• Affaire Adeline Blondieau : trois idées reçues très culture du viol | Les Nouvelles NEWS
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    Idée reçue 1 : « On ne se marie pas avec son violeur »

    Muriel Salmona : « Cela est relativement fréquent et lié au mécanisme d’emprise qui se met en place via des conséquences psychotraumatiques. Une victime violée est très traumatisée – le viol et la torture sont les deux actes les plus traumatisants. Pour survivre au stress extrême qu’entraîne le viol, avec des risques d’atteintes cardiaques et neurologiques, le cerveau met en place des mécanismes neuro-biologiques qui vont faire disjoncter les circuits émotionnels et entraîner un état d’anesthésie émotionnel. On l’appelle dissociation mémoire traumatique. Cette dissociation s’installe de façon continue si la victime reste en contact avec l’agresseur, la déconnecte de ses émotions et la transforme en une automate que l’agresseur peut contrôler.

    Idée reçue 2 : « Si c’est vrai, pourquoi ne l’a-t-elle pas dit à ses parents à 14 ans ? »
    Muriel Salmona : « Très rares sont les enfants ou les adolescents qui arrivent à parler. Ils se sentent coupables et honteux. Le plus souvent l’agresseur les a manipulés pour leur faire croire qu’ils sont responsables, que tout est de leur faute, qu’ils ont cherché ce qui est arrivé. Lors des viols le mépris de l’agresseur et le fait qu’il transforme la victime en un objet sexuel, qu’il porte atteinte à sa dignité, entraîne un sentiment de honte et de perte d’estime de soi chez la victime.

    De plus à 14 ans, il est difficile de comprendre ce qui s’est passé, de mettre les mots justes et d’en parler, la confusion entretenue par l’agresseur entre violence et sexualité fait que l’ado a d’autant plus peur d’en parler à ses parents, surtout si le sujet de la sexualité est tabou. Avec notre mémoire traumatique on revit ce qui s’est passé, c’est donc très violent et pour cause : seules 20 à 30% des victimes de viol sortent du silence.

    Enfin quand l’agresseur est quelqu’un de connu, d’important, d’admiré par la victime et par ses parents, c’est encore plus difficile d’en parler. Les victimes sont encore plus persuadées – à juste titre – que personne ne les croira.

    Idée reçue 3 : « Elle ment et ne sait plus quoi faire pour accuser Johnny et faire le buzz »

    Muriel Salmona : « Cette réaction est très fréquente. Les rares victimes qui arrivent à parler sont mises en accusation, cela fait partie de la culture du viol. De fait, nous sommes dans une société où le déni du viol – « et si ce n’était pas un viol ? » – et la mise en cause de la victime – « et si la victime n’en était pas une ? » – sont encore très répandus, trop de personnes y adhèrent et diffusent des idées fausses qui nuisent. »

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