• Savoirs CDI : Gilles Sahut et les arcanes de Wikipédia
    https://www.reseau-canope.fr/savoirscdi/index.php?id=3019


    L’importance des références dans Wikipédia

    La question référentielle est centrale dans les travaux de Gilles Sahut. Il rappelle qu’il s’agit d’une tradition qui s’est construite au fil des siècles et cite à cet effet Langlois et Seignobos en France, pour qui *« le texte persuade, les notes prouvent »* .

    Cette pratique s’est développée principalement dans le cadre scientifique au travers de la logique des publications notamment pour renforcer l’argumentation :

    « L’étude ethnographique du travail scientifique publiée par Latour détaille les procédés rhétoriques utilisés par les chercheurs pour étayer la crédibilité des textes qu’ils produisent. Muni de références, un écrit de recherche devient plus difficilement contestable. Il est mieux armé pour affronter la critique, pour être engagé sur le terrain des controverses et résister aux attaques d’un éventuel contradicteur (et concurrent). Par l’intégration de références dans un écrit, le scripteur atteste à la fois de l’existence d’une source et de la présence d’une information au sein de celle-ci. Rappelons que “Le document est une preuve et la mention d’un document est la preuve que le document existe : c’est la preuve de ici preuve” (Couzinet, Régimbeau, Courbières, 2001), Dès lors, l’information devient virtuellement vérifiable par un lecteur, ce qui a pour effet d’accroître sa crédibilité. » (Sahut, 2015)

    La référence est aussi un moyen de se placer dans une sorte de filiation pour tenter de capter en quelque sorte l’autorité du document cité. On retrouve dans le projet de Wikipédia une forme de filiation encyclopédique. La crédibilité encyclopédique a en effet souvent reposé sur une autorité institutionnelle ou tout au moins sur celle de ses rédacteurs qui doivent être jugés sérieux tout au moins par leurs pairs. Plus l’encyclopédie gagne ensuite en crédibilité, plus c’est finalement le fait d’en être contributeur qui devient un gage de qualité. C’est dans ce cadre que l’encyclopédie de Diderot et D’Alembert s’est inscrite :

    « À travers leur œuvre, les philosophes affirment la primauté des droits de la raison sur la force de la tradition. L’Encyclopédie retranscrit l’évolution conjointe des sciences et techniques et du devenir des humains, ces derniers disposant de la capacité de diriger la marche des savoirs afin de développer ceux qui sont le plus utiles8. L’autorité repose désormais sur l’expertise de l’auteur qui prime sur le poids des textes du passé. » (Sahut, 2015, P.132)

    #citation #wikipédia #sources_documentaires

  • l’Atelier Internet poursuit son travail d’élaboration d’une
    pensée critique de l’internet et du numérique.

    http://barthes.ens.fr/atelier

    * 11 mars : Les mots, les images et les machineries numériques : le
    soulèvement tunisien en question.
    Jean-Marc Salmon, avec Pierre-Antoine Chardel (discutant).

    Résumé :
    À partir de 95 entretiens conduits en face à face en Tunisie et d’une
    enquête sur la Toile, on propose une réflexion sur des originalités du
    soulèvement tunisien, un mouvement sans organisation nationale, sans
    direction centrale, sans texte de référence.

    Alors comment comprendre une telle capacité d’agir qui se manifesta si
    abruptement et qui s’exprima avec tant de célérité ? Comment s’est construite
    une telle dynamique politique de déstabilisation (des ordres institués) en
    l’absence de porte-parole ? Comment s’agencèrent les mots et les images, les
    mobilisations dans la rue et les effets du virtuel ? Il s’agira ainsi de
    discuter l’hypothèse d’une nouvelle morphologie de la critique
    socio-(micro)politique à l’ère numérique.

    http://barthes.ens.fr/atelier/Resume-Salmon2016.html

    ** 25 mars : Atomes de l’écriture informatique. Une étrange alliance entre
    capitalisme et pays islamiques.
    Éric Guichard, équipe Réseaux, Savoirs & Territoires de l’Ens.

    * Résumé :
    Le consortium Unicode garantit la normalisation informatique de tous les
    caractères et signes des langues du monde.

    Le projet est utile, et aussi délicat. D’où quelques errances : des
    caractères tirés de l’imagination d’individus (table de camping) côtoient
    ceux introduits à la demande d’industriels (logo Apple).

    L’écriture arabe semble choyée. Des caractères permettent d’écrire des mots
    entiers, voire plus. On retrouve ici une confusion entre dimensions
    culturelle et religieuse transplantée dans l’univers informatique.

    De telles ambiguïtés en termes de catégories invitent à réaliser une
    sociologie d’Unicode. Les premières enquêtes montrent une alliance affichée
    entre pays islamiques et multinationales de l’internet.

    http://barthes.ens.fr/atelier/Resume-Guichard-25mars2016.html
    @gonzo #internet