Le coup d’État manqué en Turquie et ses conséquences sur la guerre en Syrie - Scarlett HADDAD

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  • Le coup d’État manqué en Turquie et ses conséquences sur la guerre en Syrie - Scarlett HADDAD - L’Orient-Le Jour
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    Après les pressions russes et les relations en dents de scie avec les Américains, le président turc, qui avait plus ou moins amorcé un virage dans son attitude à l’égard de la Syrie, sera désormais contraint de réfréner son élan en direction de la chute du régime syrien. Il a déjà mis un bémol à sa volonté de créer « une zone tampon » dans le nord de la Syrie. Mais là, il pourrait aller encore plus loin, dans le sens de la suspension des aides fournies aux différents groupes de l’opposition syrienne via la frontière avec la Syrie. Ce qui serait forcément un coup dur pour cette opposition dans toute sa diversité, sachant que depuis la reprise de Qousseir par les forces du régime syrien et le Hezbollah ainsi que la bataille du Qalamoun, les armes et les combattants ne peuvent plus affluer du Liban vers la Syrie. De même, la Jordanie reste très prudente dans l’ouverture de ses frontières aux combattants de l’opposition. La frontière irakienne est en principe ouverte, mais les combats s’en rapprochent et Daech est en train de perdre du terrain dans ce secteur.

    Le coup d’État raté en Turquie devrait donc avoir une conséquence directe sur le dossier syrien, dans la mesure où les Turcs ne seront plus aussi impliqués aux côtés de l’opposition multiple ni dans leur volonté de faire tomber le régime Assad. Ce qui, à son tour, pourrait avoir des conséquences sur la position de l’Arabie saoudite qui se retrouvera toute seule dans sa position extrême (le ministre saoudien des Affaires étrangères est l’une des rares personnalités à réclamer encore ouvertement le départ d’Assad « de gré ou de force ») contre le régime et avec l’opposition, sans plus pouvoir envoyer facilement hommes et armes vers la Syrie. Le royaume wahhabite maintiendra-t-il sa position ou bien cherchera-t-il à l’alléger ? Le Liban pourrait-il bénéficier de ce nouveau contexte pour parvenir enfin à un accord sur le dossier présidentiel ? Autant de questions dont les réponses pourraient ne pas tarder.