plus fragiles sont dirigées vers des structures comme Agar, qui compte trois centres dans la capitale éthiopienne – un pour les hommes et deux pour les femmes. Créée en 2005 pour subvenir aux besoins des personnes âgées, l’association s’est reconvertie il y a sept ans dans l’accompagnement psychologique des migrants victimes de violences au Moyen-Orient. Au total, elle a accueilli 911 femmes en 2020. Presque deux fois plus que les années précédentes.
    « Maltraitées, déprimées, sexuellement agressées »
    Elles sont vingt-quatre à vivre aujourd’hui dans l’un de ses refuges, une maison anodine de trois étages en bordure d’Addis-Abeba. Complètement protégées du monde extérieur, nourries, logées, blanchies, les pensionnaires peuvent rester jusqu’à un an, selon leur état. Certaines sont là depuis quelques jours, d’autres depuis plus de six mois. Elles sortent peu, essentiellement pour des rendez-vous avec des psychiatres à l’hôpital.
    « C’est comme un puzzle qu’il faut reconstituer, explique Eden Ayele, la psychologue de l’association Agar. Nous avons affaire à des femmes maltraitées, déprimées et parfois sexuellement agressées. L’une d’entre elles est restée neuf mois enfermée dans une cave. On l’obligeait à faire du pain, à raison de quinze heures par jour. Elle n’a pas vu la lumière du jour pendant presque un an. » Connu pour ses effets délétères, le système libanais du kafala (tutelle) est la porte ouverte à beaucoup d’abus. En toute impunité, certains employeurs confisquent les passeports de leurs domestiques ou restreignent les mouvements. C’est pour échapper à ces mauvais traitements que Wekitu Nata a fui sa « Madame ».Finis les coups, les insultes, les retards de paiement. Finis aussi les papiers qui lui permettaient de travailler légalement au Liban. La jeune femme, vêtue de ses seuls habits de domestique, a erré au hasard des rues de Beyrouth jusqu’à trouver des compatriotes prêts à l’héberger. Elle a vécu plusieurs années clandestinement dans la capitale libanaise avant d’être rapatriée en décembre 2020.

    #Covid-19#migrant#migration#liban#ethiopie#sante#santementale#retour#crise#economie#pandemie#kafala#domestique

  • Internet par satellite : la nouvelle bataille de l’espace
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/04/02/internet-par-satellite-la-nouvelle-bataille-de-l-espace_6075300_3234.html

    La course s’accélère pour diffuser l’Internet haut débit dans les zones inaccessibles partout sur la planète. Elon Musk s’impose avec Starlink, un projet de constellation de 42 000 satellites. Vostothni, au sud-est de la Sibérie, dans la nuit du jeudi 25 mars. Sur le pas de tir de ce cosmodrome russe, une fusée Soyouz opérée par l’entreprise européenne Arianespace décolle. Sa mission, mettre en orbite 38 satellites de la société anglo-indienne OneWeb. Ils vont rejoindre les 110 autres gravitant déjà autour de la Terre, premiers éléments d’une constellation de 648 satellites destinée à diffuser l’Internet haut débit partout sur la planète.

    La veille, à Cap Canaveral, en Floride (Etats-Unis), une fusée Falcon 9 ajoutait 60 satellites aux 1 300 lancés en moins de deux ans par Elon Musk, dirigeant de Tesla et fondateur de l’entreprise spatiale SpaceX, pour former sa propre constellation, Starlink. Mais là, il s’agit d’une tout autre échelle : ce maillage spatial devrait être composé, à terme, de 42 000 satellites.

    Ces lancements n’en sont donc qu’à leurs débuts. Ils vont se poursuivre avec la régularité d’un métronome, à raison de 34 à 36 satellites une fois par mois pour OneWeb, et de 60 tous les quinze jours pour Starlink, jusqu’à ce que leur réseau soit tissé. Dans les années à venir, les mises en orbite vont s’intensifier avec la concrétisation des projets de l’opérateur de satellites canadien Telesat, ainsi que de ceux du patron d’Amazon, Jeff Bezos, et de l’Union européenne.

    Engouement pour l’orbite basse

    Hormis les Chinois, très secrets, ils sont donc cinq acteurs à vouloir connecter les zones isolées, les voies maritimes et aériennes, en plaçant des satellites entre 550 kilomètres et 1 200 kilomètres d’altitude. Cet engouement récent pour l’orbite basse est lié à la multiplication des services nécessitant des temps de réponse quasi instantanés, que ce soit dans les transports, la finance, la défense ou même les jeux vidéo. Or, à la différence de l’orbite géostationnaire à 36 000 kilomètres, où gravitent des satellites de télécommunications, la basse altitude offre le double avantage d’un débit très élevé et surtout d’un temps de latence infime.

    Mais le ticket d’entrée pour former une constellation est élevé : entre 2 milliards et 10 milliards de dollars (entre 1,7 milliard et 8,5 milliards d’euros). Un investissement considérable pour des perspectives encore floues, mais espérées prometteuses. Aujourd’hui, les communications par satellites représentent moins de 1 % du marché mondial du transport de la donnée, 6 milliards de dollars sur les 800 milliards annuels.

    « Les besoins sont tels que ce pourcentage devrait doubler rapidement », estime Hervé Derrey, PDG du fabricant franco-italien de satellites Thales Alenia Space (TAS). « Ce que cherche un opérateur de satellites, ce n’est pas de concurrencer la fibre, mais d’occuper la niche où elle ne pourra jamais aller », résume le directeur général d’Eutelsat, Rodolphe Belmer. Dans cette perspective, « rien que pour l’Europe, nous estimons à 3 ou 4 millions le nombre de foyers à connecter à l’horizon 2030, et 5 millions en Afrique ».
    « The winner takes all »

    Cependant, la compétition s’annonce inégale face à Elon Musk, devenu l’acteur spatial le plus actif de la planète. « Il faut avoir en tête qu’il possède plus de 40 % des satellites opérationnels, relève Stéphane Israël, président exécutif d’Arianespace, l’entreprise chargée du lancement des fusées Ariane, Soyouz et Vega. Qu’un seul acteur privé ait autant de poids soulève de nombreuses questions, surtout quand on sait que les constellations peuvent aussi être des infrastructures de souveraineté. »

    Après s’être imposée en quelques années sur le marché des lanceurs, sa société SpaceX fabrique des satellites pour les besoins de sa constellation. Ces derniers sont alors envoyés par ses propres fusées, dont le premier étage revient après chaque mission se poser sur une barge dans l’Atlantique pour être réutilisé. Etant le seul à maîtriser l’ensemble de la chaîne et le premier sur le créneau des constellations, le milliardaire américain impose ses conditions aux autres arrivants, selon l’adage « the winner takes all » .

    Depuis octobre 2020, plusieurs milliers de Nord-Américains participent aux tests d’accès à Internet dans des régions rurales isolées. Tout avance très vite. Au début du mois de mars, SpaceX a déposé un dossier auprès de la Commission fédérale des communications pour connecter son réseau aux camions, bateaux et avions. L’entreprise a aussi ouvert les précommandes au public. Il en coûtera 499 dollars pour l’achat d’un terminal, et un abonnement mensuel de 99 dollars. Mais la couverture sera limitée au départ à l’Amérique du Nord et au Royaume-Uni. Le seul qui pourra rivaliser, à cette échelle, sera Jeff Bezos, avec son projet Kuiper de 3 200 satellites, encore à l’étude.

    « La constellation la moins chère »

    A coté de ces méga-constellations, un autre entrepreneur américain, Greg Wyler, a choisi une stratégie différente. Fournir avec l’entreprise OneWeb, qu’il crée en 2012, l’Internet haut débit partout dans le monde à destination des professionnels, des collectivités locales ou des gouvernements, sans aller jusqu’au particulier comme le prévoient Starlink et Kuiper. A l’origine, il avait convaincu Coca-Cola d’entrer au tour de table de sa start-up, pour que dans des endroits inaccessibles de la planète les distributeurs de boissons soient équipés de relais.

    Autre différence, les satellites sont placés sur une orbite polaire plus haute que celle de Starlink, 1 200 kilomètres au lieu de 550 kilomètres, ce qui permet d’en avoir moins, leur couverture de la Terre étant plus large. Trois lancements sont effectués entre 2019 et 2020, mais la société connaît des problèmes de financement qui la contraignent en 2020 à se placer sous la protection du chapitre 11 de loi américaines des faillites. Elle sera reprise en juillet par le gouvernement britannique, associé à l’entrepreneur indien Bharti.

    « Nous sommes la constellation la moins chère du monde, 2 milliards de dollars », apprécie le directeur technique de OneWeb, Massimiliano Ladovaz, qui prévoit une mise en service partielle avant la fin de l’année. « Il nous faut encore trois lancements pour arriver à couvrir le Nord de l’Europe, le Royaume-Uni, l’Alaska et le Canada. Ce sera fait à l’été. Nous aurons une couverture globale fin 2022. » Pour cela, OneWeb poursuit avec Airbus la fabrication de ses satellites de 150 kg, « de la taille d’une très grosse machine à laver américaine », au rythme de deux par jour dans leur usine de Cap Canaveral. « 70 % du développement est français », souligne-t-il.

    C’est aussi un européen, TAS, qu’a choisi en février le canadien Telesat pour fabriquer les 298 satellites de sa constellation Lightspeed. Comme OneWeb, elle évoluera à 1 000 kilomètres et ne s’adressera pas aux particuliers. « Cela fait deux ans que nous travaillons sur la conception et le design », souligne Hervé Derrey. « Nous savons ce que nous avons à faire, et les premiers satellites seront lancés en 2023, le réseau constitué en 2025 », affirme-t-il pour relativiser l’impression de retard face aux autres projets.

    « Nos satellites seront interconnectés et chacun pourra parler à quatre autres par laser, ce qui permettra par exemple aux passagers en croisière ou en avion de communiquer instantanément où qu’ils soient dans le monde », décrit-il. Le gouvernement canadien sera le premier client pour vendre des capacités aux communes rurales isolées et lutter contre les zones blanches.

    L’UE joue « le coup d’après »

    « Derrière chaque constellation, il y a un Etat en soutien », souligne Luigi Scatteia, expert espace chez PWC. Face aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et au Canada, le commissaire européen chargé de l’espace, Thierry Breton, a annoncé en décembre 2020 un projet européen de réseau de satellites. L’objectif est d’être indépendant, comme pour la géolocalisation avec Galileo face au système GPS américain, ou pour l’observation de la Terre avec le service Copernicus.

    « Ne cherchons pas à copier les Américains ou les Chinois, mais jouons le coup d’après avec une constellation nouvelle génération permettant d’échanger en toute sécurité partout dans le monde », lance-t-on à Bruxelles. Une manière de transformer le retard en avantage pour cette constellation déjà surnommée « Bretonicus » en raison de l’implication de son promoteur. Fin avril, neuf industriels – dont Airbus, Eutelsat, Arianespace et TAS – publieront leur étude de faisabilité de réseau, dont l’investissement est estimé à 5 milliards d’euros.

    L’impératif sera d’aller vite car l’enjeu est de taille. Il en va de la souveraineté numérique, face à des opérateurs privés non européens dont certains, comme Amazon, sont déjà leaders de l’hébergement dans le cloud – l’informatique dématérialisée. Or, certains acteurs du secteur s’inquiètent du risque de saturation de l’espace. Et pointent le fait que le nombre de fréquences disponibles proposées par l’Union internationale des télécommunications, basée à Genève, est restreint, ce qui limite le nombre de constellations possibles.

    La course de vitesse engagée suscite des inquiétudes multiples. « Nous assistons à une sorte de colonisation de l’orbite basse qui ne pourra pas accueillir sans limite et sans dommages des dizaines de milliers de satellites », alerte régulièrement Stéphane Israël. Le patron d’Arianespace ne veut pas d’un espace « Far West » et plaide pour « une régulation urgente ».

    Dominique Gallois et Alexandre Piquard

    #Tesla #satellite #technologisme #domination