Paris se réveille abasourdie par l’incendie qui a ravagé Notre-Dame. L’émotion est grande chez les musiciens, et notamment parmi les organistes, inquiets quant à l’état du grand orgue Cavaillé-Coll, dont la dernière restauration remonte à 2014. Cotitulaire de la tribune de la cathédrale avec Olivier Latry et Philippe Lefebvre, Vincent Dubois a passé une nuit blanche.
« Contrairement aux rumeurs qui ont circulé tôt ce matin, le grand orgue est, a priori, sauvé. Il a quelques flaques d’eau à gauche et à droite, mais rien de dramatique. Le buffet serait intact, ainsi que la tuyauterie… C’est miraculeux. Nous étions en contact toute la nuit avec mes collègues Olivier Latry et Philippe Lefebvre et nous n’y croyions plus. C’est la dalle de pierre qui relie les deux tours qui a sauvé l’instrument : il n’y a pas de charpente à cet endroit-là du toit : l’eau envoyée par les pompiers a donc coulé de part et d’autre et n’est pas tombée sur la tribune de l’orgue. En revanche, si les voûtes de la nef, très fragilisées, ne sont pas rapidement consolidées, il faudra probablement démonter l’orgue et trouver un atelier assez grand pour le mettre à l’abri. Il n’en existe pas de tel en région parisienne. Tout l’enjeu est de savoir, très vite, si les clés de voûte vont résister au poids de l’eau et du plomb fondu qui s’y est déversé. L’orgue de chœur n’a pas brûlé non plus, mais il a, en revanche, totalement pris l’eau. Il faudra voir ce qu’il en reste… Il faudra attendre des années avant de pouvoir rejouer cet instrument, mais l’essentiel était qu’il ne finisse pas en cendres. Nous prendrons notre mal en patience et nous nous mobiliserons pour sa remise en état, une fois qu’il aura pu être examiné de près. »