Privatiser l’imaginaire : le fantasme terrifiant des industries culturelles
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« Le droit des marques possède en effet l’immense intérêt d’assurer une protection éternelle, sans risque de domaine public, si les dépôts sont renouvelés en temps et en heure. »
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Protéger un personnage, c’est par exemple s’assurer une manne éternelle avec les produits dérivés (mugs, figurines, sacs à dos, bouteilles thermos, papier toilette, coucou le Petit Prince et Tintin). C’est encore s’assurer que personne, y compris l’auteur original, n’utilisera le personnage en question pour publier un livre chez un autre éditeur (j’y reviendrai). C’est aussi la possibilité d’attaquer en justice un concurrent si celui-ci publie un roman dont le personnage fait étrangement penser au vôtre (disons, un jeune élève à lunettes en première année d’école de magie). Les applications sont infinies.
Maintenant, imaginez la suite : un monde où on peut « déposer » un personnage, un lieu, une situation, au même titre qu’une marque. Je vous épargne la menace (pourtant bien réelle) des dépôts automatisés combinés aux algorithmes d’écriture et de création, qui autoriserait potentiellement des sociétés d’édition ou de production (coucou Hollywood) à utiliser le big data pour déposer tout ce qui peut l’être – gardez ça quand même en tête, car des discussions sont en cours pour tenter de conférer un droit d’auteur aux robots (hop, application directe).