• Dans le téléphone des gamins, j’ai découvert que j’étais enregistré à l’entrée « Le vieux » (je pense que c’est surtout parce que je leur ai dit que j’appelais mes propres parents « les vieux » depuis que je suis ado, et ça les avait un peu choqués puis amusés).

      Sur la longueur d’avance, grosse déception quand je lui ai dit qu’évidemment que je savais ce que ça veut dire, « daron », et même que ce serait plutôt de l’argot de mes propres grand-parents. (Le vieil argot et les expressions idiomatiques, ça reste une valeur sûre pour garder une longueur d’avance, nous les vieux, sur tous ces jeunes péteux. J’y dis « Tu vas de faire appeler Arthur », et la gamine en est restée comme deux ronds de flan.)

    • huhu, ma progéniture a pris les devants, à 6 ans elle a exigé un dictionnaire d’argot pour son anniversaire.

      Si tu veux scotcher les enfants, leur parler en vieux français littéraire, avec du subjonctif imparfait dedans et un vocabulaire riche et choisi pour sa rareté, non seulement c’est drôle mais de suite ça réveille le cerveau :)

    • Daron, daronne. Parents (père et mère) : Mes dabs : Mon vieux dab (le féminin dabesse est rare.)

      François Caradec et Jean-Bernard Pouy. Dictionnaire du français argotique et populaire. Nouvelle édition enrichie. Paris, Larousse, 2009. https://seenthis.net/messages/799412

      Faire chier (l’argot de Raymond Queneau)
      Dans son roman sans doute le plus célèbre, Zazie dans le métro (1959), Raymond Queneau use largement (et librement) non seulement de créations orthographiques, souvent homophoniques (Doukipudonktan ?, les coudocors…), mais aussi de son gout pour l’argot naturel, le parler populaire, la langue verte :
      • Alors ? Pourquoi tu veux l’être, institutrice ?
      • Pour faire chier les mômes, répondit Zazie. Ceux qu’auront mon âge dans dix ans, dans vingt ans, dans cinquante ans, dans cent ans, dans mille ans, toujours des gosses à emmerder.
      • Eh bien, dit Gabriel.
      • Je serai vache comme tout avec elles. Je leur ferai lécher le parquet. Je leur ferai manger l’éponge du tableau noir. Je leur enfoncerai le compas dans le derrière. Je leur botterai les fesses. Parce que je porterai des bottes. En hiver. Hautes comme ça (geste). Avec des grands éperons pour leur larder la chair du derche.
      • Tu sais, dit Gabriel avec calme, d’après ce que disent les journaux, c’est pas du tout dans ce sens-là que s’oriente l’éducation moderne. C’est même tout le contraire. On va vers la douceur, la compréhension, la gentillesse. N’est-ce-pas, Marcelline, qu’on dit ça dans le journal ?
      • Oui, répondit doucement Marcelline. Mais toi, Zazie, est-ce qu’on ta brutalisée à l’école ?
      • Il aurait pas fallu voir.
      • D’ailleurs, dit Gabriel, dans vingt ans, y aura plus d’institutrices : elles seront remplacées par le cinéma, la tévé, l’électronique, des trucs comme ça. C’était aussi écrit dans le journal l’autre jour. N’est-ce pas, Marcelline ?
      • Oui, répondit doucement Marcelline.
      Zazie envisagea cet avenir un instant.
      • Alors, déclara-t-elle, je serai astronaute.
      • Voilà, dit Gabriel approbativement. Voilà, faut être de son temps.
      • Oui, continua Zazie, je serai astronaute pour aller faire chier les Martiens.
      © Gallimard, 1959.