Usul, mon violeur avait le même discours que toi

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  • Usul, mon violeur avait le même discours que toi | Le Club de Mediapart
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    En participant récemment à une vidéo porno tournée par sa compagne camgirl OllyPlum, le youtubeur Usul s’est prononcé en faveur de l’industrie du sexe. L’idée est de nous présenter la “libération sexuelle” comme vecteur d’émancipation des femmes. Le sentiment de trahison est intense pour nous, féministes de gauche, survivantes de la prostitution, du porno et du BDSM.

    As-tu déjà entendu parler de “la stratégie de l’agresseur”, cette méthode mise au jour par le Collectif Féministe Contre le Viol8 ?
    Grâce à 40 ans d’écoute et d’expertise sur la question des violences sexuelles, les militantes du CFCV ont pu déterminer 5 éléments stratégiques permettant aux agresseurs d’enfermer leurs victimes dans une emprise, afin de les empêcher de se défendre : isoler, dévaloriser, inverser la culpabilité, instaurer la peur, et garantir son impunité.
    Si tu veux bien, examinons cette stratégie de l’agresseur à la lumière du féminisme néolibéral :

    Isoler : le féminisme néolibéral laisse à chacune la responsabilité de déterminer ce qui est une violence sexuelle et individualise la problématique de la domination
    Dévaloriser : il permet aux prédateurs de frapper, humilier, forcer les femmes + les monnayer de manière précaire
    Inverser la culpabilité : il dit que ce sont les femmes qui “aiment ça” (les coups, l’humiliation, le travail du sexe), en se gardant de parler de l’excitation traumatique9, ceci donnant aux femmes un profond sentiment de complicité aux violences qui leur sont infligées
    Instaurer la peur : outre la peur instaurée par les violences sexuelles, les personnes posant des limites ou des critiques sont par ailleurs mises dans la position d’oppresseurs puritains. Le jugement, dont on pourrait se servir pour se protéger, est présenté comme une pratique dangereuse et réactionnaire.
    Garantir son impunité : quoi de mieux pour un prédateur que de pouvoir se dire “féministe” ? Il peut même se positionner en progressiste libertaire (“ je suis si féministe que je pense qu’une femme peut être dégradée sans que cela l’atteigne ! ”)

    En fin de compte, le marketing du féminisme néolibéral fournit sans doute le meilleur mode d’emploi jamais créé pour permettre aux prédateurs sexuels d’abuser des femmes sans aller en prison.

    Nous ne condamnons pas les stratégies de survie des femmes, ni leurs désirs : nous dénonçons ceux des hommes. Quelle que soit la forme qu’elle prend (mariage ou prostitution ; enjolivée par un discours “sexe-positif” ou non), toute forme de sexualité basée sur la dissociation traumatique nous révolte. Des hommes vraiment intéressés par la défense de nos droits ne se baseraient pas sur notre vulnérabilité, créée par des traumas, pour obtenir des actes sexuels. Des hommes respectueux de leurs partenaires ne banderaient pas à l’idée de les frapper, de les insulter, ou à l’idée d’une interaction sexuelle consentie contre de l’argent. Nous voulons mettre les hommes face à la violence qu’ils continuent d’exercer, sous le bouclier du marketing “sexe-positif”.

    De notre côté, nous rêvons d’une véritable “libération sexuelle” des femmes. Une libération sexuelle qui nous délivrerait du trauma et de la violence. Où le sexe ne serait plus pour les femmes une monnaie d’échange, que ce soit contre de l’argent, de la sécurité, de la visibilité, de l’affection ou même de la gentillesse.

    #domination_masculine #hétérosexualité #violences_sexuelles #porno #liberation_sexuelle #féminisme #femmes

  • Pourquoi je ne suis pas pro-sexe | Les Questions Composent
    http://lesquestionscomposent.fr/pourquoi-je-ne-suis-pas-pro-sexe

    Avant y avait d’un côté, les cathos anti-sexe très coincés, et de l’autre les jeunes cools et décoincés. Il y avait d’un côté les bigots qui interdisaient le sexe sauf dans les liens sacrés du mariage, et de l’autre les super rebelles qui envoyaient chier tout ça et qui faisaient l’amour quand ils voulaient, comme ils voulaient. Et il y avait d’un côté la fille coincée qui voulait se préserver pour le mariage et se respecter, et de l’autre la fille libérée sexuellement qui s’en foutait de tout ça et qui voulait juste s’amuser.

    Or, on le sait maintenant, le patriarcat récupère tout. C’est facile, parce que le patriarcat c’est surtout des injonctions contradictoires, alors si tu en envoies balader une, il te cerne avec les autres. L’échec de la libération sexuelle, c’est quand les femmes ont voulu libérer leur sexualité et qu’on les a mises au service sexuel des hommes. On disait qu’y avait rien de mal à être une pute et que c’était mieux qu’être une sainte, parce que les saintes elles baisent pas. Ce faisant, on a bien pris soin de conserver ces deux catégories. La différence avec avant c’est que toutes les femmes peuvent être un peu des putes avant d’être des saintes. Comprenez qu’elles peuvent un peu se mettre au service sexuel des hommes, avant de se caser.

    Avant il fallait surtout pas être une salope. Maintenant il faut pas, mais quand même un petit peu, sinon tu es une coincée, et être une coincée, c’est mal.

    Et c’est ça être anti-sexe : être coincé. Si tu es anti-sexe, tu fais forcément partie de ces bigots, de ces coincés, de ces bourges catho frigides. De ces mal baisées. Un bon coup de pine leur ferait du bien, elles seraient plus détendues ensuite. Elles sauraient que le sexe c’est BON, que le sexe c’est BIEN, que le sexe c’est de l’amusement et du fun.

    On me traite de bigote parce que j’aimerais un monde non seulement sans salariat d’aucune sorte, mais aussi sans prostitution parce que je pense que « vendre son cul ou ses bras », non, c’est pas forcément exactement la même chose. Que peut-être être contraint à des actes sexuels n’est pas la même chose qu’être contraint à quoi que ce soit d’autre. Qu’une agression sexuelle n’équivaut pas à une agression tout court. On me traite de bigote parce que je pense que se forcer à du sexe pour sauver son couple, c’est plus violent que se forcer à faire un effort sur la régularité du lavage de vaisselle. Que le sexe, oui, c’est quelque chose de particulier, qui touche à l’intime. On me traite de coincée, de frigide. Ça doit être ça, je dois être juste « mal baisée », je vois pas à quel point le sexe c’est Le Bien.

    Dire « la prostitution c’est du sexe », à mon avis c’est se placer du côté des clients : pour des prostituées, et pour pas mal d’épouses également d’ailleurs, c’est pas avant tout du travail ? Dire « le viol c’est du sexe », c’est se placer du côté des violeurs, parce que pour les victimes, c’est pas du sexe, bien sur ça impacte leur sexualité peut-être, du moins pour une partie d’entre elles, mais le viol pour les victimes c’est une agression, c’est injuste, c’est révoltant, ça concerne leur corps mais pour elles, c’est pas un acte sexuel. Et dire « le sexe c’est fun » c’est se placer du côté des hommes, parce que le sexe c’est pas QUE fun pour les femmes.

    Attentions, je dis pas que les femmes n’aiment pas le sexe. A mon avis, les femmes apprécient plus le sexe que ce qu’on veut bien raconter. À titre personnel, j me suis toujours demandée comment faisaient les femmes qui font du « chantage au sexe » en mode : si tu fais pas la vaisselle, pas de sexe. Elles ont jamais envie ? Peut-être qu’elles salissent davantage de vaisselle dans l’espoir que leur Jules la lavera et gagnera le droit de les baiser ? ou peut-être qu’elles aiment juste pas ça, jamais ?

    N’empêche qu’on le voit avec cet exemple, le sexe n’est pas que de l’amusement pour les femmes. C’est une monnaie d’échange pour obtenir quelque chose. C’est du travail, donc. Et si c’est du travail, c’est pas forcément marrant.

    Et dans le cadre conjugal, le sexe c’est même au-delà du travail, ça devient carrément une corvée. Il faut lire comment les femmes parlent de sexe sur les forums de mères. « moi j’arrête pas pendant les grossesses, sinon c’est plus dur de s’y remettre après ». Une fois j’ai demandé si ça dérangeait pas leurs mecs de les baiser alors qu’elles n’en éprouvent visiblement aucune envie. J’ai dit : mais ça doit se voir, que vous avez pas envie, que vous attendez que ça se termine, et ils s’en rendent même pas compte ? J’ai eu une réponse du style « ho tu sais les hommes, si tu les prends par le bon bout, une fois qu’ils sont partis ils font plus attention à rien ».

    Gerbe.

    Et il faudrait que je sois pro-sexe, dans cette société où le sexe, c’est ça ?

    On nous pousse à être pro-sexe, à être « pour le sexe », à considérer le sexe comme uniquement drôle et marrant, avec des pressions sociales qui sont à base de stigmates (le stigmate de la coincée, de la prude, de la « catho », surtout dans les milieux militants d’ailleurs, mais pas que). Ce faisant, les dominants, ceux pour qui le sexe n’est que drôle, s’approprient les termes du débat.

    #prostitution #culture_du_viol #sexisme #patriarcat