Changer de cible : comment obliger le CAC40 à débrancher Macron

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  • Changer de cible : comment obliger le CAC40 à débrancher Macron, par Dominique G Boullier
    https://blogs.mediapart.fr/dominique-g-boullier/blog/150423/changer-de-cible-comment-obliger-le-cac40-debrancher-macron

    Romaric Godin avait raison d’appeler à une nouvelle #stratégie de la part des syndicats, mais pour cela, il faudrait qu’ils se décentrent de leur propre base et de leur vision du système productif et mesurent les propriétés de l’#adversaire, sinon ils continueront les manifs, les débrayages et jamais aucune grève générale ne verra le jour. Car ce moyen-là est lui-même épuisé. Comme le sont les ressources budgétaires des salariés mais aussi parce que le « tous ensemble » a été rendu impossible par l’émiettement des statuts, des postes, des entreprises, etc. A l’exception de quelques points de passage obligés que sont les raffineries, la gestion des déchets, l’électricité voire les transports. Mais ces blocages finissent par toucher plutôt les plus démunis et les « gens ordinaires », ce qui conduit à dresser le peuple contre le peuple « pris en otage » !

    Reprenons donc le raisonnement en partant d’un exemple d’action déjà menée cette semaine : l’invasion du magasin Louis Vuitton sur les Champs Elysées. C’est dans cette voie qu’il faut s’orienter pour plusieurs raisons (et cela prolonge les propositions de Michel Feher dans AOC parlant des Robin des Bois).

    • 1./ Ce sont elles [les quelques grandes entreprises financiarisées du CAC40] qui ont mis en place Macron après avoir hésité avec Fillon, branche qui s’est avérée pourrie mais qui eût été aussi malfaisante, ne nous faisons pas d’illusion, mais plus politique, ce que ne sait pas faire Macron.

      C’est là sa faille, il méprise la politique et tous les corps intermédiaires et pousse à la disruption de manière sadique (voir mon billet précédent sur ce blog) et c’est la méthode qu’on enseigne aux cost killers des business schools.

      Or tout le CAC40 n’est pas prêt à assumer une telle violence dans les rapports sociaux et reste sur un modèle de politique anesthésiante que la droite classique savait pratiquer en même temps que le bâton, pour produire de la servitude volontaire. Ces failles-là doivent être exploitées.

    • 2./ [la cible primaire : ] les effets de réputation financière sur leurs propres firmes.
      [...]
      premier niveau d’action : purement technique pour paralyser le système financier [...] toute action de sabotage élémentaire comme coupure d’électricité, coupures de réseaux de télécommunications et hackings de divers types pour faire tomber des serveurs est une menace sérieuse. Seuls quelques groupes sociaux clés peuvent mener ces actions et il faut lancer des appels en leur direction et coordonner leurs actions.
      [...]
      deuxième niveau d’action : saboter la réputation de ces firmes du CAC40 et des investisseurs étrangers sur la place de Paris, [...] montrer qu’ils sont devenus les ennemis du peuple et le faire comprendre aux investisseurs dans une propagation (voir mon livre récent sur les propagations) de réputation pourrie qui peut finir en panique boursière.

    • 3./ Les actions qui peuvent engendrer cet effondrement réputationnel sont alors innombrables. L’action chez Vuitton [envahissement du magasin des Champs-Elysées] en est un bon exemple. Pas de violence (car le mouvement joue lui aussi sur sa réputation), du grand spectacle (visibilité maximum à assurer), effet de peur garanti chez les clients mais aussi et surtout pour la firme (peur du discrédit avant tout, aussi à l’international), étiquetage martelé sur les superprofits de LVMH/ Bernard Arnault, désignation d’un ennemi précis facile à reconnaitre (les vampires du CAC40, des fonds spéculatifs et leurs superprofits) et prémisses d’actions de blocages (approvisionnements) et de boycott (par les consommateurs) : image de honte associée aux produits LVMH, analogue à l’effet de disqualification de l’avion - qui commence à fonctionner.

      et les 2 dernières sections du post (plus compactes)

      4./ Ces actions doivent être imprévisibles [...] Nous passons de l’action par le nombre à l’action par le scandale (selon la grille d’Offerlé pour les répertoires d’action des mouvements sociaux).

      5./ Le pilotage de ces actions [...] sa versatilité le rend producteur d’incertitude (source essentielle du pouvoir, rappelons-le) [...] formes d’action décentralisées, collectives que les Gilets Jaunes ont cherché à mettre en place mais cette fois sans avoir à occuper quoi que ce soit dans la durée, c’est même le contraire qu’il faut privilégier (ce ne sont plus des guerres de position mais bien des actions de guérilla qui sont les plus déstabilisatrices).

    • Vous êtes sérieux ? À défaut de pouvoir compter sur le mouvement ouvrier, comptons sur la classe capitaliste elle-même ?

      La grande bourgeoisie, et d’abord les premiers prédateurs en tête du CAC40, ont peut-être créé Macron (ils ont en tous les cas promus ce majordome à la tête de leur État), ils sont surtout ceux qui recourront demain au fascisme et sa violence criminelle débridée si le mouvement ouvrier les menace. L’histoire nous laisse à ce propos aucun doute.

      Pour empêcher de nuire cette classe qui précipite l’humanité dans l’abîme, il ne faut pas seulement envahir leur siège pendant 24 h et nuire à leur réputation (je rêve), ils faudra les exproprier. Liquider par les armes leur pouvoir sur toute la société.

      Donc ignorons ces fantasmes d’opérations auxquelles mêmes les plus adolescents des gauchistes ont renoncé depuis longtemps. — ou, à la rigueur, rions-en un peu. Mais cela ne vaut rien.

    • Etienne Balibar : Un tournant dans le mouvement | 16.04.23

      https://blogs.mediapart.fr/etienne-balibar/blog/160423/un-tournant-dans-le-mouvement
      https://seenthis.net/messages/999396

      C’est un mouvement qui a une signification de classe aveuglante [...] Quelles propositions peut-on formuler pour contribuer à son élargissement en face de la violence du pouvoir ?
      [...]
      D’abord et avant tout il faut restaurer, élargir, garantir légalement et constitutionnellement les libertés individuelles et collectives, la sûreté des citoyens, les droits civiques à commencer par celui d’association et de manifestation.
      [...]
      Ensuite, il faut élargir la base du mouvement de masse, diversifier ses composantes, en tenant compte des modes de lutte qu’invente chaque groupe social, mais en recherchant les formes les plus unitaires, les plus démocratiques elles-mêmes, à la fois librement autogérées et potentiellement majoritaires dans le pays.
      [...]
      Mais pas non plus de complaisance pour le mirage d’une contre-violence inspirée par la « haine des flics », si compréhensible soit-elle subjectivement et affectivement. Une guérilla urbaine ou campagnarde ne fera que donner des prétextes à la violence d’Etat – une violence incomparablement supérieure et qui se déchaîne, comme dit l’autre, « quoi qu’il en coûte » et ne s’embarrasse d’aucun scrupule. La contre-violence est vouée à l’échec et conduit droit dans le piège du pouvoir.