Un an après les accords de Minsk, Paris et Berlin s’inquiètent des ambiguïtés de Kiev

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  • Un an après les accords de Minsk, Paris et Berlin s’inquiètent des ambiguïtés de Kiev
    http://www.lemonde.fr/europe/article/2016/02/11/paris-et-berlin-s-inquietent-des-ambiguites-de-kiev_4863681_3214.html

    Un an après la signature des accords de Minsk, le 12 février 2015, l’heure n’est pas aux célébrations, mais bien plutôt à l’inquiétude.
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    L’incapacité du président ukrainien, Petro Porochenko, à faire adopter un « statut spécial » pour les régions du Donbass sous contrôle séparatiste constitue la principale source d’inquiétude. Que ce soit par calcul politique ou par refus d’une réforme qui revient à déléguer de larges pans de souveraineté aux chefs rebelles du Donbass, de nombreux députés, y compris dans la majorité, s’opposent à un tel texte. Le 31 août 2015, le vote en première lecture de cette réforme constitutionnelle avait coûté à la coalition au pouvoir le départ de l’un de ses membres, le Parti radical du populiste Oleh Liachko, et provoqué des violences meurtrières. Les espoirs de M. Porochenko d’obtenir une majorité constitutionnelle des deux tiers paraissent aujourd’hui bien minces.
    […]
    Une autre source de blocages tient à ce qu’un médiateur européen participant aux discussions régulièrement organisées à Minsk nomme « les problèmes d’interprétation de calendrier ». Pour parvenir à un accord, les négociateurs du 12 février ont sciemment laissé un certain flou dans le texte quant à la mise en œuvre des différentes étapes.

    Là aussi, la partie ukrainienne se trouve prise en défaut : le 2 octobre, à l’Elysée, François Hollande et Angela Merkel annonçaient un accord pour que le « retrait des groupes armés illégaux » (qui pourrait prendre la forme d’une légalisation des groupes rebelles) n’intervienne qu’en toute fin de processus, en même temps que la restitution à l’Ukraine du contrôle de la frontière russo-ukrainienne.

    Ce calendrier ressemblait à une nouvelle concession ukrainienne. Sauf que, selon une source présente à l’Elysée, « Porochenko n’a pas vraiment approuvé ce point, ni exprimé clairement son opposition ». Et, depuis, la partie ukrainienne refuse catégoriquement un tel scénario, avec un argument simple : comment imaginer que les élections censées se tenir d’ici là dans le Donbass puissent être considérées comme correspondant aux standards de l’OSCE – un point explicitement mentionné – si elles ont lieu sous le contrôle de groupes armés ?

    Sur ce dernier point, l’Ukraine exprime même sa position avec une très grande constance sous la forme suivante : il n’y aura « d’élections libres » que lorsque les sécessionnistes auront été chassés…