« Blow Up », revu et inacceptable – Libération

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  • À propos de la relecture inconfortable des œuvres cinématographiques du passé, j’aimerais évoquer le cas Blow Up.

    Il y a quelques temps, j’ai récupéré ce titre en P2P, après avoir vu sur Youtube, une séquence du film, montrant les Yardbirds où on voyait, notamment un Jeff Beck , naturellement désinvolte, singeant Pete Townshend en train de massacrer sa guitare sur scène et entouré de ses camarades, plutôt rigolards, avec notamment Jimmy Page prenant le rôle de lead guitar dans le groupe.

    Je ne peux pas dire que la séquence m’a semblé particulièrement intéressante sur le plan musical, malgré la grande sympathie que j’ai toujours eu pour ce groupe mais cela m’a incité à en savoir plus, notamment ce que venait faire cette séquence insolite dans le film.

    Je ne suis pas cinéphile. Je n’avais pas vu Blow Up, mais j’en avais beaucoup entendu parler comme étant l’un des chefs-d’œuvre d’Antonioni.

    J’ai donc regardé le film dans son intégralité avec la plus grande attention. Je n’ai pas vraiment compris ce que venaient faire les Yardbirds dans l’affaire, en dehors d’y inscrire une représentation, parmi d’autres, de la modernité du Swinging London (si quelqu’un peux m’éclairer à ce sujet, je suis preneur).

    Mais, l’essentiel de l’impression que m’a laissée ce film ne porte pas sur Jeff beck et sa bande.

    À part l’intrigue, autour de ce que donnent à voir les photographies, et la scène finale, plutôt belle, j’ai éprouvé un malaise permanent en raison des représentations misogynes, cyniques, misanthropiques et malfaisantes des humanités mises en scène.

    On y voit, dès le départ, un personnage principal masculin – totalement détestable – maltraiter des femmes, rendues au rôle de potiches et d’objets consentants de fantasmes sexuels. Le sommet du malaise étant atteint avec la représentation complaisante d’un viol.

    Cela m’a rappelé d’autres séquences cinématographiques célèbres, où spectateurs et spectatrices sont placé·es en situation de voyeurisme malsain, sous prétexte qu’il s’agit d’œuvres d’art, usant de certaines formes de réalisme. Je ne citerais que deux exemples significatifs : Orange mécanique (que j’ai vu en salle, à 14 ans ), qui comporte plusieurs scènes de viol et les Valseuses qui, déjà au moment de sa sortie, faisait l’objet d’un clivage entre spectateurs, la plupart hilares, et spectatrices qui, par contre, ne rigolaient pas du tout.

    Bref, après avoir vu Blow Up, en dehors du malaise, me restaient surtout deux questions : comment se fait-il qu’un tel film ait été placé au panthéon des œuvres cinématographiques et étais-je le seul à y avoir vu ce festival de misogynie et de misanthropie ?

    Pour la première question, la période actuelle montre justement que la réévaluation des œuvres du passé est en cours. Pour la seconde, j’ai trouvé sur le web une tribune, parue dans Libération en 2017. Sa rédactrice explique bien mieux que moi de quoi il retourne :

    « Blow Up », revu et inacceptable

    https://www.liberation.fr/debats/2017/12/12/blow-up-revu-et-inacceptable_1616177