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  • Le skyrmion, cette étrange structure qui pourrait bousculer l’électronique
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2024/04/23/le-skyrmion-cette-etrange-structure-qui-pourrait-bousculer-l-electronique_62

    Les travaux d’une équipe française publiés le 19 avril dans « Science » ouvrent la voie à l’utilisation de ces structures magnétiques pour des fonctions de mémoire et de calcul.

    Par Jean-Baptiste Jacquin
    Publié le 23 avril 2024 à 18h30, modifié hier à 00h22

    Temps de Lecture 3 min.

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    Couples de skyrmions antiferromagnétiques déplacés dans une piste magnétique par un courant électrique. BRUNO BOURGEOIS ET OLIVIER BOULLE/CNRS

    Ce n’est pas tous les jours que vous avez l’occasion de lire un article sur les skyrmions. A vrai dire, ce n’est que la deuxième fois que Le Monde consacre des lignes à ces étonnantes structures. Mais il va peut-être falloir s’habituer à ce nouveau vocabulaire.

    « Les skyrmions peuvent représenter l’entité ultime d’information magnétique manipulable. L’excitation actuelle devrait durer », prédisait le Prix Nobel de physique 2007, Albert Fert, dans ces colonnes, en août 2013. Onze ans plus tard, « on est en train de dépasser largement les perspectives qui étaient alors imaginées », s’émerveille Stanislas Rohart, chercheur CNRS au Laboratoire de physique des solides à l’université Paris-Saclay.

    De quoi s’agit-il ? D’une structure magnétique de quelques nanomètres, 10 000 fois plus fine qu’un cheveu, composée de spins d’électrons enroulés en spirale. Les spins, propriété magnétique des charges négatives, noués ainsi de façon très stable peuvent être mis en mouvement par paquets, sans faire bouger les électrons. De telles spirales, les skyrmions, qui tiennent leur nom du physicien britannique Tony Skyrme, qui les a imaginés en 1962, n’ont été observées pour la première fois qu’en 2009.

    Qui dit structure magnétique, dit capacité de mémorisation d’une information. D’où un réel engouement de la communauté des chercheurs depuis quinze ans pour cet objet en forme de bulle de savon aplatie. Mais il souffre d’un défaut, l’effet Hall, qui est au champ magnétique ce que l’effet Magnus est au terrain de football. Le skyrmion va dévier de la route qu’on veut lui imposer, comme le ballon de foot brossé qui infléchit sa course. « Il y a un effet gyroscopique très beau du point de vue de la physique fondamentale, j’étais hypercontent la première fois que j’ai vu ce comportement dans un de mes échantillons », se souvient Stanislas Rohart. Mais la beauté ne fait pas l’efficacité.

    L’effet gyroscopique dompté

    C’est à cette difficulté intrinsèque qu’une équipe du laboratoire Spintronique et technologie des composants (Spintec, université Grenoble-Alpes, CNRS, CEA) a trouvé une solution publiée dans la revue Science le 19 avril. Les chercheurs grenoblois sont parvenus à dompter l’effet gyroscopique des skyrmions. Ce qui a permis de les faire se déplacer dans la même direction, dans un faible courant électrique, à des vitesses allant jusqu’à 900 mètres par seconde. Une prouesse par rapport aux 100 mètres par seconde observés jusqu’ici. Et un changement d’échelle riche en perspectives, nous y reviendrons.

    Rentrons dans les cuisines de l’équipe d’Olivier Boulle, chercheur CNRS au Spintec, qui a piloté ces travaux. Pour annuler l’aspect aimanté du skyrmion vers les bords du terrain, l’idée était de parvenir à coupler deux de ces structures aux propriétés opposées afin qu’elles s’annulent. C’était une question de matériaux. La solution s’appelle « antiferromagnétiques synthétiques ». « Ces matériaux sont composés de deux couches ferromagnétiques, séparées par une fine couche non magnétique. Les directions du pôle Nord et du pôle Sud de ces couches magnétiques sont opposées. Par conséquent, ces matériaux ne sont plus vraiment aimantés », explique Olivier Boulle.

    Toute la difficulté a été de trouver ce bon « isolant » et surtout à la bonne épaisseur (quelques atomes) pour que le couple de skyrmions tête-bêche soit stable. C’est le postdoc Van-Truong Pham, premier signataire de l’article dans Science, qui s’y est attelé. Notamment en travaillant au synchrotron Bessy à Berlin, sur un microscope magnétique à rayons X très puissant. « La théorie le disait, les simulations le validaient et pour la première fois le groupe d’Olivier Boulle montre que ça marche expérimentalement », félicite, beau joueur, Stanislas Rohart, qui travaillait dans la même direction.

    Très faible énergie nécessaire

    A quoi pourraient bien servir ces simili-bulles de savon qui volent à plus de 3 000 kilomètres à l’heure ? A l’électronique de demain et au calcul pour l’intelligence artificielle ! « Maintenant, on veut démontrer qu’on peut fabriquer un dispositif de mémoire et de calcul basé sur le skyrmion », détaille Olivier Boulle. Car ce petit objet que l’on sait désormais manipuler et déplacer dans une piste magnétique peut être une donnée d’information : 1 lorsque le skyrmion passe devant une tête de lecture, 0 en son absence.

    Concrètement, des équipes du Spintec travaillent actuellement à « faire de la reconnaissance vocale ou de la reconnaissance d’image avec une assemblée de skyrmions, en exploitant leurs réponses à des stimuli externes comme une tension », détaille le chercheur. Avantage ? La très faible énergie nécessaire pour lire ou écrire les données, comme l’équipe grenobloise l’a montré dans un article publié le 18 mars dans Nano Letters. Cette piste ouverte par la spintronique permet d’envisager des réductions « d’un facteur 1 000 » de l’énergie nécessaire pour un calculateur, estime Olivier Boulle. C’est l’objet du projet Chirex, financé pour quatre ans dans le cadre du « programme et équipements prioritaires de recherche » exploratoire SPIN doté de 38 millions d’euros par le plan France 2030.

    L’enjeu est la bataille qui se profile pour prendre la suite des transistors alors que certains prédisent la fin de la suprématie de l’électronique actuelle à base de semi-conducteurs avec le ralentissement de la loi de Moore. Mais on n’en est pas là. Le véloce skyrmion a d’autres défis sur sa piste d’envol, comme les irrégularités encore observées dans ses déplacements. Sans parler des technologies concurrentes à l’étude, comme celle des ferroélectriques.

    Jean-Baptiste Jacquin

  • Cancer : Michel Sadelain, un Franco-Canadien, honoré aux « Oscars de la science » pour son traitement contre la maladie
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2024/04/14/cancer-michel-sadelain-un-franco-canadien-honore-aux-oscars-de-la-science-po

    Concrètement, les recherches de M. Sadelain ont permis de reprogrammer génétiquement les lymphocytes T, qui sont les petits soldats du système immunitaire. Ces derniers acquièrent alors des récepteurs capables de reconnaître et de combattre les cellules cancéreuses, que le corps laisse en temps normal proliférer car il ne se rend pas compte de leur nocivité.
    Ces récepteurs antigéniques chimériques (chimeric antigen receptor, CAR, en anglais) ordonnent également aux lymphocytes T de se multiplier pour avoir plus de combattants contre la maladie. Cette manière de traiter le #cancer relevait au départ « de la science-fiction », sourit M. Sadelain. Aujourd’hui, le chercheur se réjouit de voir que toute une industrie s’est développée pour produire ces « médicaments vivants ».
    Grâce à ses travaux et à ceux de Carl June, une demi-douzaine de thérapies utilisant cette méthode sont approuvées aux Etats-Unis, et des centaines d’autres essais cliniques sont en cours. Les lymphocytes T du patient sont d’abord collectés, modifiés à l’extérieur du corps, puis réinjectés dans le sang. Le traitement a prouvé son efficacité contre les lymphomes, certaines leucémies, ou encore contre le myélome, un cancer sanguin grave et complexe.
    Mais M. Sadelain espère que la recherche pourra permettre d’« appliquer ce traitement à d’autres cancers ». « Les cellules CAR-T pourraient peut-être marcher contre les maladies auto-immunes, des maladies comme le lupus, et peut-être un jour des maladies comme le diabète et les scléroses en plaques », explique-t-il. L’un des principaux défis reste aussi de réduire les coûts du traitement, estimé aujourd’hui à plus de 500 000 dollars – une somme en général couverte par les assurances.

    #système_immunitaire #cancer

  • La #liberté_académique menacée dans le monde : « Les universitaires ont intérêt à s’exprimer ouvertement avant qu’il ne soit trop tard »

    En 2006, un citoyen sur deux vivait dans une zone de liberté académique, cette proportion est désormais d’un sur trois. Budgets universitaires en berne, difficultés pour s’exprimer sur des sujets sensibles… Dans un contexte d’#érosion_démocratique, la tendance est alarmante pour la #connaissance et le #bien_commun. Entretien avec #Katrin_Kinzelbach, spécialiste en politique internationale des droits de l’homme, à l’initiative de l’#indice annuel de liberté académique.

    (#paywall)

    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2024/04/01/la-liberte-academique-menacee-dans-le-monde-les-universitaires-ont-interet-a
    #université #monde #facs #recherche #libertés_académiques #statistiques #dégradation #chiffres

    • #Academic_freedom_index

      Based on assessment of the de facto protection of academic freedom as of December 2023, the Academic Freedom Index Update 2024 provides an overview of the state of academic freedom in 179 countries and territories. In line with previous AFI reports, this year’s data demonstrates that academic freedom is under threat globally. Using the concept of growth and decline episodes at country level, this year’s update shows that 23 countries are in episodes of decline in academic freedom, but academic freedom is increasing in only ten countries. 3.6 billion people now live in countries where academic freedom is completely restricted. Taking a longer time period into account by comparing 2023 data with that of fifty years ago, we note more optimistically that academic freedom expanded in 56 countries.

      https://www.youtube.com/watch?v=gOj_1B2PIlE


      https://academic-freedom-index.net
      #rapport

    • L’état de la liberté académique dans le monde

      Basé sur une évaluation de la protection de facto de la liberté académique en décembre 2023, l’Academic Freedom Index Update 2024 donne un aperçu de l’état de la liberté académique dans 179 pays et territoires

      Conformément aux précédents rapports de l’AFI, les données démontrent que la liberté académique est menacée à l’échelle mondiale. Le rapport 2024 montre que 23 pays connaissent des épisodes de déclin de la liberté académique. Celle-ci n’augmente que dans dix pays. 3,6 milliards de personnes vivent désormais dans des pays où la liberté académique est totalement restreinte. En prenant en compte une période plus longue, en comparant les données de 2023 avec celles d’il y a cinquante ans, on constate malgré tout que la liberté académique s’est étendue dans 56 pays.

      L’Academic Freedom Index (AFI) couvre actuellement 179 pays et territoires et fournit l’ensemble de données le plus complet sur le thème de la liberté académique. L’AFI évalue les niveaux de facto de liberté académique à travers le monde sur la base de cinq indicateurs :

      - liberté de recherche et d’enseignement
      - liberté d’échange et de diffusion académique
      - autonomie institutionnelle
      - intégrité du campus
      - liberté d’expression académique et culturelle

      L’AFI repose sur des évaluations réalisées par 2 329 experts nationaux dans le monde entier, des questionnaires standardisés et un modèle statistique bien établi, mis en œuvre et adapté par le projet V-Dem. Le projet V-Dem est connu pour générer des données solides sur diverses dimensions de la démocratie. L’Academic Freedom Index utilise une méthode de modèle de mesure bayésienne pour l’agrégation des données : il fournit non seulement des estimations ponctuelles, mais rend également compte de manière transparente de l’incertitude de mesure dans l’évaluation globale de la liberté académique. Il est recommandé pour les utilisateurs de prendre en compte cette incertitude lorsqu’ils comparent les scores entre pays et dans le temps. Il est possible d’en savoir davantage sur ces recherches en consultant le site Web. De plus, un article d’introduction explique plus en détail la conception de cet index.

      Les données de l’Indice de liberté académique sont conservées dans l’ensemble de données V-Dem, qui comprend les évaluations de la démocratie les plus complètes et les plus détaillées au monde, ainsi que les données de l’AFI. La dernière version de l’ensemble de données et les documents de référence associés peuvent être téléchargés gratuitement sur le site Internet de V-Dem (pp. 238-243 & 322 Codebook). Mais il faut au préalable s’inscrire sur le site.

      Pour en savoir plus sur l’état actuel de la liberté académique dans le monde, on peut se référer à la mise à jour de l’ Indice de liberté académique et explorer les données sur la carte interactive.

      https://cartonumerique.blogspot.com/2024/04/liberte-academique.html
      #cartographie #visualisation

  • Les raisons du déclin de la recherche en France

    Dépassée par ses concurrents en termes de #productivité_scientifique, la France voit son modèle miné de l’intérieur, dessinant une trajectoire qui l’éloigne toujours plus de son rang historique.

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    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2021/09/28/recherche-les-raisons-du-declin-francais_6096227_1650684.html

    Non seulement l’Australie n’achètera pas de sous-marins à la France, mais en plus, ses chercheurs sont sur le point de passer devant les nôtres en termes de productivité. C’est ce qui ressort des premières données provisoires sur l’année 2020, communiquées par l’Observatoire des sciences et techniques (OST) au Monde, portant sur le volume des publications scientifiques nationales.

    En 2017, l’Italie était passée devant la France, qui se retrouve désormais à la limite d’être exclue du top 10 par le Canada, l’Espagne et l’Australie, alors qu’elle en était sixième en 2009. « Décrochage rapide depuis quinze ans », écrivaient, pour qualifier la situation française, les auteurs d’un des rapports destinés à nourrir la loi de programmation pour la recherche (LPR), votée fin 2020. Celle-ci était censée stopper l’érosion mais elle a surtout réveillé les contestations d’une communauté scientifique doutant de l’intérêt des réformes structurelles, qui depuis 2005 accompagnent ce décrochage. Même si corrélation n’est pas causalité.

    Et derrière le flétrissement du prestige français, en termes de #publications, de #moyens_financiers, de #salaires, des #fractures apparaissent au sein même de la communauté scientifique nationale, entre laboratoires riches et pauvres, vedettes et secondes lignes, titulaires et précaires… signant la fin de l’exception du #modèle_français dans le paysage mondial.

    (#paywall)

    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2021/09/28/recherche-les-raisons-du-declin-francais_6096227_1650684.html

    #it_has_begun #it_is_the_end #recherche #université #France #déclin #ESR #précarité #précarisation

  • Des cas précoces de maladie d’Alzheimer apparus au Royaume-Uni chez des receveurs d’hormone de croissance
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2024/01/30/des-cas-precoces-de-maladie-d-alzheimer-apparus-au-royaume-uni-chez-des-rece

    Cette observation suggère, selon les chercheurs britanniques, qu’à l’instar des maladies à prions incurables telles que celle de Creutzfeldt-Jakob, la maladie d’Alzheimer peut revêtir dans certaines circonstances une forme transmissible, en plus de ses apparitions sporadiques ou liées à des prédispositions génétiques.

    Cette découverte a selon eux des implications en termes de santé publique et de prévention – « par exemple, en s’assurant d’une décontamination efficace des instruments chirurgicaux », écrivent-ils. Il n’y a cependant « pas de preuve » que la protéine bêta amyloïde (Aß), dont l’accumulation sous forme de plaques dans le système nerveux central est une signature de la maladie d’Alzheimer, puisse être transmise dans d’autres contextes que celui-ci, tels que « dans la vie quotidienne, ou lors de l’administration de soins de routine », rassurent-ils.

  • René Frydman : « Sur la reproduction, on a renforcé la croyance que tout est possible »
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2024/01/18/rene-frydman-sur-la-reproduction-on-a-renforce-la-croyance-que-tout-est-poss

    [...]

    En 1986, votre premier livre évoquait « l’irrésistible désir de naissance ». Le dernier s’intitule « La Tyrannie de la reproduction ». Du désir à la tyrannie, qu’avez-vous observé pendant toutes ces années ?

    En quarante ans, la société a changé, les problèmes d’infertilité ne sont plus tout à fait les mêmes. Aujourd’hui, le désir d’enfant est beaucoup plus tardif et certaines techniques se sont développées. Je pense aux traitements de l’infertilité masculine, au dépistage génétique préimplantatoire ou encore à la congélation des ovocytes… Tout cela a d’une certaine manière ouvert le champ des possibles et renforcé la croyance que tout est possible.

    Cela conduit parfois à une forme d’acharnement chez certains couples, certaines femmes, je l’ai vu en consultation. D’autant plus que, dans notre pays, les techniques de procréation médicalement assistée [PMA] sont prises en charge par la Sécurité sociale, ce qui n’est pas le cas ailleurs. Et donc on glisse de plus en plus du « je désire un enfant » à « j’y ai droit ».

    [...]

    Les partisans de cette pratique vous opposent l’argument de la GPA éthique. Qu’en pensez-vous ?

    La GPA existe depuis trente ans et je n’ai jamais vu de GPA hors marchandisation, en dehors de très rares cas, qui sont d’ailleurs très médiatisés. Je ne vous parle pas de cas particuliers, entre sœurs par exemple, ce qui soulève d’autres questions liées à la dette morale. C’est un autre sujet.

    La GPA éthique [hors marchandisation] n’existe pas et n’existera jamais. C’est un vœu pieux. Tout simplement parce que vous êtes dans le cadre d’un contrat de protection de l’enfant ou de la mère qui peut aboutir là aussi à des excès. Quand vous regardez un contrat de GPA, cela peut aller très loin, avec des consignes sur la manière de se conduire pendant la grossesse, une interdiction de fumer, de boire… Et, finalement, ce n’est pas la mère porteuse qui est la plus gagnante dans ces histoires. Sans oublier les histoires dramatiques, liées aux imprévus d’une grossesse. Je pense notamment à ce couple d’Australiens qui a laissé un des jumeaux nés d’une mère porteuse parce qu’il était trisomique.

    Au-delà des risques liés à cette marchandisation, vous soulignez votre attachement au lien qui se crée entre la mère et le bébé tout au long de la grossesse…

    On a beaucoup œuvré en obstétrique sur l’accueil de l’enfant lors de l’accouchement en privilégiant la présence du père, pour que la mère garde le nouveau-né un moment contre elle… On fait tout pour le contact et le rapprochement, parce qu’un certain nombre d’études montrent que l’épigénétique, c’est-à-dire l’environnement, joue un rôle très important. Un embryon implanté dans le corps d’une femme ou d’une autre ne sera pas le même bébé. D’ailleurs, lorsqu’une femme bénéficie d’un don d’ovocyte, on lui dit certes que c’est l’ADN d’une autre femme mais que, comme elle porte cet enfant, elle va tisser des liens jusqu’à l’accouchement et que ce sera son enfant. Ce lien est tel qu’il peut rester très longtemps après la naissance des cellules fœtales dans le sang maternel.

    D’un côté, on valorise ce lien-là, de l’autre, avec la GPA, on objecte que cela n’a aucune importance pour la mère porteuse. Ce discours est totalement contradictoire selon les intérêts poursuivis.

    [...]

    https://jpst.it/3yjU1

    #sujets_clivants

  • En Amazonie, la découverte d’un vaste réseau de cités-jardins vieux de 2 500 ans
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2024/01/11/en-amazonie-la-decouverte-d-un-vaste-reseau-de-cites-jardins-vieux-de-2-500-


    Site de Copueno, vallée d’Upano, Equateur. Une rue principale creusée traverse la zone urbaine, créant un axe le long duquel des complexes de plates-formes rectangulaires sont disposés autour de places basses IMAGE LIDAR A. DORISON ET S. ROSTAIN

    Un des principaux sites de la zone, baptisé Sangay, comme le grand volcan qui trône non loin, a été découvert dès la fin des années 1970, mais c’est grâce aux travaux du Français Stéphen Rostain que l’archéologie de la forêt amazonienne a pris une véritable épaisseur. L’article de Science, dont il est le premier signataire, condense vingt-cinq années d’études de ce directeur de recherche au CNRS. Sur le terrain, Stéphen Rostain pratique des décapages de grandes surfaces et découvre des vestiges d’habitations au sommet de monticules artificiels, des petites plates-formes de terre érigées pour s’élever par rapport à un sol gorgé d’eau.

    Il identifie des centaines de ces tertres, mais ce n’est rien par rapport à ce que livre une couverture Lidar (pour Laser imaging detection and ranging), effectuée en 2015. Analogue au radar mais remplaçant les ondes radio par du laser, cette technique de télédétection est mise en œuvre grâce à des appareils embarqués dans des aéronefs qui survolent la forêt, et elle a pour avantage de passer à travers celle-ci : « C’est une technologie qui déshabille la Terre de sa végétation et révèle le modelé exact du sol. C’est le strip-tease extrême et le nirvana pour les archéologues », s’exclame Stéphen Rostain.

    Résultat : sur 300 des 600 kilomètres carrés couverts en 2015, soit un rectangle de 10 kilomètres sur 30 traversé par l’Upano, sont apparus quelque 6 000 monticules rectangulaires. « Les bras m’en sont tombés, confie l’archéologue. A chaque fois que je regarde ces images, je suis stupéfait. » Sur cette zone, on ne compte pas moins de cinq villes et une dizaine de villages.

    En couplant le relevé Lidar aux travaux sur le terrain, un paysage bien particulier émerge. Tout d’abord ces plates-formes de quelques mètres d’élévation où se situait l’habitat, pour lequel on ne retrouve que des trous de poteaux. Il devait s’agir de maisons sans murs ou éventuellement avec des parois de bambous fendus, et un toit lui aussi végétal, pour se protéger des pluies. La forme standard de ces monticules, dit l’étude, est un rectangle d’environ 10 mètres sur 30. Ces lieux d’habitation sont rarement isolés et apparaissent en général par groupes de trois à six unités.

    Nombreuses voies de communication

    Cependant, le Lidar a aussi révélé des ensembles bien plus vastes, par exemple sur le site de Kilamope, où l’on trouve un complexe peut-être cérémoniel couvrant un espace de 10 hectares et comportant une plate-forme de 140 mètres sur 40. L’étude précise que, dans les zones les plus denses, on recense plus de cent éléments au kilomètre carré.

    Entre les monticules habités s’étale un patchwork d’espaces cultivés, des parcelles aux contours orthogonaux, délimités par des fosses de drainage de 4 mètres de large et de 40 centimètres de profondeur, elles-mêmes connectées à des canaux plus larges et plus profonds, qui traduisent un véritable souci de désengorger les sols, sous ce climat équatorial où il pleut tous les jours. Des sols enrichis par les retombées du volcan Sangay et qui, encore aujourd’hui, permettent trois récoltes annuelles de maïs. L’analyse des résidus d’amidon retrouvés sur les céramiques mises au jour a montré, en plus de la consommation de maïs, celle de haricots, de manioc et de patates douces.

    https://justpaste.it/bn40e

    #Amazonie #préhistoire #cités-jardins

    • Les tertres artificiels du piémont amazonien des Andes, Équateur – Les Nouvelles de l’archéologie 111/112 2008, pp. 83-88, Stéphen Rostain
      http://journals.openedition.org/nda/380


      Reconstitution de l’habitat précolombien Huapula au sommet d’un tertre : deux femmes vivaient dans cette maison et utilisaient chacune ses propres ustensiles

      RÉSUMÉ
      Sur le piémont oriental des Andes équatoriennes, la vallée de l’Upano court du nord au sud entre deux cordillères. Des dizaines de sites à tertres artificiels de terre sont disposés sur les terrasses bordant la rivière. Plusieurs de ces monticules ont été fouillés par décapage en aire durant deux projets archéologiques, entre 1995 et 2005. Une longue séquence culturelle a ainsi pu être définie entre au moins 500 av. J.-C. et 1200 apr. J.-C. Les tertres furent construits par des communautés de culture Upano, qui furent chassés de la région vers 300/400 apr. J.-C. par une forte éruption du proche volcan Sangay. Plus tard, des groupes de culture Huapula vinrent s’installer sur les monticules existants. Les restes d’un espace domestique très bien conservé furent fouillés au sommet d’un tertre. Une analyse ethnoarchéologique a permis de mettre en évidence de fortes similitudes entre les maisons Huapula et Jivaros contemporaines, suggérant une filiation entre les deux populations.
      […]
      Définition d’une séquence chrono-culturelle
      […]
      La chronologie culturelle nouvellement établie pour la région indique donc la succession d’au moins quatre ensembles culturels  :

      1. Culture Sangay  : environ 700 à 400 av. J.-C. Cette première occupation a laissé peu de vestiges.

      2. Culture Upano  : 400 av. J.-C. à 300/400 apr. J.-C. Elle correspond à la construction de tertres mais une importante éruption du volcan Sangay met fin à cette occupation.

      3. Culture Kilamope  : un nouveau style céramique est introduit pendant l’occupation Upano.

      4. Culture Huapula  : 800 à 1200 apr. J.-C. Réoccupation des tertres désertés par les Upano.

      5. L’évolution culturelle de cette région est comparable à celle reconnue dans d’autres aires amazoniennes  : les sociétés se complexifient graduellement pour atteindre un niveau de pré-chefferie (Upano). Aux environs de 800 apr. J.-C., on observe un éclatement et l’apparition de multiples petits groupes dispersés. Depuis la conquête européenne, le bassin de l’Upano a été occupé par des groupes Shuar de culture Jivaro, puis par les Espagnols et, plus récemment, par des colons descendus des Andes.
      […]
      Conclusion
      Les travaux français en haute Amazonie équatorienne, bien que très récents, ont déjà fourni des données totalement originales sur l’occupation précolombienne du piémont andin. On a ainsi découvert des sociétés complexes, édifiant des sites monumentaux et jouant un rôle primordial dans les échanges entre les hautes terres et les basses terres. En outre, de nouvelles informations ont été obtenues sur l’ancienneté de l’implantation des Jivaro, ethnies contemporaines, dans le bassin de l’Upano.

    • Upano. A propos d’urbanisme en Amazonie - Archéologie des Amériques (conférence du 26/05/2023)
      https://archam.cnrs.fr/upano-a-propos-durbanisme-en-amazonie

      Un immense système urbain vient d’être révélé en Amazonie équatorienne, dans la vallée de l’Upano, sur le piémont oriental des Andes. Ce sont des milliers de plateformes monumentales, des places carrées et des rues distribuées selon un modèle spécifique, des routes creusées larges et droites qui courent sur de grandes distances d’une implantation à l’autre, et de vastes drainages et terrasses agricoles. Plus qu’une simple série de sites successifs, c’est l’ensemble de la vallée elle-même qui a été modifié par des terrassements d’importance il y a plus de 2 000 ans. Par sa taille, sa configuration géographique et sa monumentalité, cet urbanisme vert étendu en haute Amazonie est comparable à des centres urbains mayas similaires récemment mis en évidence au Mexique et au Guatemala.

  • Antibiotiques : une nouvelle classe de molécules dénichée par l’intelligence artificielle
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2024/01/02/antibiotiques-une-nouvelle-classe-de-molecules-denichee-par-l-intelligence-a

    L’intérêt de cette recherche, qui a fait l’objet d’une publication, le 20 décembre, dans Nature, réside avant tout dans la méthode utilisée, plus que dans les #molécules identifiées. Ce n’est pas un hasard si Felix Wong, premier signataire de l’article, est physicien et mathématicien, pas microbiologiste. La recherche biomédicale recourt déjà à l’#IA, mais, ici, c’est le mode d’apprentissage profond imaginé qui est innovant.
    Les chercheurs ont d’abord déterminé les activités #antibiotiques de 39 312 composés, des sous-structures chimiques de molécules déjà connues, ainsi que leurs profils de cytotoxicité sur des cellules humaines. Des réseaux de neurones ont ainsi été entraînés à identifier les structures chimiques associées à une activité antimicrobienne. Ils ont ensuite été utilisés pour passer au crible plus de 12 millions de composés et prédire leur activité antibiotique et leur cytotoxicité.

    Finalement, 283 composés ont été sélectionnés pour être testés empiriquement contre le staphylocoque doré. Des tests sur des souris ont permis d’identifier une classe de structure qui s’est avérée antimicrobienne à l’égard d’un staphylocoque résistant à la méthicilline et d’entérocoques résistants à la vancomycine, deux antibiotiques classiques. Le mot est lâché, ce serait la voie pour une nouvelle « classe » d’antibiotiques. Cela fait plusieurs décennies que les antibiotiques arrivant sur le marché ne sont que des versions améliorées ou au spectre élargi de familles existantes.

    « Un résultat spectaculaire »
    Didier Mazel, responsable de l’unité Plasticité du génome bactérien à l’Institut Pasteur, salue, dans cette étude, un « résultat spectaculaire ». « Ils ont démasqué une famille de molécules qui n’étaient pas connues pour leur activité antimicrobienne, cela valide leur modèle », ajoute le généticien. Si le recours à l’IA a déjà permis, par exemple, d’obtenir de nouvelles structures de protéines ayant un possible intérêt biologique, la puissance de calcul à laquelle l’équipe américaine a eu accès a permis de franchir une étape.
    Les travaux de Felix Wong s’inscrivent dans le projet Antibiotics-AI du MIT, piloté par James Collins, professeur d’ingénierie médicale et de sciences au célèbre institut du Massachusetts. L’objectif est de découvrir, d’ici à sept ans, de nouvelles classes d’antibiotiques contre sept types de bactéries mortelles, affirme le MIT dans un communiqué.
    Pour le microbiologiste Etienne Ruppé, professeur de bactériologie à l’université Paris Cité, il faut relativiser l’efficacité des molécules trouvées ici. Il relève « des concentrations minimales inhibitrices sur le staphylocoque de l’ordre de 2 milligrammes par litre, ce qui est élevé » et pose la question de l’application à l’homme. Et de regretter que cette première étude se soit concentrée sur les staphylocoques. « Aujourd’hui, ce sont les bacilles Gram négatif qui posent le plus de problèmes et sont responsables de morts dans le monde entier », insiste-t-il.

    Pour autant, Etienne Ruppé salue la qualité des données avec lesquelles a été entraînée l’IA, ce qui a permis cette « preuve de concept intéressante ». Ce modèle devrait permettre, selon lui, d’avoir « un ticket d’entrée moins important, afin d’identifier plus rapidement les candidats potentiels pour de futurs antibiotiques ».

    Infectiologue à l’hôpital Bichat (AP-HP), Nathan Peiffer-Smadja, reconnaît que les antibiotiques sont devenus les « parents pauvres de la recherche dans l’industrie pharmaceutique ». Mais il met en garde contre le Graal que certains placent dans la découverte de nouvelles classes d’antibiotiques. « Les bactéries évoluent plus vite que l’humain, et la résistance à une nouvelle classe arrivera aussi rapidement », prévient le spécialiste qui souligne la menace que l’antibiorésistance fait peser, à terme, sur des pans entiers de la médecine. « Si demain on ne sait plus traiter les complications infectieuses, on ne pourra plus faire de greffe d’organe ni de chimiothérapie agressive », insiste le docteur Peiffer-Smadja, pour qui l’enjeu est de mieux se servir des antibiotiques existants, en réduisant par exemple la durée de traitement, avant d’en découvrir de nouveaux.

  • L’ombre du racisme sur E. O. Wilson, géant de la biologie
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2023/12/30/l-ombre-du-racisme-sur-e-o-wilson-geant-de-la-biologie_6208436_1650684.html

    E. O. Wilson ne souhaite pas apparaître comme parrain d’un article soutenant la réalité de différences de comportements entre « races » humaines, mais il suggère à Rushton de soumettre son manuscrit à une autre revue, Ethology and Sociobiology. *Il se propose d’évaluer l’article en tant qu’expert anonyme* pour le compte de l’éditeur en chef. Ses commentaires sont dithyrambiques. « Il s’agit d’un article brillant, l’un des plus originaux et des plus heuristiques sur la biologie humaine ces dernières années, écrit-il. C’est la première théorie cohérente des variations raciales humaines en matière de comportement et de physiologie de la reproduction. S’il ne portait pas sur les différences raciales, ou s’il concernait une autre espèce, il serait accepté dans Nature ou Science. » En dépit de ce soutien, l’article ne sera pas accepté, l’autre reviewer sollicité par la revue le jugeant « erroné ».

    #science #racisme

    • Le soutien d’E. O. Wilson à Rushton est-il la preuve de penchants réellement racistes ? Le philosophe Philippe Huneman (Institut d’histoire et de philosophie des sciences et des techniques, CNRS) met en garde contre les conclusions hâtives. « Ces éléments de correspondance sont, à ma connaissance, les seuls exemples où Wilson évoque explicitement ces questions de différences raciales, dit-il. Il est possible qu’il ait soutenu Rushton par esprit de solidarité, parce que lui-même avait été attaqué, des années auparavant, par certains de ses collègues marqués à gauche et se revendiquant de l’antiracisme. » La Fondation E. O. Wilson pour la biodiversité rappelle de son côté que l’intéressé avait écrit, dans la préface à la seconde édition (2004) de son On Human Nature (Harvard University Press, 1978), que « la plupart des scientifiques reconnaissent depuis longtemps que tenter de définir des races humaines disjointes est un exercice futile ». « De telles entités, en réalité, n’existent pas », ajoutait-il.

      https://archive.is/xuuy4

      #biologie #corporatisme

  • Loi « immigration » : la chercheuse Claire Mathieu démissionne du conseil présidentiel de la science
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2023/12/22/loi-immigration-la-chercheuse-claire-mathieu-demissionne-du-conseil-presiden

    Deux semaines après, l’ex-chargée de mission au ministère de l’enseignement supérieur lors de la conception de Parcoursup (2017-2018) ne se considère plus « capable » de poursuivre avec M. Macron la « conversation » sur les sciences visée par ce nouvel organe. « Se focaliser exclusivement sur la science en gardant une séparation étanche entre science et politique, dans le but de rapprocher scientifiques et politiques, cela a un côté absurde, conclut-elle dans son courrier. C’était une erreur de ma part que d’avoir accepté d’être dans ce conseil. »

    Sérieux, il lui a fallu cette loi pour comprendre la nature de ce pouvoir ?

  • Le mystère des nausées pendant la grossesse enfin levé
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2023/12/15/le-mystere-des-nausees-pendant-la-grossesse-enfin-leve_6206019_1650684.html

    « J’ai pris jusqu’à sept médicaments différents en même temps, mais rien n’y a fait. Au cours du deuxième trimestre, j’ai perdu mon bébé, poursuit Marlena Fejzo. Malgré cette horrible souffrance, mon médecin m’a dit que j’essayais simplement d’attirer l’attention. J’étais tellement faible que je n’ai pas cherché à argumenter. Mais, lorsque de nouveau j’ai été sur pied, j’ai décidé de consacrer ma vie à la recherche de la cause de cette maladie. »

    Mais quelle grosse raclure que ce médecin !

    • https://justpaste.it/bys67

      On découvre qu’une fois de plus, la psychanalyse est une grosse imposture misogyne :

      Pendant très longtemps, sous l’effet de théories psychanalytiques, on a considéré que les femmes souffraient d’hyperémèse gravidique parce qu’elles rejetaient leur grossesse. « C’était tellement prégnant que certaines femmes se faisaient avorter. Mais ce n’était pas du tout parce qu’elles ne voulaient pas de cet enfant, c’était parce que leur quotidien était insupportable. Je défie quiconque de vivre toute la journée avec des nausées ou de vomir vingt à trente fois par jour ! », s’indigne Philippe Deruelle.

    • Légende ayant eu cours dans mon entourage. Certain·es prétendaient que, lorsqu’une femme souffrait de nausée pendant sa grossesse, c’était parce que le bébé avait beaucoup de cheveux ...
      Vu comme ça, ça semblerait moins « capillotracté » que les théories psychanalytiques ...

  • « Ma médaille d’argent du CNRS m’inspire aujourd’hui du dégoût »
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2023/12/04/ma-medaille-d-argent-du-cnrs-m-inspire-aujourd-hui-du-degout_6203861_1650684

    Dans leurs pétitions, les chercheurs ne demandent pas d’augmentation de salaire, ils ne demandent pas plus de moyens, non, ils demandent simplement qu’on les laisse faire leur travail sereinement, et de disposer efficacement de leurs crédits très souvent gérés par le CNRS, même s’ils proviennent d’autres sources !

    Depuis cet été, un trio de logiciels, acheté à une entreprise privée, a été mis en place pour gérer de A (l’ordre de mission) à Z (la remise des états de frais) les déplacements financés par le CNRS. Le résultat est un calvaire indescriptible pour les missionnaires et les gestionnaires. Les missionnaires doivent faire le travail des gestionnaires (générer la liste des frais dans le système et rentrer tous les justificatifs). La difficulté est telle que nombre d’entre eux renoncent à partir en mission ou à se faire rembourser une mission faite. Les gestionnaires, loin d’avoir des tâches en moins, sont débordés par une multitude de validations et d’opérations bloquées, dont le débogage prend un temps fou. Le stress est généralisé.

    Viscosité du système
    Cette catastrophe administrative n’est qu’une (très grosse) goutte d’eau qui fait déborder le vase des entraves au travail de recherche. La gestion au CNRS est envahie par un juridisme qui rend tout acte de plus en plus pesant chaque année. La moindre action hors du laboratoire ou avec des tierces personnes déclenche une avalanche de signatures de convention et d’arguties juridiques, par exemple sur la propriété intellectuelle. La viscosité du système est telle que les chercheurs en viennent à renoncer à des contrats ou que des projets n’aboutissent pas pour des raisons de délai d’engagement de crédits, par exemple. Ingénieurs et techniciens aussi sont touchés par l’inflation administrative, et sont plus souvent à remplir des formulaires qu’à faire le travail scientifique pour lequel ils ont été embauchés.

    #CNRS #bureaucratisation

    • voilà ce que déclarait en 2008 Pécresse, ministre de l’#ESR

      La deuxième orientation, c’est une simplification résolue des contraintes de gestion des unités mixtes afin de rendre du temps de recherche aux chercheurs, car à l’heure actuelle, leur complexité (circuits administratifs et financiers, gestion des personnels, procédures d’évaluation, valorisation des résultats des travaux de recherche...) engendre une surcharge de travail pour les personnels et responsables de laboratoires. Il est souhaitable de limiter à deux les tutelles scientifiques (l’une nationale, l’autre locale) qui s’exercent sur les unités mixtes de recherche, sachant qu’aujourd’hui, près de 50 % des 1 300 UMR sont soumises à plus de deux tutelles, et 20 % en ont plus de quatre. La généralisation d’un mandat de gestion unique pour l’université ou l’organisme qui héberge l’unité simplifiera les circuits de financement et permettra un octroi plus rationnel des moyens. Le rapport recommande également d’aligner les procédures d’achat et toutes les règles financières, fiscales et comptables des laboratoires sur le régime le plus simple et le plus efficace. En matière d’achats publics, un alignement sur les règles du CNRS qui prévoient une délégation de la signature aux directeurs d’unité est préconisé. Enfin, pour alléger le travail des personnels et éviter des doubles saisies, nous devrons mettre en cohérence les systèmes d’information et développer leur interopérabilité.

      https://www.vie-publique.fr/discours/171598-interview-de-mme-valerie-pecresse-ministre-de-lenseignement-supe
      Quant à Sarkozy, il comparait le CNRS à l’Académie des Sciences de l’Union soviétique. L’action pionnière de Sarkozy, Pécresse jusqu’à Macron et ses sbires ont abouti exactement à ça. Bravo à toutes et tous !

    • Un de ces fameux #logiciels pour gérer les #missions (notamment), s’appelle #Notilus (https://academia.hypotheses.org/54107), CHAUCHEMARDESQUE !!!

      Les autres : #Goelett et #Etamine

      Pour info, ce n’est que grâce à l’action conjointe de toustes les directeurices de labo qu’il a été possible de bloquer les frais de gestion de dossier de mission établi (2 EUR par mission, de l’#argent_public donc !) qui étaient facturés par l’entreprise qui a gagné le #marché_public pour CHAQUE mission.

      Pour info, pour réserver des hôtels et des transports il faut passer par l’entreprise qui a gagné le marché public. Pour nous, il s’agit en ce moment de #FCM_Travel... A noter que c’est systématiquement BEAUCOUP plus cher de passer par cette #agence_de_voyage que si on réserverait par nos propres soins.
      Une collègue m’a dit avoir réservé une chambre d’hôtel (pourrie) en France pour le prix de 200 EUR en passant par FCM Travel alors que la réservation via des plateformes proposait, pour la même nuit, quelque chose comme 120 EUR... juste pour vous donner une petite idée...

      Autre chose intéressante, j’ai dû acheter un billet Grenoble-Marseille. J’ai cherché les options sur FCM travel, et la plateforme ne m’offrait aucune solution... j’ai appelé l’opérateur qui m’a dit qu’il fallait que je réserve 2 secteurs séparément : Grenoble-Valence et puis Valence-Marseille (pratique !!!). C’était quelque jours avant qu’on ait l’info des 2 EUR de frais de gestion, et je me dis que ce n’est probablement pas pour rien... en divisant le voyage en 2 secteurs, probablement quelqu’un empoche 2x2EUR... (donc 8 EUR en tout pour l’aller-retour).

      #université #bureaucratie #recherche #ESR #France #dégoût #bureaucratisation #Pierre_Rochette #Pécresse #Valérie_Pécresse

    • Le SNCS-FSU demande l’abandon du système Etamine, Notilus et Goelett

      Communiqué du SNCS-FSU du 23 novembre 2023

      Les personnels des laboratoires et des délégations du CNRS expérimentent le dysfonctionnement et la complexité des outils numériques Etamine, Notilus et Goelett depuis plus de quatre mois. Le SNCS-FSU dénonçait dès le 14 septembre 2023 le calvaire que ce trio de logiciels fait subir à tous les personnels du CNRS. Depuis, la direction du CNRS a indiqué que les principaux dysfonctionnements auraient été résolus. Cependant, tous les personnels constatent que des dysfonctionnements persistent. Mais le plus inquiétant est certainement la complexité de l’ensemble Etamine, Notilus et Goelett. Même après des mois de familiarisation avec ces outils à travers un nombre significatif de missions, il apparaît que la complexité globale de ce système est trop importante et que son utilisation ne sera jamais assez simple pour les agents souhaitant partir en mission. Le SNCS-FSU considère que c’est la conception même du système qui est à revoir.

      Le SNCS-FSU demande que le système Etamine, Notilus et Goelett soit abandonné et remplacé par un autre système plus simple, qui fonctionne et qui donne satisfaction. Ce système engendre aujourd’hui une dégradation des conditions de travail de tous les personnels des laboratoires et des délégations du CNRS, et il est évident que cela continuera.

      Pour les agent·e·s souhaitant partir en mission, le constat est indiscutable : l’utilisation de ces logiciels est et restera une perte de temps significative par rapport à la situation antérieure, même dans les rares cas où ces missionnaires se seront parfaitement familiarisé·e·s avec ces outils. D’autant plus qu’il est évident que très peu d’agent·e·s pourront se familiariser avec ce système, même en partant souvent en mission, tant il est complexe et rigide.

      Si le travail des agent·e·s des services de gestion pourrait, à terme, bénéficier de la dématérialisation et du report de certaines tâches vers les missionnaires, elles et ils seront beaucoup plus sollicité·e·s dans l’accompagnement de ces missionnaires. Les agents des services de gestion devront, en effet, répondre à leurs innombrables questions, incompréhensions, agacements, exaspérations, frustrations, désespoirs… L’impossibilité pour les agent·e·s des services de gestion de répondre de façon satisfaisante aux attentes de celles et ceux partant en mission est une cause importante de la dégradation des conditions de travail.

      Le SNCS-FSU estime que le système Etamine, Notilus et Goelett constitue un véritable recul. Le SNCS-FSU considère que la meilleure solution est de l’abandonner et de le remplacer par un système qui simplifie les démarches pour tous les personnels et qui libère du temps pour la recherche.

      Le SNCS-FSU appelle à signer et à faire signer massivement la pétition « CNRS : nouveau système de gestion des missions, on n’en peut plus ! » pour sortir de ce système insupportable et mettre fin à ce calvaire.

      Le SNCS-FSU apporte tout son soutien à tou·te·s les agent·e·s confronté·e·s à ces difficultés et à ce système absurde.

      https://academia.hypotheses.org/54107

    • C’est toujours intéressant d’appréhender le réseau qu’il y a derrière.

      Depuis cet été, un trio de logiciels, acheté à une entreprise privée, a été mis en place pour gérer de A (l’ordre de mission) à Z (la remise des états de frais) les déplacements financés par le CNRS.

      L’entreprise en question fcmtravel avait signé en 2021 pour 3 ans… ça a été reconduit ?
      Le groupement FCM, RYDOO et NOTILUS remporte l’appel d’offres lancé par le CNRS et l’AMUE.
      https://www.fcmtravel.com/fr-fr/resources/news-hub/le-groupement-fcm-rydoo-et-notilus-remporte-lappel-doffres-lance-par-le-c

      La mise en place d’une nouvelle plateforme devait permettre la dématérialisation de bout en bout des processus de la demande de voyage, représentant 97 millions d’euros de dépenses annuelles. Pour accompagner leurs 200 000 utilisateurs potentiels, le CNRS et l’AMUE ont donc fait le choix d’une nouvelle solution ambitieuse avec le groupement Rydoo (portail de réservation et base hôtelière), FCM (agence de voyages d’affaires) et Notilus (solution de gestion des ordres de missions et états de frais).

      Une de leur réalisation commune est l’UGAP, centrale d’achat public. (L’Union des groupements d’achats publics est une centrale d’achat publique française, placée sous la double tutelle du ministre chargé du Budget et du ministre chargé de l’Éducation nationale.)

      Notilus, une des pièces du puzzle à reconstituer …
      Notilus Filiale du Groupe DIMO Software. DIMO est issu de Cerg Finance qui en 1998 rachète XRT https://www.lesechos.fr/1998/09/cerg-finance-acquiert-le-numero-un-americain-des-logiciels-de-cash-manageme #cash-management

  • X, terrain d’enquête déserté des #chercheurs
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2023/11/28/x-terrain-d-enquete-deserte-des-chercheurs_6202801_1650684.html
    #SCIENCES_SOCIALES

    ❝Ils étaient des prosélytes des recherches en #sciences_humaines et sociales à partir de l’activité de #Twitter, ils dissuadent aujourd’hui leurs étudiants de se servir du réseau social devenu X. En cause, la fin de la gratuité de l’API, l’interface de programmation qui permet de connecter des logiciels afin qu’ils s’échangent des données. Mais pas seulement.

    Dès 2009, Nikos Smyrnaios, professeur en sciences de l’information et de la communication à l’université Toulouse-III, et Bernhard Rieder, maître de conférences dans la même discipline à l’université d’Amsterdam, avaient collecté plus de 5,8 millions de tweets pour étudier la diffusion de l’actualité sur le réseau. Et ce, grâce à un logiciel d’extraction et d’analyse de données utilisant l’API de Twitter (DMI-TCAT). Aussi Bernhard Rieder a-t-il depuis conçu des logiciels libres rendant possible un tel travail sur une vingtaine de plates-formes dans le cadre du projet CAT4SMR (Capture and Analysis Tools for Social Media Research).

    C’était avant octobre 2022 et le rachat du petit oiseau bleu par Elon Musk. Nikos Smyrnaios a arrêté toute étude de X en raison du manque d’accès aux données de la plate-forme. Alors que Twitter fut longtemps un terrain d’enquête privilégié pour la recherche, en raison du caractère public de ses données et de son utilisation par de nombreux acteurs politiques et médiatiques, le professeur dissuade désormais ses étudiants de l’étudier de manière quantitative. « En tant que directeur de thèse, je ne vais pas encourager un étudiant à travailler sur un sujet qui demanderait une approche quantitative, parce que ce ne sera pas possible », explique-t-il.

    Pour Bernhard Rieder, la réalisation d’enquêtes quantitatives sur X est toujours faisable et digne d’intérêt, malgré une baisse de son nombre d’utilisateurs quotidiens de 16 % en un an (chiffre du cabinet américain Sensor Tower de septembre). Il admet néanmoins que le changement de modalité d’accès à l’API complique l’étude de X et a sabordé une partie de son travail. Les logiciels qu’il a conçus ne sont plus utilisables par la communauté scientifique gratuitement.

    Lors de l’annonce de la fin de la gratuité de l’API, les chercheurs et les doctorants ont récolté en urgence la totalité des données dont ils avaient besoin. Mais certains projets ont dû être abandonnés. Un étudiant de M. Rieder, auteur d’un mémoire sur le fonctionnement de l’API de X, a ainsi dû renoncer à la rédaction d’un article sur le sujet, car ses résultats étaient rendus caducs.

    Fiabilité incertaine des données
    Concrètement, pour réaliser un projet de recherche sur des contenus de ce réseau social, cela revient à 5 000 dollars par mois (4 600 euros), selon M. Rieder. De plus, les chercheurs sont désormais limités à un million de tweets, contre plusieurs millions auparavant.

    Mais le coût n’est pas le seul frein. X n’est pas Twitter. Certes, cette plate-forme n’a pas attendu l’arrivée d’Elon Musk pour être un lieu de propagation de contenus haineux et de « fake news ». Mais la modération des contenus, déjà insuffisante, s’est détériorée en raison du licenciement d’une partie des salariés chargés de la lutte contre la désinformation, la haine en ligne ou le harcèlement.

    L’intervention accrue d’Elon Musk et de ses équipes sur la visibilité des contenus rend la fiabilité des données incertaine et interroge sur la pertinence de les étudier, selon M. Smyrnaios. Ce n’est plus tant la popularité d’un post et l’engagement qu’il suscite qui assurent la mise en avant d’un contenu que la possession d’un compte Twitter Blue (une certification qui ne certifie que le fait d’avoir payé pour l’obtenir), ou les choix arbitraires d’Elon Musk. « Aujourd’hui, ces effets algorithmiques sont tellement forts qu’on ne mesure pas des processus sociaux, mais les décisions du patron », résume le professeur de Toulouse. L’instabilité de la plate-forme depuis l’arrivée d’Elon Musk lui fait aussi craindre une modification des conditions d’accès aux données dans le temps, et ce malgré le paiement de l’API.

    Certains chercheurs font le choix de migrer sur d’autres plates-formes dont l’API est gratuite, comme TikTok, Instagram, YouTube. Mais les techniques d’analyse lexicométrique sont inadaptées à l’analyse quantitative de ces réseaux sociaux privilégiant le son et l’image. Il faut donc développer de nouveaux logiciels et expérimenter de nouvelles méthodes de recherche, telles que la retranscription automatique du son des vidéos et l’analyse des récurrences des images grâce à des logiciels d’intelligence artificielle.

    D’autres chercheurs choisissent d’examiner des corpus de tweets déjà archivés. Et certains au profil plus « tech », comme M. Rieder, s’attellent à trouver la faille pour collecter gratuitement des données quantitatives. Ils recourent à des logiciels d’extraction de données (scraping) sans passer par l’interface technique de la plate-forme, ne créent pas de profil utilisateur… et ne souscrivent donc pas aux règles d’utilisation de la plate-forme.

    La situation pourrait néanmoins évoluer, espèrent certains. De fait, le Digital Services Act européen, entré en vigueur en août, visant à réguler les activités des grandes plates-formes et des moteurs de recherche, prévoit que les chercheurs agréés doivent pouvoir accéder #librement à leurs #données.

    Marie Tomaszewski

  • Les lecteurs du Monde pourront-ils répondre à cette question posée au « certif » de 1922 : « Une cocotte en papier. Pour le pliage, l’objet exécuté devra avoir exactement 8 centimètres de hauteur. Les candidats auront à déterminer les dimensions du carré de papier à employer » ? Cet exemple montre comment on pouvait mêler à cette époque les mathématiques, le dessin et le travail manuel.

    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2023/11/15/a-l-ecole-les-fondamentaux-ne-sont-pas-tout-l-objectif-est-d-apprendre-a-ref

    #école # éducation

  • Les lecteurs du Monde pourront-ils répondre à cette question posée au « certif » de 1922 : « Une cocotte en papier. Pour le pliage, l’objet exécuté devra avoir exactement 8 centimètres de hauteur. Les candidats auront à déterminer les dimensions du carré de papier à employer » ? Cet exemple montre comment on pouvait mêler à cette époque les mathématiques, le dessin et le travail manuel.

    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2023/11/15/a-l-ecole-les-fondamentaux-ne-sont-pas-tout-l-objectif-est-d-apprendre-a-ref

    #école # éducation

  • Après le recul du gouvernement sur la prise en charge de l’activité physique adaptée, les malades en colère
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2023/11/10/apres-le-recul-du-gouvernement-sur-la-prise-en-charge-de-l-activite-physique

    ... le blocage est venu des assurances-maladie complémentaires (AMC) – soit les mutuelles, entreprises d’assurance et institutions de prévoyance. « Alors qu’elles ne cessent de réclamer des politiques de santé préventives, [les AMC] contribuent à l’échec d’un projet qui enfin mettait l’#activité_physique au niveau recommandé par toutes les instances scientifiques mondiales, et françaises en particulier », accuse le collectif. Pour une autre source, c’est le ministère de la #santé et de la #prévention, beaucoup moins moteur dans ce dossier depuis des années que celui des sports, qui serait à l’origine du recul, n’ayant pas répondu à temps sur le texte de l’amendement.
    Ce revirement du gouvernement a d’autant plus de mal à passer que, comme le soulignent professionnels et patients, le dispositif prévu dans l’amendement était « limité » : la prise en charge ne concernait que deux maladies et ne pouvait être mise en œuvre que dans trois types de structure (les hôpitaux, les sociétés interprofessionnelles de soins ambulatoires et les centres de santé).

    « Les atermoiements politiques mettent en danger tous les patients atteints de maladies chroniques », estiment 125 associations de patients, d’usagers et de professionnels de santé dans un texte publié sur Latribune.fr. Rappelant les bienfaits démontrés de l’APA (pour réduire l’apparition et l’aggravation des maladies chroniques, augmenter l’autonomie et la qualité de vie des patients…), et soulignant que le recours à cette approche représente un investissement en faveur de la prévention (chaque euro investi dans l’activité physique génère 1,70 euro de bénéfices économiques), les signataires s’indignent du retrait de l’amendement « sans explication et avant toute discussion ». « Il est temps que le financement soit généralisé à l’ensemble du territoire et des pathologies pour lesquelles le bienfait de l’#APA n’est plus à démontrer, prônent-ils. C’est un enjeu de solidarité nationale et d’équité en matière de santé publique auquel les pouvoirs publics se doivent d’apporter une réponse. »

    https://archive.ph/WRsZb

    • Ils font toujours ça : ils filent une carotte, un lot de consolation pour faire passer une régression sociale.
      Puis, ils annulent discrétos la carotte un peu plus tard en loucedé et il ne reste plus que la régression.

      Exemple
      On va saquer les chômeurs, mais on va inclure les indépendants. Ils mettent des conditions irréalisables pour les indés et il ne reste plus que le saccage des chômeurs.

  • En Sardaigne, le voile se lève sur la mystérieuse civilisation des nuraghes


    Vue aérienne d’un village nuragique, sur le site archéologique Su Nuraxi, à Barumini, en Sardaigne, en Italie. BRIDGEMAN IMAGES

    Durant mille ans, de 1800 à 800 av. J.-C., la culture nuragique a dominé l’île italienne. Ce peuple méconnu, car sans écriture, a laissé peu de traces de son existence, sauf 8 000 grandes tours rondes en pierre, disséminées sur le territoire. A la découverte de cette civilisation des #villages, loin des autres cultures méditerranéennes.

    Au début, on n’y prend pas garde. Et puis, petit à petit, à parcourir en voiture les routes de #Sardaigne sous un soleil qui joue les prolongations d’octobre, le regard s’aiguise, l’œil s’exerce, et l’on finit par les voir partout. Postés au loin comme des sentinelles de pierre, certains encore fièrement dressés, d’autres écroulés mais toujours là, défiant les millénaires. Eux, ce sont les nuraghes. Qu’on ne s’y trompe pas : malgré leur air de tours de château fort, ces édifices monumentaux – dont la silhouette orne des étiquettes de pecorino sarde ou de bouteilles de vin – ne renvoient pas au Moyen Age. Non, ces constructions sont les symboles d’une civilisation mystérieuse bien plus ancienne qui, mille ans durant, de 1800 à 800 av. J.-C., à cheval sur l’âge du bronze et celui du fer, domina la Sardaigne.

    Archéologue en France à l’Institut national de recherches archéologiques préventives, Isabelle Catteddu, de père sarde, a fait ses premières armes ici et y revient tous les étés. Elle, dont le grand-père abritait ses moutons dans l’un des huit mille nuraghes qui subsistent, avait alors pour but de « comprendre comment le territoire avait évolué jusqu’à la période romaine où on a réutilisé les sites nuragiques ».

    .... Quand on monte à l’étage, la vue est dégagée à 180 degrés et l’on peut apercevoir, dans le lointain, la #Méditerranée. Et aussi un autre nuraghe, qui lui-même a vue sur un troisième… Un réseau se dessine et, par endroits, les tours se font écho tous les 500 à 1 000 mètres. « Un peu plus loin, précise Isabelle Catteddu, on a une concentration incroyable, avec deux ou trois nuraghes au kilomètre carré. » Dans cet univers à la fois rural et polycentrique, on est loin des cultures orientales de la même époque, avec villes et pouvoir centralisé.

    .... L’habitat se retrouve à l’extérieur, dans des villages encore lisibles dans le paysage, car leurs « cabanes », comme les archéologues les appellent, rondes, avaient une base en pierre. Au-dessus devait être disposé un toit conique fait de roseaux.
    La vie est donc hors les nuraghes – la mort aussi. Petit détour par le site d’Imbertighe, en pleine campagne, où se trouve une « tombe de géant ». Pourquoi ce nom ? Parce qu’il s’agit d’une immense tombe collective. Au premier plan, un espace cultuel délimité par un muret en forme de deux cornes de taureau au milieu desquelles s’élève une grande porte en pierre d’un seul bloc, qui sépare les vivants des morts. Derrière, ceux-ci reposent dans un long couloir autrefois couvert de dalles. « La technique de dépôt consistait à soulever une dalle et à glisser le défunt dans la tombe, précise Isabelle Catteddu. Ces tombes sont là depuis le début de l’âge nuragique. Elles contiennent parfois plus de cent squelettes. Une population sans distinction de sexe, d’âge ou de classe sociale. » Les tombes individuelles n’apparaîtront qu’à la fin de la civilisation.

    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2023/11/06/en-sardaigne-le-voile-se-leve-sur-la-mysterieuse-civilisation-des-nuraghes_6

    https://archive.ph/ZPjZX

    #Nuragiques #nuraghes #archéologie

  • « A l’approche des JO, il est impératif que la France se tourne vers des pratiques de gestion des foules plus à jour »
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2023/10/20/a-l-approche-des-jo-il-est-imperatif-que-la-france-se-tourne-vers-des-pratiq

    Les chercheurs Mehdi Moussaïd et Pascal Viot déplorent, dans une tribune au « Monde », le retard pris par le pays dans l’intégration des avancées scientifiques sur le comportement des foules et leurs incidences sur l’organisation des grands événements.
    [...]
    la France semble avoir pris du retard en raison d’un certain isolement culturel et d’une sous-estimation de l’importance d’adaptation des méthodes au regard des savoirs aujourd’hui disponibles.

    Cette incurie est à rapprocher du management belliqueux des manifestations, où la police se montre également incapable de développer un modèle de gestion apaisée et ne cesse au contraire d’ajouter de l’huile sur le feu.
    Question : comment comprendre cet "isolement culturel" ? Une formation inadaptée ? Une culture belligène alimentée par un complexe de supériorité, et aussi peut être l’ignorance de l’anglais, langue scientifique de ces avancées ?

  • Le prix Nobel de physique 2023 attribué aux Français Pierre Agostini et Anne L’Huillier, ainsi qu’à l’Autrichien Ferenc Krausz
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2023/10/03/le-prix-nobel-de-physique-2023-attribue-aux-francais-pierre-agostini-et-anne

    Anne L’Huillier, qui enseigne à l’université de Lund en Suède, avait déjà remporté le prestigieux prix Wolf en 2022, parfois annonciateur du Nobel, conjointement avec Ferenc Krausz et le Canadien Paul Corkum. Pierre Agostini est professeur à l’Ohio State University aux Etats-Unis. Ferenc Krausz est lui directeur de l’Institut Max Planck en Allemagne.

    Avant Anne L’Huillier, quatre femmes seulement avaient obtenu le prix Nobel de physique, depuis 1901 : Marie Curie (1903), Maria Goeppert-Mayer (1963), Donna Strickland (2018) et Andrea Ghez (2020).

  • Ayant un master recherche en sciences cognitives, les avancées dans les neurosciences et l’intelligence artificielle me passionnent. Avec un petit relent de jalousie, mais on ne refait pas sa vie.

    Peut on identifier la conscience dans ce tas de neurones ?
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2023/10/02/neurosciences-une-joute-mondiale-sur-les-theories-de-la-conscience_6192035_1

    La Conscience : c’est ce qu’on appelle les expériences subjectives (ou Qualia), et ca s’affronte entre :
    – théorie de l’espace de travail global (GNWT),
    /vs/
    – théorie de l’information intégrée (IIT)

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9orie_de_l%27espace_de_travail_global
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9orie_de_l%27information_int%C3%A9gr%C3%A9e
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Qualia