Les mystérieuses « pierres taillées » de singes brésiliens

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  • Les mystérieuses « pierres taillées » de singes brésiliens

    http://www.lemonde.fr/sciences/article/2016/10/19/les-mysterieuses-pierres-taillees-de-singes-bresiliens_5016658_1650684.html

    Des capucins produisent par accident des éclats coupants dont ils ne font rien, mais ces fragments posent des questions sur l’origine des premiers outils.

    La vidéo parle d’elle-même. On y voit un jeune capucin sur un conglomérat de galets pris dans une gangue rocheuse. Le singe s’empare d’un caillou pour en frapper un autre, le fracturer et lécher illico la poussière avec avidité.

    https://www.youtube.com/watch?v=j0jqJUF1nOs

    Il reprend aussitôt sa tâche, un éclat coupant jaillit du choc, il le place entre son marteau et son enclume pour le briser comme une noix, et lape la silice qui s’en dégage, tandis que ses compagnons s’épouillent, indifférents à son manège obsessionnel.

    Rien dans l’observation du capucin barbu brésilien ne suggère qu’il utilise les fragments tranchants issus des percussions, ou même qu’il cherche à les produire. Les chercheurs ignorent la raison de ce comportement – complément alimentaire, pharmacopée animale, recherche de lichen ? Cet animal n’est pas le seul à utiliser des cailloux comme marteau : le chimpanzé les utilise pour casser des noix, mais sans les tailler pour être plus efficace.

    Les galets « taillés » par le sapajou pourraient faire ricochet dans le monde archéologique. Car dans la mesure où ces fragments peuvent être confondus avec ceux façonnés de main humaine, « les critères habituellement utilisés pour distinguer les assemblages lithiques [en pierre] produits par les homininés [les lignées pré-humaines et humaines] doivent être raffinés », écrivent les chercheurs.

    L’analyse du tranchant de ces objets montre qu’ils ont servi à découper de la viande, tailler de la peau ou casser des os. « Il faut savoir lire le caillou taillé, retrouver la mémoire de l’intention qu’il porte en lui », plaide le chercheur : le galet ou le silex sont choisis à dessein, et il faudra un minimum de cinq à dix percussions savamment enchaînées pour en tirer l’objet technologique souhaité. Rien de tel chez le capucin.
    Mais qu’en est-il des tout premiers outils, de facture bien plus fruste, retrouvés en Afrique de l’Est ? En 2015, l’annonce de la découverte de telles pierres taillées dans un site de 3,3 millions d’années près du lac Turkana, au Kenya, par l’équipe de Sonia Harmand (CNRS-Université Stony Brook) avait fait sensation. A cette époque reculée, le genre humain n’est pas encore apparu, et seuls des australopithèques ou le mystérieux Kenyanthrope arpentent la région.

    « En Afrique, il s’agissait bien d’outils »

    Les premiers outils n’auraient donc pas été façonnés par nos ancêtres directs. Pourraient-ils l’avoir été, accidentellement, par des singes archaïques, lointains cousins des capucins ?

    « Il est vrai que les fractures produites par ces capucins sont extraordinairement similaires à ce qu’on peut trouver sur des terrains archéologiques », note Sonia Harmand. « Mais nous avons suffisamment de données en Afrique, y compris avec des marques de découpe sur les os, pour être assurés qu’il s’agissait bien d’outils », estime-t-elle, à l’unisson avec Hélène Roche (CNRS-Université Paris X-Nanterre), pionnière de ce type d’études. Ce que confirme Tomos Proffitt, pour qui la question pourrait se poser lors de l’exploration de sites encore plus anciens.

    Pour autant, Hélène Roche juge l’observation sur les capucins intéressante. Elle renvoie à un consensus dans la communauté scientifique, sur la naissance des premiers outils lithiques : « Il est très probable que les premiers éclats aient été produits par hasard », dit-elle. Le capucin, nouveau M. Jourdain de la pierre taillée ?

  • Les mystérieuses « pierres taillées » de singes brésiliens
    http://www.lemonde.fr/sciences/article/2016/10/19/les-mysterieuses-pierres-taillees-de-singes-bresiliens_5016658_1650684.html

    Les premiers outils n’auraient donc pas été façonnés par nos ancêtres directs. Pourraient-ils l’avoir été, accidentellement, par des singes archaïques, lointains cousins des capucins ? « Il est vrai que les fractures produites par ces capucins sont extraordinairement similaires à ce qu’on peut trouver sur des terrains archéologiques », note Sonia Harmand. « Mais nous avons suffisamment de données en Afrique, y compris avec des marques de découpe sur les os, pour être assurés qu’il s’agissait bien d’outils », estime-t-elle, à l’unisson avec Hélène Roche (CNRS-Université Paris X-Nanterre), pionnière de ce type d’études. Ce que confirme Tomos Proffitt, pour qui la question pourrait se poser lors de l’exploration de sites encore plus anciens.

    Pour autant, Hélène Roche juge l’observation sur les capucins intéressante. Elle renvoie à un consensus dans la communauté scientifique, sur la naissance des premiers outils lithiques : « Il est très probable que les premiers éclats aient été produits par hasard », dit-elle. Le capucin, nouveau M. Jourdain de la pierre taillée ?

    https://www.youtube.com/watch?v=j0jqJUF1nOs

    #outils #préhistoire #primates #homidés