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  • Joseph Andras : avec la Kanaky - L’Humanité
    https://www.humanite.fr/monde/anticolonialisme/joseph-andras-avec-la-kanaky

    L’empire tarde à crever ; il faut l’aider. Ce serait là un geste démocratique. Et ça commence par écouter ceux qui en souffrent et mettent en garde contre le feu. Les écouter et les soutenir. « (L)es Kanak sont quantité trop négligeable devant l’opinion pour qu’on se risque à prendre des positions tranchées en leur faveur », notait Éloi Machoro dans cette même lettre. Quarante ans ont passé. L’empire a depuis perdu de sa superbe – les flics seront bientôt les derniers à l’astiquer. Çà et là se lève le drapeau kanak aux côtés du drapeau palestinien. Le vent les fait battre comme une évidence. L’empire toutefois s’entête : il veut que l’ordre règne. Son vieil ordre de mort. Mais les peuples écorchés ont toujours eu le souffle long. Longue vie à Kanaky.

    #kanaky

  • Prenons la Concorde – ACTA
    https://acta.zone/prenons-la-concorde

    À mi-mouvement un bilan s’impose : la stratégie intersyndicale est impuissante. Elle n’est ni à la hauteur de ses propres objectifs – le retrait de la loi – ni à celle de la situation – une inflation délirante dans un contexte de précarisation généralisée et de spirale autoritaire. 
    Les manifestations, les grèves et les blocages repartent de plus belle depuis jeudi. Et c’est de leur intensification et de leur combinaison quotidienne que dépend en grande partie l’issue de ce mouvement. Mais que nous manque-t-il ? Sans doute des lieux pour se rencontrer, éprouver une force collective, se sentir nombreux dans la durée. 
    Nous avons besoins de camps. Où être rejoignables. D’où se projeter ensemble, à l’assaut des quartiers bourgeois et des ports industriels, d’une Assemblée défaite et d’un sinistre Sénat, de locaux Renaissance comme des lycées ou des facs où la police empêche les blocus. Rejoindre les piquets de grève, envahir les gares et le périphérique, revenir discuter en assemblée. 
    À Paris, la Concorde est une évidence. Au cœur du Paris ennemi, en face de l’Assemblée, non loin du palais de l’Élysée, une place portait autrefois le nom de Révolution. Les têtes de rois y tombaient et on y inventait une autre vie. Et il y a dans chaque ville, d’autres places, d’autres lieux, qui peuvent servir de bases arrière au mouvement, occupées chaque jour et chaque nuit, non comme un endroit de repli, mais comme autant de places fortes, arrachées à l’ordre policier, d’où déferle sur la ville un peuple qui rêve encore d’une vie meilleure. 
    Prenons la Concorde, partons à l’assaut du monde.

  • L’Afghanistan vu par les femmes de RAWA – ACTA
    https://acta.zone/lafghanistan-vu-par-les-femmes-de-rawa

    Les #Talibans ont pris le pouvoir en #Afghanistan dans la foulée du retrait des forces d’occupation américaines. Alors que la situation des femmes afghanes a souvent été instrumentalisée par les médias mainstream et les intellectuels philo-impérialistes pour légitimer les interventions occidentales, nous avons souhaité traduire en français cette interview de l’une des porte-parole de l’Association des #femmes_révolutionnaires d’Afghanistan (RAWA), réalisée il y a quelques semaines alors que les Talibans entamaient leur reconquête militaire.

    RAWA est une organisation politique féministe basée à Quetta, au Pakistan, et fondée en 1977 par Meena Keshwar Kamal dans le but d’aider les femmes dans leur lutte pour l’émancipation et les droits civils. Dès les années 1990, lors du premier régime taliban, elle a mené des activités clandestines dans le pays en soutien à l’émancipation des femmes. À travers cet entretien mené par l’Osservatorio Afghanistan, Maryam fait le bilan de 20 ans d’occupation occidentale et formule des perspectives sur la continuation de la lutte dans la nouvelle séquence qui s’ouvre.

  • Pandémie, vaccin, pass sanitaire : pour une position révolutionnaire – ACTA
    https://acta.zone/pandemie-vaccin-pass-sanitaire-pour-une-position-revolutionnaire

    Face à l’ampleur des polarisations actuelles – souvent réduites à des conflits entre « pro » et « anti » vax – il est bien difficile d’adopter une position politique claire. D’un côté, une défiance importante contre le pass sanitaire et l’obligation à demi-mot de la vaccination se répand, entraînant des milliers de personnes dans les rues partout en France, comme ce fut le cas hier. De l’autre, une position de méfiance d’une partie de la gauche radicale envers ces mobilisations, qui la pousse au retrait, aux motifs indéniables qu’une partie de l’extrême-droite est à l’avant-garde des mobilisations contre la généralisation vaccinale ou encore que le confusionnisme, à tendance négationniste, traverse certains discours et symboles promus, en particulier les analogies avec la Shoah ou l’apartheid.

    Si dans ces rassemblements, le fond de l’air paraît plus bleu (bien foncé) que rouge, le non-interventionnisme – qui se déploie dans une partie de la gauche radicale – sur les problématiques fondamentales de la surveillance de masse et de toutes les conséquences induites par la nouvelle mesure gouvernementale a de quoi interroger. Tout particulièrement à moins d’un an des élections présidentielles et des promesses de l’ombre qu’elles nous font déjà.

    #passe_sanitaire #vaccination #extrême-droite #manifestations

  • Nils Andersson - Les guerres font les généraux – ACTA
    https://acta.zone/nils-andersson-les-guerres-font-les-generaux

    L’armée, plus encore une armée de métier est dans son mode hiérarchique de fonctionnement, son attachement à la discipline et à l’ordre établi, par essence, réactionnaire. Selon le caractère et la légitimité de la guerre, selon la cause pour laquelle ou contre laquelle ont combat, cette nature réactionnaire s’affirme plus encore ou des idées progressistes prévalent. Or l’armée française a été engagée après la Seconde Guerre mondiale dans une succession de guerres coloniales puis, depuis 1990, de guerres dans le cadre de l’OTAN et au sein de coalitions militaires occidentales ou de guerres dans lesquelles la France intervient seule. Toutes furent des opérations extérieures, hors du territoire national et, dans la plupart de ces guerres, l’armée s’est retrouvée dans le rôle d’occupant. Cela non sans conséquence sur l’état d’esprit, le mode de penser, l’idéologie imprégnant l’armée et son état-major, mais aussi la société. L’appel des généraux en est la démonstration, les réactions de l’opinion publique la confirmation.

    Les signataires témoignent de cette implacable logique. Ils sont constitués d’un reliquat de la génération des guerres d’Indochine et d’Algérie, formés aux théories de la « guerre contre-révolutionnaire » et ayant appliqué les méthodes de la « pacification », de strates de la génération des guerres de la Fançafrique, celles de l’écrasement des mouvements de libération au Cameroun et au Niger, des interventions militaires au Tchad, en Centrafrique, en Guinée, en Côte d’Ivoire, en Mauritanie ou au Biafra. Ils appartiennent aux générations de militaires engagés dans les guerres post-guerre froide : guerre du Golfe, de Bosnie, du Kosovo, d’Afghanistan, de Libye, de Syrie, lors desquelles les puissances occidentales s’étant autoproclamées « gendarmes du monde » ont voulu imposer par la guerre leur hégémonie sous le couvert du « droit d’ingérence humanitaire » ou au Rwanda et dans le Sahel, des guerres où la France est intervenue seule.

  • Simon Assoun - Darmanin et les Juifs : une histoire républicaine – ACTA
    https://acta.zone/darmanin-et-les-juifs-une-histoire-republicaine

    Gérald Darmanin a fait paraître il y a quelques semaines un livre intitulé Le séparatisme islamiste – Manifeste pour la laïcité. Entre autre horreurs, il y défend notamment la politique « d’intégration » menée par le régime napoléonien à l’égard des Juifs en France et propose de l’appliquer aujourd’hui aux musulmans, sans que cela ait provoqué l’émoi de grand monde. Seulement cette politique était non seulement profondément antisémite – elle a interdit les prénoms hébraïques et placé l’église juive sous tutelle, mais s’appuyait également sur une vision nationaliste qui faisait des Juifs un corps étranger au reste du peuple. Simon Assoun, militant juif décolonial, propose ici de relire l’affaire Darmanin à la lumière de l’antisémitisme consubstantiel de la formation des États-nations occidentaux mais aussi d’esquisser des pistes pour une politique d’émancipation juive aujourd’hui – résolument opposée à l’islamophobie, cet autre contemporain de l’antisémitisme.

  • Saïd Bouamama : Comprendre et combattre le fascisme et la fascisation – ACTA
    https://acta.zone/said-bouamama-comprendre-et-combattre-le-fascisme-et-la-fascisation

    Le 24 octobre 2009 à Paris, au Centre International de Culture Populaire, Saïd Bouamama donnait une conférence sur le fascisme dans le cadre d’un cycle de formations marxistes. Plus de 10 ans après, nous avons tenu à retranscrire son contenu, tant il nous paraît d’une actualité brûlante, dans un contexte où le fascisme structure une part de plus en plus importante du champ politique français.

    Cette formation nous semble essentielle pour les nouvelles générations antifascistes qui s’engagent dans une séquence où le fascisme va être un sujet et un objet de lutte central (notamment dans la perspective des élections présidentielles à venir). Le fascisme peut prendre différentes formes et pour le démasquer, en comprendre le but, et le combattre de manière efficace, la théorie marxiste fournit des outils indispensables.

    Cette version, réactualisée et corrigée par l’auteur lui-même, n’inclut pas les digressions très intéressantes qui ont entrecoupé la conférence, dont vous pouvez retrouver le lien ici.

    De nombreuses analyses du fascisme ont été produites depuis les années 1930 et une multitude de définitions de ce régime politique ont été avancées. Il ne s’agit pas ici de les exposer exhaustivement mais de souligner quelques débats clefs essentiels dans le contexte de fascisation actuelle accompagnant l’offensive capitaliste ultralibérale qui caractérise notre planète depuis plusieurs décennies. Il n’y aura en effet pas de pratique antifasciste efficace sans théorie antifasciste clarifiant les causes, enjeux et cibles. Sans théorie antifasciste, il n’y a pas et il ne peut pas y avoir de pratiques antifascistes efficaces.

  • Penser une stratégie féministe (1/3) – ACTA
    https://acta.zone/penser-une-strategie-feministe-entre-protestation-et-integration-letau-des-lu

    Il est d’usage de distinguer deux grandes tendances stratégiques au sein des luttes d’émancipation quelles qu’elles soient, y compris dans le champ féministe : l’une plutôt « réformiste », l’autre plutôt « révolutionnaire ». En réalité, la frontière entre les deux n’est pas toujours étanche, même si leurs fins apparaissent antagonistes – la première vise l‘intégration de figures féminines et/ou féministes et de leurs revendications dans les lieux de pouvoir ; la seconde, plus en phase avec des aspirations de transformation sociale, consiste au contraire à contester et à combattre ce pouvoir, depuis l’espace des luttes féministes.

    Actuellement, cette distinction semble cependant difficilement tenable. La rupture que l’on pouvait faire entre un féminisme institutionnel et « intégrationniste » (blanc, bourgeois, laïcard et sécuritaire) et un féminisme révolutionnaire et intersectionnel n’est plus si évidente, tant les signes traditionnels sont brouillés.

    D’abord, le quinquennat Macron a introduit une rupture entre les associations féministes et l’État. Là où le gouvernement « socialiste » précédent entretenait une proximité avec une partie du champ associatif, l’arrivée de Marlène Schiappa au secrétariat d’État chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes a changé la donne, délaissant ces rapports privilégiés avec le terrain pour favoriser des personnalités et groupes incarnant la start-up nation au féminin. De sorte qu’une partie non négligeable du champ associatif féministe, qui avait acquis un certain poids les années précédentes, a été contrainte de porter ses revendications depuis l’espace d’un féminisme militant hors-institutions, traditionnellement investi par des collectifs et courants plus radicaux.

    Autre nouveauté, de nombreuses tendances que l’on aurait pu sans mal ranger du côté du féminisme « intégrationniste » il y a quelques années, se sont mises à mobiliser une rhétorique intersectionnelle, voire même anticarcérale – ainsi on a pu voir Caroline de Haas aborder les travaux de Gwenola Ricordeau sur l’abolitionnisme pénal lors d’une formation en ligne Nous Toutes, sans pour autant aller jusqu’à remettre en cause la légitimité du cadre pénal.

    Dans l’autre sens, on peut aujourd’hui se demander ce qui distingue fondamentalement la tendance plus « radicale », dont la critique vis-à-vis du féminisme « intégrationniste » ne semblait plus reposer ces dernières années que sur son manque d’inclusivité, et non sur les questions stratégiques du rapport au pouvoir.

  • Penser la guerre : entretien avec Catherine Hass – ACTA
    https://acta.zone/penser-la-guerre-entretien-avec-catherine-hass

    Du côté de ce que j’appelle l’espace savant, il y a également, à cette période, une entente pour ne plus qualifier les théâtres militaires en termes de guerre ; c’est le moment où des expressions telles celles de « maintien de l’ordre international » ou d’ « opération de police impériale » se diffusent et se donnent comme les termes ad hoc pour qualifier le nouveau de la guerre post-guerre Froide. J’ai alors rassemblé dans le livre les thèses et dispositifs depuis lesquels la fin du nom de guerre se trouvait être argumentée par des auteurs aussi divers que Frédéric Gros, Bertrand Badie ou encore Michaël Hardt et Antonio Negri. Ce qui caractérise alors le « corpus de la déshérence », c’est que la guerre y est tout à fait déspécifiée, sans statut ; elle n’est plus qu’une occurrence structurelle de la mondialisation, une violence consubstantielle de l’ensemble des dérégulations à l’œuvre. Ce à quoi l’on assiste à cette époque, une époque qui selon moi a vécu, c’est à une vaste opération de requalification du lexique admis jusque-là de la guerre, de la politique et de l’État, trois termes alors inséparables ; la globalisation prend, en un sens, le relais de cette configuration puisqu’elle se présente comme le lieu de nouvelles théories générales, contemporaines de l’ère « post-moderne », « post-souveraine » ou encore « post-étatique » qui serait désormais la nôtre. Qu’ils la nomment « états de violence », « violences sociales internationales », « guerre comme ordre permanent » ou encore « militarisation de l’Empire », ce qui va caractériser ce corpus est le fait que le nom de guerre serait devenu sans portée ; le paradigme dominant qui s’y substitue est celui de violence.

  • Cortèges de braise : résistances au couvre-feu à Liège – ACTA
    https://acta.zone/corteges-de-braise-resistances-au-couvre-feu-a-liege

    Depuis le mois de novembre, à Liège en Belgique, plusieurs manifestations nocturnes ont affirmé une volonté de résister aux mesures répressives, présentées par l’État comme des mesures sanitaires. Le couvre-feu était notamment ciblé, comme symbole d’une politique autoritaire empêchant la construction de solidarités autonomes face au virus. Dans la continuité du travail effectué au sein des Brigades de Solidarité Populaire, mais également dans le prolongement des cortèges émeutiers qui ont traversé l’Italie et plus récemment les Pays-Bas, retour sur ces « cortèges de braise » avec celles et ceux qui les ont initiés.

    #toctoc

    • Ils ont martelé ce terme de « distanciation sociale », épidémiologiquement incorrect, alors que c’est seulement une distance physique et un respect des autres gestes de bons sens qui est nécessaire pour lutter contre les virus. Cela ne doit pas signifier une absence de vie sociale. Mais leurs prophéties se réalisent à merveille : les distances physiques sont inexistantes ou insuffisantes (dans les transports, entreprises, etc.), alors que la distanciation sociale est presque totale.

    • Ce qui s’est passé hier était un signal clair pour ceux qui espéraient, plus ou moins secrètement, que l’élection de Biden aurait rétabli le monde pré-populiste et apaisé les esprits. Il n’y a pas de retour en arrière possible, ces phénomènes sont là pour rester, et les prémisses de la prochaine phase ne sont pas du tout de bon augure. Qui sait si les événements d’hier ouvriront un débat au sein de BLM et des cercles du mouvement américain, capable de surmonter le risque d’une posture victimaire et d’éviter de s’aligner sur les positions plus liberal qui reposent sur la négation de l’existant, le rejet des « beaufs », espérant que le problème disparaîtra en l’éludant (de fait en adoptant des positions plus conservatrices que les conservateurs).

      Pour élargir notre vision, ce qui est apparu hier sur les écrans du monde entier est la confirmation de la décadence de l’empire, violé dans sa sacralité, et dont les convulsions auront des conséquences imprévisibles sur l’ensemble du globe. Il n’y a pas nécessairement lieu de s’en réjouir, mais il s’agit certainement d’une énième manifestation des profonds glissements qui ont remis l’histoire en mouvement, et que les élites et les gouvernements occidentaux refusent en grande partie de comprendre.

  • Alain Brossat : « Rogue state » - Les aventures d’un concept pourri – ACTA
    https://acta.zone/rogue-state-les-aventures-dun-concept-pourri

    « Rogue », « rogue state », ce sont les expressions magiques qui permettent aux États-Unis de s’émanciper de toutes les conventions et traités internationaux, de faire fi des principes élémentaires du droit international. La Charte des Nations Unies, mais aussi la Constitution des États-Unis, fixent des restrictions distinctes à ce type d’intervention militaire contre une souveraineté étrangère, un type d’intervention qui ranime dangereusement le traditionnel droit de conquête que le droit international s’attache si vigoureusement à récuser (pour des raisons évidentes) après la Seconde guerre mondiale. « Rogue state », c’est le sauf-conduit que la puissance hégémonique s’accorde à elle-même et qui permet de court-circuiter toutes ces fastidieuses (et toujours incertaines) procédures passant, notamment, par des votes en Assemblée générale ou au Conseil de sécurité des Nations Unies.

  • Le Covid-19, un virus capitaliste : entretien avec Rob Wallace – ACTA
    https://acta.zone/le-covid-19-un-virus-capitaliste-entretien-avec-rob-wallace

    Ce que nous voyons sous l’administration Trump, c’est l’effondrement de l’exceptionnalisme américain, même en tant qu’idéologie. Après la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis ont pris en charge la gestion du système capitaliste mondial en imposant leur puissance politique et militaire dans le monde entier pour protéger les profits de leur bourgeoisie et de ceux qui s’alignent sur elle.

    Dans le cadre de leur domination impériale, les États-Unis avaient l’habitude de s’occuper des épidémies. Le CDC (Centers for Disease Control & Prevention) était l’un des bras de cette opération, qui consistait principalement à garder les pandémies potentielles sous contrôle et hors des États-Unis.

    Le CDC a progressivement pris conscience que ce n’était qu’une question de temps avant qu’un virus ne traverse le bouclier américain, et il a commencé à alerter les administrations sur ce type de menaces. Mais Trump a ignoré les mémos que le CDC avait envoyés à plusieurs administrations.

    Le fait même que Trump ait réussi à gagner la présidence est en soi un signe de la faiblesse de l’ensemble de l’establishment politique, républicain et démocrate. Ils n’ont pas été capables de le « filtrer » et d’assurer la gestion continue de l’empire.

    La responsabilité de l’émergence de Trump incombe clairement au Parti démocrate. Sous la direction d’Obama, la situation de la grande majorité de la population s’est dramatiquement détériorée, en particulier dans les régions abandonnées par les investissements capitalistes, notamment les greniers à blé agricoles et les zones anciennement industrialisées du Midwest.

    Dans ces régions, les maladies de désespoir comme l’addiction aux opiacés ont explosé. Il suffit de regarder les comtés où le taux de ces maladies est élevé. Ces comtés sont passés d’Obama en 2012 à Trump en 2016, en particulier dans le Midwest et le Sud.

    Ils sont passés à Trump parce que les politiques néolibérales des démocrates les avaient abandonnés, les laissant se débrouiller seuls. Prenez Obamacare. Même si vous avez une assurance sur l’un des marchés, vous devez quand même payer des primes, des co-paiements et des franchises énormes. Pire encore, Obamacare n’aide même pas les 28 millions de personnes qui ne sont pas encore assurées ou les 44 millions d’autres qui sont sous-assurées.

    De telles conditions de chômage et de détérioration du niveau de vie, ainsi que toute la colère et le désespoir qui les accompagnent dans certains milieux, font de la politique fasciste un choix judicieux. Surtout s’il y a peu d’alternatives à gauche. En ce sens, Trump est un symptôme aigu de l’incapacité totale du Parti démocrate à répondre aux besoins réels des gens.

    Trump a profité de cette situation et a fait peu de cas de toutes les institutions qui dirigeaient l’empire, y compris le CDC. Il l’a transformé en une unité de propagande politique au point qu’elle est incapable de faire face à une épidémie majeure, même à l’intérieur de nos propres frontières. Les États-Unis commencent à montrer les caractéristiques d’un État-nation en faillite.

  • Ratonnades anti-arméniennes organisées par des fascistes turcs – ACTA
    https://acta.zone/ratonnades-anti-armeniennes-organisees-par-des-fascistes-turcs

    Les participants à ces expéditions punitives n’ont pas fait mystère de leur appartenance aux Loups Gris (ou a minima de leur sympathie pour cette organisation). De quoi parle-t-on ?

    Les #Loups_Gris sont une organisation armée néo-fasciste, anti-communiste et panturque, fondée à la fin des années 1960 par Alparslan Türkeş (ancien colonel de l’armée turque et hitlérien revendiqué). Ils se signalent par un virulent racisme anti-arménien, anti-kurde, anti-grec et antisémite. Leur signe de ralliement – pouce, majeur et auriculaire joints – est clairement identifiable (voir image d’illustration). En cinquante ans d’existence les Loups Gris se sont rendus responsables de la mort de plusieurs milliers de personnes à travers des assassinats et massacres visant en particulier les membres des minorités ethniques, les syndicalistes, militants de gauche et combattants révolutionnaires – sur le sol turc aussi bien qu’à l’étranger.

    (...)

    Les médias français, dans leur couverture des événements d’hier soir à Dijon, se sont la plupart du temps contentés d’évoquer sans plus de précisions des « groupes de Turcs » déambulant dans les rues en criant « Allah Akbar » le soir de l’attentat islamiste ayant coûté la vie à trois personnes au sein de la basilique Notre-Dame de Nice. Ce faisant ils invisibilisent, au profit d’une propagande islamophobe facile, la nature politique réelle de ces ratonnades et le contexte international dans lequel elles s’inscrivent.

  • Poissy : un policier mis en examen pour le meurtre d’Olivio Gomes, Sihame Assbague, journaliste indépendante – ACTA
    https://acta.zone/poissy-un-policier-mis-en-examen-pour-le-meurtre-dolivio-gomes

    Dans la nuit du 16 au 17 octobre 2020, Olivio Gomes, un homme noir de 28 ans, a été tué par un policier blanc à Poissy. Les trois balles qui l’ont touché, notamment au niveau de l’omoplate et de l’épaule gauche, lui ont été fatales. D’après nos informations, confirmées par Le Parisien – dans un article qui constitue, par ailleurs, un cas d’école du « journalisme de préfecture » 1 -, le policier tireur a été mis en examen pour « homicide volontaire » . Une qualification très rare dans ce genre d’affaires. Il a également été placé sous contrôle judiciaire et fait l’objet d’une interdiction d’exercer la profession, de se rendre dans les Yvelines et de porter une arme.

    À Argenteuil, où Olivio a grandi, et dans le quartier Beauregard à Poissy, où il vivait, la nouvelle a été accueillie avec soulagement. Mais les questions et frustrations demeurent. La tristesse d’avoir perdu un être cher, un « exemple, aimé de tous » , se mêle à la colère froide suscitée par les circonstances de ce crime et son traitement médiatique.

    En effet, quelques heures seulement après le décès de ce père de famille, se fondant sans recul sur la version officielle, de nombreux journaux titraient « un chauffard abattu par un policier » et faisaient mention d’une « folle course-poursuite » . Tous ont repris la thèse selon laquelle le policier aurait agi en état de « légitime défense » face à un conducteur qui, nous a-t-on dit, voulait lui « foncer dessus » . Problème ? Tout ceci est mis en cause par les récits de deux témoins oculaires, passagers de sa voiture au moment des faits. Et les premiers éléments de l’enquête leur donnent plutôt raison.

    Que s’est-il passé ?

    https://seenthis.net/messages/882860

    #Olivio_Gomes #police #bac #mass_media #presse #Justice #blame_the_victim #criminalisation

  • Naples : nuit de révolte contre l’état d’urgence et le couvre-feu – édito d’Infoaut https://www.infoaut.org/editoriale/napoli-una-rivolta-per-non-morire, traduit par ACTA
    https://acta.zone/naples-nuit-de-revolte-contre-letat-durgence-et-le-couvre-feu

    À Naples, vendredi soir, des milliers de personnes ont participé à une manifestation spontanée contre le nouveau couvre-feu annoncé par le président régional Vincenzo De Luca, suivie de plusieurs heures de combats de rue et d’attaques contre des bâtiments publics. Les médias ont immédiatement cherché à y déceler la mainmise des fascistes, des Ultras ou même de la Camorra. Alors que depuis la révolte s’est étendue à plusieurs autres villes d’Italie, nous avons traduit l’édito de nos camarades d’Infoaut qui revient sur la première nuit d’émeute napolitaine, en s’attachant à déconstruire le « confortable récit raciste et colonial » de la presse mainstream.

    Nous avons écrit à chaud sur Facebook à propos de ce qu’il se passait à Naples : « Les rues de cette nuit étaient peut-être spontanées, contradictoires, ambiguës, stratifiées, comme la société dans laquelle nous vivons, comme son revers. Mais à Naples, ce soir, s’est brisée l’hypocrisie derrière laquelle se cache l’incompétence de ceux qui nous gouvernent, l’échec de ce modèle économique face au virus, la violence qu’ont dû endurer ceux qui pendant des mois ont été abandonnés ».
    Comme prévu, l’aboiement médiatique contre ceux qui sont descendus dans la rue ne s’est pas fait attendre. La fumée des gaz lacrymogènes ne s’était toujours pas dissipée que les commentateurs politiques émettaient déjà des hypothèses sur la mainmise de la Camorra et des fascistes, proposant le fétiche habituel des ultras coupables de tous les maux du monde, associant les manifestations d’hier aux No Mask, alors même que le message porté dans la rue était totalement différent. Et une grande partie de la gauche de ce pays s’est blottie dans ce confortable récit raciste et colonial. Un récit linéaire qui, sans rien saisir des tensions, des contradictions et des instances du mouvement, signifie : au fond, ce sont les Napolitains habituels.

    Exorciser la rébellion.

    Le problème est qu’à notre époque, chaque fois que surgit un phénomène autonome de conflictualité sociale prolongée, qu’il s’agisse des Forconi ou des Gilets jaunes, celui-ci apparaît sous des formes impures, ambivalentes et contradictoires. Souvent se retrouvent dans la rue des personnes qui, théoriquement du moins, sont censées avoir des intérêts opposés, et plus souvent encore, ces contradictions se consomment justement dans la rue. Il est donc beaucoup plus facile de les considérer comme des phénomènes fascistes simplement parce que Roberto Fiore [fondateur et dirigeant du mouvement néofasciste Forza Nuova] essaie de s’en approprier la paternité avec un tweet depuis son confortable fauteuil à Rome, ou comme des actions coordonnées par la Camorra (sans que l’on sache clairement dans quel but), plutôt que d’essayer de les comprendre et d’y prendre part pour contribuer à leur évolution.

    Comme quelqu’un l’a noté à juste titre sur Facebook, le récit mainstream est assez similaire à celui qui avait été fait il y a quelques années devant la crise des déchets. La responsabilité de la crise est mise sur le dos de la population qui, inquiète pour sa santé, se rebelle contre l’incompétence et la corruption des institutions et des entreprises privées, puis finalement apparaît comme par magie l’infiltration du crime organisé dans les manifestations pour les délégitimer et les réduire à un phénomène de pure délinquance. Un scénario déjà vu qui se répète chaque fois que les gens ne s’adaptent pas à la gestion de l’urgence par le haut.

    Oui, car depuis des mois, nous entendons répéter dans le jargon martial que « nous sommes en guerre contre le Covid ». Mais comme on sait, la guerre est la plus hypocrite des activités humaines. Les colonels à la recherche d’un consensus facile crient à travers les écrans que c’est de notre faute si le virus se propage. Pendant ce temps, les « soldats » de cette guerre continuent d’être envoyés au front avec des chaussures en carton et une pétoire pour deux. Une guerre hypocrite, comme nous le disions, dans laquelle le problème serait ce que les gens font entre 23 heures et 5 heures du matin (ils dorment la plupart du temps) et non le fait qu’ils tombent malades au travail, dans les transports, à l’école, à l’hôpital et même dans les files d’attente pour se faire tester. Voilà donc le couvre-feu, encore un mot d’état de siège, revenu en quelques semaines dans le langage commun, encore une mesure ad hoc pour ne pas perdre la face au vu de l’augmentation des infections et en même temps pour ne pas contrarier les vrais coresponsables de cette situation, ceux qui depuis des mois demandent de tout rouvrir à tout prix, ceux qui veulent maintenant licencier à tout prix : les patrons de la Confindustria et ce ramassis de bandits qui dans notre pays s’appellent des entrepreneurs.

    Non, nous ne sommes pas devenus « agambeniens » du jour au lendemain, nous croyons toujours, encore plus face à ce qui s’est passé, qu’il ne s’agit pas d’une simple grippe, que la première tâche pour nous est de prendre soin de nous-mêmes et des autres afin que le virus ne se propage pas. Nous pensons que cela ne doit pas se faire par obéissance envers le pouvoir établi, mais par amour pour les faibles et les opprimés, pour ceux qui sont abandonnés, pour ceux qui souffrent dans la lutte contre le virus. Parce que nous savons très bien que c’est nous, ceux d’en bas, qui payons le plus dans cette crise causée par l’économie mondialisée, les privatisations, la dévastation de l’environnement, la transformation de la santé en marchandise. Mais prendre soin de soi et des autres signifie ne pas ignorer d’un geste égoïste ceux qui ont perdu leur emploi dans cette crise, ceux qui risquent de perdre leur maison et leurs proches. Cela signifie se battre à leurs côtés, car tant que la gestion de l’urgence sera uniquement aux mains du politique, tant que les seuls à faire entendre leur voix seront les industriels, alors c’est nous qui compterons dans nos rangs les morts et les malades, que ce soit du Covid ou de la faim. Il est temps de revenir à l’idée que la santé est un fait social global et que la rébellion est le symptôme que quelque chose doit changer.

  • « D’une aspiration utopique à un programme réalisable » : Entretien avec Kristian Williams sur l’abolition de la police – ACTA
    https://acta.zone/dune-aspiration-utopique-a-une-programme-realisable-entretien-avec-kristian-w

    Dans votre livre, vous évoquez la police comme « l’ennemi naturel de la classe des travailleurs ». Quel est le rôle de la police aux USA dans la répression des mouvements sociaux ?

    Je paraphrasais George Orwell, qui a lui-même envisagé le problème sous deux angles : d’abord en tant que membre de la police impériale en Birmanie, puis en tant que simple ouvrier, clochard et milicien dans l’Espagne révolutionnaire.

    Il est intéressant de noter que James Baldwin – qui apparaît de plus en plus comme l’écrivain américain le plus important – a également décrit la police comme l’ennemi de la population noire, et ce, pour des raisons similaires à celles d’Orwell. Baldwin se préoccupait principalement de la race, et Orwell de la classe, mais ils virent tous deux la police œuvrer contre les aspirations des opprimés et des exploités.

    Dans l’histoire des États-Unis, cela remonte aux patrouilles d’esclaves, puis ça s’est développé simultanément selon des logiques de race et de classe. On le perçoit ainsi dans la répression du mouvement ouvrier, la police jouant les briseurs de grève, espionnant les syndicats, assassinant les responsables syndicaux. Et on observe sensiblement la même chose dans la répression policière du mouvement des droits civiques, puis du mouvement Black Power, et aujourd’hui du mouvement Black Lives Matter.

    Compte tenu de cette histoire, je soutiens que c’est à cela que servent véritablement les forces de police. Leur origine et leur développement ont beaucoup moins à voir avec la criminalité qu’avec la préservation de la répartition des pouvoirs existante – c’est-à-dire la perpétuation des inégalités. Si elles peuvent y parvenir en appliquant la loi, elles le feront ; mais elles le feront tout aussi volontiers en l’enfreignant.

    Vous avez aussi dans votre livre cette formule « Community policing + militarization = counterinsurgensy » (police de proximité + militarisation = contre-insurrection). Pouvez-vous l’expliquer et développer ?

    On pense souvent qu’il faut que la police choisisse entre une approche aimable, éclairée et de proximité, ou une approche militaire plus dure et redoutable. Je pense que c’est une erreur. J’ai constaté dans mes recherches que ces deux tendances se sont toutes deux développées dans les années 60 et 70 en réponse au mouvement social de l’époque, en particulier au mouvement des droits civiques, et qu’elles ont été observées au sein des mêmes services. En creusant, je me suis rendu compte qu’il s’agissait de deux aspects d’une même stratégie, en réalité d’une transposition de la contre-insurrection sur le plan intérieur.

    La contre-insurrection, qui est véritablement la science de la guerre contre-révolutionnaire, admet l’utilisation d’une puissance de feu supérieure [à celle des ennemis], mais elle prend en considération que celle-ci ne sera jamais suffisante pour pacifier une société inégalitaire. La dimension politique est plus importante que la dimension militaire, et les gouvernements doivent par conséquent gagner la légitimité et le soutien de la population, s’ils veulent assurer leur capacité à gouverner.

  • 20 août 1998 : Clinton bombarde une usine pharmaceutique au Soudan – ACTA
    https://acta.zone/20-aout-1998-clinton-bombarde-une-usine-pharmaceutique-au-soudan

    Les États-Unis soutenaient que l’installation d’Al Shifa était connectée à Oussama Ben-Laden et l’aidait à se procurer des armes chimiques. Lorsqu’il devint clair que cela était faux et que l’usine ne produisait que des médicaments, l’administration US à bloqué l’enquête de l’ONU sur l’incident. Les États-Unis ne se sont jamais excusés ni n’ont jamais payé aucune compensation pour ce crime.

    L’usine Al Shifa était spécialisée dans les traitements contre le malaria et la tuberculose ainsi que dans les médicaments vétérinaires. Werner Daum, ambassadeur allemand au Soudan de 1996 à 2000 écrivit dans un article que l’attaque « provoqua probablement des dizaines de milliers de morts » civils soudanais.

    En 1998 le Soudan faisait face à une situation de grande pauvreté ainsi qu’à de lourdes sanctions, et était donc incapable d’importer des médicaments coûteux pour compenser la destruction de l’usine Al Shifa, qui fournissait des médicaments vitaux à bas prix. Au Soudan, cet incident est largement considéré comme un acte de terrorisme.