• Demain, 15 janvier 2024 : centième jour du conflit qui oppose Israël au peuple palestinien de Gaza. Cent jours de massacre inconditionnel autorisé par le soutien inconditionnel des nations de l’Occident à un régime sanguinaire qui a dévoyé le message premier et essentiel du judaïsme, à savoir celui de l’émancipation d’un peuple réduit en esclavage. Nous pouvons pleurer tous les défunts et nous consumer de rage. Nous pouvons aussi lire ce texte, méditer sur son message et en partager la force.

    https://blogs.mediapart.fr/collectif-chronik/blog/140124/sur-la-question-palestinienne-l-inconditionnelle-innocence-occidenta

    Par Hassina Mechaï, journaliste.

    Il se dit, au fil des transmissions d’un récit encore intact, qu’au 16e siècle, horrifié par les pogroms qui terrorisaient la communauté juive de Prague, un rabbin créa une créature informe, le Golem. Il lui donna vie en insérant dans sa bouche un parchemin portant le nom de Dieu (le Tétragramme hébraïque) et en inscrivant sur son front le mot « Emet », La Vérité en hébreu.

    Pour lancer le monstre contre les pogromistes, il suffisait de retirer l’aleph, la première lettre de ce mot. Le mot Met, la mort, marquait alors le front de la créature. L’aleph était ajouté dans l’autre sens, pour le dompter. Mais le Golem avait fini par horrifier son propre créateur, qui lui retira définitivement le parchemin de sa bouche et l’aleph de la vérité pour le ramener à son état premier de glaise informe.

    Cette petite lettre, silencieuse, scande la dialectique entre la mort et la vie, lesquelles restent suspendues à l’aleph manquant. Hors ce souffle presque muet, c’est le mensonge et la mort.

    • Le fait que les extrêmes droites mondiales se rangent désormais derrière Israël (et non les Juifs) devrait alerter. En plus d’y trouver le moyen de s’absoudre de son antisémitisme, l’extrême droite célèbre en Israël sa propre fétichisation du sang et de la terre, de la relégation de l’autre. Or longtemps, le reproche premier fait aux Juifs a été leur détachement territorial, la situation d’apatridie ou de migrations sans cesse forcées. Un peuple diasporique, pourchassé dont les sociétés d’accueil ont créé, par la persécution, les conditions mêmes du non ancrage et de la séparation.
      La célébration d’Israël par l’extrême-droite mondiale constitue en cela un sinistre renversement de l’histoire et une négation de l’éthique juive. Car l’hébreu est par définition « celui qui traverse », l’« Ibri » qui ne se laisse pas enfermer par les frontières et les Etats. Un peuple dont l’identité se fonde aussi sur le refus de ces réclusions. Un peuple qui a su se constituer ainsi par la sacralité et centralité d’une commune croyance et non pas à partir du territoire et du sang. À commencer par le paradigme premier, celui de la sortie de l’Égypte d’une foule d’esclaves constituée en peuple par la foi en un dieu unique et par l’acceptation de principes centrés sur le respect de l’autre et de ses droits, sur une transcendance incarnée dans l’immanence du « Prochain ». La pensée juive, à travers le temps, a été celle qui a permis de nombreuses « sorties d’Égypte », hors des enfermements et des despotismes.

      #Palestine #Israël #occident #hamas