La militarisation de l’automobile

/1012539

  • Le succès paradoxal du Grenadier Ineos, ce 4 × 4 ultra-émetteur fabriqué en France
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2023/08/06/le-succes-paradoxal-du-grenadier-ineos-ce-4-4-ultra-polluant-fabrique-en-fra

    (...) sous le contrôle et la pression du milliardaire [Jim Ratcliffe] de 70 ans, très impatient, l’usine [de Hambach (Moselle), ancienne usine Smart, rachetée à Mercedes en décembre 2020] s’est réorganisée pour s’adapter à la production d’un véhicule massif : 4,90 mètres de long, 1,93 mètre de large, plus de 2 mètres de haut. Il embarque un moteur BMW 6 cylindres, essence ou diesel (285 ou 249 chevaux), qui consomme plus de 14 litres aux 100 kilomètres dans sa version essence et émet 336 grammes de CO2 par kilomètre. Une aberration environnementale.

    Le #malus_écologique en France commence à 123 grammes de CO2 par kilomètre et augmente progressivement jusqu’à… 226 grammes. A ce niveau et au-delà, il peut atteindre 50 000 euros (il est plafonné à 50 % du prix du véhicule) et s’ajoute à la facture. Le tarif d’entrée de gamme pour un Grenadier est à près de 68 000 euros.

    « En France, une dizaine de clients ont payé la pénalité sans sourciller », constate Shashi Vaidyanathan, un ancien de Citroën, directeur commercial de la marque pour la France, Monaco et le Benelux. Les autres passent entre les gouttes au prix d’une astuce réglementaire : classé en véhicule utilitaire lorsque l’on remplace deux vitres latérales arrière par de la tôle, comme une camionnette, le Grenadier 5 places échappe au malus.

    Cette niche n’est-elle pas menacée à terme ? Ineos, qui instrumentalise tous les interstices réglementaires, table sur le fait que Bercy évitera toujours les mesures pénalisant le Renault Master, fourgonnette produite en France… Le Grenadier peut même rouler dans les zones à faibles émissions (ZFE) : son moteur BMW répondant à la norme Euro 6, « il sort avec une vignette Crit’Air 1 en version essence, Crit’Air 2 en diesel », assure le responsable commercial.
    [...]
    La voiture coûte cher à Ineos, qui a investi 1,5 milliard d’euros dans son projet automobile mais, à voir la place du Grenadier dans la décoration des bureaux du groupe à Monaco, où Sir Jim s’est exilé fiscalement, son patron se sent déjà payé de retour. La marque lui apporte une notoriété que la pétrochimie n’assure pas à cet entrepreneur parti de rien.

    #automobile