marielle 🐢

« vivere vuol dire essere partigiani » Antonio Gramsci

  • Clarification par Frédéric Lordon
    https://blog.mondediplo.net/clarification

    Paul Klee. — « Clarification », 1932.

    « Poids et mesures : vont le plus souvent par deux » — lirait-on dans le Dictionnaire des idées reçues. D’être reçue n’ôte pas nécessairement de sa pertinence à une idée. En l’espèce, celle-ci n’en a jamais tant eu.

    On s’est mis à beaucoup parler de poids et mesures avec la guerre génocidaire faite à Gaza. Il faut avouer qu’ici la métrologie à l’élastique s’est surpassée. Palestine/Israël, Ukraine/Palestine : des sommets comparatifs, défis à une anthologie de la géométrie variable – en fait à une anthologie de l’infamie politique, médiatique, et institutionnelle en tous genres.

    Cependant, il se passe là bien plus qu’un effet d’« importation ». À propos de la Palestine, Rony Braumann parle d’un pouvoir de « réverbération » de l’évènement. C’est très juste : « ça » réverbère, à travers toute la société. La conjoncture nationale et la conjoncture internationale semblent même passer littéralement l’une dans l’autre, entrer en coalescence, au point qu’on ne sait plus quel mouvement appartient à laquelle. Quand Mélenchon se fait agonir pour avoir dit que Yaël Braun-Pivet campe à Tel Aviv, de quoi s’agit-il ? De politique internationale ou de politique intérieure ? Des deux indistinctement, à l’évidence. Pourquoi ? Parce que les « deux poids, deux mesures » de Gaza surviennent dans une situation « propice » où ils font entrer tous les autres en résonance.

    • Deux poids, deux mesures.

      Louis Boyard :

      Hier, une vidéo a été diffusée sur les réseaux sociaux. Un homme me filme, m’insulte, me menace. Tout du long, je n’ai cherché qu’à apaiser la situation. C’est ce qu’il y avait de mieux à faire.

      Deux jours plus tard, voilà la vidéo sur les réseaux sociaux. Je pouvais m’y attendre il n’y a rien d’étonnant. Ce qui m’a le plus surpris c’est de ne voir… aucune réaction.
      Aucun journaliste indigné, aucun mot de soutien de députés de la minorité présidentielle, aucun signe de la Présidente de l’Assemblée Nationale.

      Rien d’étonnant non plus, je n’attends rien de ces gens-là. Mais en visionnant la vidéo quelque chose m’a fait mal.
      Je me suis souvenu de ce moment de Mai 2020 où il était arrivé exactement la même chose à Éric Zemmour. Mêmes insultes, mêmes menaces, mais pas les mêmes indignations.

      Voilà qui fait mal ! Lui, le raciste multi-condamné aura eu le droit à leur soutien et à leur compassion. Lui aura eu le droit à plusieurs dizaines d’heures de plateaux télé pour le pleurer. Lui a même eu droit à un appel du Président de la République ! Je n’en demande pas tant.

      J’ai dû déménager après que mon adresse ait été diffusée par l’extrême droite française. J’ai été insulté pendant dix longues minutes sur un plateau télé pour avoir critiqué Vincent Bolloré. J’ai été suivi et mes trajets détaillés. Ma famille a été directement menacée à plusieurs reprises. Trente personnes sont entrées armées et cagoulées dans une conférence que nous tenions avec Carlos Bilongo à Bordeaux.
      Il s’est déjà passé tant de choses en seulement un an et demi, alors pourquoi cette vidéo ferait réagir ceux qui n’ont jamais réagit avant ?

      L’abject Darmanin avait même instrumentalisé ma situation. Sans me demander quoi que ce soit, il annonce que je suis sous protection policière. Rien de plus faux. Je ne l’ai jamais demandé et je ne l’ai jamais vu. Un coup de communication pour mieux éteindre nos critiques de l’institution policière. Zemmour, lui, n’aura pas eu à subir cette fourberie. Il a été loyalement soutenu. Deux poids, deux mesures.

      Voilà que l’on y vient ! Deux poids deux mesures. Une expression qui résume si bien la période.
      Entre une vie Palestinienne et une vie Israélienne ; deux poids deux mesures. Entre Gérard Depardieu et la parole de ses victimes ; deux poids deux mesures. Entre le salarié licencié et le patron à qui l’on arracherait la chemise ; deux poids deux mesures. Entre le manifestant de Sainte-Soline et la multinationale pollueuse ; deux poids deux mesures. Entre un abribus cassé et un gilet jaune éborgné ; deux poids deux mesures. Entre le mot de trop venu de la gauche et le racisme banalisé venu de l’extrême droite ; deux poids deux mesures. Entre Nahel tué pour un refus d’obtempérer et son policier meurtrier devenu millionnaire ; deux poids deux mesures.

      Quelle violence. Mais aussi quelle violence symbolique. Cette liste non exhaustive le montre bien ; rien n’est épargné à notre camp social. Aucune retenue et aucun soutien de la bourgeoisie et de ses représentants politiques et médiatiques ne sont à attendre.
      Dès lors, leur silence quant à mon cas me rassure. A leurs yeux je ne fais pas partie de leur caste. Quel bonheur ! Je m’inquiéterais quand ils feront preuve d’empathie à mon égard.

      Le combat politique est difficile pour chaque militante et chaque militant de notre camp. Chaque jour un seuil est franchi, on se demande quand cette montée en tension va s’arrêter. Elle ne s’arrêtera que le jour de notre victoire ; même dans le pire nous ne cesserons jamais de lutter.

      Aujourd’hui je pense à toutes celles et ceux qui n’ont pas la chance d’être du bon côté du deux poids deux mesures. Notre solidarité est pleine et entière et nous ne nous habituerons jamais.

      Soutien et solidarité à vous aussi.

      Louis Boyard

      https://twitter.com/LouisBoyard/status/1749115701002895471

    • Le mouvement agricole a permis de faire une démonstration politique de masse. On se souvient des accusations « d’écoterrorisme » contre les militants et la tentative de dissolution des « soulèvements de la terre » à propos des bassines ! Ici, rien de semblable. Le gouvernement, les médias, les chroniqueurs ne pipent mot. Donc le mouvement des agriculteurs a fait reculer les appels à la violence policières et judiciaires habituelles du pouvoir macroniste comme on les avait constatés face aux gilets jaunes et aux révoltes urbaines. Tout le monde voit des autoroutes bloquées, un bâtiment public explosé, des voies de chemin de fer comme l’accès à une centrale nucléaire bloqués, des arbres coupés. Ni les médias ni les responsables politiques « n’appellent au calme ». Ainsi la raison et le droit à la dignité des gens commencent à être prioritaires dans la parole publique pour régler une crise. Ou bien faudrait croire que les donneurs de leçons de morale d’hier, leurs leçons, la classe médiatique qui les a relayés sans limite et qui se tait à présent, est faite de manipulateurs sans vergogne. Faisons le pari de croire à leur bonne foi et à leur compréhension désormais de la vigoureuse stratégie de la conflictualité portée par les agriculteurs. D’ailleurs le pouvoir macroniste recommande publiquement « la plus extrême modération » à la police. Comment ne pas approuver cette consigne. Personne ne doit être abattu pour « refus d’obtempérer ». Pas d’œil crevé non plus, pas de comparution immédiate, pas de recommandations pour condamner à de la prison ferme. Comme je l’avais fait avec mes camarades à l’époque des révoltes urbaines, il faut faire triompher d’abord la justice sociale si l’on veut retrouver la concorde civile.

      Nous allons voir à présent comment le Waouuuu super Premier ministre va faire face au problème grâce à son jeune âge et ses talents de communicants déjà mille fois célébré par les médias enamourés. Macron ferait bien de se préparer à trouver une idée de « grand débat » supplémentaire ou des « chèques survie agricole » selon son inépuisable habitude des pratiques cosmétiques. Mais ce temps-là est passé, je crois bien. Et je m’en réjouis. Le pays regarde et réfléchi. Il finira par comprendre ce que veut dire le libéralisme, la concurrence « libre et non faussée », le libre échange sans règle sanitaire, l’élargissement sans fin de l’union européenne et la financiarisation de l’agriculture : le chaos. Un ordre nouveau est à construire et il peut faire un avenir en commun pour notre pays.

      Jlm
      https://melenchon.fr/2024/01/25/cause-commune-avec-le-mouvement-des-agriculteurs

    • « Le Parti des Médias n’a pas compris que la ’’satire’’ n’est pas morte à cause du ’’fanatisme’’ mais du double discours.

      Les dessins ou chansons contre la police sont déjà censurés depuis longtemps. Le soutien à la Palestine est comparé à une ’’apologie de terrorisme’’. »

      https://twitter.com/ContreAttaque_/status/1767470801316425841

      https://seenthis.net/messages/1045381#message1045498

      Meriem Laribi : La France, ce pays où une dessinatrice @cocoboer peut associer arabes et rats, où elle peut se moquer d’enfants affamés jusqu’à la mort dans une publication de « gauche » mais où un humoriste, G.Meurice, ne peut pas dire que Netanyahou est une sorte de nazi sans prépuce.