Les inégalité climatiques matérialisent la rupture métabolique du capitalisme.
▻https://blogs.mediapart.fr/jlmfi/blog/120823/les-inegalite-climatiques-materialisent-la-rupture-metabolique-du-ca
Mickaël Correia, Donatien Huet et Cédric Rossi ont produit collectivement un très bel article sur la "captation" des espaces verts aux alentours ou dans les centre-villes. L’occasion d’un prolongement, sur cette matérialisation de la rupture métabolique sociale et climatique du capitalisme. ►https://www.mediapart.fr/journal/ecologie/120823/inegalites-climatiques-comment-les-riches-accaparent-les-espaces-verts
La ville comme Braudel l’a montré, est le cœur des échanges économiques, et non de la production, c’est le cœur du "métabolisme capitaliste", et c’est en son sein, à ses périphéries souvent que ce métabolisme digère les droits individuels, prive, impacte les conditions de vie de ceux qui produisent, en première ligne. L’article de Mickaël Correia, Donatien Huet et Cédric Rossi est très beau, d’abord, car il met des images sous une réalité : le capitalisme ne fait pas qu’affronter la nature comme il affronte les travailleurs dans sa rupture métabolique climatique et sociale.
La banlieue et l’habitat des travailleur, des producteurs, montrent ce métabolisme arachnéen, qui met les hommes en cage, détruit la nature où la "naturalise", en l’emprisonnant, en supprimant massivement ceux qui savaient ce qu’était la nature d’avant le capitalisme. On l’ignore souvent, mais le concept de nature apparaît à l’âge moderne, à la renaissance, dans son acception actuelle, dominante.
Istvan Mészáros en 2014, nous dit un certain nombre de choses de ce métabolisme du capital qui condamne les travailleurs, à cette quadruple peine dont l’article parle. ( Beyond Capital : Toward a Theory of Transition, Istsvan Mészáros ).
Ainsi, nous dit-il quelque chose de l’effondrement dans sa description de l’acharnement du Capital et de son métabolisme à subordonner, parquer, surveiller, en broyant et les hommes et la nature, ce qu’Engels cité dans l’article avait fort justement décrit, et ce que Marx dans le livre 1 du Capital disait déjà, ce qu’il approfondira dans ses carnets longtemps oubliés, consacrés aux Sciences Naturelles.
Meszaveros nous dit en 2014 :
La contradiction fondamentale du système capitaliste de contrôle tient à ce qu’il ne peut séparer l’« avancée » de la destruction, ni le « progrès » du gaspillage – même si les résultats sont catastrophiques. Plus il libère les pouvoirs de la productivité, plus il doit libérer les pouvoirs de la destruction. et plus il étend le volume de la production, plus il doit enterrer chaque chose sous des montagnes de déchets étouffants. (Mészáros, 2014, p. 49-50)
Il poursuit ensuite en démontrant la dérive vers une néo-religion, un fétichisme de l’accumulation capitaliste, qui le conduit à tout transformer, à tout subordonner à la cause de l’accumulation. Il décrit ce métabolisme sur la voie du déclin.
le système du capital, en tant que mode de reproduction social métabolisant, se trouve dans sa phase descendante de développement historique et peut donc être dit avancé sur le plan capitaliste, mais dans aucun autre sens, et par conséquent, il n’est capable de se maintenir que d’une manière toujours plus destructive et donc, en fin de compte, autodestructrice.
Ces superbes photos de l’article sont celles du sacrifice des travailleurs par le système capitaliste voué à la croyance, à une religion nouvelle, non séparée de l’État qui lui dévoue son action.
Kohei Saito dans "La nature contre le capital" cite Marx
[La production capitaliste] perturbe d’un autre côté le métabolisme entre l’homme et la terre, c’est-à-dire le retour au sol des composantes de celui-ci usées par l’homme sous forme de nourriture et de vêtements, donc l’éternelle condition naturelle d’une fertilité durable du sol. Elle détruit par là même à la fois la santé physique des ouvriers des villes et la vie intellectuelle des ouvriers agricoles. (Marx, 1993, p. 565-566)
Les travailleurs sont donc "externalisés" de la ville, comme de la nature, comme la production capitaliste en pleine crise écologique (à la suite du rapport Meadows). Le capitalisme a systématisé et reproduit l’externalisation vers le sud de sa production ensevelissant peu à peu la planète sous les déchets.
Là où la chaleur tape, là où la nature a été chassée et préemptée, là où l’air est viciée et mortelle, là où les déchets se mèlent à des infrastructutes obsolescentes en lambeaux, vivent les travailleurs et les "petites mains", qui produisent le nécessaire et le superflu (les déchets) qui conditionnent l’accumulation du capital divinisé par l’Etat bourgeois, et cette forme démocratique qui fait que celui qui n’a rien pratique une démocratie "dématérialisée" pour le seul intérêt des bourgeois et des actionnaires, une démocratie intéressée, dont la matérialisation ne concerne que les bourgeois...