Emeutes urbaines : le recours aux unités d’élite de la police et de la gendarmerie, une stratégie inédite et « assumée »
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Deux jours après la mort de Nahel M., 17 ans, tué d’une balle à bout portant par un policier à l’occasion d’un contrôle routier, personne ne s’attendait à voir mobilisés les effectifs de cette prestigieuse unité [la BRI], ni ceux du RAID (Recherche, assistance, intervention, dissuasion), du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) et de leurs antennes locales, davantage rompus aux prises d’otages et à l’interception de « go fast » qu’à la gestion des « VU » – les violences urbaines.
Oubliées, les consignes de retenue données lors des premiers affrontements. Avec la multiplication de scènes de pillage et d’extrême violence, les images accablantes du contrôle routier qui a coûté la vie au jeune Nahel M. ont disparu des écrans en quelques heures, au profit de séquences apocalyptiques, avenues en flammes, centres commerciaux dévalisés, gerbes des mortiers d’artifice tirés contre des bâtiments publics.
Depuis la place Beauvau, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a compris que l’opinion se retournait, que le risque d’un procès en incompétence – pire à ses yeux : en laxisme – excédait désormais celui, pourtant bien réel, d’une nouvelle bavure. Politiquement, il a aussi estimé avoir les coudées franches. Contrairement à un Nicolas Sarkozy empêtré dans ses mensonges après la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré, deux adolescents électrocutés après une course-poursuite avec des policiers, en octobre 2005, n’a-t-il pas jugé « extrêmement choquantes » les images du contrôle routier mortel de Nanterre, filmées par une passante et devenues virales ?
« Démonstration de force »
Le ton et la méthode changent. « Des instructions d’intervention systématiques ont été données aux forces de l’ordre », tweete-t-il le jeudi 29 juin. Le matin même, dans le cadre du dispositif Coordination opérationnelle renforcée dans les agglomérations et les territoires, une première décision a autorisé les pelotons de sécurité et d’intervention de la gendarmerie à agir en zone police. Puis est venue celle d’engager sur le terrain les unités d’élite de la police et de la gendarmerie. Pour une « démonstration de force totalement assumée et revendiquée, affirme l’entourage du ministre, avec un double objectif opérationnel et psychologique ».
Il s’agit de reprendre l’initiative en bousculant les émeutiers, loin de la stratégie habituelle du maintien de l’ordre, qui consiste théoriquement à tenir les manifestants à distance. Les blindés du RAID et de la BRI sont engagés au plus près des affrontements.