Les mauvais desseins | Jean-Noël Lafargue
▻http://hyperbate.fr/castagne/2018/08/08/les-mauvais-desseins
Les mauvais desseins | Jean-Noël Lafargue
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Le mauvais #dessin | castagne
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Avec le dessin de Marsault, je rencontre plusieurs problèmes. Son propos politique est dérangeant, bien sûr, et pas dérangeant comme lui ou ses fans le pensent : ce n’est pas parce qu’il heurte ma « bien-pensance », mon « tiers-mondisme » ou ma « bisounourserie » qu’il me pose problème : en lisant ses planches où il cogne (en dessins) les féministes, les écologistes, les pacifistes, etc., je ne me sens pas fragilisé personnellement. En revanche je me sens inquiet, car si sa peur des femmes et du reste du monde est aussi répandue que ses lecteurs sont nombreux, alors notre pays va bien mal. Sa grande cible, ce sont les gens qu’il juge angéliques car ils n’ont pas « compris qu’une société multiraciale ne peut mener qu’à une boucherie » et à qui il reproche de ne pas se préparer physiquement, psychologiquement et matériellement — je n’invente rien, c’est le propos qu’il développait dans un post récent.
En fait, pratiquement personne ne regarde un dessin, ni ne saurait comment le regarder .
De mon propre bord politique (dont les valeurs de Marsault sont le paillasson), la plupart des dessinateurs sont également à chier : usine à gros nez d’un côté, poésie colorée nunuche de l’autre, une belle palette d’horreurs sans imagination, sans audace, sans la moindre vision.
Mais la plupart des lecteurs des canards qu’ils décorent laborieusement leur trouvent du génie. En vérité, simplement satisfaits du miroir politique qu’ils y trouvent, cet écho fait complètement écran à toute forme de jugement d’une autre nature : ce sont leurs dessinateurs.
De toute façon, comme la plupart des gens pensent qu’un dessin ne sert qu’à mettre en forme une idée, pourquoi diable se fendraient-ils d’un regard dix secondes au-delà du décryptage d’un message ? (décryptage grandement accéléré par le fait que de droite ou de gauche, les dessinateurs véhiculent les idées reçues de leur public).
Les fascistoïdes n’ayant à se mettre sous la dent qu’une toute petite poignée de dessinateurs (le dessinateur moyen est, allez savoir pourquoi, rebelle à l’ordre, fût-il Nouveau), comment pourraient-ils se permettre d’en discuter le talent, aussi merdiques soient-ils ? (celui-là est un cas d’école : dessins de coiffeurs sur aboiement continu en guise d’opinion politique. Un roquet à bigoudis, en quelque sorte)
@aude_v effectivement, il n’y a aucune raison pour laquelle les disciplines artistiques (plastiques, musicales) seraient les seules activités au monde devant lesquelles on pourrait apparaître dans la nudité de tout savoir et s’en déclarer assez spécialiste ; Deleuze disait que la philo, également, était un domaine dans lequel tout le monde se sentait légitime et s’obstinait à en ignorer la technicité et l’exigence. Je ne sais pas si c’est vrai de la philo, même si je n’ai pas manqué de rencontrer toutes sortes de zozos se déclarant « très philosophe » (mais qui ne causaient pas de philo pour autant), mais c’est indéniablement vrai devant les images et la musique. Dérouler le fil d’un dessin, voir les enjeux ou leur absence totale dans une production plastique, distinguer la création de sa singerie appliquée, dégager des lignes de force ou des lieux communs, suivre la lente agrégation historique qui sourd derrière chaque décision ("chaque touche est un jugement", disait Souriau, vieux conservateur fatigant, sans aucun doute, mais qui savait en la matière de quoi il causait) ça demande du boulot, du temps, une vie.
Pour rebondir sur le « massacre des blancs d’Afrique du Sud »
Brice Miclet
@Brice_Miclet
▻https://twitter.com/Brice_Miclet/status/1026809532020916225
On voit passer pas mal d’âneries ces derniers jours concernant un supposé « génocide » des fermiers blancs en Afrique du Sud, notamment un thread signé @Nath_Ldc8 et qui est à plus de 5000 RT. Un joli ramassis de bêtises. Résultat, un contre-thread s’impose.
Belle démonstration
Voilà peut-être où le dessin et la réflexion politique se rejoignent : dessiner, c’est chercher à comprendre ce qu’on voit , ce qu’on sait, et chercher ensuite à le restituer ou à l’exprimer. Si on ne fait pas l’effort de comprendre les choses, si on ne se rattache pas à une observation extérieure ou une expérience intérieure, on produit des images peu vivantes. Si on ne comprend pas un mécanisme on le dessinera mal. C’est vrai d’un système d’engrenages comme d’un corps humain.
J’adore l’histoire de ce maitre de peinture qui demande à ses élèves de dessiner des oignons. Trois heures plus tard, il revient et regarde les œuvres en hochant la tête dépité. Il saisit les oignons, les hache finement et les cuisine, puis il les fait manger à ses étudiants : « Maintenant vous pouvez les dessiner »
Et sur les dessins fachos, j’ai reçu longtemps de mes propriétaires un journal emballé sous blister noir nommé NH (jusqu’à ce que mon pote franco-algérien les poursuive avec la pile non lue en criant « vous avez oublié ça »). C’était 96, on étudiait l’ennemi, j’étais déjà en colère contre Charlie Hebdo pour les prises de position pro guerre et d’autres choses crispées, mais surtout questionné très fortement par la similitude des dessins avec ceux que je voyais dans NH. Le cynisme m’a toujours gêné pour ça, un humour échappatoire facile mais qui mène à une impasse politique, c’était pas que la forme des dessins mais la gerbe qu’ils me donnaient.
Anton Kannemeyer et Conrad Botes, deux têtes pensantes de la BD underground sud-africaine, ont créé la revue de bande dessinée « Bitterkomix », alors que l’apartheid était encore en vigueur. Critique acerbe du conservatisme et du racisme.
Marsault persiste et signe
▻http://hyperbate.fr/castagne/2018/08
#racisme
@vanderling le lourdissime texte bancal et surécrit qu’il a tartiné au dessus des dessins nous dit mieux que n’importe quelle analyse du trait l’impuissance de ce dessin à exister et à signifier quoi que ce soit. On peut foutre trois briques, un dessin de Bellus sur les cocus, une étiquette de fromage ou une case blanche sous ces phylactères jacasseurs, on aura rigoureusement le même résultat.
De mon point de vue, le meilleur dessin politique est muet, complètement muet, et peut traverser les époques en restant pertinent en dehors du cadre de nécessité qui l’a fait apparaitre.
oui @l_l_de_mars tout à fait d’accord.
Pour tous les amateurs de dessin d’humour, #Chaval est considéré comme le #dessinateur. Il fut une sorte de météorite, un homme ambigu et lucide pour qui, plus que quiconque, l’humour est la politesse du désespoir. « Si mes dessins sont meilleurs que les autres, c’est qu’ils vont jusqu’au bout : ils détruisent tout. Mais ils vont jusqu’au bout parce que j’y vais moi-même, et que je me détruis aussi », avait-il déclaré. Quarante-quatre ans après son suicide, Chaval est encore et toujours notre contemporain, pour le meilleur et, bien sûr, pour le pire.
Suite à la déprogrammation de l’exposition Marsault à la galerie Art Maniak qui avait amené à de violents échanges entre la dessinatrice Tanxxx et ce dessinateur, l’Association Artemisia pour la promotion de la bande dessinée féminine nous adresse ce communiqué :
▻http://www.actuabd.com/+Artemisia-soutient-Tanxxx-contre-Marsault+
Un directeur artistique démissionnaire, une bataille rangée entre activistes d’extrême droite et militantes féministes, tel est le résultat de l’ahurissant projet de la Galerie #Art_Maniak à Paris d’exposer le très controversé Marsault, un dessinateur bien connu de la #fachosphère.
▻http://www.actuabd.com/La-non-expo-Marsault-le-rate-de-la-rentree-de-la-Galerie-Art-Maniak
j’apprends ce jour que Marsault va être exposé à la galerie Art Maniak.
▻https://tanx.fr/bloug/archives/10856
La honte de l’hôte | castagne
►http://hyperbate.fr/castagne/2018/02/11/la-honte-de-lhote
le « numérique » (ici un formulaire en ligne) se révèle un outil de choix pour empêcher la résolution de problèmes et laisser chacun dans une certaine solitude face aux dits problèmes : une personne de chair et d’os, à qui l’on s’adresse en face, n’aurait pas le cran de se montrer aussi maltraitante, aussi peu arrangeante, aussi catégoriquement impolie et aussi peu soucieuse d’aider que le peut un automate — qu’il s’agisse d’un portillon automatique du métro, d’une borne d’achat de billets ou du programme qui gère la validation d’un formulaire en ligne. Et bien sûr d’une administration, car une administration est bel et bien une machine. Comme je le disais pas plus tard qu’hier lors d’une conférence sur l’Intelligence artificielle, il ne faut pas craindre la méchanceté d’hypothétiques machines conscientes, celles-ci n’existent pas encore, mais bien les mauvaises intentions de ceux qui conçoivent des machines et se cachent derrière celles-ci pour agir nocivement.
La honte de l’hôte | castagne
►http://hyperbate.fr/castagne/2018/02/11/la-honte-de-lhote
Une fois de plus, je constate que le « numérique » (ici un formulaire en ligne) se révèle un outil de choix pour empêcher la résolution de problèmes et laisser chacun dans une certaine solitude face aux dits problèmes : une personne de chair et d’os, à qui l’on s’adresse en face, n’aurait pas le cran de se montrer aussi maltraitante, aussi peu arrangeante, aussi catégoriquement impolie et aussi peu soucieuse d’aider que le peut un automate — qu’il s’agisse d’un portillon automatique du métro, d’une borne d’achat de billets ou du programme qui gère la validation d’un formulaire en ligne. Et bien sûr d’une administration, car une administration est bel et bien une machine. Comme je le disais pas plus tard qu’hier lors d’une conférence sur l’Intelligence artificielle, il ne faut pas craindre la méchanceté d’hypothétiques machines conscientes, celles-ci n’existent pas encore, mais bien les mauvaises intentions de ceux qui conçoivent des machines et se cachent derrière celles-ci pour agir nocivement.