• Bruit de fond, une place sur terre
    Film d’Olivier Derousseau, 45 min, 2001
    http://www.derives.tv/Bruit-de-fond-une-place-sur-terre

    ...De tes lèvres, je recevrai la fine esquisse de l’image. La peignant, tu auras l’adresse, bien sûr, d’atténuer l’acuité du spectacle. Plus que voir, j’aimerais entendre.
    Robert Walse

    Écriture sans concession à la hauteur des interrogations mises en image, le film laisse entendre la rumeur sûre de l’exigence. L’usine, la publicité, la route, les transports en commun : notre monde – soulevé à bout de voix dans la dignité de la lucidité.
    Jean Pierre Rehm.

    Autre chose :
    Quelque chose ne passe pas, on pourrait dire le passé c’est ce qui ne passe pas. Soit une projection, soit dans cette projection un trajet qui passe par l’aire des champs d’amour, va jusqu’au bout de l’Europe dans l’embouchure voir passer le grand fleuve et ses chariots de plaintes. Au commencement, au départ, on se place, nous sommes placés dans une zone obscure limitée par l’impossibilité de faire fond sur une distinction nette entre un “ nous ” et un “ eux ” comme si elle était déjà donnée. Cette distinction flotte comme quelque chose qui pourrait nous saisir, quelque chose qu’il y aurait à construire. Quelqu’un parle au présent mais c’est du passé, c’est une projection, c’est un film. Un film où l’on entend parler un employé de l’usine monde, mon frère. Ce qu’on y voit pendant, ce sont de pauvres images qui tentent de montrer ce que dehors la nuit nous observons alors que cette parole nous travaille ; des lieux communs. Des images en lutte pour devenir des plans.
    Et puis il y a un passage comme qui dirait un passage de témoin dans un relais. Quelqu’un prends la parole ; nous passons d’un registre à un autre, on pourrait dire du positif au négatif. Et consubstantiellement, le film se barre. Apparaît ce qui pourrait être nécessaire : une colère qui s’incarne dans la douceur et le désespoir. Colère de femme marquée par le désir et d’en finir, et pourquoi pas d’en découdre avec l’incommensurable servitude volontaire qui chaque jour nous apporte son lot de nouvelles molles et dévastatrices, même si par ici nous survivons à nos problèmes.
    Besoin du cinéma afin de “ diagnostiquer ” un nous en tant que quelque chose d’abord nous regarde, et voir le monde depuis le lieu fraternel, mais pas nécessairement confortable, de l’autre ; besoin du cinéma afin qu’apparaisse, comme une conséquence, une figure qui porte sa parole. Le prolétariat.
    Michèle Demoor.

    Générique :
    Grégory Derousseau
    Nathalie Nambot
    Image : Séverin Dellemmes
    Son : Anne Sabatelli
    Musique : Xavier Vandhenbergue.
    Montage : Sandy Amério ; Benoit Prin
    Production : 1&1
    Coproduction : CRRAV ; Le Fresnoy

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