La France suspend les mobilités étudiantes avec le Niger, le Mali et le Burkina Faso

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  • La France suspend les mobilités étudiantes avec le Niger, le Mali et le Burkina Faso
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    La France suspend les mobilités étudiantes avec le Niger, le Mali et le Burkina Faso
    Fin août, des étudiants de ces trois pays ont reçu un message du ministère des affaires étrangères les informant de l’annulation de leur séjour en France en raison de la crise diplomatique en cours.
    Par Soazig Le Nevé
    L’e-mail est arrivé le 30 août, deux jours avant le départ pour la France de Koffi (les étudiants cités témoignent avec un prénom d’emprunt), étudiant burkinabé et doctorant en géographie. « J’ai le regret de vous informer que nous annulons notre soutien pour votre séjour en France, toutes les prestations de Campus France sont annulées (billet d’avion, allocations et assurance santé) », y annonçait un interlocuteur du ministère de l’Europe et des affaires étrangères.
    La décision fait suite aux « événements intervenus à Niamey [Niger] fin juillet », poursuit l’auteur de ce message que Le Monde s’est procuré, en référence au coup d’Etat mené par des généraux désormais au pouvoir. « La France a suspendu son aide au développement à destination du Burkina Faso, du Mali et du Niger. Cette décision concerne également les bourses de mobilité du gouvernement français, dont vous êtes bénéficiaire », acte-t-il. Soit une somme de 1 500 euros mensuels, pour une durée de trois mois, que devait percevoir Koffi durant son séjour de recherche en France.
    Le jeune homme avait pourtant un visa, valable jusqu’en février 2024, explique-t-il au Monde, ainsi qu’un billet d’avion payé par Campus France, l’agence française de promotion de l’enseignement supérieur français à l’étranger. « La situation s’étant dégradée au cours de l’été, les vols Air France ont été suspendus, relate l’étudiant de l’université Joseph-Ki-Zerbo, à Ouagadougou, dont la thèse est codirigée par une chercheuse de l’Institut des mondes africains, une unité du CNRS située à Aubervilliers. Malgré cela, Campus France m’avait acheté un nouveau billet, la semaine de mon départ. » L’espoir a donc été brutalement douché, à réception de l’e-mail, le 30 août.
    La déception fut tout aussi grande pour Aya, une autre étudiante burkinabée, qui devait démarrer un master d’informatique à l’université Lyon-II. « Tout était fin prêt, ma fille avait rendez-vous pour obtenir son visa le 8 août, mais c’est le 4 août que l’interdiction de les délivrer est tombée », se désole son père. Selon lui, des dizaines d’étudiants se retrouvent immobilisés pour une durée inconnue et sont « les victimes innocentes de la crise diplomatique actuelle ». Ce qui aura pour conséquence de restreindre l’influence de l’Hexagone, estime-t-il. « Tout est toujours si compliqué avec la France que de plus en plus de jeunes se tournent vers le Ghana pour apprendre l’anglais et partir ensuite faire des études aux Etats-Unis », relate-t-il.
    Le « contexte sécuritaire » a conduit à une forte réduction du nombre d’agents présents dans les consulats, ce qui limite la capacité à délivrer des visas, explique-t-on au Quai d’Orsay tout en soulignant que les étudiants ne sont pas spécifiquement visés par ces restrictions, pas plus que les artistes. Une directive administrative, émanant des directions régionales des affaires culturelles, a créé la polémique, le 14 septembre, demandant à cesser toute collaboration avec les trois Etats. Lors d’un déplacement en Côte-d’Or, vendredi 15 septembre, Emmanuel Macron a nuancé, en assurant qu’il n’y avait « ni boycott ni représailles » et que la France allait continuer à accueillir des artistes du Sahel s’ils étaient en possession de visas.
    Selon le père d’Aya, il sera possible de relancer les procédures de délivrance, qui, depuis 2022, sont en grande partie gérées par des employés burkinabés au sein de la société Capago, mandatée par le gouvernement français pour traiter les dossiers qu’ils transmettent in fine pour validation au consulat. Du côté du ministère de l’enseignement supérieur, on assure que concernant la délivrance de nouveaux visas, la situation sera « réévaluée dans les semaines à venir à l’aune de l’évolution sécuritaire dans la région ». « Il n’a jamais été question et il ne sera jamais question ni de faire payer les populations pour les erreurs de leurs dirigeants ni de confondre coopération scientifique et politique », justifie l’entourage de Sylvie Retailleau, ministre de l’enseignement supérieur.
    Les coopérations existantes avec des universités ou d’autres établissements scientifiques se poursuivront, ajoute-t-on. « Les intellectuels, les chercheurs et les étudiants qui doivent se rendre en France et qui détiennent déjà un visa pourront, comme les artistes, continuer de le faire », affirme l’entourage de la ministre. Le cas du doctorant Koffi montre pourtant que jusqu’ici, la détention d’un visa ne semble pas suffire pour permettre une mobilité. Une chose est sûre, selon le ministère : les étudiants originaires des trois pays qui poursuivent leurs études actuellement en France et bénéficient d’une aide financière d’un opérateur public continueront de la percevoir. Au cours de l’année 2022-2023, Campus France a recensé un total de quelque 3 000 étudiants maliens, 2 500 Burkinabés et 1 200 Nigériens.

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  • Le Quai d’Orsay interdit aux scènes culturelles subventionnées toute collaboration avec les artistes du Mali, du Niger et du Burkina Faso

    https://www.lemonde.fr/culture/article/2023/09/14/le-ministere-des-affaires-etrangeres-interdit-aux-scenes-culturelles-subvent

    Un courrier des directions générales des affaires culturelles (DRAC) demande l’arrêt immédiat de tout projet de coopération avec les ressortissants de ces trois pays. Le ministère des affaires étrangères minimise la portée de la mesure.